En octobre et en novembre 2022, l'OMS et ses partenaires ont posé cette question, parmi beaucoup d’autres, à des personnes qui se trouvaient dans les espaces publics les plus fréquentés d’Arménie (centres commerciaux, bouches de métro, entrées d'universités et d'hôpitaux...).
Ces questions entraient dans le cadre de l’ « Enquête connaissances, attitudes et comportements en matière de résistance aux antimicrobiens » (Enquête KAB), une initiative de l’OMS lancée
pour la première fois dans la partie orientale de la Région européenne de l’OMS, y compris dans le Caucase et en Asie centrale. Cette étude a été réalisée en même temps que de nombreuses
autres activités de sensibilisation, à l’occasion de la campagne internationale de la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens.
L’enquête KAB
Cette enquête KAB permet d’obtenir des informations détaillées sur les avis, les connaissances et les attitudes de la population concernant la résistance aux antimicrobiens. Ces informations déboucheront sur des interventions à l’échelle mondiale en vue d’une élimination de la résistance aux antimicrobiens, lesquelles seront fondées sur les comportements décelés et les informations recueillies. Dans le cadre de cette enquête, les questions suivantes ont été posées :
- L’usage que la personne fait des antibiotiques ;
- Les raisons d’une prise d’antibiotiques ;
- Si la personne ne prend des antibiotiques que sur prescription, ou pas seulement ;
- Les tests de laboratoire et les autres analyses subis avant de décider de prendre des antibiotiques ;
- Ce que la personne sait des antibiotiques ;
- Ses sources d’informations ;
- L’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’usage qu’elle fait des antibiotiques.
Ont également été analysées les connaissances et attitudes des participants sur l’administration d’antibiotiques aux animaux de ferme et ses conséquences.
« Ce fut une excellente occasion de parler aux gens et d’apprendre de leur bouche quelles sont leurs habitudes », raconte Mme Lala Margaryan, l’une des enquêtrices, experte au Centre scientifique d’expertise sur les médicaments et les technologies médicales, qui relève du ministère arménien de la Santé. « Nombre des personnes interviewées ont mentionné qu’elles avaient déjà appris plus de choses sur la résistance aux antimicrobiens en répondant aux questions de l’enquête, et certaines ont suggéré des questions à inclure dorénavant dans l’enquête KAB. »
Cette enquête a été réalisée par une équipe du Centre scientifique ayant reçu de l’OMS/Europe et du bureau de pays de l’OMS en Arménie une formation concernant les protocoles d’enquête et le recours à un programme en ligne pour la réalisation d’interviews.
Des résultats qui inspireront des mesures ultérieures
« En Arménie, cette enquête a reflété les résultats positifs des activités de sensibilisation menées jusqu’à présent, qui ciblaient spécifiquement la prise d’antibiotiques. Elle a également révélé une foule d'aspects qui rendent nécessaires d’autres interventions : par exemple, la démarche d’ « Une seule santé », fondée sur le constat d’une interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale », ajoute le docteur Lilit Ghazaryan, directrice adjointe du Centre scientifique.
Les résultats de cette enquête inspireront des interventions futures visant à sensibiliser et à modifier les comportements en Arménie. Ces interventions feront partie d’une nouvelle stratégie multisectorielle pour la prévention et la lutte contre la résistance aux antimicrobiens de 2023 à 2027, laquelle entrera dans le cadre plus large d’ « Une seule santé ». Cette stratégie ira plus loin que les efforts actuels et placera davantage l’accent sur l’éducation et le secteur environnemental, pour une meilleure santé humaine et animale.
« Le problème de la résistance aux antimicrobiens ne peut être résolu que par une approche multisectorielle, parce qu’il y a d’étroites connexions entre la santé des êtres humains, des animaux et de l’environnement », souligne le docteur Kristina Gyurjyan, point focal pour la résistance aux antimicrobiens et directrice du département du développement des ressources humaines au ministère de la Santé. « Le ministère de la Santé attache une grande importance à la coopération intersectorielle et à la protection de la santé et du bien-être de tous par le renforcement de la coopération entre médecins, vétérinaires, représentants du monde universitaire et spécialistes de l'environnement. »