« La normalité d’hier était de cacher les problèmes de santé mentale. La nouvelle normalité consiste à faire du bien-être psychosocial un principe fondamental au sein de nos sociétés », a déclaré M. Alar Karis, le Président estonien, dans un discours enregistré diffusé lors de l’ouverture de la deuxième réunion de la Coalition paneuropéenne pour la santé mentale.
L’aspiration à cette nouvelle normalité était palpable tout au long des 2 journées de l’événement organisé à Ankara les 23 et 24 novembre 2022 dans le contexte de la conférence annuelle de la Türkiye sur le projet relatif à l’inclusion sociale des personnes atteintes de troubles mentaux.
Des éclaircissements et une transformation en matière de santé mentale
La deuxième réunion de la Coalition, dont le thème était « Une action locale, une transformation régionale », s’est ouverte sur une interprétation au piano d’une œuvre de J. S. Bach par M. Buğra Çankır, le premier doctorant autiste de Türkiye, accompagné par l’orchestre de l’Université de musique et des beaux-arts d’Ankara.
Les participants en présentiel, qui étaient plus de 300, ont été rejoints en ligne par près de 200 participants, dont des personnes ayant une expérience vécue de problèmes de santé mentale et des représentants de pouvoirs publics, de la société civile, d’établissements universitaires et d’organismes internationaux.
Ceux-ci ont pu prendre connaissance des efforts déployés au niveau local dans toute la Région européenne de l’OMS pour protéger le droit des personnes à la santé mentale et au bien-être, par exemple les actions menées à Malte et en Norvège pour protéger la santé mentale sur le lieu de travail, et les enseignements acquis en tentant de satisfaire les besoins en santé mentale des personnes touchées par la guerre en Ukraine.
« Nous ne pouvons nous appuyer sur les méthodes de soins traditionnelles, qui isolent les personnes souffrant de problèmes de santé mentale. Nous ne pouvons revenir à des politiques et à des initiatives réactives, ponctuelles, avec des ressources insuffisantes, et d’envergure limitée à cause de la stigmatisation », a dit le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, dans une déclaration vidéo prononcée alors qu’il se trouvait en mission en Ukraine.
L’inclusion, clé d’une intervention efficace
Le fil rouge de toutes les sessions a été le thème d’une meilleure inclusion des personnes qui ont le plus à perdre en cas d’inaction, comme celles qui souffrent de troubles de santé mentale et de handicaps psychosociaux, ainsi que les adultes d’un certain âge et les jeunes gens, qui sont habituellement exclus du processus décisionnel sur la santé mentale.
Des jeunes, notamment M. Dion Ras et Mme Inês Mália Sarmento, ont précisé les revendications qu’ils avaient émises durant la Semaine européenne de la santé mentale, à Athènes (Grèce). « Nous, les jeunes membres de la Coalition européenne pour la santé mentale, voulons prendre part à la création d’un dispositif pour la participation des jeunes », a déclaré M. Ras durant leur allocution conjointe. « Nous voulons diffuser les meilleures pratiques. Nous avons appris ce qui est efficace ou non, et nous voulons le faire, parce que c’est nous qui concrétisons les plans que vous faites pour la participation des jeunes. »
La deuxième réunion de la Coalition coïncidait avec la troisième conférence annuelle sur le projet relatif à l’inclusion sociale des personnes atteintes de troubles mentaux, une initiative du gouvernement turc co-financée par l’Union européenne et l’OMS. Ce projet vise à rendre les services de santé mentale moins stigmatisants pour les personnes souffrant de troubles mentaux et de handicaps psychosociaux, et à favoriser le rétablissement et la vie au sein de la communauté.
La conférence annuelle sur ce projet était organisée parallèlement à la réunion de la Coalition, car cela constitue un exemple particulièrement parlant de collaboration entre les pouvoirs publics et les organismes internationaux, ce qui est fondamental pour la Coalition.
« Le ministère de la Santé souhaite vivement continuer à adopter une démarche centrée sur l’être humain et fondée sur la durabilité, le développement et le souci de dispenser des services aussi efficaces que possible », a déclaré le docteur Tolga Tolunay, vice-ministre turc de la Santé. « Nous avons mis en pratique nos services conformément aux principes de la Coalition. »
Prochaines étapes
Globalement, la réunion a révélé que la Région européenne de l’OMS dispose d’innombrables ressources et outils pour soutenir la santé mentale et le bien-être, mais que ceux-ci nécessitent un investissement plus important et une adaptation aux contextes locaux spécifiques.
Au cours de l’année à venir, la Coalition s’attachera à faire connaître ces ressources et ces outils, notamment en recensant systématiquement ce que la Région compte de politiques pour la santé mentale et d’outils fondés sur des données probantes.