Selon de nouvelles données publiées aujourd’hui par l’OMS/Europe et l’Enquête sur le comportement des enfants d’âge scolaire en matière de santé (HBSC), la pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif disproportionné sur les enfants et les adolescents issus de milieux socioéconomiques défavorisés, sur ceux ayant dû faire face à des fermetures d’écoles prolongées ainsi que sur ceux ne disposant pas de structures de soutien essentielles, telles que la famille et le personnel enseignant.
Les données révèlent également qu’en moyenne, et selon divers indicateurs, les écolières plus âgées ont davantage subi les effets de la pandémie que les garçons plus jeunes, avec un impact marqué sur leur santé mentale. Cette disparité met en avant la nécessité de mener des interventions ciblées et d’instaurer des systèmes de soutien dans le but d’atténuer les conséquences à long terme pour les groupes vulnérables au sein de la jeune population.
Les 4 nouveaux rapports, disponibles via les liens, présentent des données et des résultats d’enquêtes menées en 2021-2022 sur tout un ensemble de problématiques, notamment le rôle de l’âge, du sexe, du milieu économique, des structures de soutien social et des fermetures d’écoles sur le vécu des jeunes pendant la pandémie et, plus particulièrement, les effets de la pandémie sur la santé mentale des jeunes.
« La COVID-19 a eu un impact inégal sur les enfants et les adolescents, en particulier ceux issus de milieux plus défavorisés, dont les écoles ont été fermées pendant une longue période et qui ont manqué de soutien à la fois à la maison et à l’école », a expliqué le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
« Nos nouvelles données montrent que les écolières plus âgées subissent des effets négatifs plus importants, notamment sur leur santé mentale. Il est donc urgent d’agir, notamment en leur apportant un meilleur soutien à la maison, à l’école et dans leurs activités sociales et extrascolaires. En s’attaquant à ces disparités et en renforçant le soutien social, nous pouvons créer un environnement qui protège le bien-être de nos enfants et de nos jeunes pendant et après ces crises », a ajouté le docteur Kluge.
Analyse des résultats : santé mentale, fermetures d’écoles, soutien social
Selon l’un des nouveaux rapports, l’impact de la pandémie revêt diverses formes, les différences géographiques, les mesures sanitaires prises localement et les contextes sociopolitiques et culturels ayant tous une incidence sur le vécu des adolescents. Une proportion importante d’entre eux (entre 15 et 30 %) ont fait état d’effets négatifs dans différents domaines.
Les effets négatifs de la pandémie concernent principalement la santé mentale, l’activité physique et la performance scolaire. Or, certains résultats positifs ont été observés, notamment en ce qui concerne l’amélioration des relations avec la famille et les amis grâce à des contacts plus étroits à la maison et dans d’autres lieux en raison des restrictions imposées aux déplacements physiques.
Si l’âge, le sexe et le milieu socioéconomique ont eu une certaine influence, les rapports expliquent que 4 sources clés de soutien social, à savoir la famille, les enseignants, les camarades de classe et les pairs, ont davantage contribué à atténuer l’impact de la pandémie sur les adolescents.
Il est alarmant de constater que les adolescents issus de familles moins aisées sont plus susceptibles de faire état d’effets négatifs de la pandémie sur leur vie, même lorsqu’ils bénéficient du même niveau d’appui social que leurs congénères plus aisés. Il importe par conséquent d’apporter sans attendre un soutien supplémentaire aux populations vulnérables.
Le rapport consacré à la santé mentale contient des conclusions aux implications importantes : 30 % des jeunes font notamment état d’un impact négatif sur leur santé mentale et 16 % des adolescents se déclarent peu satisfaits de leur vie, les filles étant les plus touchées. La proportion de jeunes peu satisfaits de leur vie augmente avec l’âge chez les 2 sexes, la différence entre les sexes doublant approximativement à l’âge de 13 et 15 ans.
Il est important de noter que les adolescents ayant fait état d’effets négatifs sur leurs résultats scolaires et leurs relations avec leur famille et leurs amis sont plus susceptibles de souffrir de troubles mentaux et d’un manque de bien-être, notamment d’une faible satisfaction à l’égard de la vie et d’un plus grand nombre de problèmes de santé psychologique et physique.
L’une des principales conclusions des rapports est le rôle central joué par le soutien social dans l’atténuation des effets négatifs de la pandémie sur les jeunes. L’ampleur de l’impact ressenti par les adolescents lors de la pandémie est étroitement liée au soutien qu’ils ont reçu de leur famille, de leurs enseignants, de leurs camarades de classe et de leurs pairs. Ceux signalant un impact positif sont plus susceptibles d’avoir bénéficié d’un soutien social élevé de la part des 4 sources, par rapport à ceux ayant fait état d’un impact neutre ou négatif. Le soutien familial est apparu comme le facteur le plus influent, suivi par le soutien des enseignants et des camarades de classe, le soutien des pairs jouant un rôle comparativement moins important.
Enfin, les nouvelles données montrent l’ampleur de la durée alarmante des fermetures d’écoles survenues dans 22 pays et régions entre janvier 2020 et décembre 2022. Celles-ci ont en effet duré 138 jours en moyenne au cours de cette période, ce qui a eu un impact significatif sur l’éducation des adolescents et leur a imposé une pression scolaire considérable. Les données révèlent que près de la moitié des adolescents ont subi une pression scolaire importante, les filles, les adolescents plus âgés et ceux qui ont été confrontés à un plus grand nombre de jours de fermeture d’école faisant état d’un niveau de pression plus élevé.
Les résultats mettent aussi en avant le lien étroit existant entre les fermetures d’écoles prolongées et l’augmentation de la pression scolaire, chaque 100 jours de fermeture entraînant une augmentation de 74 % de la probabilité de subir une pression scolaire.
Actions visant à répondre aux besoins des enfants et des adolescents
Les données soulignent la nécessité de mener une action et des interventions politiques immédiates et adaptées aux besoins particuliers des enfants et des adolescents en période de crise. L’OMS/Europe et l’enquête HBSC invitent les pays, les communautés et les responsables d’établissements scolaires à envisager les mesures suivantes.
- Mettre en œuvre des politiques et des programmes créant des environnements favorables dans les écoles ainsi qu’au sein des familles et des groupes de pairs afin de promouvoir et de protéger la santé mentale des jeunes. Il s’agit notamment de favoriser l’instauration d’espaces sécurisés permettant la tenue de discussions franches et ouvertes, de promouvoir la sensibilisation à la santé mentale, d’adopter des politiques de lutte contre le harcèlement, de former les enseignants au soutien émotionnel et d’encourager une culture de l’empathie et de la compréhension.
- Adapter les programmes de soutien à la santé mentale pour qu’ils soient adaptés aux adolescents et tiennent compte de leur âge et de leur sexe. Il peut s’agir de former les professionnels de la santé mentale aux problèmes spécifiques des adolescents, de veiller à ce que les services respectent et protègent les droits des adolescents à la vie privée et à la confidentialité, et de s’attaquer aux obstacles aux soins spécifiques à chaque sexe.
- Reconnaître le rôle essentiel que jouent les familles et les pairs pour aider les adolescents à faire face aux difficultés et à conserver des attitudes mentales positives.
- Élaborer des programmes et des initiatives qui aident les parents à renforcer leurs relations avec leurs enfants, en reconnaissant le rôle crucial du soutien familial pendant les crises. Parmi ces initiatives, il convient de mentionner la tenue d’ateliers sur les stratégies de communication efficaces, la gestion du stress, les techniques de résolution des conflits et les ressources du développement de l’enfant et de la santé mentale.
- Doter les enseignants de la formation et des ressources nécessaires pour apporter un soutien solide aux élèves et favoriser l’instauration d’environnements sûrs et inclusifs en milieu scolaire, même dans des situations de distanciation physique ou d’apprentissage à distance.
- Offrir un soutien supplémentaire aux adolescents issus de familles moins aisées, sachant qu’ils risquent davantage de subir des répercussions négatives lors des crises sanitaires.
« En tenant compte de ces recommandations, les gouvernements, les décideurs et les communautés peuvent créer un environnement favorable aux jeunes, en préservant leur santé mentale, leur éducation et leur bien-être général pendant et après la pandémie », a souligné le docteur Natasha Azzopardi-Muscat, directrice de la Division des politiques et systèmes de santé des pays à l’OMS/Europe.
« Nous connaissons depuis longtemps l’impact de la pandémie sur nos jeunes, mais les données dont nous disposons confirment nos impressions et jettent les bases d’une action concrète qui nous permettra de mieux nous préparer aux défis qui nous attendent », a-t-elle également conclu.
Pour de plus amples informations et pour accéder aux rapports complets, cliquez sur les liens ci-dessous.
À propos de l’enquête HBSC
L’Enquête sur le comportement des enfants d’âge scolaire en matière de santé (HBSC) est une étude scientifique transnationale unique sur la santé et le bien-être des adolescents d’Europe et d’Amérique du Nord, menée en collaboration avec l’OMS/Europe. L’étude et ses enquêtes sont organisées et élaborées par un réseau d’équipes nationales HBSC comprenant des chercheurs basés dans diverses institutions universitaires et de santé publique.
Les données sont collectées dans tous les pays participants dans le cadre d’enquêtes en milieu scolaire selon une méthodologie standard détaillée dans le protocole de l’enquête internationale HBSC, en garantissant que l’échantillon est représentatif de l’ensemble de la tranche d’âge.