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Mario Rexhepi, agent de santé à Tirana (Albanie) prépare une dose de vaccin contre la COVID-19.
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Une nouvelle étude permet d’éclairer les actions visant à accroître la vaccination des agents de santé contre la COVID-19 en Albanie

6 mars 2023
Communiqué de presse
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Enxhi Durmishaj a 29 ans et occupe un poste administratif à l’hôpital Mère Teresa, un grand hôpital public de Tirana, la capitale de l’Albanie. Rudina Çopa a 33 ans et supervise le travail de l’équipe d’assainissement et la gestion des déchets à l’Hôpital régional de Durrës, dans l’ouest de l’Albanie. Les 2 femmes sont vaccinées contre la COVID-19, ayant reçu les 2 premières doses ainsi qu’une dose de rappel. 

Pourquoi se sont-elles fait vacciner ? « Je pense que la vaccination est la forme la plus efficace de protection contre la COVID-19 », explique Enxhi Durmishaj. « Je crois en la vaccination et en son efficacité. En Albanie, l’une des choses dont nous sommes le plus fiers est le programme de vaccination. Ce programme est l’une des interventions de santé publique les mieux établies », ajoute-t-elle.

« Je me suis fait vacciner parce que la COVID-19 fait peur, et que des personnes de mon âge ont commencé à tomber fortement malade et à mourir », nous confie Rudina Çopa. « Aussi, je crois que les scientifiques ont effectué un excellent travail pour nous permettre d’avoir un vaccin. » 

Ces jeunes travailleuses de la santé ne sont cependant pas représentatives de leur profession pour ce qui est de la vaccination contre la COVID-19, et notamment l’inoculation d’une dose de rappel. 

En effet, selon une étude menée récemment en Albanie (juin 2022), si près de 90 % des personnels de santé ont reçu la première série de vaccins contre la COVID-19, moins d’un cinquième (soit environ 19 %) se sont fait administrer une dose de rappel. Le taux d’inoculation de la dose de rappel est encore moins élevé chez les agents de santé plus jeunes (moins de 35 ans), les agents de santé féminins, les infirmiers, les sages-femmes, le personnel d’appui et le personnel administratif.

Et ce bien qu’il soit prouvé que les doses de rappel peuvent prévenir l’infection et surtout les maladies graves dues à la COVID-19, et malgré le fait que les agents de santé non médecins participant à l’étude étaient plus susceptibles que les médecins d’avoir été infectés par la COVID-19 au cours des 18 premiers mois de la pandémie.

« La majorité de mes collègues ont hésité à se faire inoculer une dose de rappel contre la COVID-19 », admet Enxhi Durmishaj, qui a participé à l’étude avec Rudina Çopa. « Je les ai encouragés à se faire administrer la dose de rappel, car il vaut mieux prévenir que guérir. »

L’étude a également révélé que le taux d’administration de la première série de vaccins contre la COVID-19 est plus faible chez les jeunes agents de santé et les agents de santé féminins. En d’autres termes, de nombreux personnels de santé en âge de procréer ne profitent donc pas des bénéfices de la vaccination. 

Cette situation est préoccupante car les femmes enceintes infectées par la COVID-19 sont plus susceptibles de contracter une maladie grave que les femmes non enceintes. Les vaccins contre la COVID-19 se sont révélés sûrs et efficaces pour les femmes enceintes, et la vaccination de ces dernières semble également protéger leurs nouveau-nés contre la maladie. 

L’étude menée par l’Institut albanais de santé publique avec le soutien de l’OMS/Europe, de la Task Force for Global Health et des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis vient d’être publiée dans la revue « The Lancet Regional Health – Europe ».

Une étude pas comme les autres 

Chaque semaine, entre février 2021 et juin 2022, quelque 1 500 agents de santé (plus de 40 % des effectifs de 3 grands hôpitaux publics) ont fourni des informations détaillées à l’équipe de l’étude dans le cadre d’un exercice plus large visant à évaluer l’efficacité des vaccins contre la COVID-19. Les données de l’étude ont été analysées pour mieux comprendre l’utilisation des vaccins contre la COVID-19 chez les personnels de santé albanais.

« La force de l’étude réside dans le fait qu’un nombre considérable d’agents de santé y ont participé pendant une très longue période, en fournissant régulièrement à l’équipe de l’étude des informations sur leur santé et leur statut vaccinal vis-à-vis de la COVID-19. Je ne pense pas que beaucoup d’études de ce type aient été réalisées dans cette partie du monde », explique Silvia Bino, auteure principale de l’étude et cheffe du Département de lutte contre les maladies infectieuses de l’Institut albanais de santé publique. 

« L’étude nous aide à comprendre quelles catégories d’agents de santé sont restées non vaccinées ou partiellement vaccinées depuis janvier 2021, date à laquelle la vaccination par la COVID-19 a débuté en Albanie. Les résultats peuvent contribuer à éclairer les politiques et les interventions sanitaires afin que nous puissions accroître le taux de vaccination dans ce groupe hautement prioritaire », ajoute Silvia Bino.

Comme le souligne Pernille Jørgensen, coordinatrice de l’étude et conseillère technique à l’OMS/Europe, « l’étude a également révélé que les agents de santé ayant déjà reçu le vaccin contre la grippe saisonnière, un vaccin recommandé pour tous les agents de santé en Albanie depuis 2014, sont plus susceptibles de se faire administrer 1 dose ou plus de vaccins contre la COVID-19. » 

« Nous avons observé le même lien entre la vaccination contre la grippe et celle contre la COVID-19 dans d’autres études de l’OMS effectuées dans plusieurs pays européens. Il en ressort qu’accroître la vaccination contre la grippe pourrait, en plus de prévenir la grippe, potentiellement conduire à l’avenir à une hausse de la vaccination contre les pandémies », ajoute-t-elle.

Elga Spaho, une psychiatre de 52 ans qui a participé à l’étude réalisée en Albanie, est du même avis. « Le fait de m’être fait vacciner contre la grippe a influencé ma décision de me faire vacciner contre la COVID-19, car je connais depuis longtemps les bénéfices de la vaccination. J’étais déjà vaccinée lorsque j’ai été testée positive à la COVID-19, et cela a préparé mon système immunitaire à surmonter facilement la maladie. J’ai fait vacciner toute ma famille et j’ai également essayé de convaincre toutes les personnes que je connais de se faire vacciner contre la COVID-19. » 

Les vaccins restent la meilleure protection contre la COVID-19

Cela fait plus de 3 ans que la COVID-19 sévit dans la Région européenne de l’OMS, qui englobe 53 pays d’Europe et d’Asie centrale. Le virus constitue toujours une menace pour des millions d’habitants de la Région qui ne sont toujours pas vaccinés, y compris les agents de santé. 

Les agents de santé sont particulièrement sensibles à la COVID-19 en raison de leur profession. Ils risquent à la fois de tomber malades et de transmettre cette maladie à des patients vulnérables. Les agents de santé ont donc été parmi les premiers groupes à se faire vacciner contre la COVID-19. 

En outre, comme les agents de santé constituent une source d’information essentielle et fiable, s’ils sont favorables à la vaccination, leurs patients pourraient être plus enclins à se faire vacciner également.

Si le taux de vaccination contre la COVID-19 est généralement important chez les agents de santé de nombreux pays à revenu élevé, ce taux varie dans les pays à revenus faible et intermédiaire. Dans la Région européenne, à la fin du mois de juin 2022, plus de 80 % des agents de santé des pays à revenu élevé avaient reçu une première série complète de vaccins contre la COVID-19 et 51 % une dose supplémentaire (rappel), contre respectivement 33 et 8 % des agents de santé des pays à revenu moyen supérieur. 

Comme l’explique Richard Pebody, chef de l’Équipe des agents pathogènes à haut risque à l’OMS/Europe, « si la plupart des agents de santé de l’étude albanaise ont terminé la première série de vaccins contre la COVID-19, beaucoup n’ont pas accepté l’offre de se faire inoculer une dose de rappel. Il faut s’efforcer de comprendre les raisons de ce faible taux d’inoculation de la dose de rappel, en particulier chez les jeunes agents de santé, les agents de santé féminins et les agents de santé non médecins. Comprendre ces raisons aidera les autorités sanitaires à adapter leur programme de vaccination afin de protéger les agents de santé et préserver les services de santé essentiels lors des futures vagues de SARS-CoV-2. » 

« Davantage d’efforts doivent être consentis à la sensibilisation des agents de santé en âge de procréer et des femmes enceintes en général à la sécurité et aux bénéfices de la vaccination contre la COVID-19 », ajoute-t-il.

En guise de conclusion, Richard Pebody souligne que « les vaccins restent la meilleure protection disponible contre les maladies graves et les décès dus à la COVID-19. Les doses de rappel renforcent la protection contre les formes graves de la maladie. Même dans les communautés chez qui les taux d’infection par la COVID-19 ont été particulièrement élevés, la vaccination et l’administration des doses de rappel offrent une couche supplémentaire de protection contre la réinfection et, surtout, les formes graves de la maladie. Il est donc d’autant plus nécessaire de faire passer ce message, et avec insistance. »