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« Nous avons l’impression de ne pas être oubliés, et que notre travail est visible » – Dr Shyshova, formatrice en vaccination (Ukraine)

26 février 2024
« Nous avons l’impression de ne pas être oubliés, et que notre travail est visible. Ces formations nous apportent également un soutien moral. » 

Tels sont les mots du docteur Halyna Shyshova, du Centre régional de lutte contre les maladies de Donetsk (Ukraine). En 2023 et 2024, le docteur Shyshova a suivi plusieurs cours organisés avec le soutien de l’OMS et ce, dans le cadre d’un projet transformateur de 3 ans financé par l’Union européenne (UE) et mis en œuvre par l’OMS/Europe. L’un des principaux objectifs de cette initiative est d’améliorer les connaissances et les compétences des professionnels de santé en matière de vaccination.

« J’ai 2 grands buts : veiller à ce qu’au moins 95 % des enfants soient vaccinés contre des maladies évitables, et contribuer ainsi à la prévention des cas et des flambées de maladies telles que la poliomyélite, la rougeole et la diphtérie », explique-t-elle, soulignant l’urgence de vacciner les populations toujours présentes dans les régions d’Ukraine impactées par la guerre, en dépit de conditions de vie difficiles. 

Confrontée à des défis exceptionnels dans son travail quotidien, et exerçant dans une région en grande partie sous occupation, la ligne de front se trouvant d’ailleurs près de Sloviansk, une ville régulièrement bombardée, le docteur Shyshova reste inébranlable dans sa détermination. 

Un courage sans faille 

Sans se décourager, le docteur Shyshova consacre toute sa vie à promouvoir le bien-être des habitants de l’oblast (province) de Donetsk en plaidant en faveur de la vaccination. 

La dernière formation à laquelle le docteur Shyshova a participé, destinée aux cadres moyens du programme national de vaccination et organisée par l’OMS en Ukraine en collaboration avec le Centre ukrainien de santé publique, a permis aux participants de renforcer leurs connaissances, d’acquérir de nouvelles compétences et d’apprendre à mener des activités de formation entre pairs.

Le docteur Shyshova est désormais plus à même de transmettre ces connaissances à ses collègues. « Tous les médecins pour lesquels j’organise des formations sont très intéressés par les nouvelles connaissances et la formation pratique. Nous recevons toujours beaucoup de questions sur la microplanification, le suivi, l’organisation des points de vaccination mobiles, la chaîne du froid, la sécurité des injections, etc. », indique le docteur Shyshova.

L’Ukraine a réalisé des progrès significatifs en matière de renforcement des systèmes de vaccination systématique dans le cadre du projet. Ce dernier couvre 5 pays du Partenariat oriental en plus de l’Ukraine, et se concentre sur l’augmentation du taux de vaccination contre la COVID-19 et d’autres pathologies.

Renforcer les capacités des professionnels de santé avec le soutien de l’UE

L’UE finance un large éventail d’activités de santé publique en Ukraine, allant des séances de formation à la traduction de ressources pour les personnels de santé. 

« J’apprécie au plus haut point les modules et les manuels sur la vaccination traduits en ukrainien. Ils m’ont été extrêmement utiles pour combler ces lacunes dans mes connaissances. Sans ces ressources, je n’aurais pas pu étudier et ainsi développer mes compétences », explique le docteur Shyshova.

Dans le cadre du projet de l’UE, le docteur Shyshova a organisé 2 activités de formation à Sloviansk et 1 à Kramatorsk (2 villes situées dans l’oblast de Donetsk) pour 52 médecins de famille et personnels infirmiers.

Le fait que les formations prévues en février de cette année à Lyman, également dans l’oblast de Donetsk, aient dû être annulées en dit long sur l’environnement sécuritaire dans lequel exercent les personnels de santé ukrainiens. On ajoutera à cet égard que les locaux où le docteur Shyshova dispense ses formations doivent aussi être équipés d’abris anti-bombes et d’un plan d’évacuation précis en cas de détérioration rapide de la situation sécuritaire.

Je devais travailler et aider les populations

« Comment la guerre a-t-elle commencé pour moi ? », ajoute-t-elle. « Le matin du 24 février 2022, j’ai reçu un appel de mon travail, mes collègues me demandant où j’étais. J’ai répondu que j’étais en route. Ils m’ont alors dit : « si tu n’es pas encore arrivée en ville, alors fais marche arrière ! La route est bloquée. C’est le début de la guerre. » 

Pour le docteur Shyshova, ce fut un véritable choc. 

« Je ne m’étais pas encore complètement remise des événements de 2014 », explique-t-elle. « Je venais de terminer des travaux de réparation du toit chez moi. Et voilà que c’est reparti. Au début de la guerre, j’ai quitté la région pendant quelques mois. Des bénévoles m’ont aidée pour mon évacuation. L’élément déclencheur de mon départ a été l’impact direct d’une roquette sur la gare de Kramatorsk en avril 2022. Malgré tout, je suis rapidement rentrée chez moi parce que je devais travailler et aider les populations », se souvient le docteur Shyshova.

Sauver des vies comme objectif principal

Le docteur Jarno Habicht, représentant de l’OMS en Ukraine, estime qu’on ne saurait trop insister sur la contribution apportée par l’UE au système de santé ukrainien.

« Grâce à des efforts conjoints, nous sommes parvenus à venir en aide à la fois au personnel médical et aux patients en cette période de guerre totale », explique-t-il. « De nombreux médecins, secouristes et personnels infirmiers dévoués, comme Halyna Shyshova, continuent d’exercer dans des conditions extrêmement difficiles et souvent dangereuses. Il est donc très important de continuer à fournir aux professionnels de santé tout ce dont ils ont besoin, y compris un soutien technique et des conseils, dans le but principal de sauver des vies », conclut le docteur Habicht.