« Avant, j’avais l’impression d’être un fardeau. Maintenant, je peux de nouveau m’occuper de moi. Mes enfants me voient plus forte et cela leur donne aussi de l’espoir. »
Olambi Zaripova, 41 ans et mère de 4 enfants, originaire de Jafr, un village rural du district de Rudaki (Tadjikistan), a vu sa vie changer du tout au tout après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral après la naissance de son dernier enfant. Sans accès aux services de réadaptation, elle avait du mal à se nourrir, à passer de son lit à son fauteuil roulant ou à marcher sans assistance. Elle a dû compter pendant des années sur sa mère pour s’occuper d’elle, tandis que son dernier enfant était son seul compagnon de tous les instants.
Aujourd’hui, grâce à une initiative du ministère de la Santé et de l’OMS, Olambi à accès à des services de réadaptation abordables près de chez elle. Ces services ont été mis en place dans son centre de santé local et ce, au titre d’un projet pilote visant à introduire la boîte à outils de l’ensemble d’interventions de base en réadaptation de l’OMS.
L’OMS et le ministère de la Santé ont lancé ce projet pour répondre au besoin en matière de services de réadaptation dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, comme le Tadjikistan, où plus de la moitié des personnes nécessitant des services essentiels de réadaptation et de technologies d’assistance n’y ont pas accès.
Combler les lacunes dans les soins de réadaptation
L’OMS élabore et organise des séances de formation sur la réadaptation de base aux professionnels des soins de santé primaires, comme les infirmiers et les médecins, afin de leur donner les compétences nécessaires pour identifier les besoins en matière de réadaptation, et mettre en œuvre des interventions simples et fondées sur des données probantes, même dans les régions où les spécialistes sont peu nombreux. Au niveau mondial, les besoins en matière de réadaptation augmentent en raison du vieillissement de la population, de la charge croissante des maladies non transmissibles et des conséquences des conflits et des traumatismes.
Malohat, une infirmière qui a suivi une formation de 5 jours sur la réadaptation de base, a pu rendre visite à Olambi, lui faire faire des exercices simples et apporter de petites modifications à son habitat. Ainsi a-t-elle pu aider sa patiente à retrouver peu à peu son indépendance.
Aujourd’hui, Olambi peut se nourrir seule, passer de son lit à son fauteuil roulant et même marcher de courtes distances en s’aidant d’une canne et avec un minimum d’aide.
« Ce projet pilote est particulièrement salutaire pour les communautés », explique le docteur Victor Olsavszky, représentant de l’OMS au Tadjikistan. « Lorsque des personnels infirmiers comme Malohat disposent des bons outils, ils peuvent changer des vies, un patient à la fois. »
Former les acteurs locaux du changement
Dans le cadre de cette initiative, 4 kinésithérapeutes, 13 agents de soins de santé primaires et 1 spécialiste de la réadaptation ont acquis des compétences pratiques pour évaluer les patients et les aider à retrouver leur autonomie. Les 5 jours de formation leur ont permis d’apprendre à prodiguer des soins de base, notamment des exercices fondés sur des données probantes ainsi que des aménagements simples à apporter à leur habitation préconisés par l’OMS.
Leur expérience et leurs commentaires seront essentiels pour affiner le projet en vue de son application à plus grande échelle au Tadjikistan et, éventuellement, dans le monde entier.
Or, ce projet est plus qu’un cours de formation ; il doit permettre aux Tadjiks et à leurs communautés de vivre à l’avenir en meilleure santé et de manière plus indépendante. En permettant aux personnes d’être plus autonomes et plus heureuses, on ne vise pas seulement à améliorer leur qualité de vie, mais aussi à diminuer leur dépendance à long terme vis-à-vis du système de santé, à alléger la charge des aidants et à réduire le besoin d’interventions en santé mentale ce qui, en fin de compte, se traduit par d’importantes économies de ressources pour les systèmes de santé et les services sociaux.
La formation de base en réadaptation destinée aux travailleurs de première ligne au Tadjikistan s’appuie sur 8 besoins fondamentaux en matière de réadaptation, l’objectif étant d’améliorer la capacité des patients plutôt que de se contenter de les soigner. En intégrant la réadaptation dans les soins de santé primaires, où 1 personne sur 3 peut avoir besoin de ce type d’intervention, le projet garantit que les services sont accessibles, abordables et durables, en particulier dans les régions reculées où les spécialistes sont rares.
Un modèle pour l’avenir
À mesure que le Tadjikistan étend cette initiative, les enseignements ainsi tirés serviront de source d’inspiration pour les activités similaires menées ailleurs dans le monde dans des contextes à faibles ressources. Pour Olambi et beaucoup d’autres, cela prouve que même des petites avancées en termes de réadaptation peuvent apporter une énorme dose de dignité et d’espoir.
Ce travail qui permet de changer des vies a été rendu possible grâce au soutien généreux d’ATscale, le Partenariat mondial pour les technologies d’assistance. ATscale est une initiative intersectorielle dont la mission est de transformer la vie des populations grâce à l’accès aux technologies d’assistance. En catalysant l’action et en rassemblant les partenaires, ATscale veille à ce que, d’ici à 2030, 500 millions de personnes supplémentaires dans les pays à revenu faible ou intermédiaire bénéficient des technologies d’assistance dont elles ont besoin et qui changent leur vie.
L’investissement continu et accru de partenaires tels qu’ATscale sera essentiel pour maintenir cet élan et poursuivre le travail de transformation de l’OMS avec le ministère tadjik de la Santé. Cela permettra d’assurer que tous ceux qui en ont besoin bénéficient des services essentiels de réadaptation et de technologies d’assistance, en garantissant un avenir plus inclusif et plein d’espoir pour tous.