Bonjour, bon après-midi ou bonsoir.

Aujourd’hui, l’OMS publie une mise à jour de son Plan stratégique de préparation, de capacité d’intervention et de riposte à la COVID-19.

Il s’agit de notre troisième plan stratégique pour la lutte contre la COVID-19, et il pourrait et devrait être le dernier. 

Il présente trois scénarios possibles quant à l’évolution de la pandémie cette année.

Sur la base des connaissances actuelles, le scénario le plus probable est que le virus continue d’évoluer, mais que la gravité de la maladie qu’il provoque diminue au fil du temps à mesure que l’immunité augmente grâce à la vaccination et à l’infection.

Des pics périodiques de cas et de décès peuvent se produire lorsque l’immunité diminue, ce qui peut nécessiter l’administration d’une dose de rappel périodique aux populations vulnérables.

Dans le scénario le plus optimiste, nous pourrions voir apparaître des variants moins graves, et les rappels ou les nouvelles formulations des vaccins ne seront pas nécessaires.

Dans le pire des scénarios, un variant plus virulent et hautement transmissible fait son apparition. Face à cette nouvelle menace, la protection de la population contre les formes graves de la maladie et les décès, qu’elle provienne de la vaccination ou d’une infection préalable, diminuera rapidement.

Pour remédier à cette situation, il faudrait modifier considérablement les vaccins actuels et veiller à ce qu’ils bénéficient aux personnes les plus susceptibles de développer une forme grave de la maladie.

Alors, comment faire pour avancer et mettre fin à la phase aiguë de la pandémie cette année ?

Il faut que les pays investissent dans cinq domaines fondamentaux :

Premièrement, la surveillance, les laboratoires et la veille en santé publique ;

Deuxièmement, la vaccination, les mesures de santé publique et les mesures sociales, ainsi que la mobilisation des communautés ;

Troisièmement, la prise en charge clinique des patients atteints de COVID-19, et la résilience des systèmes de santé ;

Quatrièmement, la recherche et le développement, et l’accès équitable aux outils et aux fournitures ;

Et cinquièmement, la coordination, alors que la riposte passe du mode d’urgence à la prise en charge à long terme des maladies respiratoires.

Nous disposons de tous les outils nécessaires pour maîtriser cette pandémie : nous pouvons prévenir la transmission grâce aux masques, à la distanciation, à l’hygiène des mains et à la ventilation.

Et nous pouvons sauver des vies en veillant à ce que chacun ait accès aux tests, aux traitements et aux vaccins.

Une vaccination équitable reste l’outil le plus puissant dont nous disposons pour sauver des vies.

Pour maîtriser la pandémie, il est essentiel de vacciner 70 % de la population de chaque pays, et en priorité les agents de santé, les personnes âgées et les autres groupes à risque.

Je suis surpris que certains membres de la communauté mondiale de la santé considèrent que l’objectif de 70 % n’est plus pertinent.

De nombreux pays à revenu élevé ou intermédiaire ont atteint cet objectif et constatent un découplage entre les cas et les décès.

Alors que certains pays à revenu élevé proposent désormais une quatrième dose à leur population, un tiers de la population mondiale n’a toujours pas reçu la moindre dose, dont 83 % de la population africaine.

Cela n’est pas acceptable pour moi, et cela ne devrait l’être pour personne.

Si les nantis du monde entier bénéficient des avantages d’une couverture vaccinale élevée, pourquoi les pauvres ne le pourraient-ils pas ? Certaines vies ont-elles plus de valeur que d’autres ?

Tout en continuant à lutter contre la pandémie, l’OMS met également en place de nouvelles mesures pour protéger le monde contre de futures épidémies.

Nous lançons aujourd’hui une nouvelle stratégie visant à intensifier la surveillance génomique à l’échelle mondiale des agents pathogènes pouvant entraîner des épidémies et des pandémies.

Et demain, nous lancerons une nouvelle stratégie mondiale pour les arbovirus. Il s’agit de la famille de virus propagés par les moustiques, qui comprend la dengue, le virus Zika, le chikungunya et la fièvre jaune, et qui constitue une menace pour plus de la moitié de la population mondiale.

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Passons maintenant à l’Ukraine.

L’OMS continue de travailler avec ses partenaires locaux et internationaux pour acheminer des fournitures médicales dans les zones les plus durement touchées de l’Ukraine.

L’OMS a déjà livré environ 160 tonnes de fournitures.

Nous continuons à exiger la garantie de pouvoir acheminer en toute sécurité des fournitures à Marioupol et dans d’autres villes assiégées.

Nous avons également publié des orientations concernant les dons, y compris une liste de fournitures essentielles qui sont nécessaires de toute urgence.

Nous sommes scandalisés d’observer que les attaques contre les structures médicales se poursuivent.

Depuis le début de l’invasion par la Fédération de Russie, on dénombre 82 attaques contre des structures médicales, qui ont fait au moins 72 morts et 43 blessés, parmi lesquels des patients et des agents de santé.

Les attaques contre les structures médicales constituent une violation du droit international humanitaire et doivent cesser immédiatement.

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Passons maintenant à l’Afghanistan.

Au Qatar, cette semaine, je participe à deux réunions dont le but est de soulager les souffrances du peuple afghan.

Hier, j’ai participé à une réunion organisée par l’OMS et l’UNICEF pour discuter de la manière de répondre aux besoins de l’Afghanistan en matière de santé.

Et demain, je prendrai la parole lors d’un événement de haut niveau visant à collecter des fonds pour soutenir l’action humanitaire en Afghanistan.

Plus de 24 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire cette année.

Elles sont exposées aux déplacements, à la sécheresse, à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition, à la COVID-19 et à de nombreux autres problèmes de santé.

L’année dernière, le conflit a fortement perturbé le fonctionnement des services de santé essentiels et provoqué un exode massif du personnel de santé.

Les femmes et les filles sont particulièrement menacées par le manque d’accès aux services de santé et à l’éducation.

La décision prise la semaine dernière d’interdire l’accès des filles à l’école est très inquiétante.

L’OMS reste sur le terrain, et nous demeurons déterminés à protéger et à promouvoir la santé de la population afghane.

Nous avons besoin que les donateurs fassent de même. Investir dans la santé et l’éducation en Afghanistan, c’est investir dans l’avenir de personnes qui souffrent énormément.

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Passons maintenant à l’Éthiopie.

Nous nous félicitons de l’annonce, la semaine dernière, d’une trêve humanitaire au Tigré, et nous espérons qu’elle conduira à un rétablissement rapide des services publics, notamment l’électricité, les télécommunications, les services bancaires et les soins de santé.

Cependant, une semaine s’est écoulée depuis l’annonce de la trêve et aucune denrée alimentaire n’a encore été autorisée à pénétrer au Tigré. Chaque heure compte quand des gens meurent de faim.

Aucune denrée alimentaire n’est parvenue au Tigré depuis la mi-décembre, et pratiquement pas de carburant n’a été livré depuis le mois d’août de l’année dernière.

Le siège de la région du Tigré par les forces érythréennes et éthiopiennes pendant plus de 500 jours, qui concerne 6 millions de personnes, est l’un des plus longs de l’histoire moderne.

Pour que l’OMS puisse continuer à apporter une réponse à toutes ces situations d’urgence, de la pandémie de COVID-19 à l’Ukraine, en passant par l’Afghanistan, l’Éthiopie et bien d’autres, elle a besoin de la générosité des donateurs.

Dans le cadre de l’appel d’urgence sanitaire mondial lancé par l’OMS pour 2022, nous avons besoin de 2,7 milliards de dollars USD pour sauver des vies et atténuer les souffrances dans le monde.

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Enfin, permettez-moi de terminer par une bonne nouvelle.

La pandémie de COVID-19 a démontré l’importance pour chaque pays de disposer d’un approvisionnement fiable en médicaments et vaccins sûrs et de qualité garantie, soutenu par une autorité nationale de réglementation forte.

Hier, l’OMS a déclaré que les autorités de réglementation des produits médicaux de l’Égypte et du Nigéria avaient atteint le niveau de maturité 3.

Cela signifie que ces organismes obtiennent de bons résultats au regard d’un ensemble de plus de 260 indicateurs, allant de l’autorisation des médicaments et des vaccins aux essais, en passant par la surveillance du marché et la capacité à détecter les événements indésirables.

L’Égypte et le Nigéria rejoignent le Ghana et la Tanzanie dans la liste des pays africains dont les systèmes réglementaires sont stables et fonctionnent bien. D’autres autorités de réglementation sont en cours d’évaluation dans toutes les Régions.  

Pour atteindre ce niveau, d’importants investissements sont nécessaires et nous remercions pour leur engagement les gouvernements qui collaborent avec l’OMS, notamment Singapour, qui a obtenu le niveau de maturité 4 le mois dernier.

Ces évaluations sont représentatives d’une grande partie du travail de l’OMS : elles ne font pas souvent les gros titres, mais elles déterminent dans une large mesure la capacité d’un pays à fournir des produits médicaux sûrs, efficaces et conformes aux normes internationales de qualité.

Christian, je vous rends la parole.