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Un nouveau rapport de l’OMS met en avant les premiers succès du rétablissement du système de santé en Ukraine

21 juin 2023
Communiqué de presse
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Lors de la Conférence sur le relèvement de l’Ukraine organisée à Londres (Royaume-Uni), l’OMS a présenté 4 études de cas montrant comment les acteurs de la santé s’emploient à rétablir ce secteur et à reprendre leurs activités sur le terrain dans le pays. Dans un nouveau rapport, l’OMS explique comment, après l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie en 2022, la mobilisation du soutien international en faveur de la stabilisation économique et sociale du pays, notamment par la collaboration du secteur privé, peut permettre aux efforts de relèvement de donner des résultats fructueux.

Depuis le début de la guerre totale en février 2022, l’OMS a vérifié plus de 1 000 attaques contre les soins de santé, le coût des dommages directs au secteur étant d’ailleurs estimé à 2,5 milliards d’USD. Pourtant, même dans les 10 régions les plus touchées par le conflit, près de 90 % des établissements de santé sont opérationnels aujourd’hui. Grâce aux efforts déployés conjointement par les acteurs nationaux, internationaux et locaux, le système de santé fait preuve d’une résilience remarquable, et nous disposons déjà d’exemples de premiers investissements dans la reconstruction d’établissements de santé.

« On peut tirer de nombreux enseignements des efforts menés actuellement, sachant que la majorité de ceux-ci pourraient être élargis ou intensifiés. On reconnaît aussi que les solutions doivent être adaptées aux besoins et aux circonstances spécifiques des différentes régions géographiques, aux types de services et aux modalités de collaboration », a expliqué le docteur Jarno Habicht, représentant de l’OMS en Ukraine.

Efforts de relèvement dans les établissements de santé ukrainiens

Le nouveau rapport de l’OMS intitulé « Case studies of health system recovery in Ukraine: focus on the role of the private sector » [Études de cas sur le rétablissement du système de santé en Ukraine : focus sur le rôle du secteur privé] présente 4 études de cas illustrant le rôle des acteurs privés et non gouvernementaux dans les premiers stades du processus de reconstruction et de relèvement.
  1. Le réseau médical Adonis comprend une maternité dans la région de Kiev ainsi qu’une clinique polyvalente à Boutcha. La clinique a nécessité un investissement relativement modéré pour reprendre ses activités malgré la violence des combats à Boutcha. Les propriétaires d’Adonis ont investi leurs propres fonds, et l’établissement a rouvert ses portes en juin 2022. L’important changement observé au niveau des ressources et des besoins du groupe cible a nécessité une réorientation de l’établissement vers les services de réadaptation. Cet exemple illustre la reprise partielle des activités d’un prestataire de services privé national requérant un investissement relativement modéré. Cependant, il existe des incertitudes quant aux autres activités du secteur nécessitant des investissements en capital beaucoup plus importants. Par exemple, la maternité, qui a continué à accueillir les femmes sur le point d’accoucher dans les premiers jours de l’invasion, n’est plus opérationnelle et son propriétaire n’a pas accès au capital. L’hôpital a été directement touché par des obus de chars avant d’être occupé par les forces russes, pillé et gravement endommagé, notamment par des incendies. Sa remise en opération dépend des dispositions prises pour financer ce type de projets de relèvement, lesquelles font actuellement défaut.
  2. Apteka 911, une chaîne nationale de pharmacies, a utilisé ses propres fonds pour financer la réouverture de ses établissements, dont environ 30 % avaient été endommagés ou détruits dans la région de Kharkiv. Le réseau de pharmacies a rouvert ses portes dans des régions très proches de la ligne de front, parfois quelques semaines seulement après que ces zones sont repassées sous le contrôle du gouvernement ukrainien, et il y est maintenant souvent le seul fournisseur de produits pharmaceutiques. Apteka 911 s’est rapidement adaptée à la réalité de la guerre, et a proposé la livraison mobile de médicaments dans les régions reculées, des consultations en ligne pour les patients dans les localités où les établissements de santé ont été détruits, ainsi que la livraison de médicaments par la poste.
  3. Le centre de soins de santé primaires de Makariv, qui dispensait des services à 28 000 personnes avant l’invasion, a été attaqué par des tirs d’obus et complètement détruit. « Je ne croyais pas du tout que notre unité ambulatoire serait reconstruite », a expliqué Serhiy Solomenko, directeur du Centre de soins de santé primaires de Makariv. Pourtant, l’établissement est aujourd’hui entièrement restauré grâce à une fondation privée de la Kyiv School of Economics (Fondation KSE), qui a organisé une série d’événements de collecte de fonds afin de réunir les 800 000 USD nécessaires à la reconstruction et à la supervision du processus.
  4. L’unité ambulatoire rurale de Mala Rohan, dans la région de Kharkiv, a également été touchée par des tirs d’artillerie et de chars qui ont endommagé les murs et la toiture. Après la reconquête de la région par les forces ukrainiennes, le personnel soignant a commencé à prodiguer des soins dans l’établissement endommagé, malgré l’absence de fenêtres et d’une partie du mur. L’organisation non gouvernementale nationale « Les patients d’Ukraine » a bénéficié d’un investissement d’environ 43 000 USD de la part de l’organisation caritative Crown Agents International Development (CAID) pour la restauration, et ce montant a suffi pour réhabiliter entièrement l’établissement. Dans le cadre de son accord avec la CAID, l’organisation « Les patients d’Ukraine » a permis de restaurer 25 établissements de santé endommagés pour leur permettre de fonctionner à nouveau, la plupart d’entre eux ayant d’ailleurs nécessité un investissement même inférieur à celui consenti pour réhabiliter l’unité de Mala Rohan. Tous les projets sont menés en coopération avec le ministère de la Santé, en tenant compte des estimations relatives au retour des habitants et à leurs besoins, de la disponibilité du personnel de santé ainsi que des conseils prodigués par les autorités militaires concernant la situation sécuritaire dans la région concernée. L’exemple montre qu’un investissement à petite échelle pour réparer des fenêtres ou des toits endommagés peut souvent jouer un rôle important dans la capacité d’un établissement à fonctionner et à dispenser des services de santé, tandis qu’un contrat avec le Service national de santé ukrainien peut couvrir les futures dépenses récurrentes.
Dans l’ensemble, toutes les études de cas présentées par le bureau de pays de l’OMS en Ukraine mettent en avant la résilience du système de santé et le relèvement grâce à la coopération entre les acteurs nationaux et internationaux, avec la participation du secteur privé. Malgré la guerre, les établissements de soins de santé sont en cours de restauration, et le gouvernement ukrainien continue de mettre en œuvre des réformes sanitaires afin d’accroître l’efficacité du système de santé et de le centrer davantage sur le patient, tout en visant l’instauration de la couverture sanitaire universelle pour l’ensemble de la population.