Aperçu de la situation
Description de la situation
La flambée de maladie à virus Ebola (MVE) se poursuit avec une intensité modérée. Katwa et Butembo demeurent les principales zones sanitaires inquiétantes, tandis que de petites grappes continuent d’apparaître dans diverses zones géographiquement dispersées. Au cours des 21 derniers jours (30 janvier - 19 février 2019), 79 nouveaux cas ont été notifiés dans 40 secteurs de 12 zones sanitaires (Figure 1) : Katwa (46), Butembo (15), Kyondo (4), Vuhovi (4), Kalunguta (2), Oicha (2), Biena (1), Mabalako (1), Manguredjipa (1), Masereka (1), Mutwanga (1) et Rwampara (1).1
Aucun nouveau cas n’a été notifié à Beni ces trois dernières semaines. C’est un progrès remarquable compte tenu de l’intensité de la flambée dans ce secteur auparavant. Ailleurs, l’évolution de l’incidence (Figure 2) est encourageante. Cependant, d’autres indicateurs (comme la proportion toujours élevée de décès dans les communautés, les retards persistants dans la détection des cas, le fait avéré que de nombreux cas se déplacent localement et le nombre relativement faible de cas parmi les contacts sous surveillance) suggèrent qu’il existe un fort risque de nouvelles chaînes de transmission dans les communautés touchées. Les équipes d’intervention doivent rester très vigilantes dans tous les secteurs où le nombre de cas baisse et où des contacts sont recherchés, comme dans les secteurs où il y a des cas avérés, afin de détecter rapidement les nouveaux cas et de prévenir la transmission.
Au 19 février, 848 cas de MVE2 (783 confirmés et 65 probables) avaient été notifiés, dont 57 % (485) étaient des femmes et 30 % (258) étaient des enfants de moins de 18 ans. En tout, 119 des 301 secteurs sanitaires répartis sur les 19 zones sanitaires ont signalé des cas. Le nettoyage des bases de données la semaine passée a permis de corriger le nombre de décès et de personnes qui ont pu quitter les centres de traitement Ebola (CTE). Au total, 529 décès (taux de létalité : 62 %) et 257 survivants ont été comptabilisés à ce jour.
Pour compléter les activités de riposte en cours, le Ministère de la santé met en place un Centre de coordination stratégique à Goma. Ce nouveau centre facilitera la coordination et le suivi des opérations, en collaboration étroite avec des équipes de sous-coordination intervenant dans tous les secteurs touchés. L’ouverture du Centre de coordination stratégique à Goma n’aura pas d’incidence sur les capacités d’intervention sur le terrain car l’OMS et ses partenaires maintiendront pleinement leurs opérations à Beni, à Butembo et à Bunia et seront fortement présents dans toutes les zones sanitaires touchées pour garantir l’efficacité des opérations sur le terrain.
Figure 1 : Cas confirmés et probables de maladie à virus Ebola par secteur sanitaire, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en République démocratique du Congo, données au 18 février 2019

Figure 2 : Cas confirmés et probables de maladie à virus Ebola en fonction de la semaine d’apparition de la maladie, données au 19 février 2019

*Les données des dernières semaines sont sujettes à des retards dans la confirmation et la notification des cas, ainsi qu’au nettoyage en cours des données ; l’évolution au cours de cette période doit être interprétée avec prudence..
Action de santé publique
Pour plus d’informations sur les actions du Ministère congolais de la santé, de l’OMS et des partenaires en matière de santé publique, veuillez consulter les derniers rapports de situation publiés par le Bureau régional OMS de l’Afrique :
Évaluation du risque par l’OMS
L’OMS suit en permanence l’évolution de la situation épidémiologique et du contexte de l’épidémie pour s’assurer que l’appui à la riposte est adapté à l’évolution des circonstances. À l’échelle régionale et nationale, les niveaux de risque restent très élevés, bien que le niveau de risque à l’échelle mondiale reste faible. Cette épidémie de MVE touche essentiellement les provinces du nord-est de la République démocratique du Congo, à la frontière de l’Ouganda, du Rwanda et du Soudan du Sud. Il existe un risque potentiel de transmission de la MVE aux niveaux national et régional en raison des nombreux voyages entre les zones touchées, le reste du pays et les pays limitrophes pour des motifs économiques et personnels, et à cause de l’insécurité. Le pays est actuellement confronté à plusieurs autres épidémies (choléra, poliomyélite dérivée de souches vaccinales, paludisme et rougeole, par exemple) et à une crise humanitaire prolongée. De plus, l’insécurité au Nord-Kivu et en Ituri continue d’entraver la mise en œuvre des activités de riposte.
Comme le risque de propagation nationale et régionale est très élevé, il est important que les provinces voisines et les pays limitrophes renforcent leurs activités de surveillance et de préparation. Le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (RSI 2005) a indiqué que le fait de ne pas intensifier ces activités de préparation et de surveillance entraînerait une détérioration de la situation et favoriserait la propagation. L’OMS continuera de collaborer avec les pays voisins et les partenaires pour s’assurer que les autorités sanitaires sont en état d’alerte et prêtes à riposter sur le plan opérationnel.
Conseils de l’OMS
Trafic international : Sur la base des informations actuellement disponibles, l’OMS déconseille d’instaurer des restrictions aux voyages ou aux échanges commerciaux avec la République démocratique du Congo. Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué pour protéger les populations contre le virus Ebola. Par conséquent, il n’est pas raisonnable d’exiger un certificat de vaccination anti-Ebola pour limiter la circulation transfrontalière ou la délivrance de visas aux passagers quittant la République démocratique du Congo. L’Organisation continue de surveiller attentivement les mesures prises pour les voyages et le commerce en relation avec cet événement, effectuant les vérifications nécessaires le cas échéant. Pour le moment, aucun pays n’a pris de mesures entravant sensiblement les voyages internationaux à destination ou en provenance de la République démocratique du Congo. Les voyageurs doivent demander conseil à leur médecin avant de partir et respecter les règles d’hygiène.
Pour de plus amples informations, voir :
- Déclaration sur la réunion du Comité d’urgence du RSI d’octobre 2018 à propos de la flambée de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo
- Maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo – Préparation opérationnelle dans les pays limitrophes
- Aide-mémoire sur la maladie à virus Ebola
1 Exclut les nouveaux cas probables à la suite d’un reclassement rétrospectif des cas pour lesquels les symptômes sont apparus avant la période considérée. Un cas a été reclassé de Bunia à la zone sanitaire voisine de Rwampara après une enquête plus approfondie sur la localisation du foyer de ce cas.
2 Le nombre de cas est susceptible de changer en raison des reclassements en cours, des enquêtes rétrospectives et de la disponibilité des résultats de laboratoire.