Le Kazakhstan a rejoint 9 autres États membres de la Région européenne de l’OMS ayant atteint l’objectif du Cadre de suivi mondial pour 2025, à savoir réduire de 25 % la mortalité prématurée due aux maladies non transmissibles (MNT), devenant ainsi le premier pays d’Asie centrale à franchir cette étape. Un nouveau rapport de l’OMS/Europe retrace le cheminement du Kazakhstan tout en fournissant de nouvelles informations sur les MNT dans la Région.
Les auteurs de ce rapport, intitulé « Avoidable mortality, risk factors and policies for tackling noncommunicable diseases – leveraging data for impact » [Mortalité évitable, facteurs de risque et politiques de lutte contre les maladies non transmissibles – exploiter des données pour produire un impact], se penchent sur les politiques et les stratégies qui ont permis au Kazakhstan de renforcer son système de santé national, en particulier dans les domaines des maladies cardiovasculaires et du cancer. En mettant l’accent sur la prévention, le diagnostic précoce, l’amélioration des traitements et l’augmentation des taux de survie, le Kazakhstan montre l’exemple dans la Région en s’attaquant à deux des menaces les plus lourdes pour la santé de la population.
« L’OMS/Europe collabore avec le Kazakhstan pour lutter contre les principaux facteurs qui accroissent la mortalité provoquée par les MNT », déclare le docteur Gundo Weiler, directeur de la division Prévention et promotion de la santé à l’OMS/Europe. « Ce pays a adopté des politiques de grande envergure, allant de l’investissement dans des centres nationaux de soins cardiaques et de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux à la lutte contre le tabagisme et à la réduction de la consommation de boissons sucrées. Ces efforts ont déjà un impact positif sur la santé publique. »
Prévention des accidents vasculaires cérébraux et des crises cardiaques
Les MNT, dont les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies respiratoires chroniques et le diabète, constituent la plus grande menace pour la santé dans la Région européenne, où elles sont responsables de 90 % des décès. Nombre de ces décès peuvent être évités grâce à des politiques fondées sur des bases factuelles et des interventions ciblées.
« Comme le montrent les indicateurs de suivi des progrès, le Kazakhstan a intégralement mis en œuvre 50 % des politiques recommandées par l’OMS pour lutter contre les MNT, et en a partiellement mis en œuvre 36 %. Je félicite également le Kazakhstan d’avoir mené pour la première fois l’enquête STEPS, l’outil de référence de l’OMS servant à mesurer la prévalence des MNT et de leurs facteurs de risque. Il s’agit d’une avancée majeure pour garantir que des données de haute qualité, pouvant être comparées au niveau international, sont disponibles afin d’inspirer les interventions nationales en faveur de la santé », ajoute le docteur Weiler.
Conscient du lourd fardeau représenté par les maladies cardiovasculaires, le Kazakhstan a réalisé d’importants investissements pour des centres spécialisés dans les soins cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, et ce sur tout son territoire. Entre 2017 et 2024, le nombre de laboratoires de cathétérisme permettant des interventions cardiaques qui sauvent des vies a considérablement augmenté, passant de 31 à 49 dans le pays. Les 83 centres d’urgence pour les accidents vasculaires cérébraux, en activité dans différentes régions du pays, ont permis de réduire considérablement la mortalité et les invalidités consécutives aux accidents vasculaires cérébraux, lesquels sont des situations d’urgence absolue où une intervention médicale rapide est essentielle pour sauver des vies et améliorer les résultats obtenus.
Le Kazakhstan a également enregistré des succès en matière de chirurgie de pointe, notamment en ce qui concerne les greffes cardiaques et pulmonaires, devenant ainsi chef de file des pays d’Asie centrale dans ce domaine. Depuis 2012, plus de 600 dispositifs d’assistance ventriculaire soutenant la fonction de pompe du cœur ont été implantés avec succès.
En 2025, la communauté des chirurgiens cardiaques du pays a célébré une étape importante : la 100e transplantation cardiaque au Kazakhstan.
Diagnostic et dépistage précoces
Le Kazakhstan a élargi ses programmes de dépistage pour détecter les MNT à un stade précoce. Dans le cadre du système national de santé, les dépistages portent sur 8 maladies, dont l’hypertension, les maladies coronariennes, le diabète et plusieurs types de cancer.
Rien qu’en 2024, le Kazakhstan a atteint une couverture impressionnante en matière de dépistage des cancers du sein et des cancers colorectaux, atteignant 70 % des populations cibles, ce qui constitue l’une des plus grandes réussites de l’histoire du pays.
« Le diagnostic précoce, une intervention médicale rapide et le soutien aux patients restent des priorités absolues du programme national de santé du Kazakhstan, ce qui permet d’améliorer les résultats en matière de santé publique », a expliqué le docteur Timur Sultangaziyev, premier vice-ministre de la Santé du Kazakhstan.
« En 2023, l’espérance de vie dans le pays avait atteint 75,09 ans, contre 74,44 ans en 2022. Les taux de mortalité se sont également améliorés : après avoir atteint un pic de 9,6 pour 1 000 personnes en 2021, le taux a été en constant recul, jusqu’à 6,5 en 2023 et 2024. »
En outre, l’introduction de tests de dépistage du papillomavirus humain (PVH) vise à renforcer les efforts de détection précoce du cancer du col de l’utérus, soulignant la volonté du Kazakhstan d’aligner les pratiques des soins de santé sur les normes internationales. En septembre 2024, le Kazakhstan a lancé une campagne nationale de vaccination contre le PVH ciblant les filles de 11 ans et une vaccination de rattrapage pour les filles de 12-13 ans. En janvier 2025, plus de 116 000 filles (33,4 % de l’objectif) avaient été vaccinées, ce qui constitue une étape importante pour protéger les générations futures contre le cancer du col de l’utérus.
Lutte contre les facteurs de risque des MNT : tabagisme et mauvaise alimentation
Au-delà des interventions médicales, le Kazakhstan s’est attaché à lutter contre les principaux facteurs de risque des MNT, notamment le tabagisme, une mauvaise alimentation et une consommation excessive de sucre.
Les mesures de lutte contre le tabac introduites par ce pays font partie des interventions les plus strictes de la région post-soviétique. Parmi les principales politiques, citons une interdiction de fumer en public, des avertissements sanitaires percutants sur les emballages des produits du tabac, des augmentations de taxes, des restrictions concernant la mise en vente de tabac, et une interdiction totale des cigarettes électroniques et des dispositifs de vapotage. Ces mesures ont entraîné, ces 10 dernières années, une baisse notable de la prévalence du tabagisme, estimée aujourd’hui à environ 20 %.
En outre, le Kazakhstan a pris des mesures importantes pour limiter la consommation de boissons sucrées, un facteur connu d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires. Les importantes mesures qui ont été décidées sont notamment le bannissement de la vente de boissons sucrées dans les écoles et une loi de 2024 qui interdit la vente de boissons énergisantes aux personnes âgées de moins de 21 ans.
La collaboration avec l’OMS/Europe et les prochaines étapes
Malgré ces progrès encourageants, il reste des domaines où des mesures sont nécessaires. « Pour l’instant, il n’y a presque pas de politiques visant à réduire la teneur en sel et à restreindre le marketing de produits peu sains pour les enfants au Kazakhstan, et les réglementations sur les substituts du lait maternel et les acides gras trans ne sont que partiellement mises en œuvre. C’est ce à quoi le gouvernement envisage de remédier à l’avenir pour renforcer les politiques contre les MNT », déclare le docteur Sultangaziyev.
« La collaboration avec l’OMS/Europe a joué un rôle déterminant dans l’élaboration des stratégies de prévention et de traitement des MNT au Kazakhstan », ajoute-t-il.
Fortement engagé en faveur de politiques fondées sur des données, le pays continue d’investir dans ses registres des cancers et ses systèmes d’information sanitaire, outils essentiels pour prendre des décisions inspirées de bases factuelles et progresser vers la concrétisation des objectifs de développement durable des Nations Unies et du deuxième Programme de travail européen de l’OMS pour 2026-2030.
La poursuite des investissements dans la prévention et la maîtrise des MNT, l’innovation et la collaboration internationale sera essentielle pour maintenir cette dynamique positive.