La conception des villes a des conséquences sur le bien-être physique, mental et social des populations dans le monde. Un nouveau rapport préparé par le Bureau régional de l'OMS pour l'Europe, en collaboration avec le bureau d'études Gehl, présente des moyens de promouvoir l'activité physique et une alimentation saine dans les contextes urbains, plaçant de ce fait la santé et le bien-être au cœur de l'urbanisme.
Les maladies non transmissibles sont une cause majeure de décès et d'incapacités au plan mondial. D'après des études de recherche en santé, 23 % des décès dans le monde, et 26 % de ceux d'enfants de moins de cinq ans sont dus à des facteurs environnementaux pouvant être modifiés. Les accidents vasculaires cérébraux, la diarrhée et les cancers se trouvent en tête de la liste de ces facteurs.
Encourager l'activité physique
Comment les villes peuvent-elles devenir des endroits où il est possible de vivre et de grandir sainement ? La conception des milieux urbains est un aspect essentiel à cet égard : elle peut encourager l'adoption de comportements plus favorables à la santé dans les villes ; c'est également le cas de politiques fortes agissant dans cette direction dans les différents secteurs. Le rapport présente des initiatives et des projets déjà en place, visant à faciliter la pratique de la marche et du vélo, et à augmenter la sécurité dans les villes de la Région européenne de l'OMS.
De nombreuses villes ont utilisé la crise de la COVID-19 pour mettre en œuvre des mesures relatives aux transports urbains, à la mobilité et à l'accès à des espaces naturels et verts en milieu urbain. À Tbilissi (Géorgie), plusieurs événements ont été organisés pour sensibiliser aux nuisances causées par les émissions de gaz dues à la circulation automobile. Ils consistaient notamment à rendre aux piétons l'usage d'une des principales artères de la ville pendant quelques jours, afin de donner aux citoyens la possibilité de découvrir plusieurs options d'utilisation des rues.
La ville de Cork (Irlande) a introduit des éléments ludiques dans l'architecture de ses rues, matérialisés par dix nouvelles aires de détente, des équipements de loisir et des lieux où s'asseoir. Tcherepovets (Fédération de Russie) possède des voies spécifiques d'accès à l'eau en été comme en hiver. La conception des rues tenant compte des trois grands défis sanitaires – la qualité de l'air, l'inactivité physique et la santé mentale – aide à promouvoir la santé mentale des citadins de tous âges et de tous groupes.
Améliorer l'environnement alimentaire en milieu urbain
Le rapport de l'OMS propose que les villes ne se contentent pas d'éduquer les personnes aux meilleurs choix alimentaires et aux bienfaits de l'activité physique, mais mettent également en œuvre des stratégies pour rendre ces choix plus faciles.
Au Danemark par exemple, les aliments frais qui seraient d'ordinaire jetés par les supermarchés sont collectés et transformés en plats tout prêts. Des vendeurs circulant en vélo-cargo emportent ces plats vers des plateformes de transit, où ils sont vendus en tant qu'alternative à l'offre alimentaire nocive à la santé présente dans ces endroits. Le milieu urbain est utilisé pour que les options saines deviennent des choix faciles.
La création d'un nouveau jardin collectif à Lisbonne (Portugal) est une autre intervention qui place l'alimentation au cœur du projet d'espace public. Accueillant un marché des agriculteurs en fin de semaine, les jardins urbains reposent sur l'idée de l'établissement d'un lien entre citoyens locaux et nature, l'enseignement aux enfants des méthodes pour cultiver des légumes, la valorisation de l'importance des produits locaux dans l'alimentation et la préservation d'un régime alimentaire favorable à la santé.
Outils pour des villes plus saines
Il est nécessaire de créer des liens entre les secteurs de la santé, de l'économie, de la politique, de l'environnement et le secteur social, aux niveaux local, régional et national. Une étude a montré que certains lieux alimentaires importants pour certains groupes de population ne sont pas reconnus par les responsables politiques, et que d'autres demeurent inaccessibles à certains groupes. Pour que des décisions plus efficaces, susceptibles de surmonter ces obstacles, soient prises, il convient de parvenir à une connaissance plus globale du système alimentaire et de ses relations avec la santé et les milieux urbains.
Plusieurs outils disponibles peuvent aider à atteindre ce but, en collectant des données montrant comment les personnes se déplacent dans une ville. Un outil émergent de cartographie des ressources alimentaires mesure la présence de ces ressources dans une ville et repère les infrastructures locales en rapport avec l'alimentation, pouvant améliorer la sécurité alimentaire. D'autres ensembles de données s'intéressent à différents aspects du cadre bâti, tels que la pollution de l'air, la qualité des espaces verts et les conditions de sécurité. Les villes peuvent exploiter ces informations pour encourager le mouvement et les choix alimentaires sains.
L'accès à une alimentation favorable à la santé et à des modes de vie actifs a de profonds effets sur le bien-être physique, mental et social des groupes de population dans le monde. Les outils et les exemples mentionnés dans le rapport mettent en lumière les types de mesures dont peuvent s'inspirer les responsables politiques et les urbanistes pour repenser et améliorer leurs villes.
Le rapport a été présenté le 31 août 2022 à Nice (France), pendant la Conférence HEPA Europe, qui est le plus large événement d'Europe sur la promotion de l'activité physique favorable à la santé.