Monsieur le Président, mon cher grand frère, docteur Tedros, Madame la présidente exécutive, Monsieur le vice-président exécutif, Monsieur le rapporteur, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et
Messieurs,
Comme je vous le disais ce matin, ce Comité régional est un comité très particulier pour moi. Premièrement, et avant tout, parce que je n’arrive toujours pas à croire que c’est la première
fois que nous nous réunissons sous le même toit depuis que je suis directeur régional. Deuxièmement, parce que ce Comité régional est accueilli par Israël, ce beau pays dont les innovations en
matière de sciences et de santé sont de plus en plus remarquées sur la scène mondiale. Et troisièmement, parce que cette réunion arrive exactement à mi-chemin du mandat que vous m’avez
confié en 2019.
Mon seul souhait pour ce Comité régional est qu’il soit véritablement paneuropéen pour les 53 États membres, et en particulier pour tous les professionnels de santé de ces 53 États membres,
qui n’ont cessé de donner le meilleur d’eux-mêmes en ces temps d’extrême tension.
Nous aurons grandement besoin de cette unité paneuropéenne pour faire face à ce que j’appelle la nouvelle normalité. La nouvelle normalité est le thème de mon exposé. On dit que l’on
a fait un bon exposé si ceux qui vous écoutent repartent avec un message à méditer. Mon message à méditer tient en 2 mots : double approche. La double approche est la nouvelle normalité.
Cela signifie que tous les pays devraient pouvoir se tenir toujours prêts et en état d’alerte, mais sans baisser leur garde habituelle en matière de prévention et de lutte contre les maladies. Je vais essayer de
présenter cette double approche, fondée sur les enseignements tirés des 53 États membres, au cours de mon exposé en 3 parties. Dans la première partie, je parlerai des situations d’urgence actuelles.
Dans la deuxième partie, de notre situation en matière de santé et de bien-être – notre trajectoire vers les objectifs de développement durable (ODD). Et dans la troisième partie, je porterai
mon regard sur l’avenir.
Commençons donc par les situations d’urgence actuelles. Lorsque j’ai pris mes fonctions de directeur régional il y a deux ans et demi, cette Région ne connaissait pratiquement pas de crise. Aujourd’hui, elle
est le théâtre de 4 événements aux répercussions mondiales. Premièrement, une guerre dévastatrice qui, malheureusement, ne montre aucun signe de désescalade. Deuxièmement, une pandémie
de COVID-19 qui ne cesse de revenir à la charge. Troisièmement, une épidémie de variole du singe préoccupante. Et quatrièmement, un nombre croissant de flambées épidémiques dues
à des poliovirus dérivés de souches vaccinales.
Commençons par la guerre en Ukraine. Selon les estimations des Nations Unies, 18 millions de personnes, soit plus d’un tiers de la population ukrainienne, ont un besoin urgent d’aide humanitaire. Le Haut-Commissariat des Nations
Unies aux droits de l’homme recense, à ce jour, 13 917 victimes civiles. Ce nombre comprend 5 817 personnes tuées, dont 372 enfants.
L’Europe, à elle seule, enregistre 7 millions de réfugiés ukrainiens, tandis que 7 millions supplémentaires sont forcés de se déplacer à l’intérieur du pays. Le docteur Tedros
nous disait combien d’attaques ont été enregistrées contre des infrastructures de santé. Les efforts visant à repousser et à gérer l’urgence climatique mondiale ont été
freinés par la reprise de la consommation de charbon, due à la pénurie de gaz, la dévastation des ressources naturelles et, récemment, les menaces liées aux dangers nucléaires.
La guerre en Ukraine a aggravé l’insécurité alimentaire mondiale. Selon le Programme alimentaire mondial, rien que cette année, 9 millions de personnes supplémentaires auraient sombré dans l’insécurité
alimentaire dans la Corne de l’Afrique, ce qui porte à 22 millions le nombre de personnes qui, jour après jour, doivent chercher de la nourriture pour survivre. Je vous demande à tous de faire preuve d’une
grande solidarité avec nos frères et sœurs de la Corne de l’Afrique.
Dès les tout premiers moments de la guerre, à l’échelon mondial de l’OMS, j’ai pris personnellement la direction de nos interventions. Je me suis rendu 3 fois en Ukraine avec le docteur Viktor Liashko, ministre
de la Santé, dont il faut saluer le leadership infatigable. Je me prépare maintenant à y retourner pour la quatrième fois pendant la semaine du 10 octobre, notamment à Odessa et à Dnipro.
Nous savons que nous avons une solidarité incroyable ici. Je me suis également rendu dans tous les pays voisins de l’Ukraine, et je tiens à remercier les gouvernements de ces pays. J’ai vu comment les gens ont
littéralement ouvert leurs cœurs, leurs appartements et leurs maisons pour le peuple ukrainien. Docteur Adam Niedzielski, vous qui êtes ministre de la Santé en Pologne et qui vous êtes rendu très tôt
à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, je tiens à vous remercier tout particulièrement.
J’ai vu de mes yeux, à la gare de Rzeszów, des étudiants en médecine qui faisaient des vaccinations quand les gens arrivaient. J’ai accompagné ma fidèle amie, le docteur Ala Nemerenco, ministre
de la Santé de la République de Moldova, dans les campements et j’ai vu, dans le centre de dialyse, à quel point les Ukrainiens étaient liés, fraternellement, à la population de la République
de Moldova.
Et comme nous en avons discuté avec Son Excellence Maia Sandu, Présidente de la République de Moldova, il est très important que les pays augmentent le budget de soutien à son pays, notamment pour renforcer le
système de santé, en premier lieu pour les communautés d’accueil locales. Mesdames et Messieurs, il est étonnant qu’alors que la guerre fait toujours rage, le gouvernement ukrainien ait déjà
élaboré le plan de redressement national pour reconstruire en améliorant.
Et le docteur Liashko a rapidement détaillé le volet consacré au secteur de la santé, car il s’appuie sur la stratégie nationale dans ce domaine jusqu’en 2030. Et, ne l’oublions pas, il s’appuie
sur la réforme du système de santé, qui avait déjà commencé en 2016 avec le ferme soutien de l’OMS pour réunir les partenaires du développement.
Je suis très reconnaissant à Son Excellence Andrzej Duda, le Président polonais, qui m’a invité avec le docteur Niedzielski à présenter une publication de l’OMS que nous avons rédigée
très rapidement. Elle expose les principes visant à donner une orientation aux investissements dans le système de santé ukrainien, en vue d’un rétablissement. De là, nous nous sommes rendus à
la grande conférence sur la reprise, à Lugano, en Suisse. Et je voudrais ici remercier l’ambassadrice Nora Kronig Romero, qui nous a aidés, ainsi que les Présidents de la Suisse et de l’Ukraine. Lors
de cette grande conférence, le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe a été la seule organisation à parler de l’importance de la santé et des systèmes de santé dans
l’effort de redressement.
Avec le professeur Mario Monti, mon représentant spécial, nous continuons à plaider en faveur de la santé, du financement et du développement durable, pour mettre les systèmes de santé au centre
de la reprise. Car si la population voit que le système de santé fonctionne, elle éprouvera plus de confiance envers les communautés locales, et envers des autorités démocratiques qui peuvent répondre
à ses attentes. La réforme du secteur de la santé a également été un très bon exemple de mesure anticorruption grâce aux procédures d’achat par voie numérique et aux
prescriptions médicales électroniques.
Je voudrais remercier le Comité permanent du Comité régional de l’Europe (CPCR). Vous, ma chère Nora, et l’Assemblée mondiale de la santé, m’avez apporté, et avez apporté
à mon personnel un appui très ferme dans le cadre de nos interventions en faveur du peuple ukrainien et d’autres pays subissant les effets de la guerre.
Pour la première fois en 70 ans, le Bureau régional a organisé une session extraordinaire du Comité régional en moins de 2 semaines. Je veux remercier mes collaborateurs, car ce fut un tour de force, avec une
résolution. Pour moi, cette session extraordinaire a été la preuve de l’importance que cette Région attache à la solidarité, à la paix et à la santé pour tous. J’ai
présenté un rapport détaillé sur la mise en œuvre de cette résolution lors du CPCR de juin, qui était ouvert aux 53 États membres, et nous aurons une session extraordinaire mercredi après-midi,
après quoi nous serons prêts pour une consultation avec les 53 États membres.
Ce que je voudrais dire ici, c’est que pour mettre en application cette résolution, nous aurons besoin de la compréhension et du soutien des États membres. En même temps, je note que le CPCR et sa présidente,
comme moi, souhaitent que nous maintenions le lien technique et le dialogue avec chacun des 53 États membres.
Je vais maintenant évoquer les 2 urgences actuelles de santé publique de portée internationale. La COVID-19 est toujours parmi nous. Le virus mute sans arrêt, il continue de faucher des vies inutilement. Rien que la
semaine dernière, il y a eu 3 422 décès dans notre Région. Moi-même, juste avant l’été, j’ai été mis K.O. par la COVID-19 pendant 3 jours. Je ne me rappelle pas quand
j’ai été aussi malade pour la dernière fois. Il m’a fallu tout l’été pour retrouver ma forme d’avant la COVID. Ce que je constate, c’est que les gens stabilisent leur vie, mais
sans stabiliser la pandémie.
C’est pourquoi, dès la mi-juillet, notre Bureau a publié la stratégie COVID-19 pour l’automne et l’hiver – non pas pour dire ce qui sera fait en automne, mais ce qui doit être fait en été
afin d’éviter un trop grand nombre de victimes pendant l’hiver. C’est la première fois que ce document incorpore dans un cadre d’intervention unique de nouveaux outils, tels que de nouveaux vaccins, et
de nouvelles tactiques telles que la surveillance de plusieurs maladies respiratoires et la lutte contre des problèmes systémiques persistants comme l’épuisement professionnel de notre personnel.
Maintenant, après l’été, il est absolument nécessaire de se remettre rapidement en état de vigilance. Bien que je comprenne parfaitement à quel point il est difficile, sur le plan politique, de promouvoir
des mesures de santé publique auprès d’une population lasse, je dirais que les mesures les plus importantes sont de renforcer la surveillance afin de détecter tout nouveau variant émergent (espérons
qu’il n’y en aura pas, mais nous devons être prêts), et d’encourager vivement un deuxième rappel pour nos groupes à haut risque, ainsi qu’une utilisation ciblée d’antiviraux pour
éviter de devoir mettre trop de gens sous respirateur. Pour les personnes très vulnérables au sein de la population, si nécessaire, portez des masques et pratiquez la distanciation sociale dans les lieux bondés
et non ventilés.
En ce qui concerne la variole du singe, il semble que nous soyons sur une bonne trajectoire, mais nous devons suivre la situation de très près. En tant que spécialiste des maladies infectieuses, j’ai gardé à
l’esprit dès le début que nous ne devrions jamais sous-estimer l’impact final d’une maladie infectieuse émergente à propos de laquelle de nombreuses questions restent sans réponse.
C’est pourquoi, à la mi-juin, je vous ai envoyé une lettre à tous comme si la variole du singe allait amener une situation d’urgence régionale. Tirant les leçons des débuts de la transmission
du VIH/sida, nous avons immédiatement pris contact avec la communauté LGBTQI+. Nous avons invité l’organisateur de l’événement EuroPride à donner une conférence de presse avec le
Centre européen de prévention et de contrôle des maladies et moi-même.
Nous avons besoin d’une collaboration très étroite, car les plus grandes menaces pouvant entraver l’élimination de la variole du singe sont la stigmatisation et la discrimination. Je parlais à ma sœur,
le docteur Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique – une directrice régionale fantastique – et je disais : « Ma chère sœur, dis-moi quel message tu veux que je
transmette à mes États membres lors de la réunion du Comité régional ? » Et elle a dit : « Hans, c’est très difficile d’obtenir des outils de diagnostic et des vaccins. Mais
le plus important, c’est de soutenir le renforcement des capacités du système de vaccination et la formation dans différents domaines de la préparation et de l’action contre la pandémie, afin
de disposer d’un système solide pour ensuite administrer les vaccins. »
Ce vendredi, je m’envolerai directement de Tel-Aviv vers Reykjavik, en Islande, à l’invitation du Président islandais, Son Excellence Guðni Jóhannesson, et de Mme Jennifer Jones, première femme à
occuper le poste de présidente du Rotary International, pour célébrer le fait que cette Région est exempte de poliomyélite depuis 20 ans.
En même temps, il n’est pas temps de se reposer sur ses lauriers. Nous avons constaté un nombre croissant de flambées épidémiques dues à des poliovirus dérivés de souches vaccinales.
Au cours de la première semaine d’août, j’étais à nouveau en mission à Washington, aux États-Unis d’Amérique, et le docteur Anthony Fauci me disait que les cas de New York ont
des liens génétiques avec ceux de notre Région européenne, qui ont des liens avec ceux d’Afghanistan et du Pakistan, où la poliomyélite est endémique. Cela nous rappelle qu’une crise
se déroulant n’importe où peut rapidement devenir une crise partout.
Nous devons tout mettre en œuvre pour maintenir des taux de vaccination très élevés et une surveillance permettant de détecter rapidement les épidémies de poliomyélite et d’y réagir.
Et je voudrais ici plaider en faveur de la surveillance environnementale par le biais des eaux usées, qui peuvent capter très rapidement des virus et des variants, notamment ceux de la COVID-19 et de la variole du singe, en particulier
là où l’on ne procède plus à des tests à grande échelle.
Ceci étant dit, je suis optimiste. Je suis optimiste de nature. Mais je suis également optimiste si je regarde la réaction à la crise du système de santé mondial. Premièrement, nous avons vu à
l’Assemblée mondiale de la santé une résolution historique visant à augmenter les contributions obligatoires des États membres. Et je dois vraiment remercier le ministre de la Santé, le docteur
Karl Lauterbach, et M. Björn Kümmel, pour l’incroyable leadership de l’Allemagne qui a permis d’en arriver à ce stade.
Deuxièmement, comme le disait mon grand frère le docteur Tedros, il y a eu la première réunion du conseil d’administration du Fonds d’intermédiation financière pour la prévention, la
préparation et l’intervention face aux pandémies, sous les auspices de la Banque mondiale et sous la direction technique de l’OMS.
Troisièmement, vous êtes en train de réviser le Règlement sanitaire international, en demandant à l’OMS une notification plus rapide et, ce qui est très important, de renforcer le rôle des Bureaux
régionaux de l’OMS.
Quatrièmement, des centres ARNm pour les vaccins sont en cours d’implantation dans le monde entier, avec beaucoup plus d’échanges de savoirs et de technologies sous licence, pour améliorer l’accès
aux produits diagnostiques, aux thérapies et aux vaccins.
Et cinquièmement, comme vous le savez, il y a désormais des négociations intergouvernementales sur un nouveau cadre légalement contraignant pour les pandémies. S’il vous plaît, veillez à ce
que les délégués assistent à la session de demain... Je suis très, très honoré de compter parmi nous les 2 coprésidents de l’organe intergouvernemental de négociation, M.
Roland Driece, des Pays-Bas, et le docteur Precious Matsoso, d’Afrique du Sud.
En même temps, soyons honnêtes – si nous continuons au même rythme, je crains que nous ayons un certain nombre de pandémies sur les bras avant de disposer de ce système international de détection et
de gestion des menaces de pandémie.
Nous devons accélérer cette initiative. Et ici, avec les directeurs régionaux et le docteur Tedros, nous voyons un rôle important, si vous voulez, pour les Bureaux régionaux, parce que nous sommes très
proches des pays et avons une connaissance du système. Alors, veuillez nous faire part, si vous le souhaitez, de suggestions concrètes sur la manière dont le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe peut
vous aider à introduire plus rapidement un ensemble cohérent de réformes portant sur le leadership et la responsabilité, le financement, l’équité, les biens communs mondiaux et, très important,
l’indépendance et l’autorité de l’OMS.
N’oublions pas que ce sont toutes des recommandations qui ont été publiées pour la première fois dans le cadre de l’appel à l’action de la Commission paneuropéenne de la santé
et du développement durable présidée par le professeur Mario Monti dès mars 2021. Et je tiens à remercier encore le professeur Monti de continuer à travailler avec nous. Grazie mille, caro
Mario. En ces temps de crise et de guerre, nous ressentons le besoin de rester fidèles aux valeurs européennes de solidarité, d’équité et d’universalité.
En fait, « ne laisser personne de côté » n’est plus un mantra. C’est la réalité dans laquelle nous vivons jour après jour. Ayant dit ceci, je vais passer à la deuxième partie.
Rappelez-vous : double approche, 2 mots : double approche. Une mobilisation et une vigilance constantes, mais sans baisser sa garde habituelle en matière de prévention et de lutte contre les maladies.
Donc, où en sommes-nous maintenant dans notre cheminement vers les ODD ? Cela est très bien illustré dans le dernier Rapport sur la santé en Europe, et nous voudrions vous inviter à y jeter un coup d’œil.
Il est disponible en ligne et sur papier. C’est un outil très performant pour les décideurs. Pour la première fois, il inclut des projections réalisées en collaboration avec l’Institute for Health
Metrics and Evaluation. Pour les besoins de cet exposé, j’ai pensé présenter 2 exemples représentatifs. Le premier concerne les maladies non transmissibles.
Il ne fait aucun doute que la COVID-19 est la pandémie la plus visible de notre époque, mais ce n’est pas la plus mortelle. Ce n’est pas la plus évitable. Cette distinction revient à l’épidémie
de maladies cardiovasculaires. Selon nos estimations, pendant la COVID-19, 5 fois plus de personnes sont mortes à un âge moyen plus jeune à cause de maladies cardiovasculaires quand la COVID-19 en était à
son pire stade.
La bonne nouvelle, Mesdames et Messieurs les ministres, c’est que nous n’avons pas besoin d’innovations médicales héroïques pour inverser la tendance. Nous avons déjà les outils de santé
publique. La question est donc de savoir si, ensemble, nous pouvons trouver la volonté politique et sociétale d’utiliser ces outils de santé publique.
Les 3 principaux moteurs – évitables – des accidents vasculaires cérébraux et des crises cardiaques sont le tabagisme, l’hypertension et la pollution de l’air. La première priorité est
de juguler l’épidémie de tabagisme. La seule chose qui tue plus de gens que le tabac dans notre Région est l’hypertension : 2,4 millions de personnes par an, soit 1 décès sur 4 dans notre Région.
Nous sommes carrément impuissants à prévenir et à prendre en charge l’hypertension. La mesure la plus importante consiste à réduire l’apport en sodium des aliments transformés et
emballés, car le sel que nous ajoutons à table ne représente qu’environ 10 % de notre consommation.
Même si nous faisons mieux en matière de prévention de l’hypertension, les pays doivent généraliser les traitements efficaces, car dans notre Région, des centaines de milliers de personnes souffrent
d’une hypertension non maîtrisée. De nouveau, sur la base des enseignements acquis avec la COVID-19, nous savons ce qu’il faut faire : renforcer les soins prodigués en équipe pour les patients ambulatoires,
recourir à des équipes multidisciplinaires et s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé avec le soutien des patients.
Bien sûr, nous savons que l’hypertension est également liée à l’obésité. Dans notre Région, 1 enfant sur 4, à l’école primaire, souffre de surpoids ou d’obésité.
Je suis très, très reconnaissant à la Première dame de Croatie, ma collègue le professeur Sanja Milanović, qui va organiser l’année prochaine dans son beau pays le premier sommet paneuropéen
de l’OMS réunissant des Premières dames et des Premiers messieurs pour lutter contre l’obésité infantile.
Évidemment, l’hypertension est également liée à la consommation d’alcool. Nous sommes sans aucun doute les plus gros buveurs du monde. Un décès de jeunes sur 3 est lié à l’alcool.
Les femmes de notre Région ne sont pas assez conscientes du fait que dès la première goutte, la consommation d’alcool augmente les risques de cancer du sein. Et quel est le pourcentage de la violence domestique dû
à l’alcool ?
Je voudrais féliciter mon ami M. Arūnas Dulkys, ministre lituanien de la Santé, pour avoir organisé cette année le dialogue politique des États baltes avec les 3 ministres baltes de la Santé, afin que
l’on ne parle plus de taxes sur l’alcool, mais bien de taxes pour la santé. La taxation de l’alcool est l’outil le moins utilisé dans les politiques destinées à faire diminuer la consommation
dans notre Région. C’est pourquoi je demande à tous les États membres de soutenir le cadre régional de lutte contre l’alcoolisme.
Nous avons de très bonnes données du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), sis à Lyon, en France – et la directrice du CIRC, le docteur Elisabete Weiderpass, est ici avec nous – selon lesquelles
il n’existe pas, en fait, de niveau de consommation sans danger.
La troisième grande responsable des accidents vasculaires cérébraux et des crises cardiaques est la pollution de l’air. Rien que dans notre Région, la pollution atmosphérique tue 550 000 personnes par an,
dont la moitié à cause de maladies cardiovasculaires. Et à ce propos, je suis très fier de notre Centre européen de l’environnement et de la santé de l’OMS, sis à Bonn, en Allemagne,
qui a produit les nouvelles Lignes directrices mondiales de l’OMS sur la qualité de l’air.
C’est ainsi que je conçois notre projet de fournir au monde les meilleures bases factuelles disponibles. À présent, examinons rapidement le chapitre sur le VIH : l’indicateur 3.3.1. des ODD. Notre Région
et la Région africaine sont les seules Régions de l’OMS où le VIH est toujours en progression.
Afin d’éviter que le pire scénario ne se réalise, il faut redoubler d’efforts pour atteindre les populations clés, qui comprennent les détenus, les migrants, les hommes ayant des rapports homosexuels,
les personnes transgenres, les travailleurs du sexe, et les partenaires sexuels de ces groupes. Pour être franc, on ne sait pourquoi, mais nous sommes la Région de l’OMS qui est très lente à adopter les outils
de diagnostic et les traitements les plus innovants.
Nous avons besoin de votre engagement politique et de vos fonds pour le financement des services liés au VIH, car le scénario le plus pessimiste ne tient même pas compte des effets de la pandémie. Nous savons que dans
un certain nombre de pays, jusqu’à 50 % des services de dépistage du VIH ont été fermés. S’il vous plaît, assistez donc au déjeuner ministériel de demain, consacré à
l’élimination de la tuberculose, du VIH et de l’hépatite.
Où en sommes-nous de la mise en œuvre du Programme de travail européen (PTE) ? C’est un peu trop tôt pour vous fournir des statistiques. Il faut environ 2 ans pour recueillir et vérifier les données.
Mais je tiens à vous assurer que nous travaillons très dur avec vos équipes pour mettre en place les outils de suivi et de mesure.
J’ai pensé que je pourrais faire brièvement le point sur la réalisation des 2 initiatives phares que vous avez approuvées l’année dernière. La première est la Coalition paneuropéenne
pour la santé mentale, lancée l’année dernière par Son Altesse Royale Mathilde, Reine des Belges. Nous sommes très, très reconnaissants. Et cette Coalition ne cesse de souligner que la stigmatisation
et la discrimination entourant les problèmes de santé mentale contribuent au faible engouement politique et au manque de financement en faveur de la santé mentale.
L’Atlas de la santé mentale de l’OMS nous apprend que seul 1 pays de la Région sur 3 dispose d’une stratégie nationale de santé mentale conforme aux instruments relatifs aux droits de l’homme.
Mais la Coalition a fait un travail formidable. On y a mis sur pied un programme de leadership pour aider les dirigeants comme vous à saisir la complexité des besoins en santé mentale de la population.
On y a également travaillé avec les jeunes. Les jeunes se perdent dans le labyrinthe de services de santé mentale. Nous connaissons tous les terribles histoires de ces longs délais d’attente pour les enfants souffrant
de problèmes de santé mentale – certains d’entre eux mourront par suicide avant même de pouvoir accéder au service.
Je voudrais vraiment féliciter ici le professeur Jérôme Salomon de m’avoir invité au Groupe Hospitalier Universitaire de Paris. Il s’agit d’un groupe d’hôpitaux universitaires travaillant
dans le domaine des neurosciences et de la psychiatrie, où le personnel nous a montré qu’il a mis en place de nouveaux parcours de soins pour les enfants, réduisant considérablement les temps d’attente
en dépassant les cadres institutionnels. Merci beaucoup, Jérôme. Vous proposez généreusement que tous les pays puissent venir à l’hôpital pour y acquérir des enseignements,
et c’est très, très nécessaire.
Vous avez entendu, dans le discours du Premier ministre grec, son engagement par le biais du Bureau de la qualité des soins de l’OMS à Athènes. Nous disposons désormais des ressources humaines et financières
nécessaires pour vous aider et concrétiser votre potentiel pour améliorer la santé mentale.
En même temps, la Coalition travaille d’arrache-pied avec les personnes âgées pour formuler des politiques en faveur d’un environnement ouvert à la démence et remédier à l’isolement
social et à la solitude. Ceci, mes amis, je ne le répéterai jamais assez : que ce soit pour les jeunes ou les personnes âgées, la solitude, en elle-même, est assassine.
Nous essayons aussi d’améliorer la santé mentale chez les travailleurs. Merci pour le soutien généreux de la Commission européenne pour la mise en place d’un laboratoire de données sur la santé
mentale, car nous manquons de données et d’indicateurs de qualité, notamment sur la performance des services de santé mentale. Merci beaucoup à mon amie Sandra Gallina, directrice générale de
la santé et de la sécurité alimentaire, pour son soutien.
La deuxième initiative phare que vous avez approuvée l’année dernière est le Programme européen pour la vaccination à l’horizon 2030. Il s’agit d’une politique-cadre impulsée
par les pays, dont le but général est de lutter contre les iniquités et de ne laisser personne de côté. Évidemment, notre principale tâche a été de vous assister pour le déploiement
des vaccinations contre la COVID-19. C’est étourdissant : vous avez administré plus d’1,6 milliard de doses de vaccin contre la COVID-19. Chaque fois que j’ai frappé à la porte de l’un de
vos pays, vous m’avez ouvert la porte, assurant ainsi la solidarité internationale. Et je tiens vraiment à vous en remercier.
Maintenant, avec la vaccination contre la variole du singe, nous acquérons également des enseignements – nous tirons les leçons de la COVID-19. Et je voudrais vraiment remercier ici M. Pierre Delsaux, directeur général
de l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA) de la Commission européenne. Merci beaucoup pour une collaboration très étroite.
Les initiatives de l’Union européenne (UE) s’étendent aussi aux Balkans occidentaux, au Partenariat oriental, parce qu’en fin de compte, nous sommes une seule Région. Mais il était aussi important
de vous aider pour les vaccinations contre la COVID-19 que d’éviter de nouveaux retards dans la vaccination systématique. En 2020 et 2021, 1,2 million d’enfants de la Région ont été privés
de leur première dose de vaccin contre la rougeole et sont sans protection.
Je voudrais maintenant remercier mon très bon ami le docteur Abdullozoda Jamoliddin Abdullo, ministre de la Santé du Tadjikistan, pour un éclatant succès lorsque le pays a connu la première flambée de
poliovirus dérivé d’une souche vaccinale. Le Tadjikistan a immédiatement organisé une réaction systématique et sa flambée a été la première au monde à être
officiellement déclarée terminée. Je suis très impatient de remettre personnellement une distinction à votre Président, Son Excellence Emomali Rahmon.
Quelles leçons avons-nous tirées ? Comme je le disais, je suis au milieu de mon mandat, et nous avons regardé en arrière, pour ensuite regarder en avant. Nous sommes toujours en train de nous demander : est-ce que nous
travaillons suffisamment bien avec vous ? Car notre ambition est d’adapter notre action au contexte spécifique de vos pays. Et il y a ici un certain nombre de leçons.
La première est que, à mon avis, rien ne remplace le contact direct avec les pays, que j’ai maintenu, vous vous en souvenez, depuis ma campagne. Au cours de mes 38 missions dans les pays, j’ai rencontré presque
tous les 53 ministres de la Santé, pour vous soutenir dans votre gestion. J’ai rencontré 28 Présidents et chefs de gouvernement pour contribuer à faire de la santé une priorité politique, et
cette détermination à adapter notre action au contexte de vos pays est exactement ce qui sous-tend notre stratégie de collaboration avec les pays de l’OMS – la première en 20 ans. Nous devrions la développer
avec vous tous, et j’ai vraiment besoin de votre soutien mercredi pour qu’elle soit approuvée.
L’autre leçon est que les partenariats ne sont jamais aussi efficaces que quand ils portent sur des projets concrets. Ici, la dimension sous-régionale est très importante, comme dans la Feuille de route pour la santé
et le bien-être dans les Balkans occidentaux, que nous avons présentée lors du sommet de l’Initiative centre-européenne. M. le secrétaire général Roberto Antonione, je vous remercie beaucoup
pour cela.
Avec les Premiers ministres, hier, ici à Tel-Aviv, nous avons formulé une feuille de route unique avec les 5 ministres de la Santé d’Asie centrale. Merci beaucoup au Président du Turkménistan, Son Excellence
Serdar Berdimuhamedov, qui a organisé une réunion à la veille de l’Assemblée mondiale de la santé.
Nous avons eu la Huitième Réunion de haut niveau de l’Initiative des petits États. Vous savez, je suis très attaché aux petits pays. Et je remercie beaucoup mon ami le docteur Dragoslav Šćekić, ministre
de la Santé du Monténégro, pour avoir vraiment été un hôte parfait à Budva, au Monténégro, pour signer la Déclaration du Monténégro.
Dès le début de notre mandat, le partenariat avec les pays de la Communauté des États indépendants (CEI) a été une priorité pour moi, dans le droit-fil du protocole d’accord que j’ai
signé avec le docteur Dmitry Pinevich en novembre dernier à Minsk, au Bélarus.
Et j’ai hâte d’accompagner la ministre des Soins de santé, le docteur Azhar Giniyat, vendredi de la semaine prochaine au Kazakhstan, alors qu’elle dirigera le conseil de coopération en matière de santé
de la CEI, qui réunit tous les ministres. Merci beaucoup – рақмет – Madame la ministre.
Et nous avons aussi élaboré notre partenariat avec l’Assemblée interparlementaire de la CEI. En novembre dernier, nous avons organisé une grande conférence sur la couverture sanitaire universelle et les
ODD à Saint-Pétersbourg, en Fédération de Russie, et nous en avons fait le suivi à Almaty, au Kazakhstan, lors du trentième anniversaire du Conseil de l’Assemblée interparlementaire, sous
les auspices du président du Sénat kazakh, Son Excellence Maulen Ashimbayev, que nous rencontrerons de nouveau la semaine prochaine.
Hier, nous avons pour la première fois signé un plan de travail national avec la Commission économique eurasienne. Le partenariat avec la Commission européenne a été renforcé de manière exponentielle.
Je voudrais vraiment remercier les présidences slovène, française et tchèque de l’UE pour avoir mis en concordance les priorités du PTE et celles de la présidence de l’UE. L’année
dernière, il y a eu une grande conférence sur la lutte moderne contre le cancer grâce à des innovations intelligentes, présidée par le professeur Vlastimil Válek, ministre tchèque de la
Santé, dans la belle ville de Brno.
Je voudrais remercier Mme Stella Kyriakides, commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire, pour une collaboration très étroite, en particulier pour la santé mentale ; et mon amie très
chère Sandra Gallina pour avoir œuvré à l’Initiative d’Oslo pour les médicaments ; et pour notre amitié, Olivér Várhelyi, commissaire européen chargé du voisinage
et de l’élargissement et Margaritis Schinas, vice-président de la Commission européenne, qui est venu à Istanbul, en Türkiye, pour la réunion sur la santé des migrants ; et Son Excellence
Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, pour toutes nos réunions régulières, encourageant, au niveau des pays, une collaboration
plus étroite entre les bureaux de pays de l’OMS et les délégations de l’UE.
L’autre leçon que nous avons apprise sur le mode opératoire est l’importance de la collaboration interrégionale, en totale conformité, bien sûr, avec les actions mondiales que conçoit l’OMS
à Genève, en Suisse. Rien que cette année, nous avons lancé 3 initiatives interrégionales.
La première est une initiative trirégionale, avec les Bureaux régionaux pour la Méditerranée orientale, l’Afrique et l’Europe, avec une grande conférence à Istanbul, en Türkiye,
accueillie par mon excellent ami le docteur Fahrettin Koca, ministre de la Santé – teşekkür ederim – un hôte fantastique. Et merci, M. le Président Recep Tayyip Erdoğan, d’avoir ouvert une séance
pour changer le discours entre les Régions sur la santé des migrants.
La deuxième est un partenariat transatlantique entre l’Organisation panaméricaine de la santé, le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe et le Département de la santé et des services
sociaux des États-Unis sur Préparation 2.0 – Des effectifs pour les situations d’urgence de demain, et la nouvelle collaboration concernant le Conseil de l’Arctique, parce que les deux Régions sont limitrophes
de l’Arctique. Je voudrais ici remercier de tout cœur le docteur Søren Brostrøm, directeur général de l’Autorité danoise de la santé, mon cher ami danois, pour se rendre ensemble,
comme nous en avions discuté, au Groenland également très bientôt.
Et troisièmement, nous avons lancé un partenariat interrégional entre le Pacifique occidental, la République populaire de Chine et le Japon, concernant la santé numérique.
Au sujet des partenariats – enfin – nous avions trop de partenariats pour les énumérer tous. Mais je veux vous assurer que ceci est une priorité, et un de mes engagements fermes, le partenariat avec la jeunesse.
Du 25 au 27 octobre, à Tirana, en Albanie, nous aurons le premier sommet des jeunes et des jeunes professionnels. Et merci mille fois, Mme Ogerta Manastirliu, ministre de la Santé, et vos collègues et votre Premier ministre
Edi Rama, pour l’organisation de ce très important sommet.
Un autre partenariat portait sur l’Initiative d’Oslo pour les médicaments. S’il vous plaît, assistez donc au déjeuner ministériel de midi – même nos mécanismes d’audit interne
à l’OMS considéraient l’Initiative d’Oslo pour les médicaments comme un partenariat nécessaire et innovant entre les secteurs public et privé pour garantir un accès durable à
des médicaments innovants, à prix abordable.
Et merci mille fois, Votre Excellence Ingvild Kjerkol, ministre norvégienne de la Santé et des Services sociaux ; Bjorn-Inge Larsen et Audun Hågå, nos amis norvégiens ; et Nathalie Moll, directrice générale
de la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques.
La première leçon que nous ayons apprise, et peut-être la première que j’ai évoquée ce matin, est l’importance des organes directeurs. Dès le tout début, j’ai considéré
les membres du CPCR comme mes conseillers, comme les décideurs de premier rang.
Je tiens à vous remercier encore, chère Nora et le CPCR, pour notre engagement commun à accroître la transparence de l’OMS et de sa gouvernance, avec une recommandation pour le niveau mondial. Cela a été
illustré par une retraite extraordinaire, la première fois que nous nous sommes réunis en tant que CPCR à Berne, en Suisse, organisée par Nora et l’Office fédéral suisse de la santé
publique. Merci beaucoup, car nous nous sommes réunis pour des discussions très amicales, franches et ouvertes sur ce que nous pouvons améliorer en matière de transparence et de responsabilité, et dans le
cadre du suivi de la Commission paneuropéenne du professeur Monti.
Votre soutien, ma chère Nora, m’a été très précieux. Je tiens toujours les membres du CPCR informés en temps réel de toute mission politique ou humanitaire. Par exemple, en pleine crise des
réfugiés, après avoir rencontré les dirigeants du Bélarus, je me suis rendu à la frontière du Bélarus, au centre logistique de Bruzgi, aux points de passage frontaliers proches de la
ville de Grodno. Avant que je ne quitte la mission avec le docteur Dmitry Pinevich, des toilettes étaient en train d’être installées, tout comme des douches, et un centre de soins de santé primaires avait été
créé. C’est ce que nous voulons dire par « la santé n’a rien à voir avec la politique ».
Mes chers ministres, permettez-moi de passer au dernier chapitre, celui où nous envisageons l’avenir. À notre avis, pour votre concertation, quelles sont les 3 priorités alignées sur celles que le docteur Tedros
a mentionnées, pour adopter une double approche, pour être capable de détecter les situations d’urgence et d’y réagir, mais de poursuivre la prévention et la lutte habituelles contre les maladies
?
La priorité n° 1 : le mouvement des soins primaires. C’est ce que vous m’avez dit, que ce soit à Copenhague ou à Genève : mettre les soins de santé primaires au centre du système de santé
et en faire le ciment d’une meilleure préparation aux urgences, ainsi que de la prévention et de la lutte contre les maladies transmissibles ou non transmissibles.
Pour cela, il faudrait que 3 tendances s’accélèrent : des soins de santé primaires composés d’équipes et de réseaux multidisciplinaires plutôt que de prestataires isolés et monodisciplinaires
; des investissements dans la médecine familiale ; et un renforcement du rôle du personnel infirmier et des sages-femmes.
Vous savez que je suis un ardent défenseur du personnel infirmier et des sages-femmes, les effectifs les plus nombreux de la santé dans la Région, mais tellement sous-utilisés. Et un grand merci à Israël
pour l’organisation, ce jeudi, de la réunion de tous les responsables nationaux des soins infirmiers au Sheba Medical Center. Ce sera un événement magnifique. Merci mille fois, toda raba.
La deuxième tendance pour renforcer les systèmes de soins de santé primaires, est ce que j’appelle le multimodal. Cela veut dire combiner intelligemment des consultations en présentiel avec des consultations numériques,
combiné à des équipes mobiles qui entrent chez les gens.
Enfin, la troisième tendance consiste à tirer parti de la révolution numérique, de déterminer les besoins des personnes les plus vulnérables et d’y répondre, afin de ne laisser personne de
côté – par exemple, des activités ciblées sur la santé mentale ou des appels amicaux aux personnes âgées qui vous semblent seules et isolées.
Merci beaucoup, Votre Excellence le docteur Azhar Giniyat, pour votre promesse d’organiser l’année prochaine le 45e anniversaire de la Déclaration d’Alma-Ata et le 5e anniversaire de la Déclaration d’Astana.
Et s’il vous plaît, lorsque vous recevez l’invitation du docteur Giniyat, soyez présent. Ce sera un grand événement.
Deuxième priorité : nous ne pourrons imprimer ce mouvement aux soins primaires sans un investissement dans les personnels de santé. À nouveau, c’est ce que vous m’avez dit presque tous. La pandémie
de COVID-19 a montré à la fois la fragilité et la force de nos personnels de santé. L’absentéisme des personnels de santé a augmenté de deux tiers depuis la pandémie de COVID-19.
Mais nous devrions aussi féliciter nos personnels de santé : combien ils ont été innovants pour adopter, par exemple, les outils numériques. Et nombre d’entre vous ont aussi augmenté leurs salaires.
Soyez présents mercredi à midi, lorsque nous lancerons ici à Tel-Aviv le premier rapport paneuropéen sur la situation des personnels de santé dans la Région, avec des données provenant des 53 États
membres et 10 actions très concrètes – par exemple, des évaluations des besoins et des stratégies nationales pour les personnels de santé – que vous, Votre Excellence le docteur Chris Fearne,
vice-Premier ministre de Malte, avez récemment très, très bien menées. Cela peut nous apprendre beaucoup de choses.
Et n’oublions pas que 89 % des membres des personnels infirmiers sont des femmes, que 98 % des membres des personnels obstétricaux sont des femmes et que 49 % des médecins sont des femmes. Ainsi, tout ce que nous faisons pour
le personnel fait progresser l’égalité des genres. Je dois ici dire multumesc à mon cher ami le professeur Alexandru Rafila, qui s’est engagé à organiser une réunion régionale
de haut niveau sur les personnels de santé en Roumanie l’année prochaine afin de tracer la voie à suivre.
Troisième priorité : ce que j’ai entendu à maintes reprises, c’est que l’OMS doit renforcer son expertise scientifique et ses bases factuelles. Tout ce que nous faisons à l’OMS doit être
fondé sur la rigueur et l’excellence scientifique. Tout de suite après le Comité régional, je commanderai un rapport, avec le ferme soutien du professeur Martin McKee de la London School of Hygiene and Tropical
Medicine, qui est mon conseiller principal, sur la manière de déterminer les lacunes et de donner des conseils sur la façon de renforcer l’analyse scientifique prospective de qualité. Quelles sont les lacunes
de la communication scientifique et l’épineuse question de l’approbation éthique ?
Mais, Mesdames et Messieurs les Ministres, au niveau des pays, nous avons besoin de votre aide. Il est inacceptable que nos scientifiques doivent craindre pour leur vie ou celle de leurs proches et/ou être harcelés sur les médias
sociaux parce qu’ils avancent des preuves scientifiques. L’abandon de la science est une dérive très dangereuse et nous avons besoin d’un leadership politique pour mettre en place des mécanismes de protection
afin de donner à nos scientifiques les moyens d’agir.
Mesdames et Messieurs les ministres, je conclurai là où j’ai commencé. Nous sommes au milieu du mandat que vous m’avez confié en 2019. Je n’avais pas l’intention de me ménager. Je savais
que ce serait un travail difficile. En fait, chaque dimanche matin, pendant que ma femme dort encore à la maison, je regarde ceci. Certains d’entre vous s’en souviennent peut-être – mon programme de campagne.
Et je suis très fier de vous dire qu’en ce qui concerne la concrétisation des 53 engagements que j’ai pris envers vous durant ma campagne, je suis en avance.
Mais je n’aurais jamais pu le faire sans votre ferme soutien, et celui de mon personnel. Je suis très, très fier de mon personnel et de tous mes collaborateurs, à l’intérieur et à l’extérieur
de cette salle. Mais je dois admettre, en toute transparence, qu’il y a une chose que je dois ajouter. Pendant toutes les années où j’ai travaillé avec Médecins Sans Frontières, je savais très
bien que toutes les crises finissent par passer. Mais j’ai sous-estimé le fait que les périodes de paix peuvent aussi passer très vite. Et c’est pourquoi nous avons besoin de la double approche.
Je terminerai par une citation dans la belle langue hébraïque d’un chanteur célèbre dans ce pays, Arik Einstein, aimé à la fois par les communautés juive et arabe. Ani ve’ata neshaneh et ha’olam.
Ensemble, vous et moi, nous changerons le monde. Merci. Toda raba.