Selon un nouveau rapport publié aujourd’hui par le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe (OMS/Europe), si 394 millions de personnes, soit près de la moitié de la population de la Région européenne,
souffrent d’un problème de santé qui nécessite des soins de réadaptation, la majorité d’entre elles ne reçoivent pas les soins dont elles ont besoin. Le vieillissement rapide de la population,
l’augmentation importante du nombre de personnes atteintes de maladies chroniques et la méconnaissance des avantages de la réadaptation figurent parmi les principales raisons pour lesquelles ce besoin reste non satisfait en Europe
et en Asie centrale.
La qualité de vie peut être limitée par le vieillissement, un problème de santé (notamment les maladies chroniques) ou un traumatisme. La réadaptation peut aider les personnes concernées dans leur vie quotidienne.
Le rapport montre que la majorité des personnes ayant besoin de ces services ne reçoivent pas les soins dont elles ont besoin, ce qui conduit, selon les estimations, à une perte totale de 49 millions d’années de vie
en bonne santé en raison d’un problème de santé nécessitant une réadaptation. Parmi les principaux obstacles à l’accès des personnes à la réadaptation, il convient de mentionner
la méconnaissance de la réadaptation, de son fonctionnement et de ses avantages, ainsi que les idées fausses sur son coût.
Point capital, une grave pénurie de professionnels de la réadaptation empêche les habitants de certaines parties de la Région européenne de bénéficier des soins de réadaptation dont ils ont besoin.
Le rapport souligne qu’il y a 12 fois moins de kinésithérapeutes, 141 fois moins d’ergothérapeutes et 6 fois moins d’orthoprothésistes dans les pays à revenu intermédiaire que dans les pays
à revenu élevé.
Dans l’ensemble de la Région, les affections les plus courantes à l’origine des besoins de réadaptation sont les lombalgies, les fractures, les pertes d’ouïe et de vision, ainsi que les accidents vasculaires
cérébraux et la démence. Comme ces pathologies affectent la vie des populations, y compris leur capacité à exercer une activité professionnelle, les pays doivent faire face à des millions d’USD
de coûts dus au manque de productivité économique et à l’augmentation de la pauvreté et du chômage.
« Il est stupéfiant de constater que près de la moitié de la population de la Région a besoin d’une forme de réadaptation », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional
de l’OMS pour l’Europe. « La réadaptation est un service de santé essentiel qui devrait être accessible à tous ceux qui en ont besoin, et à tous les niveaux de soins de santé. Si aucune mesure
n’est prise, les pays risquent de restreindre les possibilités de leurs populations et de limiter la productivité économique, car un grand nombre de personnes sont tout simplement incapables de contribuer pleinement à
la société. »
La réadaptation vise principalement à aider les personnes souffrant d’un problème de santé à améliorer et à maintenir leur fonctionnement. Les difficultés de fonctionnement sont dues à
des déficiences telles que la douleur ou la faiblesse musculaire et à des limitations dans les activités, comme les soins personnels ou la marche.
Il est important que la réadaptation soit disponible dans les établissements de soins de santé primaires où la plupart des cas de maladies chroniques sont pris en charge, ainsi que dans les structures communautaires, comme
dans les foyers et les écoles.
« L’intégration des services de réadaptation dans les soins de santé primaires est importante car de nombreuses personnes susceptibles de bénéficier de services de réadaptation n’intègrent
jamais le système hospitalier, et peuvent avoir besoin d’une réadaptation à long terme proche de leur domicile et de leur communauté locale », explique le docteur Natasha Azzopardi Muscat, directrice de la Division
des politiques et systèmes de santé des pays à l’OMS/Europe. « Or, dans de nombreux pays de notre Région, les services de réadaptation sont dispensés dans des établissements de niveaux secondaire
et tertiaire situés dans les zones urbaines, ce qui laisse les zones rurales et éloignées mal desservies. Dans la plupart des systèmes de santé, la réadaptation n’est pas pleinement ou efficacement intégrée
aux soins de santé primaires. Il faut que cela change. »
Si des progrès ont été accomplis à cet égard, il reste encore beaucoup à faire pour que la réadaptation soit plus largement accessible
Il est prouvé que les activités de réadaptation sont rentables, et qu’elles permettent aux autres interventions sanitaires de donner leurs meilleurs résultats tout en aidant au maintien de ces derniers. Il est essentiel
que l’accès à la réadaptation contribue à la réalisation du droit de tous à la santé.
Des progrès ont été réalisés ces dernières années pour que la réadaptation soit plus facilement accessible aux personnes qui en ont besoin. Dans certains pays, la réadaptation est désormais
disponible dans les situations d’urgence, et des actions concrètes sont menées pour soutenir les personnes nécessitant des soins de longue durée.
En outre, la COVID longue a permis à la réadaptation de revenir au premier plan, les pays reconnaissant désormais la gravité de la maladie et le rôle clé que les services de réadaptation peuvent jouer pour
aider les personnes qui en sont atteintes.
Les études montrent que la réadaptation est susceptible d’éviter des hospitalisations coûteuses et de réduire la durée d’hospitalisation, de diminuer les réadmissions et de réduire les
risques de complications dues aux problèmes de santé. En améliorant les fonctions physiques, mentales et sociales, ainsi que la capacité de vaquer aux activités quotidiennes, la réadaptation réduit
les coûts des soins continus et aide les personnes concernées à avoir accès à l’éducation et au marché du travail.
L’OMS/Europe exhorte les pays à :
- accorder la priorité à la réadaptation et la reconnaître comme un service de santé essentiel pour des millions de personnes, y compris pendant les situations d’urgence ;
- intégrer la réadaptation à tous les niveaux du système de soins de santé – dans les services de santé primaires, les services communautaires, les hôpitaux et les centres spécialisés, chacun devant avoir accès à la réadaptation dont il a besoin ;
- aider à constituer un personnel de réadaptation multidisciplinaire adéquat et qualifié afin de dispenser ces services.
« La plupart d’entre nous auront besoin de réadaptation à un moment donné de leur vie ou connaissent quelqu’un de très proche qui en a besoin », a conclu le docteur Kluge. « La réadaptation
peut transformer la vie des individus et de leurs proches, en réduisant la douleur, en optimisant l’indépendance, en soutenant le bien-être mental, en responsabilisant les personnes et en permettant l’accès au
marché du travail ou à l’éducation, et donc en aidant les personnes et les communautés à prospérer. »
------------------
Pour de plus amples informations, notamment une copie du rapport (avec les aide-mémoire par pays), veuillez contacter Ramy Srour (srourr@who.int) ou eupress@who.int.