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Un nouvel aide-mémoire de l’OMS/Europe montre l’évolution inquiétante de l’obésité infantile à la suite de la pandémie de COVID-19

29 novembre 2024
Communiqué de presse
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Les résultats de la période 2022-2024 présentés dans le nouvel aide-mémoire de l’OMS/Europe, sur la base du 6e cycle de l’Initiative de l’OMS pour la surveillance de l’obésité de l’enfant en Europe (COSI) révèlent des tendances préoccupantes en ce qui concerne la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants âgés de 7 à 9 ans, et ce dans toute la Région européenne de l’OMS. La grande majorité des pays participants n’ont pas été en mesure de réduire leurs niveaux de surpoids et d’obésité par rapport aux estimations précédentes. Dans les pays où des changements sont survenus, les augmentations des niveaux d’obésité ont été plus fréquentes que les diminutions.

Cet aide-mémoire qui, pour la première fois depuis la pandémie de COVID-19, fait le point sur la situation en matière de surpoids et d’obésité chez l’enfant, souligne l’impérieuse nécessité d’appliquer des politiques plus efficaces pour protéger les enfants de ce problème qui prend de l’ampleur, et de préparer ainsi une amélioration de la situation sanitaire pour demain, et un futur plus épanouissant pour tous. 

Aujourd’hui, le surpoids et l’obésité figurent parmi les principales causes d’invalidité et de mortalité, car ils sont en corrélation avec de nombreuses maladies non transmissibles (MNT), depuis les maladies cardiovasculaires et le diabète jusqu’à plusieurs types de cancer. Selon des estimations récentes, ils sont chaque année à l’origine de plus de 1,2 million de décès dans la Région. 

Un panorama régional

Les données réunies dans le cadre du 6e cycle de l’enquête COSI ont été recueillies dans 37 pays et concernent environ 470 000 enfants.

Selon le rapport de ce 6e cycle, 25 % des enfants âgés de 7 à 9 ans présentent un surpoids, et 11 % de l’obésité. Les garçons sont nettement plus touchés que les filles, puisque 27 % d’entre eux sont en surpoids et 13 % obèses, contre respectivement 23 % et 9 % pour les filles. Ces résultats indiquent que le surpoids et l’obésité restent des problèmes de santé publique majeurs dans la Région.

« Malgré des efforts soutenus et des discussions à haut niveau, la prévalence de la surcharge pondérale et de l’obésité chez les enfants de cette tranche d’âge reste alarmante. Les intérêts commerciaux qui entravent les processus décisionnels et retardent la mise en œuvre de politiques efficaces et salutaires constituent une problématique de taille. Il est prouvé que les politiques telles que les restrictions obligatoires au marketing d’aliments peu sains et l’étiquetage obligatoire des produits alimentaires sur le devant de l’emballage sont des outils efficaces pour faire reculer l’obésité infantile. Il est urgent d’intervenir dans tous les pays de la Région européenne de l’OMS pour préserver la santé de la prochaine génération, aujourd’hui et demain », déclare le docteur Kremlin Wickramasinghe, conseiller régional de l’OMS/Europe pour la nutrition, l’activité physique et l’obésité.

Dans les pays participants, les niveaux de surcharge pondérale oscillent entre 9 % et 42 % et les niveaux d’obésité entre 3 % et 20 %. Dans plus de la moitié des pays, au moins 1 enfant sur 10 présente de l’obésité. Dans plusieurs pays, environ 1 enfant sur 3 – voire plus – est en surcharge pondérale.

L’après-COVID : caractéristiques et tendances

Le dernier cycle de collecte de données apporte un éclairage intéressant sur la situation en matière de surcharge pondérale et d’obésité chez l’enfant à la suite de la pandémie de COVID-19. 

Des hausses statistiquement significatives de la prévalence de l’obésité ont été observées dans 4 pays (la Finlande, Malte, la Slovénie et la Suède), tandis que seul Saint-Marin a enregistré une baisse. 

En ce qui concerne la surcharge pondérale, on constate une augmentation dans 4 pays (la Bulgarie, Malte, la Slovénie et la Suède) ; tandis que 4 autres (l’Espagne, la Grèce, Israël et l’Italie) enregistrent une diminution.

Ceci laisse à penser que la pandémie a aggravé le problème dans certaines parties de la Région.

Si certains pays montrent des signes d’amélioration, les statistiques soulignent la nécessité de déployer des efforts soutenus pour lutter contre le surpoids et l’obésité chez l’enfant, tant au niveau national qu’au niveau régional.

Réagir 

Les résultats du 6e cycle de l’enquête COSI fournissent des informations essentielles pour inspirer des politiques de santé publique visant à faire baisser les niveaux de surpoids et d’obésité chez l’enfant. Les principales conclusions sont les suivantes.
  • La nécessité d’interventions taillées sur mesure. Des variations significatives entre les pays soulignent l’importance de stratégies localisées pour réagir aux problématiques spécifiques auxquelles est confrontée chaque population.
  • Un accent mis sur la prévention. Les décideurs devraient surtout œuvrer à l’instauration d’environnements propices à une alimentation saine et à une activité physique suffisante, tant pour les enfants en bas âge que pour les enfants d’âge scolaire.
  • Suivi et évaluation. Une veille continue par le biais d’initiatives telles que la COSI est essentielle pour observer les progrès réalisés, révéler les tendances nouvelles et permettre d’arrêter des politiques fondées sur des bases factuelles.

Assurer la santé des enfants pour demain

« Le surpoids et l’obésité chez l’enfant ne constituent pas uniquement des défis sur le plan sanitaire ; au-delà de cela, ils représentent un problème sociétal qui affecte les résultats scolaires, la productivité économique et le bien-être général. Le rapport de la COSI constitue un appel à l’action pour les décideurs, les prestataires de soins de santé et d’autres intervenants, dans toute la Région européenne de l’OMS. Les individus et les familles ne peuvent faire face seuls à cette menace pour la santé. Les politiques qui facilitent des choix plus sains sont essentielles pour enrayer l’épidémie d’obésité », déclare le docteur Gauden Galea, conseiller stratégique auprès du directeur régional pour les maladies non transmissibles et l’innovation à l’OMS/Europe.

Les données de l’enquête COSI sont essentielles pour suivre les progrès accomplis et informer les décideurs alors que les pays se préparent à la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur les MNT, en 2025, qui a pour but d’enrayer la progression de l’obésité et d’atteindre la cible 3.4 des objectifs de développement durable, à savoir réduire d’un tiers la mortalité prématurée due aux MNT. 

L’enquête COSI est aujourd’hui la plus grande initiative de surveillance de l’obésité infantile au monde. Depuis son 1er cycle de collecte de données, en 2007, la COSI s’est considérablement développée, puisqu’elle couvre désormais non plus 13 pays, mais 46. Au total, les 6 cycles de collecte de données ont permis d’établir des statistiques concernant environ 1,7 million d’enfants. 

Cette base de données fournit un tableau précis du surpoids et de l’obésité chez l’enfant au niveau national, ce qui aide les pays à observer les changements au fil du temps, à comparer leurs progrès à ceux des autres nations et à élaborer des politiques plus efficaces et de plus grande envergure.