Depuis le début du conflit ukrainien, l’OMS/Europe a intensifié ses services pour lutter contre la violence sexiste parmi les réfugiés qui fuient l’Ukraine vers les pays voisins. En République de Moldova, où plus de 580 000 Ukrainiens ont fui depuis février 2022 et où il en reste encore 77 000, l’OMS a mis l’accent sur le soutien aux femmes, aux personnes âgées et aux enfants qui constituent la grande majorité des réfugiés.
Les femmes et les filles qui fuient l’Ukraine n’ont pas accès à des services de qualité en matière de violence sexiste, de soins de santé reproductive et sexuelle et de soutien psychosocial. Les groupes marginalisés, notamment les Roms et les communautés LGBTQI+, sont confrontés à des discriminations et à des problèmes de protection supplémentaires. Il est essentiel de veiller à ce que les prestataires de soins de santé en République de Moldova soient préparés et équipés pour dispenser aux personnes victimes de violence sexiste des soins efficaces et centrés sur les survivants.
Renforcer les soins centrés sur les survivants
La prévalence de la violence sexiste, notamment la violence entre partenaires intimes, était élevée en République de Moldova et en Ukraine avant le début de la crise des réfugiés. Selon les estimations de l’OMS, le pourcentage de femmes âgées de 15 à 49 ans, mariées ou en couple, ayant subi des violences de la part de leur partenaire intime au cours de leur vie est de 27 % en République de Moldova et de 18 % en Ukraine.
L’OMS prévoit de former, avec le soutien du gouvernement canadien, les membres des équipes médicales d’urgence à la lutte contre la violence sexiste dans les régions frontalières de la République de Moldova. S’appuyant sur une formation en ligne de l’OMS suivie par les équipes au début de l’année, la formation en personne vise à renforcer la capacité des agents de santé à dispenser un soutien de première ligne et des soins de qualité aux victimes de violence sexiste dans le contexte de la crise des réfugiés, conformément aux directives et aux normes de l’OMS.
Les prestataires de soins de santé seront formés à recenser les signes de violence sexiste, à communiquer avec les survivants avec empathie, à offrir un soutien psychosocial de première ligne efficace et des informations sur les parcours d’orientation, et à dispenser des soins cliniques de qualité aux survivants de viols.
« La formation sera l’occasion de délivrer des conseils pratiques aux agents de santé sur leur rôle essentiel dans le soutien aux personnes ayant subi différentes formes de violence sexiste, en mettant l’accent sur l’adoption d’approches centrées sur les survivants », a expliqué Valeriu Sava, point focal pour les questions de genre, l’équité et les droits humains au bureau de pays de l’OMS en République de Moldova. « Comme les agents de santé sont souvent les premiers points de contact des victimes de violence sexiste, il est essentiel qu’ils puissent intervenir de manière sûre et appropriée. »
Renforcer la riposte du secteur de la santé à la violence sexiste
Le secteur de la santé joue un rôle essentiel dans la riposte menée face aux différentes formes de violence sexiste, notamment la violence physique, sexuelle et émotionnelle, qui peuvent toutes entraîner de graves conséquences sur la santé physique, psychologique et reproductive.
L’OMS a récemment soutenu l’élaboration du plan d’urgence du ministère de la Santé sur la réponse aux situations d’urgence et à la crise des réfugiés en République de Moldova, en mettant l’accent sur le renforcement de la prise en charge des cas de violence sexiste, et en veillant à ce que les établissements de santé et les prestataires de soins de santé soient préparés à dispenser des services de qualité aux survivants.
La ratification par la République de Moldova de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul) et son entrée en vigueur en mai 2022 offrent une nouvelle occasion de renforcer le rôle du secteur de la santé dans la lutte contre la violence sexiste ainsi que sa capacité à combattre cette violence.
« L’OMS collabore avec le gouvernement afin d’adapter les programmes de formation des futurs médecins et professionnels de santé dans les facultés de médecine, en se concentrant également sur le renforcement des capacités des gestionnaires d’établissements de santé sur la riposte efficace face à la violence sexiste. Le renforcement du cadre juridique, y compris la suppression des exigences de déclaration obligatoire des prestataires de soins de santé à la police, doit s’effectuer simultanément, car cela constitue un obstacle pour les survivants qui révèlent les cas de violence et accèdent aux services », a ajouté M. Sava.
La violence sexiste doit être élevée au rang de priorité de santé publique, avec une planification et un engagement à long terme pour intensifier et maintenir les interventions.
« Faciliter la coordination intersectorielle est essentiel pour mener une riposte efficace. L’OMS joue un rôle actif dans le Groupe de travail sur la violence sexiste de la République de Moldova et dans divers mécanismes de coordination interinstitutions et, avec le Fonds des Nations Unies pour la population et d’autres partenaires, nous aidons le ministère de la Santé à institutionnaliser davantage la riposte du secteur de la santé à la violence sexiste », a expliqué Stela Gheorghita, coordinatrice des situations d’urgence au bureau de pays de l’OMS en République de Moldova.
« Il importe de déployer des efforts continus et coordonnés, avec un financement et des ressources adéquats, pour mener des actions concrètes sur le terrain afin de garantir que les survivants d’actes de violence sexiste puissent bénéficier d’un soutien, et que personne ne soit laissé de côté. »