Comment les données peuvent étayer les politiques visant à protéger, à promouvoir et à soutenir l’allaitement maternel : l’expérience suédoise

2 août 2021
Communiqué de presse
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À l’occasion de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, l’OMS/Europe met en avant l’expérience de la Suède en matière de collecte de données pour comprendre les raisons de la baisse de ses taux d’allaitement maternel. Deux enquêtes en ligne menées en 2020 dans la région de Scanie ont montré que la population locale n’est pas consciente des avantages de l’allaitement pour la santé de l’enfant et de la mère, et que les services d’aide à l’alimentation des nourrissons doivent être mieux coordonnés. Cela a aidé les autorités suédoises à actualiser les pratiques locales, et à mettre à nouveau en œuvre les outils recommandés par l’OMS. 

Le meilleur moyen d’alimenter le nourrisson


L’initiation et la durée de l’allaitement en Suède sont relativement élevées par rapport aux autres pays de la Région européenne de l’OMS : on a en effet enregistré un taux d’initiation de 94 % en 2018. Or, la même année, seulement 11 % des mères ont respecté la recommandation standard de l’OMS concernant l’allaitement exclusif durant les six premiers mois qui suivent la naissance. Dans l’ensemble, une baisse des niveaux d’allaitement a été récemment constatée depuis les années 1990 et le début des années 2000. 

En réponse à cette situation, le Conseil régional de la région suédoise de Scanie a chargé le Centre d’excellence pour la santé de la femme et les Services de santé infantile d’élaborer un plan stratégique visant à analyser la tendance négative observée dans les efforts déployés pour protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement maternel, et à y remédier. 

« L’allaitement maternel constitue le meilleur moyen d’alimenter les nourrissons », a expliqué Clare Farrand, conseillère technique pour la nutrition au Bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (Bureau pour les MNT). « Il procure des avantages émotionnels, nutritionnels et sanitaires, tels que la protection contre les maladies non transmissibles comme les maladies cardiaques et le cancer, tant pour les enfants que pour les mères. Il s’inscrit également dans un système alimentaire durable. »

Les raisons derrière les chiffres


Deux enquêtes ont été menées afin de mieux comprendre la situation en Suède. L’une visait à évaluer la situation actuelle concernant l’allaitement dans les établissements de santé, et l’autre à examiner les attitudes et les connaissances en matière d’allaitement au sein de la population locale et à mieux comprendre les facteurs sous-jacents qui influencent le choix des femmes de Scanie d’allaiter, ainsi que la manière dont elles choisissent d’allaiter. 

Les conclusions des enquêtes


  • Une incertitude généralisée subsiste quant aux avantages de l’allaitement pour la santé maternelle et infantile. Si 99 % des personnes interrogées reconnaissent que l’allaitement est naturel, seulement 3 sur 10 savent qu’il réduit le risque de cancer du sein.
  • Actuellement, il n’existe pas d’organisme régional de coordination pour soutenir l’allaitement en Scanie. Les agents de santé ayant répondu à l’enquête estiment que les politiques écrites en matière d’allaitement et d’alimentation des nourrissons auxquelles ils peuvent se référer sont en fait insuffisantes. En outre, les conseils sur l’allaitement sont considérés comme peu prioritaires dans les soins néonatals.
  • Les violations du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel sont courantes dans les établissements de santé. Il est à noter que 91 % des membres du personnel infirmier exerçant dans des services de santé infantile ont déclaré avoir été contactés par des représentants de l’industrie alimentaire pour bébés au cours de l’année écoulée, et que 80 % d’entre eux ont reçu des échantillons gratuits de lait maternisé à distribuer aux familles.
  • Les compétences du personnel doivent être évaluées et renforcées. Depuis leur formation initiale, seuls 32 % des répondants ont suivi une formation complémentaire sur les services de conseil en matière d’allaitement, et la majorité d’entre eux estiment avoir besoin d’une formation complémentaire sur la manière de conseiller les femmes à allaiter. 




Outils de l’OMS et meilleures pratiques

 
La présence d’entreprises d’aliments pour bébés dans les établissements de santé suédois a incité le Conseil régional à appliquer les meilleures pratiques et à mettre en place un processus rigoureux de suivi et d’évaluation. Afin de protéger l’allaitement maternel, le contrat régional de prestation de services a été révisé à partir du 1er janvier 2021 pour inclure un engagement de tous les établissements fournissant des soins prénatals et des services de santé infantile à respecter pleinement le Code international. 

« Nous avons ressenti le besoin de relancer de toute urgence l’Initiative Hôpitaux amis des bébés qui a été mise en œuvre au début des années 90, mais n’a pas été évaluée de manière exhaustive depuis », a expliqué Anna Kjellbom, médecin généraliste du Centre d’excellence pour la santé de la femme, Conseil régional de Scanie. « Pour promouvoir l’allaitement maternel, la sensibilisation de la population à ses bienfaits sanitaires devrait constituer une priorité de santé publique. En informant à la fois les personnels de santé et les parents, on encouragera l’adoption d’une attitude globalement positive à l’égard de l’allaitement. On en retirera d’énormes avantages pour les familles et la communauté. »

Le Bureau pour les MNT aide tous les pays de la Région à renforcer la mise en œuvre de l’Initiative Hôpitaux amis des bébés, l’application du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, la littératie en santé et la surveillance des pratiques d’allaitement. 

En outre, le Bureau des MNT organise régulièrement une série de webinaires intitulée « Promouvoir, protéger et soutenir l’allaitement maternel dans la Région européenne de l’OMS » qui se concentre sur les aspects cliniques, physiologiques et de santé publique actuels de l’allaitement maternel, du lait humain et de la lactation. Les informations fournies aux États membres dans le cadre de ces webinaires visent à améliorer leur plaidoyer fondé sur des données probantes, ainsi que leurs efforts de conception de politiques et de mise en œuvre de programmes.