Aperçu de la situation
Description de la situation
L’incidence des cas de maladie à virus Ebola (MVE) en République démocratique du Congo a continué à augmenter cette semaine. Toutefois, la maladie reste confinée dans une zone géographique limitée des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette tendance récente est probablement attribuable, en partie, à des problèmes de sécurité passés ou actuels, à des troubles dans certaines populations locales et à la méfiance persistante des communautés envers les équipes de riposte. On a observé une amélioration de la détection des cas et des activités de riposte dans des endroits dangereux qui étaient auparavant inaccessibles.
Au cours des 21 derniers jours (27 mars-16 avril 2019), de nouveaux cas ont été notifiés dans 55 aires de santé de 11 zones de santé, soit 39 % des 143 aires de santé touchées à ce jour (Tableau 1 et Figure 2). Au cours de cette période, 249 cas confirmés au total ont été notifiés à Katwa (124), Vuhovi (40), Mandima (28), Butembo (24), Beni (16), Oicha (6), Mabalako (5), Kalunguta (2), Masereka (2), Musienene (1) et Lubero (1).
Au 16 avril, 1290 cas de MVE confirmés ou probables au total avaient été notifiés, dont 833 étaient décédés (taux de létalité : 65 %). Parmi ces 1290 cas, pour lesquels on connaissait l’âge et le sexe, 56 % (725) étaient des femmes et 29 % (361) étaient des enfants de moins de 18 ans. Le nombre d’agents de santé touchés a atteint 89 (7 % du nombre total de cas), dont 32 décès. À ce jour, 379 patients qui ont été soignés dans des centres de traitement Ebola (CTE) en sont sortis.
Le 12 avril 2019, le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (RSI) s’est réuni à Genève pour déterminer si la flambée de MVE constituait une urgence de santé publique de portée internationale et pour formuler des recommandations à cet égard. Le Comité d’urgence et le Directeur général de l’OMS ont à nouveau fait part de leur profonde préoccupation concernant l’augmentation récente du nombre de cas dans certaines zones, et du fort risque potentiel de propagation au niveau régional. Cependant, après consultation de plusieurs experts techniques et après examen des données épidémiologiques disponibles, le Comité d’urgence a conclu que la flambée actuelle ne constituait pas une urgence de santé publique de portée internationale. Pour lire l’intégralité de la déclaration de l’OMS sur la réunion du Comité d’urgence du RSI du 12 avril, cliquer ici..
Les efforts de vaccination en cours ont donné quelques résultats prometteurs au cours de la semaine écoulée. Le 12 avril 2019, l’OMS et l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) ont publié une analyse préliminaire de l’efficacité du vaccin rVSV-ZEBOV-GP utilisé dans le cadre de la flambée actuelle (voir le rapport complet ici). Les données semblent indiquer que ce vaccin s’est révélé remarquablement efficace dans la prévention des infections à virus Ebola chez les sujets vaccinés par rapport à ceux qui ne le sont pas. Le Groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE) s’est réuni du 2 au 4 avril 2019 pour étudier les données épidémiologiques et pour formuler de nouvelles recommandations concernant les efforts de vaccination en cours. Il a préconisé de continuer à élargir l’éventail des personnes pouvant bénéficier de la vaccination pour y inclure les nourrissons de moins de 6 mois et les femmes allaitantes – deux populations dans lesquelles les taux d’atteinte et les taux de létalité observés sont particulièrement élevés (pour plus d’informations sur la réunion du SAGE, cliquer ici).
Compte tenu de ces résultats, l’OMS et ses partenaires adaptent la stratégie de vaccination sur le terrain. La recherche des contacts des cas et la vaccination de leurs contacts immédiats connus sont intensifiées et l’accent est mis sur le suivi des contacts des contacts pour veiller à ce que ces personnes à risque soient correctement vaccinées contre la maladie à virus Ebola. Plusieurs méthodes sont actuellement employées pour vacciner les personnes à risque :
- la vaccination site par site sur les lieux de résidence et dans d’autres lieux où des cas se sont rendus ;
- la vaccination simultanée d’agents de santé, d’intervenants en première ligne et d’autres personnes qui travaillent dans des établissements de santé et qui sont exposées à un risque accru ;
- la vaccination ponctuelle, où les personnes à risque sont invitées à se rendre à un endroit convenu, hors de leur lieu de résidence ;
- la vaccination géographiquement ciblée de villages si les contacts et les contacts des contacts ne peuvent pas être clairement identifiés en raison de problèmes de sécurité, mais où ces personnes sont invitées à se faire vacciner dans un endroit préalablement convenu.
Grâce à ces stratégies, 23 équipes opérationnelles de vaccination sont parvenues à combler les lacunes observées auparavant dans les anneaux de vaccination autour des cas notifiés ; pour 10 des 257 cas confirmés entre le 28 mars et le 16 avril 2019, les anneaux de vaccination n’ont pas encore été mis en place. Au 16 avril, 102 501 contacts et contacts de contacts, dont 29 720 agents de santé/intervenants en première ligne, avaient été vaccinés. Le 16 avril 2019, la vaccination des agents de santé et intervenants en première ligne a également commencé au Rwanda voisin, où 176 d’entre eux ont déjà été vaccinés. La stratégie de vaccination devrait permettre de ralentir efficacement la propagation de la MVE.
Les efforts de lutte contre l’infection ont également permis de faire des progrès remarquables au cours de la semaine écoulée. Une stratégie révisée de lutte contre l’infection assortie d’un plan de travail opérationnel pour la période allant de février à mai 2019 a été approuvée par le Ministère de la santé. La stratégie et le plan de travail doivent orienter les activités nationales de coordination de l’équipe spéciale de lutte contre l’infection et la mise en œuvre des activités par les commissions et les partenaires chargés de la lutte contre l’infection au niveau infranational. Pour faciliter cette réorientation opérationnelle, des initiatives de recherche en matière de communication sur les risques et de collaboration avec les communautés sont prises afin de mieux comprendre les modes de transmission que les activités de coordination de la lutte contre l’infection permettent de combattre. La collecte d’informations dans le cadre d’un dialogue avec les communautés sur la manière de mieux lutter contre l’infection au niveau communautaire apportera un soutien supplémentaire.
La flambée de MVE se poursuit et il est probable que le nombre de cas continue à augmenter dans les prochaines semaines mais il est à noter que des progrès remarquables ont été faits pour adapter les stratégies de riposte à l’évolution permanente de la situation. Malgré la multitude de problèmes que pose la mise en place d’une riposte solide dans les circonstances difficiles où la flambée de MVE sévit actuellement, l’OMS et ses partenaires continuent à intensifier la riposte sous tous ses aspects pour endiguer la propagation de la MVE dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Figure 1 : Cas confirmés et cas probables de maladie à virus Ebola en fonction de la semaine d’apparition de la maladie, données au 16 avril 2019*

*Les données des dernières semaines sont sujettes à des retards dans la confirmation et la notification des cas, ainsi qu’au nettoyage en cours des données..
Figure 2 : Cas confirmés et cas probables de maladie à virus Ebola par aire de santé dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en République démocratique du Congo, données au 15 avril 2019

Tableau 1 : Cas confirmés et cas probables de maladie à virus Ebola et nombre d’aires de santé touchées, par zone de santé, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en République démocratique du Congo, données au 16 avril 2019**

**Le nombre total de cas et d’aires touchées au cours des 21 derniers jours est calculé en fonction de la date de la première alerte concernant des cas, qui parfois n’est pas la même que la date de confirmation, et il peut y avoir aussi des différences avec les notifications quotidiennes du Ministère de la santé.
Action de santé publique
Pour des informations plus détaillées sur les actions du Ministère congolais de la santé, de l’OMS et des partenaires en matière de santé publique, veuillez consulter les derniers rapports de situation publiés par le Bureau régional OMS de l’Afrique :
Évaluation du risque par l’OMS
- L’OMS suit en permanence l’évolution de la situation épidémiologique et du contexte de l’épidémie pour s’assurer que l’appui à la riposte est adapté à l’évolution des circonstances. D’après la dernière évaluation, les niveaux de risque à l’échelle régionale et nationale restent très élevés, tandis que le niveau de risque à l’échelle mondiale reste faible. Les attaques menées contre les CTE de Katwa et de Butembo sont les premières attaques organisées à grande échelle ciblant directement la riposte et leur ampleur est bien différente de celle de la méfiance des communautés ou du danger d’être victime de tirs croisés entre les parties en conflit. En outre, en raison de la résistance et de la méfiance persistantes de quelques communautés, aggravées par les tensions politiques et l’insécurité, les enquêtes sur les cas et les activités de riposte ont dû être suspendues temporairement de façon récurrente ou ont été retardées dans les secteurs touchés, ce qui a nui à l’efficacité globale des interventions. La forte proportion de décès dans les communautés notifiés parmi les cas confirmés, les retards persistants de détection et d’isolement dans les CTE et les difficultés à notifier les cas probables et à intervenir rapidement augmentent la probabilité d’apparition de nouvelles chaînes de transmission dans les communautés touchées, le risque de propagation en République démocratique du Congo et dans les pays limitrophes. Les nombreux mouvements de population des zones touchées par la flambée vers d’autres zones de la République démocratique du Congo et, par-delà les frontières poreuses, vers les pays limitrophes pendant les périodes d’insécurité accrue, augmentent encore les risques. La longueur de la flambée actuelle, la fatigue du personnel chargé de la riposte et les ressources limitées représentent des risques supplémentaires. À l’inverse, la bonne préparation opérationnelle et les activités de préparation dans plusieurs pays limitrophes, dont la vaccination des agents de santé et des intervenants en première ligne dans des établissements de santé prioritaires, ont probablement accru la capacité de détecter rapidement les cas et atténué la propagation au niveau local ; ces activités doivent continuer à être mises en œuvre à plus grande échelle.
Conseils de l’OMS
Trafic international : Sur la base des informations actuellement disponibles, l’OMS déconseille d’instaurer des restrictions aux voyages ou aux échanges commerciaux avec la République démocratique du Congo. Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué pour protéger les populations contre le virus Ebola. Par conséquent, il n’est pas raisonnable d’exiger un certificat de vaccination anti-Ebola pour limiter la circulation transfrontalière ou la délivrance de visas aux passagers quittant la République démocratique du Congo. L’OMS continue de surveiller attentivement les mesures prises pour les voyages et le commerce en relation avec cet événement, effectuant les vérifications nécessaires le cas échéant. Pour le moment, aucun pays n’a pris de mesures entravant sensiblement les voyages internationaux à destination ou en provenance de la République démocratique du Congo. Les voyageurs doivent demander conseil à leur médecin avant de partir et respecter les règles d’hygiène.
Pour de plus amples informations, voir :
- Le Directeur général de l’OMS réitère la volonté de riposter au virus Ebola malgré une nouvelle attaque
- La riposte à Ebola en République démocratique du Congo risque de faiblir
- SAGE interim recommendations on vaccination against EVD, 20 February 2019
- Déclaration sur la réunion du Comité d’urgence du RSI d’octobre 2018 à propos de la flambée de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo
- Recommandations intérimaires du SAGE sur la vaccination anti-Ebola
- Recommandations de l’OMS à l’intention des voyageurs internationaux en ce qui concerne la flambée de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo
- Maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo – Préparation opérationnelle dans les pays limitrophes
- Aide-mémoire sur la maladie à virus Ebola