Aperçu de la situation
Description de la situation
Comté d’Isiolo
On pense que l’événement a débuté le 19 novembre 2020. Le Département de la santé du Comté d’Isiolo a été informé de décès survenus parmi des éleveurs qui présentaient des symptômes de fièvre, de maux de tête, de malaise général avec ou sans nausées, d’épistaxis/hématémèse et de douleurs abdominales/diarrhée. Le premier cas humain a été signalé à la fin novembre 2020 dans la circonscription de Sericho, dans le sous-comté de Garbatulla. Des décès ont été notifiés à Gafarsa et Erisaboru, dans le sous-comté de Garbatulla, ainsi qu’à Korbesa, dans le sous-comté de Merti. Le 16 décembre, la présence de la FVR a été confirmée par analyse PCR au National Virology Laboratory (NVL) du Kenya Medical Research Institute (KEMRI). Au 4 février 2021, 22 cas humains avaient été signalés au total (12 confirmés positifs), avec 10 décès (trois confirmés positifs). La plupart des cas provenaient du sous-comté de Garbatulla. Il s’agissait en majorité d’éleveurs, de sexe masculin, âgés de 13 à 70 ans.
La présence de moutons et de chèvres malades a également été signalée le 19 novembre 2020 dans le sous-comté de Sericho, qui est une zone essentiellement pastorale constituée de communautés villageoises qui font paître le bétail dans des aires de pâturage collectives. Des échantillons prélevés chez ces animaux ont donné des résultats positifs pour la FVR aux tests de détection des IgM et aux épreuves de PCR en temps réel réalisées au Central Veterinary Laboratory (CVL) à Kabete et au Regional Veterinary Investigation Laboratory à Garissa. L’événement a été officiellement confirmé le 7 janvier 2021 et signalé à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) le 15 janvier 2021, puis les 22 et 29 janvier 2021. Au 27 janvier, 20 échantillons provenant d’animaux d’élevage (19 moutons et 1 chameau) avaient donné un résultat positif pour la FVR aux épreuves ELISA de capture des IgM et à la PCR en temps réel.
Comté de Mandera
Un habitant du village de Kalmalab, dans le sous-comté de Mandera North, est tombé malade après avoir participé à l’abattage de quatre chameaux malades. Présentant des symptômes d’hémorragie, il a été évacué vers un hôpital de Nairobi le 18 janvier. Il a ensuite été admis en soins intensifs pour défaillance multiviscérale. La FVR a été confirmée le 21 janvier au laboratoire NVL. Il est décédé le 22 janvier 2021. Au 4 février 2021, un total de 10 cas (2 confirmés positifs à la FVR), dont 1 décès, avaient été notifiés dans le sous-comté de Mandera North.
Le village de Kalmalab se trouve en bordure de la rivière Dawa, qui est sortie de son lit à la suite des pluies qui se sont abattues sur les hauts plateaux éthiopiens. La flambée de FVR pourrait être liée à cette inondation, qui induit un risque accru de zoonose transmise par les moustiques. Des échantillons prélevés chez le bétail ont été envoyés au laboratoire CVL de Kabete à des fins d’analyse.
Comté de Murang’a
Les premiers cas de syndromes évocateurs de la FVR chez le bétail (y compris des hémorragies et des avortements) ont été signalés le 29 décembre 2020 dans le sous-comté de Gatanga, dans la circonscription de Kihumbuini. La mort d’un premier animal a été notifiée le 1er janvier 2021. Des échantillons prélevés le 1er janvier dans le même élevage ont été confirmés positifs pour la FVR le 3 janvier au CVL de Kabete par des tests ELISA de détection des IgG/IgM. D’autres cas suspects ont été signalés chez l’animal dans la circonscription de Ng’araria, dans le sous-comté de Kandara. Aucun cas humain n’a été confirmé, mais des cas suspects ont été identifiés et des échantillons ont été prélevés le 25 janvier dans les foyers concernés afin d’être envoyés pour analyse au NVL.
Comté de Garissa
Le 20 décembre 2020, des échantillons provenant d’animaux (moutons et chèvres) considérés comme cas suspects ont été prélevés à des fins d’analyse à Masalani, dans le sous-comté d’Ijara, et à Balambala, dans le sous-comté de Balambala. Ils ont été confirmés positifs pour la FVR le 22 décembre par une épreuve ELISA de détection des IgM. Des enquêtes sont en cours sur le terrain afin de déterminer l’ampleur de cette flambée.
Une surveillance du bétail a été mise en place après la détection de la flambée de FVR à Isiolo. Des flambées ont été observées chez l’animal au cours de cette période. En décembre 2020, les résultats fournis par le CVL de Kabete après l’analyse d’échantillons provenant de 120 animaux d’élevage ont révélé 20 cas positifs de FVR (19 moutons, dont 10 sont morts, et 1 chameau), confirmés par un test ELISA de détection des IgM. D’autres analyses de laboratoire sont en cours, portant à la fois sur des échantillons humains et des échantillons de bétail.
Action de santé publique
- Enquête sur la flambée de FVR (détermination de l’ampleur de la flambée, facteurs de risque associés, surveillance vectorielle et cartographie de l’écologie)
- Inclusion de la flambée de FVR dans le rapport de situation hebdomadaire sur les flambées épidémiques
- Formation des agents de santé (renforcement des compétences pour la détection et la prise en charge des cas de FVR)
- Sensibilisation par des messages radiophoniques, des imprimés et la diffusion de supports d’information, d’éducation et de communication (IEC)
- Renforcement de la capacité des laboratoires des comtés à effectuer des tests de dépistage de la FVR et d’autres maladies
- Mise en quarantaine des animaux
- Inspections ante mortem et post mortem
- Enquêtes épidémiologiques en cours
- Sensibilisation des bénévoles en santé communautaire, des agents de santé et des vétérinaires
- Planification de la mise à jour et de la révision du plan d’urgence pour la FVR (dernière version 2014) et élaboration/mise à jour de modes opératoires normalisés relatifs à la FVR pour la période post-épidémique.
Évaluation du risque par l’OMS
L’épidémie a commencé à Sericho, dans le comté d’Isiolo, autour du 19 novembre 2020. Des flambées de FVR ont ensuite été signalées dans les sous-comtés de Balambala et d’Ijara, dans le comté de Garissa, le 7 décembre 2020 ; elles ont été attribuées aux inondations survenues le long du bassin de l’Ewaso, dont la rivière a débordé début novembre 2020. Cela a alors conduit le bétail à se déplacer et à paître le long des zones marécageuses de la rive voisine. La flambée touche actuellement quatre comtés du Kenya. Cependant, compte tenu des conditions environnementales (fortes pluies et inondations) favorables à la prolifération des vecteurs de la maladie, auxquelles s’ajoutent des déplacements non contrôlés d’animaux virémiques (à la recherche d’eau et de pâturages), il existe un risque accru de propagation de la maladie vers d’autres régions du Kenya et vers les pays voisins. Il convient de souligner les graves conséquences économiques que représente une flambée de FVR pour cette communauté pastorale dont la subsistance dépend de l’élevage. Les dernières vaccinations animales contre la FVR ont eu lieu en 2018, mais la couverture exacte est inconnue. Bien que le pays dispose de capacités locales, les mesures de riposte restent insuffisantes. Les mesures de lutte antivectorielle n’ont pas été mises en œuvre et aucun plan national de lutte antivectorielle n’a encore été élaboré.
Le Kenya a enregistré son premier cas confirmé de COVID-19 le 12 mars 2020. Au 8 février 2021, 101 819 cas confirmés de COVID-19, dont 1779 décès, avaient été signalés dans le pays. La pandémie a entraîné une pénurie généralisée des fournitures nécessaires à la mise en œuvre d’une riposte efficace contre la FVR, notamment des équipements de protection individuelle (EPI). En outre, le personnel chargé de la surveillance et les services de laboratoire ont largement donné la priorité à la riposte contre la COVID-19.
Conseils de l’OMS
La fièvre de la vallée du Rift est une zoonose transmise par les moustiques qui touche principalement les animaux domestiques (tels que les moutons, les chèvres et les chameaux). L’infection chez l’homme résulte d’un contact avec des animaux virémiques ou leurs liquides biologiques (sang, etc.). Les cas humains surviennent souvent à proximité de zones où sévissent des flambées chez le bétail, dans un environnement favorable aux moustiques vecteurs qui transmettent le virus aux animaux et parfois à l’homme. La plupart des infections humaines résultent d’un contact direct ou indirect avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus d’animaux contaminés. La sensibilisation aux facteurs de risque de la FVR, la lutte antivectorielle intégrée et les mesures de protection contre les piqûres de moustiques sont essentielles pour réduire le nombre d’infections et de décès chez l’homme. Les messages de santé publique visant à faire reculer les risques doivent être axés sur les points suivants :
- Sensibilisation et éducation du public sur la FVR
- Réduction du risque de transmission de l’animal à l’homme résultant de pratiques dangereuses d’élevage et d’abattage. Il est recommandé de se laver les mains et de porter des gants et d’autres EPI lors de la manipulation d’animaux malades ou de leurs tissus, ainsi que durant l’abattage.
- Réduction du risque de transmission de l’animal à l’homme résultant de la consommation dangereuse de lait ou de viande crus ou non pasteurisés. Dans les régions d’endémie de la FVR, les produits d’origine animale doivent être soigneusement cuits avant d’être consommés.
- Réduction du risque de piqûres de moustiques. Cela implique de mettre en œuvre des mesures de lutte antivectorielle (pulvérisation d’insecticides et application de larvicides pour réduire les gîtes larvaires), d’utiliser des moustiquaires imprégnées d’insecticide et des produits répulsifs, de porter des vêtements de protection et d’éviter les activités de plein air aux heures où les espèces vectrices piquent le plus.
- Étant donné que les flambées animales de FVR précèdent les infections humaines, la mise en place et le renforcement des activités de surveillance sont essentiels pour prévenir et maîtriser les flambées. Cela repose notamment sur les éléments suivants: surveillance de la santé animale dotée d’un système de détection et d’alerte rapide, surveillance de l’environnement, surveillance des cas et autres mesures conformes à l’approche « Un Monde, une santé ».
- La vaccination systématique des animaux est recommandée pour prévenir les flambées de FVR. Cependant, il est déconseillé de mener des campagnes de vaccination lorsqu’une flambée est en cours car cela pourrait amplifier la transmission dans le cheptel par propagation du virus via les aiguilles.
- Limiter les déplacements des animaux pour réduire la propagation du virus des zones contaminées vers les zones non contaminées.
Des mesures de surveillance des vecteurs doivent être mises en œuvre, parallèlement à l’élaboration d’un plan national de lutte antivectorielle. Sur la base des informations actuellement disponibles sur cet événement, l’OMS déconseille toute restriction aux voyages et aux échanges commerciaux avec le Kenya ou les zones touchées.
Pour plus d’informations sur la fièvre de la vallée du Rift, consulter le lien ci-dessous :
Principaux repères sur la fièvre de la vallée du Rift, OMS
Plus d'informations
Principaux repères sur la fièvre de la vallée du Rift
Autres bulletins d’information sur les flambées épidémiques de fièvre de la vallée du Rift
Profil sanitaire du Kenya (en anglais)