WHO
© Photo

Après la destruction du barrage de Kakhovka, l’OMS intensifie son action humanitaire dans le sud de l’Ukraine

13 juin 2023
Communiqué de presse
Reading time:
La destruction du barrage de Kakhovka, le 6 juin 2023, a engendré une grande désolation et des souffrances considérables pour la population. L’impact global sur l’approvisionnement en eau, les systèmes d’assainissement et d’évacuation des eaux usées et les services de santé ne peut être sous-estimé. 

Les graves inondations en aval se sont traduites par le déplacement de milliers de personnes et la destruction d’infrastructures essentielles, notamment des routes, des lignes électriques, des terres agricoles, des établissements de santé et des habitations privées. Il faudra peut-être des années pour remédier aux seuls dommages environnementaux, et des produits chimiques dangereux issus de l’agriculture pourraient s’infiltrer dans les réserves en eau. Les inondations dans une zone fortement industrialisée risquent d’entraîner d’autres rejets de produits chimiques dans l’eau, ce qui pourrait avoir de graves répercussions sur les personnes et les animaux pendant des années. Les inondations auraient également délogé des mines non explosées.
 
Le réservoir de Kakhovka était une source d’eau essentielle pour de nombreuses grandes villes des régions de Dnipropetrovsk et de Zaporijjia, ainsi que pour de nombreuses villes et localités de moindre envergure. La destruction de ce barrage a perturbé l’approvisionnement en eau ou contaminé cette dernière dans tous ces lieux, et a également affecté les ménages, les réseaux municipaux et les systèmes d’irrigation agricole à Kherson et en Crimée. Certaines zones ont été laissées sans électricité ni eau potable. Les hôpitaux restent ouverts et dispensent des services, mais l’accessibilité est un grave problème en raison de l’ampleur des inondations. 
 
En collaboration avec ses partenaires, l’OMS mène une action humanitaire d’urgence dans les zones touchées afin de répondre aux besoins sanitaires de la population dans l’immédiat et à long terme. À brève échéance, le risque de voir apparaître des maladies d’origine hydrique, telles que le choléra et la typhoïde, et des maladies transmises par les rongeurs, telles que la leptospirose et la tularémie, est significatif. L’OMS s’inquiète des effets durables, à moyen et à long terme, sur la santé physique et mentale des communautés touchées, et est préoccupée par les dommages que les inondations ont causés à l’environnement et les dégâts occasionnés aux établissements de santé, qui risquent de restreindre l’accès à des services essentiels et spécialisés tels que la dialyse rénale et les soins anticancéreux.

La réaction de l’OMS

L’OMS est présente dans les régions touchées par la catastrophe afin d’aider les autorités sanitaires et les travailleurs de la santé ukrainiens à limiter les conséquences sanitaires des inondations. Il s’agit notamment de fournir des médicaments essentiels aux hôpitaux desservant la population touchée, de surveiller les maladies et d’évaluer rapidement les besoins en matière de santé mentale et les autres besoins potentiels. 
 
La réaction rapide de l’OMS se concentre sur les 5 domaines prioritaires suivants.
  • Lutte contre les maladies transmissibles – En collaboration avec les autorités sanitaires locales, l’OMS est en train de renforcer la surveillance des maladies d’origine hydrique telles que le choléra, la légionellose et l’infection à E. coli, et ce en procédant à des analyses de situation et à des évaluations rapides des risques, en fournissant des kits de tests de laboratoire et en surveillant les médias afin de détecter rapidement les alertes relatives aux problèmes de qualité de l’eau. Aucun cas de choléra n’a été signalé jusqu’à présent. En avril et en mai 2023, dans le cadre des efforts qu’elle continue de déployer pour faire face aux risques sanitaires, l’OMS avait fourni des nécessaires pour la lutte contre le choléra à Kherson et dans les régions voisines ; ce soutien préventif peut servir à maîtriser immédiatement les cas isolés potentiels.
  • Soutien direct à la santé mentale – Les équipes de l’OMS évaluent actuellement les besoins en matière de santé mentale et élaboreront des recommandations sur la base des données recueillies. 
  • Prise en charge des maladies non transmissibles et chroniques – En collaboration avec les partenaires des Nations Unies, l’OMS participe activement à des convois conjoints afin de fournir une aide indispensable. Désormais, des médicaments et des produits médicaux en suffisance pour soigner 3 000 personnes atteintes de maladies non transmissibles, notamment de cancer, de diabète ou de maladies cardiaques, ont été distribués. Dans les prochains jours, des fournitures supplémentaires seront livrées afin d’améliorer l’accès aux services de santé, en particulier pour les personnes souffrant de maladies chroniques non transmissibles. 
  • Communication sur les risques et contacts avec les collectivités – L’OMS a diffusé des informations sur la manière de rester en sécurité en cas d’inondation. En collaboration avec le ministère ukrainien de la Santé, l’OMS a élaboré de la documentation sur les infections aiguës telles que le choléra et le botulisme, sur le traitement de l’eau et sur la sécurité alimentaire. 
  • Coordination des partenaires – L’OMS est l’agence chef de file du groupe de responsabilité sectorielle Santé en Ukraine. Ce groupe de responsabilité sectorielle est présent dans l’oblast de Kherson par le biais de 24 partenaires, dont 3 organismes des Nations Unies actifs dans 90 localités. Ensemble, ceux-ci interviennent dans le domaine de la santé, notamment par le biais d’équipes mobiles, pour lutter contre la tuberculose et le VIH, les troubles mentaux, les maladies non transmissibles, etc.
En outre, les équipes médicales d’urgence nationales, qui sont soutenues par l’OMS et gérées en collaboration avec le ministère ukrainien de la Santé et le Centre pour les soins médicaux d’urgence et la médecine des catastrophes, sont préparées à aider les civils à répondre à toute une série de besoins médicaux urgents. 
 
L’OMS et ses partenaires des Nations Unies continuent d’aider les autorités ukrainiennes à surveiller tous les risques environnementaux potentiels, y compris les dangers chimiques et nucléaires. 

Comment préserver sa sécurité

Les eaux des inondations et les eaux stagnantes présentent des risques importants pour la santé humaine. La noyade, les blessures et l’hypothermie sont des risques sanitaires directs liés aux inondations, mais il y a aussi des risques indirects, comme les morsures d’animaux, les maladies transmises par l’eau et les aliments, ou encore les problèmes de santé mentale.
 
L’OMS travaille en collaboration avec les autorités sanitaires ukrainiennes et ses partenaires pour fournir aux personnes touchées des informations et des conseils de santé sur la manière de rester en sécurité après les inondations, notamment :
  • comment éviter la noyade, les blessures et l’hypothermie ;
  • comment prévenir ou soigner les morsures d’animaux et les maladies transmises par des rongeurs ou des moustiques ;
  • comment obtenir des soins médicaux ;
  • comment s’assurer que l’eau et les aliments ne présentent pas de danger ;
  • que faire avec les animaux morts ;
  • comment revenir chez soi en toute sécurité ;
  • comment accéder à des informations et à des conseils fiables. 
On trouvera ici des conseils de santé publique exhaustifs sur la manière de préserver sa santé pendant une inondation.

Dans le contexte de la guerre actuelle en Ukraine, il est également conseillé de ne pas approcher ou toucher des objets qui ne sont pas familiers ou qui ressemblent à des mines ou à des munitions. Les flots peuvent déloger des mines et des munitions non explosées, qui peuvent alors dériver et éclater spontanément. 
 
L’OMS continue de faire régulièrement le point sur la situation, notamment sur les besoins de la population en matière de santé.