WHO/Dennis Ravays
Mira Dzhutankeeva, 67 ans.
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Le témoignage de Mira : la confiance dans son prestataire de soins de santé peut contribuer grandement à transformer les soins du diabète

6 décembre 2023
Mira, une femme tenace et énergique de 67 ans, originaire du district d’Alamedin près de Bichkek (Kirghizistan), vit avec le diabète depuis 1985. Son témoignage est celui d’une résilience et d’une communauté, et d’une conviction qu’il est possible de vivre en bonne santé. 

Membre actif d’un groupe de soutien local, elle défend avec passion ce genre de groupes et l’aide efficace qu’ils apportent aux personnes dans la prise en charge de leur maladie. 

« Nous vivons avec le diabète et je sais qu’il peut être pris en charge », explique-t-elle. « Mais je pense que beaucoup de gens ont encore peur de cette maladie, et c’est là-dessus que, d’après moi, nous devons nous concentrer davantage. » 

Selon Mira, pour se débarrasser de la peur du diabète, il faut faire confiance à son médecin et prendre sa santé en main. Son engagement en faveur de l’adoption d’un mode de vie sain et de la réalisation d’examens médicaux réguliers fait écho à son plaidoyer envers les autres malades du diabète. 

« Adoptez un mode de vie sain, allez voir votre médecin, faites-vous dépister et n’ayez pas peur. » 
Selon Mira, la confiance est essentielle. 

« Je suis en contact permanent avec mon endocrinologue, je l’appelle tout le temps », dit-elle en soulignant le lien existant entre elles. « Nous prenons le temps de parler, elle m’explique tout. » 

Cette confiance est la pierre angulaire de la prise en charge de son diabète, un partenariat fondé sur le respect et la compréhension mutuels.

Par exemple, lorsque son taux de glycémie a chuté, le médecin lui a conseillé de modifier la dose l’insuline. 

« Donc, quand le médecin me dit que je dois faire quelque chose, je le fais », se souvient-elle.

À la suite d’une pandémie qui a érodé la confiance des populations dans les institutions, y compris les systèmes de santé, cette confiance dans les prestataires de soins de santé s’avère essentielle. La conférence de l’OMS/Europe sur les systèmes de santé, qui se tiendra prochainement à Tallinn, mettra l’accent sur les questions cruciales de la confiance et de la transformation, et examinera l’effet que celles-ci exercent sur les soins de santé. 

La conférence se concentrera sur l’impression croissante que les services de santé ne répondent pas aux besoins des populations, ainsi que sur les raisons expliquant pourquoi les personnels de santé et d’aide à la personne se sentent de plus en plus dévalorisés par le système. Le témoignage de Mira, ainsi que celui des médecins et des personnels infirmiers s’occupant des patients diabétiques au Kirghizistan, s’en font d’ailleurs l’écho. 

Le changement n’est pas toujours facile, surtout lorsqu’il s’agit de gérer des problèmes de santé 

Dans la seule Région européenne de l’OMS, au moins 64 millions d’adultes âgés de plus de 18 ans et environ 300 000 enfants et adolescents souffrent de diabète. La Fédération internationale du diabète estime que, d’ici 2045, près de 1 habitant sur 10 de la Région européenne pourrait être atteint de diabète en raison du vieillissement de la population et de l’augmentation des taux d’obésité.

En général, le diabète est insuffisamment détecté, soigné et maîtrisé. De nombreuses complications, telles que les problèmes de pieds dus à des troubles de l’irrigation sanguine, peuvent être évitées, tout comme les coûts de soins de santé et d’aide sociale qui y sont associés. La prise de mesures simples, telles que les soins fréquents apportés aux pieds, peuvent réduire le risque d’amputation.

Le Kirghizistan, où l’on estime à 256 400 le nombre de personnes vivant avec le diabète, est confronté aux mêmes problèmes : seuls 60 % des diabétiques sont diagnostiqués. 

En 2022, le ministère de la Santé, soutenu par l’OMS/Europe et la Fondation mondiale du diabète, a commencé à mettre en œuvre un nouveau projet au Kirghizistan. Il s’agit essentiellement d’améliorer la qualité des soins du diabète, par exemple en incombant à d’autres professionnels de santé la responsabilité de diagnostiquer la maladie et d’aider les patients à prendre en charge le diabète. 

« Auparavant, les patients n’étaient pris en charge que par des endocrinologues, et le traitement du diabète n’était jamais confié aux médecins de famille et aux personnels infirmiers », explique le docteur Guldana Jolchieva, endocrinologue au Centre national d’endocrinologie de Bichkek. « Cela a entraîné plusieurs problèmes, dont, par exemple, de longs délais d’attente, les endocrinologues ne pouvant tout simplement pas s’occuper d’un si grand nombre de patients. »

En permettant aux patients de se rendre directement dans les centres de soins primaires et d’être examinés par leur médecin de famille ou leur personnel infirmier, le projet transforme la manière dont le diabète est pris en charge dans le pays. On a fait confiance aux patients pour qu’ils jouent un rôle actif dans la conception de ces parcours de soins et dans l’évaluation de leur efficacité.

« Tout d’abord, les patients font désormais davantage confiance à leur médecin de famille et à leur personnel infirmier. Ensuite, ils n’ont plus besoin de parcourir de longues distances et peuvent donc bénéficier des soins dont ils ont besoin dans leur centre de soins primaires local », explique le docteur Nataliya Dobrynina, endocrinologue en chef du Centre national d’endocrinologie. 

La confiance, moteur du changement 

Cette transformation a permis d’améliorer et de généraliser la formation des médecins et des personnels infirmiers des soins primaires dans le domaine de la détection des cas de diabète, de la prise en charge de la maladie et de la prévention des complications, notamment au niveau des yeux, des pieds et du système cardiovasculaire des patients. 

Alita, infirmière dans le district d’Alamedin, explique comment les séances de formation ont révolutionné la manière dont elle s’occupe des patients diabétiques dans sa région.

« Auparavant, nous devions envoyer les patients dans une polyclinique éloignée pour faire contrôler leur taux de glycémie, ce qui n’était pas pratique pour certains des patients les plus âgés », explique-t-elle. « Aujourd’hui, nous effectuons nous-mêmes les tests de glycémie et les analyses de laboratoire, et nous délivrons nos propres conseils, en discutant avec les patients de leur régime alimentaire, de leur perte de poids et de leur mode de vie en général. »

Alita ajoute que cela a également changé la façon dont elle perçoit son travail. Elle est heureuse que ses nouvelles compétences aident les patients de son district à mieux prendre en charge leur maladie. 
« Je pense qu’ils me font maintenant confiance et qu’ils viennent ici plus souvent », dit-elle. 

Une nouvelle vision des systèmes de santé qui accordent la priorité aux personnes 

La transformation des soins du diabète au Kirghizistan dépasse le cadre des changements de procédure. Elle témoigne de la confiance, de l’évolution des relations entre les patients et les prestataires de soins, les responsables politiques et les associations de patients, et de la foi croissante dans l’évolution du paysage des soins du diabète.

Cette transformation est au cœur d’une nouvelle vision des systèmes de santé qu’examineront les 12 et 13 décembre 2023 l’OMS/Europe et ses partenaires lors de la conférence de Tallinn. 

Le dévouement d’Alita et l’engagement de médecins comme Nataliya Dobrynina et Guldana Jolchieva viennent nourrir ce discours – le récit d’une transformation où la confiance permet de jeter des ponts entre les patients et les prestataires de soins de santé. Lorsque des patients comme Mira pensent qu’ils peuvent faire confiance à leurs prestataires de soins et au système dans lequel ils exercent, et qu’ils sont soutenus dans leur auto-prise en charge, ils prennent dès lors leur santé en main.

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Le 13 décembre 2023, le texte de cet article a été modifié pour corriger certaines inexactitudes dans la description de l’interaction entre la patiente et le médecin.