Le Kazakhstan a interdit la vente de boissons énergisantes aux personnes âgées de moins de 21 ans dans le cadre d’une mesure audacieuse visant à protéger leur santé. Selon une nouvelle note d’orientation de l’OMS/Europe, les jeunes figurent parmi les principaux consommateurs de boissons sucrées, d’ailleurs associées au surpoids et à l’obésité chez l’enfant. La nouvelle législation, qui est entrée en vigueur en janvier 2025, vise à réduire la consommation de ces boissons chez les enfants et les adolescents afin de les protéger contre de nombreuses maladies non transmissibles à un stade ultérieur de l’existence.
Lutter contre les risques sanitaires
Il existe des preuves scientifiques irréfutables que la consommation excessive de sucre, particulièrement sous forme de boissons sucrées, contribue fortement à l’augmentation des maladies non transmissibles comme l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires, voire des problèmes dentaires. Les boissons gazeuses sucrées restent la principale source d’excès de sucres chez les enfants dans la Région européenne de l’OMS.
La facilité d’accès aux boissons énergisantes et le marketing agressif des fabricants ont rendu ces boissons particulièrement attrayantes pour les jeunes, malgré leurs risques bien documentés pour la santé. Selon des données récentes du ministère kazakh de la Santé, plus de 40 % des enfants d’âge scolaire du pays consomment régulièrement des boissons énergisantes, contribuant ainsi à l’augmentation de la charge de morbidité due aux maladies non transmissibles.
« La nouvelle législation constitue un progrès opportun vers la protection de la santé publique et la réduction de la consommation de sucre chez les jeunes, conformément aux recommandations de l’OMS. En limitant l’accès aux boissons énergisantes, le Kazakhstan peut améliorer la santé à plusieurs niveaux à la fois : en s’attaquant à l’augmentation de l’obésité chez les enfants et les adolescents, qui est liée à des complications sanitaires à long terme, et en réduisant les risques immédiats de maladies non transmissibles, du diabète aux maladies cardiovasculaires », a expliqué le docteur Skender Syla, représentant de l’OMS au Kazakhstan.
Contrecarrer la pression de l’industrie
L’application de cette législation progressiste n’a pas été sans difficultés. L’industrie des boissons, qui a tout intérêt à maintenir les ventes, a exercé des pressions considérables pour empêcher l’adoption de la loi. Les acteurs du secteur affirment souvent que ces réglementations portent atteinte au choix des consommateurs et à la liberté économique.
« Cependant, les défenseurs de la santé et les responsables politiques au Kazakhstan sont bien conscients des preuves scientifiques solides mettant en avant le besoin critique de protéger les jeunes des effets nocifs des boissons énergisantes et de la consommation élevée de sucre qui y est associée. Les publications de l’OMS/Europe, telles que les notes d’orientation et les rapports contenant de nouvelles données sur les niveaux d’obésité, ont contribué à un débat politique ouvert en faveur de la prise de nouvelles mesures, et aidé à sensibiliser le public à ces questions », a souligné le docteur Akmaral Alnazarova, ministre kazakhe de la Santé.
Soutien aux politiques de santé
Afin d’aider le Kazakhstan à améliorer la santé publique, l’OMS/Europe a publié une nouvelle note d’orientation intitulée « Policy brief on the association between sugar-sweetened beverage consumption and childhood overweight and obesity » [Note d’orientation sur l’association entre la consommation de boissons sucrées et le surpoids et l’obésité chez l’enfant].
Le document fournit des informations complètes sur les risques sanitaires associés à ces boissons, et présente des mesures politiques fondées sur des données probantes susceptibles d’être prises par les pays pour en réduire la consommation.
La note d’information de l’OMS aborde également les contre-arguments courants présentés par les fabricants de boissons, offrant ainsi aux responsables politiques les outils nécessaires pour contrer la désinformation et promouvoir des réglementations favorables à la santé. Voici quelques-unes des principales recommandations politiques :
- imposer une fiscalité sur les boissons sucrées afin de décourager la consommation excessive et de générer des recettes pour les initiatives de santé publique ;
- améliorer les politiques d’achats publics de produits alimentaires afin d’accorder la priorité à des boissons plus saines dans les écoles et les institutions publiques ;
- réglementer le marketing et l’étiquetage afin de garantir que les consommateurs, en particulier les jeunes, soient pleinement informés des risques liés aux boissons sucrées ;
- encourager les campagnes d’information sanitaire pour sensibiliser au lien entre les boissons sucrées et les maladies non transmissibles.
Un exemple pour d’autres pays
« L’engagement du Kazakhstan à relever le défi de santé publique posé par les boissons énergisantes et les boissons sucrées est un exemple inspirant pour les autres pays de la Région européenne de l’OMS. Le Kazakhstan a démontré qu’une volonté politique forte, l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes et la collaboration avec les organisations internationales de santé peuvent conduire à des progrès significatifs en matière de santé publique », a expliqué le docteur Kremlin Wickramasinghe, conseiller régional de l’OMS/Europe pour la nutrition, l’activité physique et l’obésité.
Si l’interdiction de la vente de boissons énergisantes aux mineurs constitue une avancée significative, il convient de poursuivre les efforts pour relever les défis plus larges liés à la consommation de boissons sucrées. L’élargissement des politiques de manière à y inclure la fiscalité sur le sucre, des restrictions plus strictes en matière de marketing et une meilleure éducation nutritionnelle renforcera la lutte du pays contre les maladies non transmissibles et aidera à honorer les engagements mondiaux pris à cet égard, comme les objectifs de développement durable des Nations Unies.
Le Kazakhstan envoie en fait un message grâce à cette mesure audacieuse : la santé publique prime sur les intérêts commerciaux, et un avenir plus sain est à portée de main grâce à des politiques éclairées et à des efforts de collaboration.