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Un nouveau rapport met en avant une stagnation des taux de mortalité maternelle dans plusieurs pays d’Europe malgré les progrès récents

1 mars 2023
Communiqué de presse
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De nouvelles données publiées par l’OMS et d’autres agences des Nations Unies mettent en garde contre une stagnation des taux de mortalité maternelle dans plusieurs pays d’Europe entre 2016 et 2020, malgré les progrès accomplis ces 20 dernières années.

La mortalité maternelle constitue un indicateur clé de la santé des femmes, et permet de mesurer les efforts déployés par les systèmes de santé afin de promouvoir la santé sexuelle et reproductive. Le nouveau rapport « Trends in maternal mortality 2000 to 2020 » [Tendances de la mortalité maternelle de 2000 à 2020] se base sur les données nationales disponibles sur la mortalité maternelle de 2000 à 2020. Il constate que les progrès réalisés dans certains pays se sont ralentis ou n’ont guère évolué entre 2016 et 2020.

En 2020, environ 1 000 femmes de la Région européenne de l’OMS sont décédées en raison de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. « Chaque décès représente la perte déchirante d’une femme ou d’une jeune fille, et de toutes les opportunités qui auraient pu s’offrir à elle à l’avenir. La mortalité maternelle est indicatrice d’une réalité dévastatrice qui peut être évitée si les femmes bénéficient en temps utile des soins adéquats pendant la grossesse et l’accouchement », explique le directeur régional de l’OMS pour l’Europe, le docteur Hans Henri P. Kluge. 

« Nous savons que les déterminants sociaux tels que le revenu, l’accès à l’éducation, la race et l’origine ethnique exposent certains groupes à un risque plus élevé. Les investissements dans le système de santé, notamment dans des infrastructures et des équipements adéquats, la dotation appropriée en effectifs et la formation des prestataires de soins peuvent améliorer la situation. Il est clair que pour réaliser les objectifs non encore atteints, tous les secteurs de la société doivent intervenir. »

Facteurs à l’origine des décès maternels

Les principales causes de décès maternels sont les hémorragies graves, la prééclampsie ou l’éclampsie, les affections préexistantes susceptibles de s’aggraver pendant la grossesse (par exemple, l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires telles que les cardiopathies rhumatismales, et d’autres maladies non transmissibles), les infections liées à la grossesse et les complications résultant d’avortements non médicalisés.

« Les taux de mortalité maternelle observés dans plusieurs pays de la Région ne sont pas nécessairement liés à la pandémie de COVID-19 », explique le docteur Oleg Kuzmenko, conseiller technique pour la santé sexuelle et reproductive à l’OMS/Europe. Il souligne cependant que davantage de données sont nécessaires pour comprendre pleinement l’impact de la pandémie sur la mortalité maternelle.

« Bien que l’on ne puisse procéder à une évaluation fiable de l’impact de la pandémie sur la mortalité maternelle à partir des données actuellement disponibles, on doit absolument veiller à ce que les femmes enceintes et celles qui prévoient une grossesse aient accès aux vaccins salvateurs contre la COVID-19, ainsi qu’à des soins prénatals de qualité qui peuvent contribuer à atténuer les risques », explique le docteur Kuzmenko. 
 
Une plus grande reconnaissance et une action collective sont nécessaires pour s’attaquer aux problèmes intrinsèques du système de santé qui entravent l’accès à des soins de santé sexuelle et reproductive sûrs, de qualité, respectueux et abordables. Cette approche s’inscrit dans le cadre de la protection de la santé et des droits sexuels et reproductifs, et est essentielle pour améliorer la confiance institutionnelle et le recours aux services de santé sexuelle et reproductive. 
 
En outre, la prestation de soins de qualité par des personnels de santé qualifiés avant, pendant et après la grossesse et l’accouchement, ainsi que la promotion de la prise de décisions en matière de santé reproductive pour les femmes et les jeunes filles sont essentielles pour les autonomiser et sauver des vies. 

La santé maternelle, une priorité absolue pour l’OMS/Europe 

L’amélioration de la santé maternelle constitue toujours l’une des grandes priorités de l’OMS/Europe. En effet, on ne pourra parvenir à la santé pour tous tant qu’on ne pourra prodiguer aux patients, y compris aux mères et aux nouveau-nés, les meilleurs soins et dans les meilleures conditions de sécurité. La priorité doit être particulièrement accordée à l’élimination des inégalités en termes d’accès aux soins maternels et de qualité de ces soins, et à assurer la couverture sanitaire universelle. L’instauration réussie de cette dernière est d’ailleurs essentielle au renforcement des systèmes de santé. 

L’OMS/Europe continue d’œuvrer à la réduction de la mortalité maternelle grâce aux activités de recherche dans ce domaine, à la délivrance de recommandations fondées sur des données probantes, à la définition de normes mondiales et à l’apport d’un soutien technique permettant aux pays d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques et des programmes efficaces.