Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Disease outbreak news - Togo

5 juin 2020

Aperçu de la situation

L’OMS a reçu, le 20 avril 2020, des informations sur un cas confirmé de fièvre jaune dans l’aire de santé de Galangashie, située à 30 km du village de Mango, dans le district d’Oti (région des Savanes), dans le nord du Togo.

Description de la situation

L’OMS a reçu, le 20 avril 2020, des informations sur un cas confirmé de fièvre jaune dans l’aire de santé de Galangashie, située à 30 km du village de Mango, dans le district d’Oti (région des Savanes), dans le nord du Togo.

Il s’agit d’une femme de 55 ans qui n’a jamais été vaccinée contre la fièvre jaune. Les symptômes sont apparus le 31 janvier 2020 et, ayant de la fièvre et des douleurs, elle s’est rendue dans un établissements de santé le 3 février 2020. Le lendemain, elle présentait un ictère et on lui a prélevé du sang. Le 7 février, l’échantillon de sang a été envoyé au laboratoire national. Le laboratoire l’a reçu le 10, et les résultats qu’il a donnés le 17 mars indiquaient que cette personne était porteuse d’anticorps IgM antiamarils. Le 14 avril 2020, ce résultat positif a été confirmé par séroneutralisation à l’Institut Pasteur de Dakar (Sénégal), laboratoire de référence pour la fièvre jaune.

Le 22 mars 2020, une enquête pluridisciplinaire a été menée. Selon le rapport d’enquête sur le terrain, la personne n’avait pas voyagé récemment avant la survenue de la maladie et aucun autre cas n’a été trouvé pendant la recherche active de cas dans la communauté. Les parents de cette personne ont signalé qu’elle avait été vaccinée en 2007 mais aucun certificat de vaccination n’est disponible. Selon un sondage effectué dans le cadre de l’enquête, aucun autre cas d’ictère aigu fébrile n’a été trouvé et 84 % (132/157) des personnes interrogées ont signalé qu’elles avaient été vaccinées (oralement et/ou en présentant un carnet de vaccination).

Le Togo dispose d’un système solide de surveillance de la fièvre jaune, qui permet la notification hebdomadaire des cas et l’analyse des échantillons. En 2019, 349 cas d’ictère fébrile ont été notifiés et se sont révélés négatifs pour la fièvre jaune après analyse en laboratoire. Les 44 districts sanitaires ont signalé au moins un cas d’ictère fébrile en 2019.

La dernière flambée de fièvre jaune au Togo est survenue fin 2006 et début 2007, où trois cas ont été rapportés dans deux districts adjacents : le district de Dankpen, dans la région de la Kara, et le district d’Oti, dans la région des Savanes, dans le nord du pays. En janvier 2007, deux autres cas confirmés en laboratoire ont été notifiés : l’un dans la région de la Kara (district de Kozah) et l’autre dans la région maritime (district des Lacs). Pendant la préparation de la campagne dans le cadre de la flambée, deux autres cas confirmés en laboratoire ont été notifiés dans le district d’Haho. Après cette flambée, une campagne nationale de vaccination réactive a été menée en 2007 dans l’ensemble du pays. Plus de 5,3 millions de personnes ont été ciblées, pour une couverture administrative rapportée supérieure à 102 %.

De janvier à avril 2020, 52 cas d’ictère fébrile ont été notifiés, dont un cas confirmé de fièvre jaune dans le district d’Oti.

Le vaccin antiamaril a été intégré dans la vaccination systématique en janvier 2005. Le niveau de couverture par la vaccination antiamarile au Togo est élevé selon les données rapportées (>85 %), mais il est plus bas dans l’aire de santé touchée (Galangashie) (78 % en 2019). Dans l’ensemble, le niveau de couverture était élevé dans la région des Savanes après les campagnes de vaccination de masse de 2007.

Si des lacunes de l’immunité peuvent persister ou avoir été provoquées par des mouvements de population, le niveau d’immunité de la population est relativement élevé grâce aux activités de vaccination menées par le passé, ce qui devrait offrir une protection en cas d’épidémie de grande ampleur. Ce cas confirmé montre que la fièvre jaune peut sporadiquement toucher des sujets non vaccinés après une transmission sylvatique, même lorsque le niveau d’immunité de la population est élevé. Ce cas montre bien qu’il est important que toute personne habitant dans une zone à haut risque soit protégée à vie contre la fièvre jaune grâce à une seule dose de vaccin antiamaril. 

Action de santé publique

  • Une équipe a été dépêchée le 22 mars 2020 pour procéder à une enquête sur le terrain.
  • Une enquête épidémiologique a été menée dans la région des Savanes.
  • Le Togo a mis en place des opérations de vaccination ciblées et un renforcement de la vaccination systématique dès le 14 mai 2020, en privilégiant les enfants non vaccinés dans la zone touchée pour garantir une protection contre la fièvre jaune.
  • Le pays prévoit de mener une enquête entomologique dans la région des Savanes.

Évaluation du risque par l’OMS

La détection d’un cas de fièvre jaune dans la région des Savanes montre que même quand le niveau d’immunité de la population est relativement élevé, des cas de transmission sylvatique sont possibles chez des personnes non vaccinées en zone rurale. C’est pourquoi il est important de maintenir un haut niveau d’immunité dans la population dans toutes les zones à haut risque de fièvre jaune. De récentes études entomologiques ont indiqué que des vecteurs compétents, y compris du genre Aedes, étaient présents et pouvaient se propager aux régions environnantes. Le début de la saison des pluies pourrait accroître la densité de moustiques vecteurs et donc le risque de propagation.

Une vaccination de masse a eu lieu au Togo en 2007 mais le risque de transmission endémique est considéré comme très élevé dans le pays. Les personnes non vaccinées restent vulnérables face à la fièvre jaune, notamment dans les zones rurales.

Les activités de vaccination systématique risquent d’être perturbées par la pandémie actuelle de COVID-19, non seulement à cause de la charge que la pandémie représente pour le système de santé mais aussi en raison de la baisse de la demande de vaccination due aux obligations de distanciation physique ou à la réticence des communautés. La perturbation des services de vaccination, même pendant de courtes périodes, entraînera une augmentation du nombre de personnes sensibles et accroîtra la probabilité de survenue de maladies à tendance épidémique évitables par la vaccination. Au 4 juin 2020, il y avait 452 cas confirmés de COVID-19 au Togo. 

Conseils de l’OMS

Le Togo est un pays prioritaire dans le cadre de la Stratégie mondiale pour l'élimination des épidémies de fièvre jaune. En janvier 2005, la vaccination antiamarile a été intégrée dans le programme national de vaccination systématique. La vaccination est le principal moyen de prévenir et de combattre la fièvre jaune. En milieu urbain, des mesures ciblées de lutte antivectorielle contribuent également à interrompre la transmission. L’OMS et ses partenaires continueront à aider les autorités locales à mettre en œuvre ces interventions pour lutter contre la flambée en cours.

L’OMS recommande la vaccination antiamarile pour tous les voyageurs internationaux âgés de neuf mois ou plus se rendant au Togo. Le Togo exige également un certificat de vaccination antiamarile pour tous les voyageurs âgés de neuf mois ou plus en provenance de pays où il existe un risque de transmission de la fièvre jaune et pour les voyageurs ayant passé plus de 12 heures en transit dans un aéroport d’un pays où il existe un risque de transmission de la fièvre jaune.

Le vaccin antiamaril est sûr et très efficace et il confère une immunité à vie. Conformément au Règlement sanitaire international (2005) – troisième édition – la validité d’un certificat de vaccination contre la fièvre jaune s’étend à la vie entière du sujet vacciné. L’administration d’une dose de rappel de vaccin antiamaril ne peut pas être exigée comme condition d’entrée pour les voyageurs internationaux.

L’OMS a publié des principes directeurs sur les activités de vaccination pendant la pandémie de COVID-19 et elle élabore actuellement des orientations opérationnelles spécifiques sur l’organisation de campagnes de vaccination de masse dans le cadre de la COVID-19. Quand les conditions le permettront, la Stratégie mondiale pour l'élimination des épidémies de fièvre jaune soutiendra la reprise rapide des activités de vaccination antiamarile préventives conformément aux orientations de l’OMS.

L’OMS encourage ses États Membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour informer les voyageurs des risques et des moyens de prévention, y compris la vaccination. Les voyageurs doivent aussi connaître les symptômes et les signes de la fièvre jaune et savoir qu’ils doivent consulter un médecin en cas de signes et de symptômes évocateurs de la maladie. Les voyageurs de retour du Togo susceptibles d’être infectés et de présenter une virémie élevée risquent de déclencher des cycles locaux de transmission de la fièvre jaune dans des zones où le vecteur compétent est présent.

D’après les informations disponibles sur cette flambée, l’OMS ne préconise aucune restriction des voyages ou des échanges commerciaux avec le Togo.

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