Une analyse récente des résultats de l’Initiative pour la surveillance de l’obésité infantile (COSI) de l’OMS donne un aperçu unique des habitudes des enfants de la Région européenne de l’OMS en matière d’activité physique. L’étude montre que l’on peut faire davantage pour accroître l’activité physique, réduire le temps passé devant les écrans et garantir un sommeil de qualité chez les enfants de la Région, et qu’il existe des différences évidentes entre les pays quant à la prévalence de ces comportements.
Dans la Région, les enfants portugais sont les moins nombreux à se rendre à l’école à pied ou à vélo : près de 80 % d’entre eux sont conduits en voiture par leurs parents ou utilisent les transports publics, contre 6 % seulement des enfants tadjiks qui se rendent très généralement à l’école de manière active.
Stephen Whiting, l’un des auteurs, a déclaré que le rapport intitulé « Physical activity, screen time and sleep » [Activité physique, temps passé devant les écrans et sommeil] pourrait aider les responsables politiques, les écoles et les parents à améliorer le bien-être des enfants.
« Les résultats sont intéressants car ils montrent de nettes différences entre les pays dans la manière dont les enfants sont actifs. Les pouvoirs publics peuvent s’inspirer de ces résultats pour orienter leurs efforts en vue d’augmenter le niveau d’activité physique des enfants et les préparer ainsi à un avenir actif et sain. »
Des enfants actifs deviennent des adultes actifs
L’activité physique est un déterminant important de la prévention et de la prise en charge de l’obésité infantile qui est associée à de nombreux problèmes de santé graves pendant l’enfance, et augmente le risque de maladies non transmissibles.
Notre environnement physique et socioculturel détermine en grande partie où et comment nous pouvons être actifs. Les habitudes d’activité physique acquises durant l’enfance ont tendance à se perpétuer à l’adolescence et à l’âge adulte. L’adoption précoce de comportements physiquement actifs peut porter ses fruits à un stade ultérieur de l’existence.
L’étude met notamment en avant le fait que les enfants des pays d’Asie centrale sont plus susceptibles de se rendre à l’école à pied ou à vélo, mais moins susceptibles d’être membres d’un club sportif que ceux d’Europe du Nord ou du Sud.
« On observe un énorme décalage dans la compréhension des parents et de la communauté quant à l’importance d’intégrer l’activité physique comme une composante naturelle de la vie de leurs enfants », explique Shynar Abdrakhmanova, chercheuse principale pour le Kazakhstan.
Ana Rito, la chercheuse principale de l’étude pour le Portugal, qui est elle-même mère de 3 adolescents, affirme que le monde d’aujourd’hui est différent de celui de son enfance.
« Quand j’étais petite, nous n’avions pas d’écran pour nous distraire. Nous cherchions naturellement à aller dehors et à jouer avec nos amis. C’est un environnement différent maintenant, mais ce n’est pas pour ça qu’il ne peut pas fonctionner. On peut être physiquement actif d’autres manières. »
Le défi de la sédentarité et du temps passé devant les écrans
Les jeux actifs (activité physique non structurée en plein air pendant le temps libre des enfants), le transport actif (vélo ou marche) et la pratique du sport sont les principaux facteurs qui contribuent au volume total d’activité physique des enfants.
Il est important qu’en grandissant et en se développant, les enfants atteignent non seulement un niveau élevé d’activité physique, mais aussi un faible niveau de sédentarité, et qu’ils aient un sommeil suffisant chaque jour.
Le temps passé à l’utilisation d’appareils à écran aggrave le comportement sédentaire, lui-même associé à une consommation plus importante de snacks, de boissons et de repas rapides à forte densité énergétique, et à un apport énergétique global plus élevé.
L’attrait des écrans et d’autres appareils est particulièrement difficile à surmonter pour les parents. Shynar Abdrakhmanova, qui est mère de 4 enfants, souligne que le simple fait de limiter leur utilisation pourrait s’avérer inutile. Les enfants ont plutôt besoin d’occupations plus passionnantes pour les remplacer.
« Les enfants devraient faire quelque chose de plus intéressant que, par exemple, être simplement dehors ou avoir simplement une occupation active pour ne pas être assis devant un écran. Ils doivent être incités à exercer une activité physique, comme faire quelque chose dans la communauté ou participer à une activité physique organisée. Mais les écoles ont un rôle essentiel à cet égard. Les enfants y passent beaucoup de temps. Davantage de cours devraient être axés sur l’activité physique, et davantage de temps devrait être consacré au sport organisé. »
Selon Ana Rito, si la vie moderne a réduit les possibilités pour les enfants de pratiquer de l’exercice physique dans le cadre d’une routine quotidienne normale, il suffit de trouver la bonne solution pour surmonter le problème, et même les rendre plus actifs physiquement que les générations précédentes.
À la lumière des différences observées entre les pays en termes de prévalence, les responsables politiques nationaux peuvent tirer des enseignements des expériences menées dans la Région, et prendre des mesures efficaces.
Les pays peuvent utiliser ces résultats pour orienter l’élaboration de politiques et d’interventions visant à augmenter l’activité physique, à réduire le temps passé devant les écrans et à stopper la progression de l’obésité infantile.