Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres, chers collègues,
Bongiorno.
Lorsque nous avons tenu notre réunion en ligne à Riyad l’année dernière, nous espérions tous qu’à l’heure où je vous parle la pandémie serait maîtrisée.
Or c’est loin d’être le cas. De nombreux pays continuent d’être confrontés à une forte augmentation des cas et des décès, alors que plus de 5 milliards de vaccins ont déjà été administrés dans le monde.
En effet, près de 75 % de ces doses ont été administrées dans dix pays seulement. L’Afrique affiche la couverture vaccinale la plus faible, à 2 %. Cette situation est inacceptable.
L’OMS a fixé comme cibles mondiales qu’au moins 10 % de la population de chaque pays soit vaccinée d’ici la fin du mois, au moins 40 % d’ici la fin de l’année et 70 % de la population mondiale d’ici le milieu de l’année prochaine.
Ces objectifs restent à notre portée, mais uniquement avec l’engagement et le soutien des pays du G20.
Vous êtes les plus grands producteurs, consommateurs et donateurs de vaccins contre la COVID-19 et, partant, c’est vous qui détenez la clé de l’équité vaccinale et de la possibilité de mettre fin à la pandémie.
Nous ne pouvons pas laisser une pandémie d’une telle ampleur se reproduire.
Et nous ne pouvons pas laisser une telle injustice se reproduire.
Comme vous le savez, plusieurs rapports et examens de la riposte mondiale à la pandémie ont été réalisés, notamment le rapport du Groupe de haut niveau du G20.
Quels que soient les structures et les mécanismes qui émergeront, l’OMS est d’avis qu’ils doivent reposer sur plusieurs principes fondamentaux :
Ils devront bénéficier de l’engagement des pays, qui devront se les être pleinement appropriés.
Ils devront être multisectoriels et mobiliser des partenaires issus de tous les secteurs relevant de l’approche « Une seule santé ».
Ils devront être liés au mandat constitutionnel de l’OMS et pleinement alignés sur celui-ci, plutôt que de créer des structures parallèles.
Ils devront être en harmonie avec le Règlement sanitaire international (2005) et les autres instruments internationaux.
Et ils devront être transparents et associés à un système de responsabilisation.
Sur la base de ces principes, nous envisageons quatre domaines d’action essentiels.
Premièrement, une amélioration de la gouvernance mondiale.
Il existe plusieurs propositions pour de nouvelles structures de gouvernance. Nous soutenons fermement une mobilisation politique de haut niveau en matière de préparation et de riposte aux pandémies. Il est essentiel que tout nouveau mécanisme soit inclusif, équitable et associé à un système de responsabilisation.
Nous sommes convaincus qu’un instrument international sur la préparation et la riposte aux pandémies renforcera les bases de la coopération mondiale, en fixant des règles et en améliorant la solidarité entre les nations.
La stratégie du chacun pour soi n’a pas fonctionné cette fois-ci, et elle ne fonctionnera pas la prochaine fois.
Deuxièmement, un renforcement du volume et de la qualité du financement pour la préparation et la riposte aux niveaux national et mondial.
Il est essentiel que tout mécanisme de financement s’appuie sur les institutions financières existantes, plutôt que d’en créer de nouvelles, qui ne feraient que fragmenter plus encore l’architecture mondiale de la santé.
Troisièmement, une amélioration des systèmes et des outils relevant de l’approche « Une seule santé ».
L’OMS a déjà pris des mesures pour commencer à mettre en place certains de ces outils.
Comme vous le savez, la semaine dernière à Berlin, j’ai eu l’honneur d’inaugurer, avec Madame la Chancelière Merkel, le Centre d’information de l’OMS sur les pandémies et les épidémies, et d’autres initiatives sont en cours d’élaboration.
Et quatrièmement, une OMS renforcée, dotée des moyens d’agir et durablement financée, placée au cœur de l’architecture mondiale de la santé, afin qu’elle puisse mener à bien son vaste mandat constitutionnel.
Avec 194 États Membres et 152 bureaux de pays, l’Organisation a une portée et une légitimité à nul autre pareils dans le monde.
Mais au fil des décennies, elle a été progressivement affaiblie par un déséquilibre handicapant entre les contributions fixées et les contributions volontaires à objet désigné, qui fausse son budget et limite sa capacité à fournir ce que ses États Membres attendent d’elle.
Il est essentiel de remédier à ce déséquilibre si l’on veut que l’OMS soit l’institution indépendante et faisant autorité dont le monde a besoin.
Mesdames et Messieurs les Ministres, chers collègues et amis,
Je terminerai en vous adressant trois demandes concrètes.
Tout d’abord, soutenez la réalisation des objectifs de l’OMS en matière de vaccination dans le monde, en échangeant des livraisons prévues à court terme pour qu’elles soient livrées au Mécanisme COVAX, en respectant vos engagements de partage des doses au plus tard à la fin de ce mois, et en facilitant le partage de la technologie, du savoir-faire et de la propriété intellectuelle pour renforcer la capacité de fabrication de vaccins au niveau régional.
Deuxièmement, apportez votre soutien à l’élaboration et à l’adoption d’un accord international juridiquement contraignant sur la préparation et la riposte aux pandémies, en tant qu’engagement envers les générations futures.
Et troisièmement, renforcez l’OMS en soutenant les initiatives qui consolident son mandat et en vous engageant, de façon historique, à inverser le déséquilibre que l’on constate actuellement entre les contributions fixées et les contributions volontaires.
Enfin, je suis d’accord avec Monsieur Speranza : carpe diem !
Je vous remercie encore une fois et je suis impatient de discuter avec vous.
Grazie mille.