Bonjour, bon après-midi et bonsoir. ‎

Hier, j’ai eu l’honneur d’être à Madrid aux côtés du Roi Felipe VI et du ‎Premier ministre Pedro Sánchez à l’occasion des commémorations ‎organisées par l’Espagne en hommage aux personnes fauchées par la ‎COVID-19 et aux agents de santé qui luttent contre la pandémie. ‎

Plus tôt dans la semaine, j’ai également eu le privilège d’être avec le ‎Président Macron à Paris pour les célébrations de la Fête nationale, ‎qui ont notamment mis à l’honneur les agents de santé héroïques de ‎la France.‎

Ces deux pays fournissent de bons exemples des quatre éléments ‎essentiels de la riposte : des dirigeants fermes et humbles, la ‎participation de la communauté, la suppression de la transmission et ‎la préservation des vies.‎

Du reste, ils reconnaissent tous les deux, et à juste titre, l’incroyable ‎contribution des agents de santé.‎

L’OMS salue l’augmentation de salaire annoncée lundi pour les agents ‎de santé français.‎

La pandémie nous a montré qu’il n’y a pas de santé sans agents de ‎santé.‎

J’ai été particulièrement touché hier à Madrid par un discours ‎prononcé par une infirmière appelée Aroa López.‎

Je souhaite vous en lire quelques passages.‎

‎« Nous avons tout donné. Nous avons travaillé jusqu’à la limite de ‎l’épuisement. Et une fois de plus, nous avons compris – peut-être ‎mieux que jamais – pourquoi nous avons choisi cette profession : ‎prendre soin des gens et sauver des vies. »‎

‎« Nous avons été les messagers des derniers adieux aux personnes ‎âgées qui sont mortes seules, en entendant la voix de leurs enfants au ‎téléphone. Nous avons passé des appels vidéo, nous leur avons tenu la ‎main et nous avons dû ravaler nos larmes quand quelqu’un disait : ‎‎"Ne me laissez pas mourir seul". »‎

Mme López a terminé son propos en lançant un appel :‎

‎« Je veux demander aux autorités de défendre les soins de santé pour ‎tous. Se rappeler qu’il n’y a pas de meilleur hommage à celles et ceux ‎qui ne sont plus parmi nous que de protéger notre santé et de veiller à ‎la dignité de nos professions. »‎

Nous avons tous une dette énorme envers les agents de santé. Pas ‎seulement parce qu’ils ont pris soin des malades, mais parce qu’ils ont ‎risqué leur propre vie dans l’exercice de leurs fonctions. ‎

Jusqu’à présent, les agents de santé représentent environ 10 % de tous ‎les cas dans le monde. ‎

Nombre d’entre eux souffrent également d’épuisement physique et ‎psychologique après des mois de travail dans des milieux ‎extrêmement stressants. ‎

Pour soutenir les agents de santé, l’OMS a publié des orientations et ‎des programmes de formation sur la façon dont ils peuvent se ‎protéger.‎

Nous pilotons également la recherche pour mieux comprendre ‎l’étendue de l’infection chez les agents de santé et les facteurs de ‎risque d’infection.‎

Nous expédions en outre des millions de pièces d’équipement de ‎protection dans le monde entier et nous veillons à ce que les ‎établissements de santé soient bien équipés.‎

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Bien que la COVID-19 ait, à juste titre, attiré l’attention de la ‎communauté internationale, nous devons également nous rappeler ‎que ce n’est pas la seule crise à laquelle le monde est confronté.‎

De nombreux pays, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient, ‎subissent encore le contrecoup d’années de conflits et d’autres crises ‎humanitaires.‎

La COVID-19 menace d’aggraver bon nombre de ces crises.‎

La pandémie et les restrictions mises en place pour en venir à bout ‎prélèvent un lourd tribut sur 220 millions de personnes qui se ‎trouvent dans des situations d’urgence prolongées.‎

Bien qu’il soit trop tôt pour évaluer pleinement l’incidence des ‎confinements et des autres mesures prises pour endiguer la maladie, ‎la faim pourrait toucher jusqu’à 132 millions de personnes ‎supplémentaires en 2020. Elles viendraient s’ajouter aux 690 millions ‎de personnes qui en souffraient l’année dernière.‎

De profondes coupes budgétaires dans l’éducation et la progression de ‎la pauvreté du fait de la pandémie pourraient contraindre au moins ‎‎9,7 millions d’enfants à quitter définitivement l’école d’ici la fin de ‎cette année et faire prendre du retard à des millions d’autres.‎

Les répercussions économiques de la pandémie dans les contextes ‎humanitaires peuvent aggraver des conditions de vie déjà ‎désastreuses – plus de déplacements, pénuries alimentaires, risque de ‎malnutrition, diminution de l’accès aux services essentiels, problèmes ‎de santé mentale, etc.‎

Au travers de ses 150 bureaux de pays, l’OMS s’efforce d’appuyer la ‎riposte à la COVID-19, de soutenir la continuité des services de santé ‎essentiels et de veiller à la participation des communautés afin de ‎garantir le maintien de la demande pour ces services.‎

Il est également essentiel qu’en tant que communauté internationale, ‎nous profitions de cette occasion non seulement pour riposter à la ‎pandémie, mais aussi pour construire des systèmes de santé plus ‎résilients et mieux à même de résister à l’impact des urgences ‎sanitaires. ‎

La pandémie nous enseigne que la santé n’est pas un objet de luxe, ‎mais bien le socle sur lequel repose la stabilité sociale, économique et ‎politique. ‎

Il y a trois mois, l’OMS a lancé la nouvelle version de son Plan ‎stratégique de préparation et de riposte, qui donne une estimation des ‎ressources nécessaires pour soutenir son action en lien avec la ‎pandémie.‎

Or, nous savons tous que les effets de la pandémie se font sentir bien ‎au-delà de la santé et qu’il en va de même pour les besoins, en ‎particulier pour les pays les plus pauvres et les plus vulnérables. C’est ‎pourquoi l’ONU a lancé en mars le Plan de réponse humanitaire global ‎COVID-19.‎

J’ai l’honneur aujourd’hui d’accueillir mon ami Mark Lowcock, ‎Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires ‎et Coordonnateur des secours d’urgence, pour présenter la mise à jour ‎de ce plan. ‎

Le Plan de réponse humanitaire global tient compte des besoins ‎humanitaires immédiats qui découlent de la COVID-19 ou que celle-ci ‎a aggravés dans 63 pays prioritaires qui étaient déjà confrontés à des ‎crises humanitaires. ‎

Si nous ne parvenons pas à faire face aux répercussions plus larges de ‎la pandémie, nous risquons une crise encore plus grave que celle ‎provoquée par le virus lui-même.‎

Mark, merci de vous joindre à nous aujourd’hui. Vous avez la parole.‎

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LE DIRECTEUR GÉNÉRAL A FAIT LES REMARQUES SUIVANTES À LA FIN ‎DU POINT DE PRESSE :‎

Au début de cette séance d’information, j’ai cité les paroles ‎prononcées hier par l’infirmière espagnole Aroa López. ‎

Parmi les autres personnes qui sont intervenues lors des ‎commémorations d’hier figurait Fernando Hernandez Calleja, dont le ‎frère est décédé des suites de la COVID-19. Permettez-moi de conclure ‎en citant ses propos. Voici ce qu’il a dit :‎

‎« Plus que la bonté, plus que l’amour, la compassion est l’émotion qui ‎nous rend le plus humains. La compassion nous permet de ‎comprendre la douleur des autres, leurs aspirations déçues, leur ‎tristesse. C’est pourquoi je demande, aujourd’hui, votre compassion. »‎

Je voudrais faire écho à l’appel que Fernando a lancé à l’adresse du ‎monde entier. Plus que tout autre chose, nous vous demandons votre ‎compassion. Cette pandémie ne peut être vaincue que si nous nous ‎unissons et faisons preuve de compassion.‎

Merci et passez un bon week-end.‎