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Alors que la « situation d’urgence » liée à la variole du singe se poursuit, le Royaume-Uni montre que l’élimination durable de la maladie doit constituer la prochaine priorité

15 février 2023
Communiqué de presse
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Le 9 février 2023, le Comité du Règlement sanitaire international s’est réuni afin d’évaluer le risque posé par la variole du singe pour la santé publique au niveau mondial. Son rapport conclut que la variole du singe constitue toujours, selon l’évaluation du Comité, une urgence de santé publique de portée internationale, une décision d’ailleurs approuvée par le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. 

Bien que le nombre de cas ait diminué dans le monde et qu’il ait fortement baissé dans la Région européenne de l’OMS en particulier, cette maladie continue de représenter une menace. Il existe toujours un risque élevé d’importation de la variole du singe d’un pays à l’autre, tant dans la Région européenne que dans d’autres Régions où l’infection ne cesse de de circuler. 

La prochaine priorité doit être de parvenir à l’élimination durable de l’infection dans notre Région. 

L’expérience du Royaume-Uni 

Au cours des premières semaines de la flambée de variole du singe, à la mi-2022, le Royaume-Uni a fait état d’un nombre de cas parmi les plus élevés de la Région européenne. Le nombre de nouveaux cas a très récemment chuté de façon spectaculaire. En effet, de 350 cas recensés par semaine en juillet, on est passé à zéro nouveau cas identifié lors des 2 semaines précédant le 19 décembre.
 
Comme nous l’a d’ailleurs expliqué le professeur Susan Hopkins, conseillère médicale en chef de l’Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA), « les cas de variole du singe ont considérablement diminué dans les 4 nations du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Irlande du Nord, Pays de Galles) grâce au déploiement rapide des vaccins par le Service national de santé et les services de santé sexuelle, à l’amélioration de l’accès aux tests de diagnostic et à la sensibilisation générale aux symptômes ».

Prochaine étape de la lutte contre la variole du singe au Royaume-Uni : l’élimination

Sur la base de ce constat encourageant, l’UKHSA a maintenant élaboré, en collaboration avec les 4 agences de santé publique du Royaume-Uni, une stratégie d’élimination dont la mise en œuvre s’effectuera ces 6 à 12 prochains mois. 

« Grâce à notre stratégie, nous espérons maintenir le nombre de cas recensés à un faible niveau et nous rapprocher de notre objectif final, à savoir éliminer la transmission de la maladie au Royaume-Uni par la prise de mesures comme la vaccination, le recensement rapide et précis des cas, la recherche rigoureuse des contacts et la collaboration mondiale avec les organisations internationales, notamment l’OMS », a déclaré le professeur Hopkins.
 
La stratégie globale prévoit 8 actions clés sous la forme d’une feuille de route visant l’élimination, à savoir :

1. poursuivre les activités de communication et de mobilisation auprès des personnes les plus à risque d’exposition à la variole du singe ;

2. proposer des vaccins aux personnes les plus vulnérables pendant les flambées épidémiques et générer des bases factuelles en vue de l’élaboration d’un programme de vaccination à plus long terme ; 

3. assurer un recensement rapide et précis des cas ;

4. instaurer un système solide de recherche des contacts ;

5. poursuivre la surveillance au niveau de la population ;

6. poursuivre la collaboration mondiale avec les organisations internationales, dont l’OMS, afin de procéder à un partage de connaissances et de soutenir la riposte menée au niveau mondial ;

7. prendre des mesures de lutte anti-infectieuse pour empêcher la transmission dans les établissements de soins ;

8. axer la recherche et l’évaluation sur les domaines qui orienteront et amélioreront la riposte aux flambées, notamment les diagnostics et les caractéristiques virales, les changements épidémiologiques dans le temps, la présence et la nature de nouveaux symptômes et/ou d’une infection asymptomatique ainsi que les effets protecteurs d’une vaccination antivariolique antérieure.

Restons vigilants

Bien que le Royaume-Uni constitue un bon exemple pour les autres États membres quant à la manière de parvenir à l’élimination, il est évident, selon le professeur Hopkins, que la mise en œuvre d’une stratégie par les autorités ne suffit pas à mettre fin à la flambée de variole du singe. La population doit également faire partie de la solution, et le professeur Hopkins a été ravie de constater comment les personnes les plus exposées au risque de variole du singe au Royaume-Uni ont pris des mesures pour se protéger et prévenir la transmission :

« Il ne faut absolument pas relâcher l’attention. Il est essentiel que les populations restent conscientes du risque posé par la variole du singe. On doit demander conseil dès que l’on présente des symptômes afin de se protéger et de protéger les autres. »

Recommandations de l’OMS aux États membres 

Ces derniers mois, l’OMS/Europe a publié une série de notes d’orientation dont peuvent s’inspirer les États membres dans leur riposte à la variole du singe. Dans la note d’orientation intitulée « Considerations for the control and elimination of monkeypox in the WHO European Region » [Considérations sur la maîtrise et l’élimination de la variole du singe dans la Région européenne de l’OMS], un certain nombre d’objectifs ont été définis en vue d’aider les États membres à atteindre le but global consistant à maîtriser d’abord la flambée de variole du singe et, à terme, à parvenir à une élimination durable dans tous les États membres de la Région. Les objectifs sont les suivants : 

1. mettre en place une solide surveillance nationale de la variole du singe basée sur l’identification des cas chez les groupes prioritaires (en particulier chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) et dans la population générale au sens plus large, et signaler tous les cas aux systèmes de surveillance nationaux et régionaux afin de contrôler les niveaux de transmission ; 

2. établir des diagnostics sûrs et de qualité pour les orthopoxvirus, notamment la caractérisation des virus ; 

3. procéder à l’élaboration, à la mise en œuvre et au suivi de politiques appropriées de maîtrise et de prévention de la variole du singe fondées sur des données probantes, avec la participation de la population concernée, notamment : 

a. des interventions comportementales visant à réduire le risque d’infection ; 
b. la détection, la prise en charge et l’isolement des cas ; 
c. la recherche et la prise en charge des contacts ;
d. la vaccination préexposition et postexposition ; 

4. assurer la disponibilité de vaccins et d’antiviraux sûrs et efficaces contre la variole du singe pour les groupes prioritaires ; 

5. veiller à ce que le taux de vaccination soit élevé dans les groupes de population les plus à risque ; 

6. prendre en charge de manière optimale les cas, y compris ceux présentant une maladie grave ; 

7. instaurer des systèmes de lutte anti-infectieuse afin de réduire autant que possible le risque de transmission dans les établissements de soins de santé ; 

8. empêcher l’établissement d’un nouveau réservoir animal de variole du singe dans la Région européenne de l’OMS.