Bonjour, bon après-midi et bonsoir.
Comme vous le savez, samedi a marqué la fin de la première Assemblée mondiale de la Santé en présentiel depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Comme à l’accoutumée, les États Membres de l’OMS ont abordé un large éventail de questions.
Toutefois, la décision la plus importante de la semaine a été l’adoption par l’Assemblée de la Santé d’une résolution historique visant à augmenter les contributions fixées (les cotisations versées par les pays) à une cible de 50 % de notre budget de base d’ici la fin de la décennie, contre seulement 16 % actuellement.
Ce changement donnera à l’OMS la souplesse et la prévisibilité nécessaires pour planifier des programmes à long terme dans les pays, et pour attirer et retenir les personnes dont nous avons besoin pour mettre en œuvre ces programmes.
Parallèlement à cela, l’OMS s’est engagée à renforcer la gouvernance, la responsabilisation et l’efficacité.
L’Assemblée de la Santé a également pris d’importantes décisions sur le renforcement de la préparation et de la riposte de l’OMS aux situations d’urgence sanitaire, notamment en apportant des modifications ciblées au Règlement sanitaire international.
Outre un nouvel accord international sur la préparation aux pandémies, un RSI affiné sera un élément essentiel d’une architecture mondiale plus solide en matière de préparation et de riposte aux situations d’urgence sanitaire.
Je suis également profondément touché et honoré que les États Membres m’aient élu pour un second mandat.
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Les cas et les décès signalés dus à la COVID-19 continuent de baisser à l’échelle mondiale, toutefois cette tendance doit être interprétée avec prudence, car de nombreux pays ont réduit le nombre de tests qu’ils effectuent, ce qui réduit le nombre de cas détectés.
Et nous observons des tendances inquiétantes dans plusieurs Régions. En effet, le nombre de cas et de décès notifiés augmente dans la Région des Amériques, tandis que les décès augmentent également dans la Région du Pacifique occidental et en Afrique.
Encore une fois, la pandémie n’est pas terminée. Nous continuons d’exhorter tous les pays à maintenir des services de dépistage et de séquençage, afin de savoir où se propage le virus et comment il évolue.
Et nous appelons tous les pays à vacciner l’ensemble des personnels de santé, les personnes âgées et les autres groupes à risque.
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Passons maintenant à une mise à jour sur la variole du singe.
Plus de 550 cas confirmés ont désormais été signalés à l’OMS par 30 pays qui ne sont pas des pays d’endémie de la maladie.
Des investigations sont en cours, mais l’apparition soudaine de la variole du singe dans de nombreux pays en même temps suggère qu’il pourrait y avoir eu une transmission non détectée depuis un certain temps.
Jusqu’à présent, la plupart des cas qui ont été signalés concernent des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes qui ont présenté des symptômes dans des centres de santé sexuelle.
Ces communautés déploient des efforts considérables pour informer leurs membres des risques de la variole du singe et prévenir la transmission.
Cependant, nous devons tous travailler d’arrache-pied pour lutter contre la stigmatisation, qui est non seulement inacceptable, mais qui pourrait également empêcher les personnes infectées de solliciter des soins, et compliquer les efforts visant à stopper la transmission.
L’OMS exhorte les pays touchés à élargir leur surveillance et à rechercher des cas dans l’ensemble de la communauté.
Toute personne peut être infectée par la variole du singe en cas de contact physique étroit avec une autre personne infectée.
La situation évolue, et selon nos prévisions d’autres cas continueront d’être détectés.
Il est important de se rappeler qu’en général, les symptômes de la variole du singe disparaissent d’eux-mêmes, mais peuvent être graves dans certains cas.
L’OMS continue de recevoir des mises à jour sur le statut des flambées de variole du singe en cours dans les pays d’Afrique où le virus est endémique.
Les priorités de l’OMS sont désormais les suivantes : premièrement, fournir des informations précises aux groupes les plus exposés au risque de contracter la variole du singe ;
Deuxièmement, prévenir toute nouvelle propagation parmi les groupes à risque ;
Troisièmement, protéger les personnels de santé en première ligne ;
Et quatrièmement, mieux comprendre cette maladie.
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Passons maintenant à l’Ukraine.
Après cent jours de guerre, le système de santé ukrainien est soumis à une forte pression.
Face à la détérioration de la situation sanitaire, l’OMS a renforcé sa présence en Ukraine et dans les pays accueillant des personnes déplacées.
Depuis le début de l’invasion menée par la Fédération de Russie, l’OMS a livré plus de 515 tonnes de fournitures et de matériels médicaux et a formé plus de 1300 agents de santé à la chirurgie de traumatologie, à la prise en charge de victimes en grand nombre, des brûlures et de l’exposition à des produits chimiques.
Pendant ce temps, le nombre d’attaques contre les établissements de soins de santé continue d’augmenter.
Hier, l’OMS avait vérifié 269 attaques ciblant des structures médicales en Ukraine, qui ont fait 76 victimes et 59 blessés.
Les services de santé ne doivent jamais être une cible.
Nous continuons d’appeler la Fédération de Russie à mettre fin à la guerre.
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L’invasion de l’Ukraine a gravement perturbé l’approvisionnement alimentaire, aggravant encore le risque de famine dans le monde. Le changement climatique et les conditions météorologiques extrêmes viennent s’ajouter à cette situation.
La Corne de l’Afrique connaît aujourd’hui l’une des pires sécheresses de l’histoire récente.
Il existe un risque élevé de famine et de malnutrition, touchant gravement environ 15 à 20 millions de personnes au Kenya, en Somalie et en Éthiopie. Les populations de Djibouti, d’Érythrée, d’Ouganda, du Soudan du Sud et du Soudan sont également touchées.
Des dizaines de milliers de familles sont forcées de quitter leurs maisons à la recherche de nourriture, d’eau et de pâturages.
La faim et la sous-nutrition augmentent considérablement les risques pour la santé, en particulier pour les femmes enceintes et allaitantes, les nouveau-nés, les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées ou vivant avec des maladies non transmissibles.
Les déplacements massifs et le manque d’accès à l’eau potable, à des conditions d’hygiène et d’assainissement signifient que le risque de flambées est très réel.
Ceci est particulièrement inquiétant chez une population déjà sous-vaccinée et ayant peu accès aux services de santé.
La nourriture n’est pas la seule pénurie qui sévit. Au Tigré, (Éthiopie), les blocus ont provoqué une pénurie de carburant qui paralyse le système de santé.
Plus de 6 millions de personnes sont toujours assiégées par les forces éthiopiennes et érythréennes, après plus de 18 mois. Bien que certaines denrées alimentaires soient livrées, ce n’est pas suffisant ; les services essentiels restent indisponibles et la région est coupée du reste du monde.
L’hôpital Ayder de Mekelle, le seul hôpital de référence de la région, risque de fermer ses portes du fait du manque de carburant permettant de faire fonctionner les groupes électrogènes et les ambulances.
L’hôpital manque cruellement de fournitures de base, notamment les liquides administrés en intraveineuse et les antibiotiques, tandis que selon certaines informations, le personnel hospitalier serait en train de s’effondrer à cause de la faim.
Cet hôpital dessert une population de 6 millions de personnes et effectue des milliers d’opérations chirurgicales et d’accouchements chaque année.
L’OMS fait de son mieux pour aider, mais la seule solution à cette situation inhumaine – comme en Ukraine – est la paix.
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Enfin, hier, nous avions célébré la Journée mondiale sans tabac.
Le tabac fait plus de 8 millions de morts chaque année.
Toutefois, nous réalisons de véritables progrès. En effet le tabagisme continue de diminuer et 60 pays sont en voie d’atteindre la cible consistant à réduire de 30 % la consommation de tabac d’ici 2025.
Plus de 100 pays ont désormais imposé des mises en garde sanitaires illustrées sur le conditionnement des produits du tabac, 18 pays ont introduit des conditionnements neutres et 9 autres sont sur la voie de mettre en place de telles mesures.
Mais le tabac ne nuit pas seulement à la santé humaine ; il nuit également à la santé de notre environnement.
Une nouvelle étude de l’OMS a indiqué que chaque année, l’industrie du tabac est responsable de la destruction de 600 millions d’arbres, de l’émission de 84 millions de tonnes de CO2, de la destruction de 200 000 hectares de terres et de la perte de 22 milliards de tonnes d’eau.
Les effets se font surtout sentir dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Comme le souligne notre nouveau rapport, le tabac est un poison pour les individus et la planète. Il est temps de mettre fin à cette habitude mortelle.
Fadela, vous avez la parole.