La prestation de services contre les maladies non transmissibles à l’heure de la COVID-19 : échos du terrain

3 juin 2020
Communiqué de presse
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Une nouvelle enquête de l’OMS permet d’étudier l’ampleur de la perturbation des services de prévention et de traitement des maladies non transmissibles (MNT) telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer et les maladies respiratoires chroniques pendant la pandémie de COVID-19. Pour marquer la publication des premiers résultats de cette enquête, les expériences des travailleurs de la santé et des patients qui doivent gérer ces maladies sont diffusées dans le cadre d’une nouvelle série de récits en provenance de la Région européenne de l’OMS.

Une protection contre la perturbation des services

Dans la Région, 38 des 53 États membres ont répondu à l’enquête. Les trois quarts (74 %) des pays ayant répondu ont déclaré avoir inclus la continuité des services contre les MNT dans leurs plans de lutte contre la COVID-19, mais l’enquête a révélé qu’ils ont rencontré des succès divers s’agissant de protéger ces services.

L’enquête a révélé une perturbation complète ou partielle des soins de réadaptation dans 81 % des pays répondants, et une perturbation complète ou partielle des soins palliatifs dans 47 % des pays répondants. De plus, si les deux tiers (63 %) ont signalé que les services d’urgence pour les maladies cardiovasculaires n’ont pas été perturbés, un quart des pays (24 %) seulement ont rapporté une absence de perturbation dans les services de prise en charge de l’hypertension.

Des faits qui se sont déroulés en Italie illustrent comment les pays ont œuvré pour le maintien de leurs services. Un hôpital de la région du Latium a divisé son service des urgences en deux zones distinctes pour assurer le traitement des patients atteints ou non de COVID-19. Il a recruté des effectifs en renfort et rempli des prescriptions à distance pour réduire la fréquentation de ses locaux et limiter le risque de transmission.

Conformément aux stratégies visant à préserver les capacités en matière de soins cliniques aux patients atteints de COVID-19 et dans le cadre des mesures de préparation et d’intervention, les pays confrontés à une transmission communautaire du virus semblent avoir cherché à dispenser le moins possible de soins non essentiels ou pouvant être redéfinis comme non prioritaires dans leurs établissements de santé. Par exemple, les soins électifs ont été annulés dans deux tiers (63 %) des pays, et les programmes de dépistage pour la population ont été temporairement suspendus dans 61 % des cas.

Pourtant, ces mesures suscitent des préoccupations d’ordre plus général. En raison de l’affectation des effectifs à des tâches différentes, certains services ambulatoires sont complètement paralysés. Les trois cinquièmes (61 %) des pays ont également fait état d’une diminution du volume des consultations en ambulatoire, due au fait que les patients ne se présentent pas à leurs rendez-vous. Cela peut être imputé à un certain nombre de raisons, telles que les difficultés à se déplacer dans une ville ou un pays pour accéder aux services de soins, ou la peur d’une infection.

Des faits qui se sont déroulés au Kirghizistan illustrent ce problème sur le terrain. Une femme de 67 ans vivant à Talas présentait les symptômes d’un cancer du sein. Son médecin de famille l’a donc orientée vers le Centre national d’oncologie de Bichkek. Vu les strictes restrictions imposées aux déplacements et la fermeture des hôtels, elle a dû reporter sa visite jusqu’à ce que les mesures de confinement soient assouplies.

Garantir la continuité des soins grâce à la technologie numérique

En réaction à ces restrictions, les pays mettent en place une série de mesures d’atténuation, en adaptant les modes de prestation de services. Ils recourent notamment à la télémédecine et aux technologies numériques. Un quart des pays ont également fait état de nouvelles chaînes d’approvisionnement et/ou méthodes de distribution de médicaments contre les MNT.

Des faits qui se sont déroulés au Portugal montrent comment les téléconsultations organisées à la place des rendez-vous programmés pour des patients diabétiques ont permis de maintenir la communication et d’assurer la continuité des soins. « J’ai été assez surpris de voir à quel point cela a bien marché dès le début », note un médecin. « Il a été possible de donner des consultations efficaces par téléphone et de planifier l’intervention de l’infirmier/ère et du/de la diététicien(ne). J’espère que nous pourrons appliquer certains éléments de ces méthodes à l’avenir. »

Étant donné la manière dont cette nouvelle solution a été acceptée par les patients et les professionnels de santé, le personnel de ce service portugais, qui continue à adapter les soins pour les personnes atteintes de diabète, espère que les nouveaux canaux de communication avec les patients et la population pourront être pérennisés.

De nouvelles stratégies pour une nouvelle réalité

Dans le cadre de cette enquête, les pays ont indiqué pour quels aspects ils apprécieraient un soutien supplémentaire de la part de l’OMS. Cet appui supplémentaire est déjà mis en place dans un certain nombre de domaines. Outre ses travaux sur la préparation et la réponse aux situations d’urgence et son soutien au renforcement des capacités de prévention et de lutte contre les infections, l’OMS a élaboré toute une série de documents exposant des recommandations techniques sur le maintien des services de santé essentiels.

Par ailleurs, l’OMS a organisé une série de webinaires sur la prise en charge clinique et les mesures de prévention et de maîtrise des infections dans le cadre de la COVID-19, ainsi que sur le soutien concret entre collègues pour la prestation de services aux patients souffrant de MNT, mais pas de COVID-19.

Le 28 mai 2020, l’OMS a encore organisé un webinaire faisant partie d’une série de programmes dont le but est de faciliter l’échange d’expériences entre pays. Ce webinaire a réuni une cinquantaine de fonctionnaires des ministères de la Santé, de responsables des autorités nationales et de cliniciens du Kirghizistan, d’Ouzbékistan et du Tadjikistan afin qu’ils profitent de l’expérience des experts italiens et russes en matière de soins aigus et de réadaptation pour les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux.

Des événements similaires seront organisés dans toute la Région sur une série de sujets, tels que le diabète et les soins aux personnes cancéreuses, afin d’aider les pays et les systèmes à relever leurs défis communs à l’heure de la COVID-19.