« Nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que nos clients puissent se protéger et rester en bonne santé. Nous effectuons déjà régulièrement des tests de dépistage du VIH et des contrôles des infections sexuellement transmissibles sur place, et nous avons mis en place un programme efficace de vaccination contre l’hépatite. Après le confinement, nous avons accueilli favorablement et adopté le programme de passe sanitaire pour la COVID-19 après le confinement, et nous avons continué à demander des preuves de vaccination et des résultats de tests négatifs longtemps après que ces exigences ont été levées. Nous sommes tout aussi engagés envers la santé de nos clients avec la flambée de variole du singe. »
Jamie HP organise depuis plus de 10 ans 2 événements hebdomadaires à caractère sexuel à Londres (Royaume-Uni). Chacun d’eux attire plus de 450 hommes de tous âges.
Lorsque la flambée de variole du singe s’est déclarée en Europe, Jamie s’est rendu compte qu’elle pouvait poser un réel problème à ses clients et à son activité, surtout si peu de temps après les restrictions imposées pendant la pandémie de COVID-19. Cependant, ayant déjà connu auparavant des flambées épidémiques similaires, il était prêt à contribuer à l’endiguement de cette flambée.
Fourniture d’informations et des préservatifs aux visiteurs
Jamie se rappelle la réaction suscitée après la confirmation des premiers cas au Royaume-Uni.
« Nous avons envoyé des messages aux membres inclus dans notre base de données, leur délivrant des conseils sur les mesures à prendre en cas de variole du singe. Nous avons également mis au point une vidéo d’information qui a été vue 55 000 fois jusqu’à présent, donnant des détails sur les signes à observer et demandant aux personnes présentant des symptômes de ne pas se rendre sur le lieu de l’événement, mais de s’isoler. Nous avons en outre placardé, sur le site même, des affiches d’information et avons commencé à faire venir un conseiller sanitaire les jours d’événements pour répondre aux questions de nos clients. »
Jamie s’est également adressé personnellement à des groupes d’hommes à leur arrivée sur le lieu de l’événement, les informant des risques de la variole du singe et les encourageant à porter des préservatifs comme mesure de réduction des risques.
« Nous fournissons gratuitement des préservatifs sur place et avons même constaté que leur utilisation a augmenté d’environ 500 %. Nous expliquons à nos clients que même si les préservatifs ne permettent pas nécessairement de prévenir la variole du singe, ils peuvent réduire le risque de développer certains des symptômes douloureux, tels que des lésions dans le rectum ou autour de l’anus, que beaucoup de nos client déclarent avoir déjà subis. »
Les hommes atteints de la variole du singe qui ont déclaré avoir eu des rapports sexuels avec pénétration anale ont également signalé plus fréquemment une proctite, une inflammation douloureuse de la muqueuse du rectum, comme complication de leur maladie.
Encourager la vaccination
Lorsque les vaccins sont devenus disponibles au Royaume-Uni, Jamie a rapidement réagi. Il a commencé à informer ses clients des endroits où ils devaient se rendre et à contacter les autorités sanitaires pour offrir son soutien au programme de vaccination.
« Nous avons envoyé des courriels et des SMS à toutes les personnes pouvant être vaccinées, en leur indiquant les cliniques du pays qui disposaient de stocks de vaccins afin que nos clients puissent prendre rendez-vous pour recevoir leur injection. Grâce à nos efforts, plus de 1000 hommes se sont fait vacciner dans une seule clinique sans rendez-vous de Londres. »
« J’ai également contacté l’Agence britannique de sécurité sanitaire et proposé notre lieu d’événement comme site pour la vaccination contre la variole du singe. Nous avions déjà collaboré en 2017, lors d’une flambée d’hépatite A à Londres, et nous avions réussi ensemble à vacciner près de 200 hommes en une journée sur notre lieu d’événement, ce qui avait permis de mettre fin rapidement à la flambée épidémique. Nous avons même investi dans des entrepôts frigorifiques afin que les vaccins puissent être conservés à la bonne température dans nos locaux, » ajoute-t-il.
Malheureusement, l’approvisionnement en vaccins est limité au niveau international, et le déploiement des vaccins contre la variole du singe n’a pas été aussi rapide ou ordonné que Jamie l’aurait souhaité. De nombreux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes attendent toujours de savoir quand ils pourront se faire vacciner.
« J’ai fait campagne pour que les vaccins soient distribués aux personnes les plus à risque, en faisant pression sur les députés pour déployer les programmes de vaccination principalement dans les endroits fréquentés par de nombreux hommes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples, c’est-à-dire les lieux et établissements de commerce sexuel. »
Une approche différente est nécessaire
Jamie souligne que les autorités sanitaires doivent mener leur riposte à la flambée de variole du singe dans un autre état d’esprit que, par exemple, lors de la pandémie de COVID-19, en considérant le mode de contraction et de propagation de la maladie.
« Comme les hommes fréquentant les lieux et établissements de commerce sexuel le font très souvent parce qu’ils en apprécient l’anonymat, on ne pourra donc pas simplement compter sur la recherche des contacts pour mettre fin à la flambée épidémique. C’est pourquoi il est crucial de cibler l’information et de mettre en place des programmes de vaccination dans ces lieux. »
L’OMS souligne que, si aucune mesure n’est efficace à 100 %, les interventions combinées peuvent avoir un impact important.
Jamie insiste sur le besoin réel d’informations supplémentaires, car nombre de ses clients sont inquiets au sujet de la variole du singe et se tournent vers lui et son club pour obtenir des conseils.
« Il m’est arrivé de recevoir plus de 100 courriels par jour de clients inquiets de cette maladie. Près d’un tiers de mes clients disent avoir déjà contracté la variole du singe. En d’autres termes, nous devons occuper une position centrale dans le débat relatif à la lutte contre la flambée épidémique et prévenir toute nouvelle transmission. »
La fermeture des sites n’est pas la solution
L’approche proactive et participative adoptée par Jamie HP face à la flambée de variole du singe témoigne du rôle important susceptible d’être joué par les lieux et établissements de commerce sexuel dans la lutte contre cette flambée épidémique. En effet, sans leur participation, le problème pourrait être bien pire.
« La fermeture de tous les lieux et établissements de commerce sexuel ne fera que réduire le problème au silence, et il sera plus difficile de sensibiliser les hommes les plus exposés à l’infection. J’ai déjà eu vent d’une fête privée où tous les participants ont fini par attraper la variole du singe. Les clubs comme le mien peuvent et veulent aider à mettre fin à ce problème. »