Bien que la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent soit une priorité politique importante au Kazakhstan, un nouveau rapport de l’OMS/Europe conclut qu’il existe des lacunes concernant la prestation de services de santé aux jeunes. Dans ce pays, l’épidémie de COVID-19 a accentué certains de ces problèmes et obligé les professionnels de la santé à trouver de nouveaux moyens de dispenser des services de santé bien nécessaires aux adolescents.
Mettre fin à la stigmatisation qui entoure l’éducation sexuelle des adolescents
Selon la nouvelle évaluation relative à la santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale et infanto-juvénile dans le contexte de la couverture sanitaire universelle effectuée par l’OMS/Europe au Kazakhstan, ce pays a fait de considérables progrès dans ce domaine ces 10 à 15 dernières années, surtout en matière de réduction de la mortalité des mères et des enfants de moins de 5 ans.
La politique du gouvernement est de soutenir la couverture complète des services de santé pour la femme durant la grossesse, l’accouchement et le post-partum, ainsi que pour les enfants de 0 à 18 ans. Dans la pratique, toutefois, il est difficile d’assurer des services de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive pour ces groupes, surtout pour les adolescents.
Selon Laula Brik, psychologue au centre de santé pour adolescents Zhas Asyl, la lutte contre la stigmatisation et les attitudes négatives face à l’éducation sexuelle à l’école est un élément essentiel du processus permettant l’instauration de meilleurs services de santé sexuelle et reproductive pour les jeunes. « Malheureusement, beaucoup de gens ne comprennent pas tout à fait pourquoi il est important que nos jeunes soient éduqués de manière compétente et confidentielle dans ce domaine. Ils pensent que c’est incorrect et vulgaire », déclare Mme Brik. « Les questions de santé sexuelle et reproductive sont essentielles pour la santé et l’éducation des adolescents, car elles ont non seulement des répercussions sur la santé de l’individu, mais aussi un impact multiple sur la santé de la nation et le développement du pays. »
Grâce à son équipe de spécialistes, le centre de santé pour adolescents Zhas Asyl, un des 128 centres de ce type au Kazakhstan, propose des conseils, des formations, des dépistages et des consultations sur la santé sexuelle et reproductive et la santé mentale. Ce dispensaire emploie des psychologues, un gynécologue, un urologue et un dermatologue. L’une des recommandations formulées dans le rapport de l’OMS/Europe est de créer davantage de centres de ce type, où les services sont spécifiquement adaptés aux besoins des adolescents.
Des services de santé pour adolescents maintenus grâce aux technologies numériques
Une enquête mondiale de l’OMS menée dans 105 pays a montré que les interventions de santé sexuelle et reproductive, telles que la planification familiale et la contraception, étaient parmi les plus fréquemment perturbées en raison de la pandémie de COVID-19. Comme tous les pays du monde, le Kazakhstan a dû, ces derniers mois, prendre des décisions difficiles pour trouver un équilibre entre les divers impératifs d’une riposte immédiate à la COVID-19, tout en effectuant une planification stratégique et en prenant des mesures coordonnées pour maintenir la prestation de services de santé essentiels. « Des services de santé de qualité sont indispensables pour les femmes, les enfants et les adolescents, et des perturbations peuvent entraîner des grossesses non désirées, l’apparition de maladies sexuellement transmissibles et des risques sanitaires accrus pour les mères et leurs nouveau-nés, ainsi que pour les enfants et les adolescents », déclare le docteur Nino Berdzuli, directrice de la Division des programmes de santé des pays à l’OMS/Europe.
Mme Brik, elle aussi, souligne qu’il est important d’assurer aux jeunes un soutien et des services ininterrompus pendant l’épidémie. La COVID-19 a obligé le centre de santé pour adolescents Zhas Asyl à adapter ses méthodes de travail. « Au plus fort de l’épidémie, la plupart des membres du personnel du centre travaillaient à distance. Ils ont remplacé les contacts directs par une communication via les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée. Nous avons concentré notre travail sur la littératie en santé », explique Mme Brik. La littératie en santé consiste à permettre au public d’avoir un meilleur accès à l’information sanitaire et d’être mieux capable d’utiliser efficacement cette information.
Le personnel du centre de santé Zhas Asyl a remarqué que les adolescents ont traversé différentes phases émotionnelles pendant l’épidémie. D’abord une méfiance et un sentiment de rejet envers les nouvelles réglementations, puis de l’indifférence ou du découragement. « Il fallait un soutien psychologique tant pour les adolescents que pour le personnel médical lui-même », déclare Mme Brik, en expliquant comment le centre avait dû adapter ses méthodes de travail durant l’épidémie.
Relever les défis régionaux en matière de santé sexuelle et reproductive
Le Kazakhstan n’est pas le seul pays de la Région européenne de l’OMS qui a des difficultés à offrir aux jeunes des services de santé sexuelle et reproductive adaptés à leurs besoins. « Quoique l’on ait bien progressé en matière de réduction du nombre d’avortements dans la Région, et que nous puissions constater une diminution des grossesses chez les adolescentes, il reste encore beaucoup à faire », déclare le docteur Berdzuli. Une évaluation de l’OMS/Europe a montré que dans la plupart des six pays évalués en Europe de l’Est et en Asie centrale, il n’existe pas ou très peu de services de santé sexuelle et reproductive pour les adolescents. « Les jeunes n’ont donc que peu de soutien et peu de moyens d’accéder à l’information », explique le docteur Berdzuli. « À l’avenir, il sera important d’intensifier nos efforts pour combler ces lacunes. Il est capital de faire participer les jeunes à ce processus. »
Le Programme de travail européen 2020-2025 de l’OMS met fortement l’accent sur la santé et les droits sexuels et reproductifs. Il préconise de combler les écarts sur le plan de l’équité et de faire respecter les droits liés à la santé sexuelle et reproductive des plus vulnérables et marginalisés, dont les jeunes. « Pour que les adolescents aient accès à un large éventail de services et d’informations en matière de santé sexuelle et reproductive, il convient de faire intervenir toute une série de partenaires », souligne le docteur Caroline Clarinval, représentante de l’OMS au Kazakhstan.
Faisant écho aux résultats et aux recommandations de l’évaluation de l’OMS, Mme Brik affirme que l’éducation à la santé sexuelle et reproductive devrait être mise au programme général des cours dans les écoles et enseignée selon une méthodologie standardisée, par des spécialistes agréés. « Les adolescents ont besoin d’informations sur les questions qui les intéressent, les concernent et les préoccupent. Nous devons parler de ces questions en toute honnêteté ».
Les 20 et 22 octobre, l’OMS/Europe et le Bureau régional du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) pour l’Europe orientale et l’Asie centrale organiseront une concertation sous-régionale sur la santé sexuelle et reproductive avec les républiques d’Asie centrale.