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Les délégués répondent au discours du directeur régional lors de la présentation du plan sur la santé numérique le premier jour du CR72

13 septembre 2022
Communiqué de presse
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Accueil et segment de haut niveau

Accueillant les délégués à la 72e session du Comité régional de l’OMS pour l’Europe (CR72), la première session du Comité régional organisée en présentiel depuis 3 ans alors que la COVID-19 continue de sévir dans la Région, le Président israélien Isaac Herzog a rappelé les défis auxquels sont confrontées les sociétés, notamment les personnels de santé et les autorités sanitaires, dans la lutte contre la pandémie.

Le Président Herzog a souligné l’importance de la collaboration internationale, en particulier au moment où l’on découvre toute l’ampleur de l’impact de la pandémie sur la santé mentale des populations, un problème qu’Israël prend d’ailleurs très au sérieux. Il a également salué l’OMS/Europe pour la contribution que l’Organisation a apportée à la coordination de la riposte à la pandémie, et a souligné le succès de la campagne de vaccination en Israël.

Allocution du docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

Au début de son allocution, le docteur Tedros a remercié Israël d’accueillir la session du Comité régional de cette année, et pour la riposte menée globalement par le pays face à la COVID-19, notamment l’échange d’informations.

Le directeur général a indiqué que les décès hebdomadaires dus à la COVID-19 sont à leur niveau le plus bas depuis le début de la pandémie, mais a averti « qu’une tendance à la baisse peut constituer le moment le plus dangereux si elle ouvre la porte à la complaisance ».

Le directeur général a ensuite évoqué l’impact de la guerre en Ukraine, et a fait écho au directeur régional en mettant en garde contre l’impact dévastateur de ce conflit sur la population ukrainienne et les systèmes de santé du pays. Faisant état de plus de 500 attaques contre les soins de santé confirmées par l’OMS, le docteur Tedros a réaffirmé que la paix est la solution. Par ailleurs, le directeur général a mis l’accent sur les messages urgents contenus dans le rapport du directeur régional préparé pour le Comité régional. Il a attiré l’attention sur le fait qu’en raison des niveaux de tabagisme, de consommation d’alcool, de surpoids et d’obésité, ainsi que des dépenses de santé à la charge des patients dans la Région, il s’avère clairement nécessaire de renforcer les efforts en vue de faire face à ces menaces persistantes pour la santé publique. Le docteur Tedros a également fait référence à une autre priorité du Bureau régional, à savoir l’importance des soins de santé primaires pour l’instauration de la couverture sanitaire universelle, et a reconnu la nécessité de mettre en place un soutien pour que les populations vieillissantes reçoivent les soins de santé dont elles ont besoin.

Dans ses remarques finales, le directeur général a souligné que l’OMS œuvre fondamentalement pour chaque être humain, et pour les personnes les plus marginalisées de la société.

Allocution et rapport du docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe : l’état de la santé dans la Région européenne de l’OMS

Dans une allocution abordant des sujets très variés et intitulée « L’adoption d’une double approche est la nouvelle normalité », le directeur régional a présenté un aperçu complet du travail de l’OMS dans la Région européenne, à mi-parcours de son mandat visant à mettre en œuvre le Programme de travail européen 2020-2025 – « Une unité d’action pour une meilleure santé » (PTE). La nécessité de continuer à dispenser et à renforcer les soins de santé essentiels, tout en restant vigilant et prêt à répondre à l’émergence constante de nouvelles menaces sanitaires (la « double approche » mentionnée dans le titre), en constituait le message principal. Soulignant les deux ans et demi de turbulence depuis son élection au poste de directeur régional, le docteur Kluge a recensé 4 menaces principales pour la santé publique dans la Région : la COVID-19, le conflit en Ukraine et, plus récemment, la variole du singe et la poliomyélite.

En même temps, le docteur Kluge a souligné que si la COVID-19 a fait plus de 2 millions de victimes dans les 53 pays constituant l’Europe et l’Asie centrale, les maladies non transmissibles, notamment les maladies cardiovasculaires et le cancer, sont responsables d’un nombre bien plus important de décès. La lutte contre les maladies non transmissibles doit rester une priorité pour la Région par la prise de mesures plus énergiques visant à encourager l’adoption de régimes alimentaires plus sains et la pratique de l’exercice physique, à réduire la consommation d’alcool et à appliquer des réglementations environnementales plus strictes, notamment en matière de pollution atmosphérique.

En outre, le directeur régional a fait le point sur plusieurs autres problèmes sanitaires et domaines liés à la santé, notamment la santé mentale, le Programme européen pour la vaccination à l’horizon 2030 et, surtout, l’Initiative d’Oslo pour les médicaments qui vise à rendre plus abordable l’accès à des médicaments innovants et vitaux. Le docteur Kluge a remercié les partenaires de l’Initiative d’Oslo pour les médicaments pour leur soutien, en demandant que cette initiative d’une durée de 2 ans donne lieu à un déploiement d’efforts à plus long terme avec des partenariats entre les pouvoirs publics et les autorités sanitaires, les entités de la société civile, dont les groupes de défense des patients, et l’industrie pharmaceutique afin de trouver des solutions durables, l’OMS/Europe faisant office d’honnête médiateur œuvrant en toute transparence.

Après l’allocution, les participants ont passé en revue l’activité de l’OMS dans la Région européenne et l’exécution du budget programme. Les délégués ont reconnu le soutien et les conseils délivrés par l’OMS/Europe aux États membres pendant la pandémie de COVID-19 et d’autres situations d’urgence sanitaires dans la Région.

Le rapport du directeur régional présente un aperçu des principales activités de l’OMS/Europe, sous l’égide du Programme de travail européen. 

Olivér Várhelyi, commissaire européen chargé du voisinage et de l’élargissement, a souligné le partenariat solide existant entre l’Union européenne (UE) et l’OMS, ainsi que l’engagement de l’UE à continuer d’agir en faveur des Balkans occidentaux et des pays du Partenariat oriental en collaboration avec l’OMS, et à soutenir l’Ukraine et d’autres pays dans la réponse à la crise des réfugiés.

Sandra Gallina, directrice générale pour la santé et la sécurité alimentaire de la Commission européenne, a félicité l’OMS/Europe pour le soutien global que l’Organisation apporte aux pays dans la riposte à la COVID-19, ainsi que pour le programme d’action sanitaire au sens large, notamment la lutte contre les maladies non transmissibles et l’Initiative d’Oslo pour les médicaments.

Le docteur Carissa F. Etienne, directrice de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), a mis en avant la nécessité d’adopter une approche globale de la santé, des sociétés et des économies en vue d’améliorer la santé des populations et de la planète, avec un esprit de collaboration à travers les continents et les océans dans le but de coopérer à une meilleure santé.

De nombreux États membres ont pris la parole afin d’exprimer leurs remerciements pour le travail de l’OMS/Europe et pour le leadership du directeur régional. Plusieurs thèmes communs ont été soulevés dans leurs remarques, notamment :

  • la solidarité avec le peuple ukrainien et la nécessité d’une cessation immédiate et complète des hostilités et des attaques contre les soins de santé en Ukraine, ainsi que les appels répétés à la Fédération de Russie pour mettre fin au conflit ;
  • le renforcement du multilatéralisme en matière de préparation et de riposte pour répondre aux crises sanitaires sévissant actuellement ainsi que pour lutter contre les maladies transmissibles et non transmissibles ;
  • l’apport d’un soutien fort en faveur de l’adoption d’une double approche de la santé, comme l’a souligné le directeur régional de l’OMS pour l’Europe, consistant à détecter les urgences et à y répondre tout en maintenant les services courants et essentiels, notamment la prévention et la maîtrise des maladies ;
  • l’importance de la santé numérique pour nos systèmes de santé et nos populations, soutenue par la création d’un Centre de l’OMS pour la santé numérique, une position fortement défendue par Israël ;
  • la priorité à la protection de la santé mentale et du bien-être ;
  • l’appui aux travaux de l’OMS/Europe sur l’utilisation des connaissances comportementales et culturelles en vue d’éclairer les interventions vitales de santé publique ;
  • la nécessité d’accélérer les efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, d’agir sur le changement climatique et de faire face aux menaces environnementales pour la santé telles que la pollution atmosphérique, la sécheresse et les incendies de forêt ;
  • la reconnaissance du rôle de l’OMS en tant qu’organisation de premier plan pour la santé ; la nécessité d’engager une coopération et d’entretenir des contacts étroits avec les pays ; ainsi que le financement adéquat de l’OMS, y compris de l’OMS/Europe, pour renforcer l’impact.

Discours-programme du professeur Roger D. Kornberg de l’Université de Stanford

Le professeur Roger D. Kornberg, connu pour ses recherches révolutionnaires sur la transcription de l’ARN, pour lesquelles il a d’ailleurs reçu le prix Nobel de chimie en 2006, a ouvert la séance de l’après-midi par un discours-programme. Il a évoqué à cette occasion les progrès technologiques et scientifiques en faveur de la santé, notamment la mise au point de médicaments, la solidarité vaccinale, la médecine de précision et la santé numérique, comme le logiciel permettant de convertir n’importe quel téléphone portable en un écocompteur personnel doté de systèmes d’alerte sur les niveaux de pollution. Il a souligné les avancées récentes qui ont le potentiel d’améliorer notre approche de la conception de médicaments, qui est actuellement à la fois coûteuse et longue. Le professeur Kornberg a également précisé que nous connaissons moins de 1 % de ce qu’il y a à savoir sur la biologie humaine, soulignant l’importance de poursuivre les recherches.

Les systèmes de santé en action

Lors du lancement officiel de la série de rapports sur les Systèmes de santé en action, les délégués ont évoqué l’importance de ces panoramas rapides des systèmes de santé de 14 États non membres de l’UE, qui compilent des données probantes, restent neutres et guident les lecteurs à travers un système complexe en quelques minutes.

Quatre États membres ont partagé les points forts de leurs rapports. Israël a apprécié la manière dont ces rapports répertorient les principaux défis afin que chacun au sein des ministères de la Santé ait une compréhension claire et commune des priorités, et y voit un point d’entrée pour la discussion avec le ministère des Finances. La Géorgie a apprécié la façon dont ces rapports mettent en évidence les relations existant entre tous les éléments du système de santé (personnel, financement, accès aux médicaments), et a expliqué comment sa réforme des soins de santé primaires adopte précisément cette approche conjointe. Le Monténégro a souligné la manière dont les rapports mettent en lumière les faiblesses des données, et a déclaré que le pays considérera ceci comme un appel à l’action afin de rendre compte réellement des progrès, de les évaluer véritablement au fil du temps, et d’adapter les efforts. Le Tadjikistan a apprécié l’opportunité de mettre en lumière les succès de la vaccination et de la lutte menée contre les flambées de maladies, et a constaté que la comparaison de la performance entre pays et dans le temps peut motiver les efforts et renforcer la collaboration.

Les participants ont reconnu la nécessité de développer cette série de rapports afin qu’elle couvre tous les États non membres de l’UE, de produire de nouveaux rapports tous les 2 ans, de renforcer la disponibilité et la qualité des données, et de délivrer des messages clairs sur les mesures susceptibles de permettre l’accomplissement de réels progrès vers l’instauration de la couverture sanitaire universelle. Les rapports sont considérés comme une introduction aux systèmes de santé pour les acteurs externes, comme un outil permettant de comprendre pourquoi un pays dépense moins qu’un autre dans le domaine de la santé et comment l’on peut donc stimuler les investissements dans ce domaine, ainsi que comme un moyen de contextualiser et de célébrer les progrès réels réalisés dans le cadre du PTE.

Déjeuner ministériel : l’accès à de nouveaux médicaments efficaces et à prix élevé et l’Initiative d’Oslo pour les médicaments

L’objectif de cette réunion était de diffuser des exemples de leadership efficace et responsable pour la mise en pratique des aspirations visionnaires de l’Initiative d’Oslo pour les médicaments. Les délégués ont mis en avant la nécessité de transparence, et celle de fixer des prix équitables et d’engager un débat ouvert avec tous les acteurs, des États membres de l’OMS au secteur privé, en passant par les patients et les organisations de la société civile.

Le déjeuner ministériel s’est conclu par l’adoption d’une déclaration commune prévoyant notamment la création d’une plateforme multipartite gérée par l’OMS/Europe, et rassemblant les parties prenantes autour d’une table commune pour trouver des solutions communes. Un petit groupe d’États membres collaborera avec le secrétariat afin de préciser le champ d’application de la plateforme, dans le but de présenter un projet lors de la prochaine session du Comité permanent du Comité régional.

Initiative mondiale Santé pour la paix

Compte tenu du fait que 70 % des flambées épidémiques suscitant une intervention de l’OMS se produisent dans des contextes de fragilité, de conflit et de vulnérabilité, cette séance parallèle a permis d’examiner la question de savoir comment la santé peut servir de stabilisateur de la paix. Le docteur Ogerta Manastirliu, ministre albanaise de la Santé, s’est appuyée sur l’expérience du Réseau-santé de l’Europe du Sud-Est, soulignant que la mise à profit de l’expertise spécifique des pays dans différents domaines de la santé au sein du Réseau était essentielle pour jeter des ponts et promouvoir la stabilité, la paix et la prospérité.

En ce qui concerne les activités à venir, Mme Nora Kronig Romero, vice-directrice générale et cheffe de la division Affaires internationales de l’Office fédéral suisse de la santé publique, a présenté le processus d’élaboration d’une feuille de route pour l’Initiative mondiale Santé pour la paix lancée en 2019. Au cours des discussions qui ont suivi, un large consensus s’est dégagé quant à la manière de faire progresser cette initiative. Pour ce faire, il est essentiel de susciter la participation des jeunes, d’intégrer la dimension sanitaire dans l’analyse des conflits, de former les personnels de santé à des approches sensibles aux conflits, et de se concentrer sur l’instauration de la confiance.

Plan d’action régional pour la santé numérique dans la Région européenne de l’OMS 2023-2030

En ouvrant la séance consacrée à la santé numérique, le directeur régional a mis en exergue l’importance de renforcer la riposte des systèmes de santé par l’amélioration de la littératie en santé numérique afin que tous les patients, quel que soit leur âge, puissent comprendre et utiliser les nouveaux outils numériques tout en assurant la protection de leur vie privée et de leurs droits humains.

Le docteur Natasha Azzopardi Muscat, directrice de la Division des politiques et systèmes de santé des pays à l’OMS/Europe, a souligné les difficultés de financement et les pénuries de personnel auxquelles sont confrontés les systèmes de santé. La santé numérique permet aux systèmes de santé de répondre aux besoins croissants des populations.

Les discussions sur le plan d’action régional pour la santé numérique devraient se poursuivre le deuxième jour (mardi 13 septembre)

Réunion des homologues nationaux

L’événement parallèle organisé à l’adresse des homologues nationaux a permis de définir la vision d’un réseau d’homologues nationaux afin de renforcer la coopération régionale avec et entre les États membres de l’OMS. Les participants ont exprimé un fort soutien à l’instauration de ce réseau et ont sélectionné une équipe de base composée de volontaires de la Bulgarie, de la France, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Suède, de la Suisse et du secrétariat pour le gérer pendant les 12 prochains mois, en planifiant les prochaines étapes et le champ d’application, et en déterminant la meilleure façon de procéder à d’autres consultations.