Description de la situation
Coup d’œil sur la flambée
Depuis le 13 mai 2022, des cas de variole du singe ont été notifiés à l’OMS par 12 États Membres, où le virus de cette maladie n’est pas endémique, dans trois Régions de l’OMS. Les enquêtes épidémiologiques sont en cours, mais les cas signalés jusqu’à présent n’ont pas eu de lien établi par des voyages dans des zones d’endémie. Sur la base des informations actuellement disponibles, les cas ont été identifiés principalement, mais pas exclusivement, chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) venant consulter dans des services de soins primaires ou de santé sexuelle.
Le présent bulletin d’information a pour objectif de sensibiliser, d’orienter les efforts de préparation et de riposte et de donner des indications techniques sur les mesures immédiates recommandées.
La situation évolue et l’OMS s’attend à ce que davantage de cas de variole du singe soient identifiés avec l’expansion de la surveillance dans les pays où elle n’est pas endémique. Les mesures immédiates sont axées sur l’information à donner à ceux qui sont le plus exposés à cette infection en leur fournissant des données précises, afin d’enrayer la propagation ultérieure. Les données actuellement disponibles semblent indiquer que les personnes les plus exposées au risque sont celles qui ont des contacts physiques rapprochés avec des personnes ayant la variole du singe alors qu’elles présentent des symptômes. L’OMS s’efforce aussi de donner des orientations pour protéger les professionnels de santé en première ligne et les autres personnels pouvant être exposés, comme les agents de nettoyage. L’OMS publiera des recommandations plus techniques dans les prochains jours.
Description de la flambée
Au 21 mai à 13 heures, 92 cas confirmés en laboratoire et 28 cas suspects de variole du singe, avec des investigations en cours, avaient été notifiés à l’OMS par 12 États Membres où le virus responsable n’est pas endémique, dans trois Régions de l’OMS, (Tableau 1, Figure 1). Aucun décès associé n’a été signalé jusqu’à présent.
Tableau 1. Cas de variole du singe dans des pays où elle n’est pas endémique, signalés à l’OMS entre le 13 et le 21 mai 2022 à 13 heures.
Figure 1. Répartition géographique des cas confirmés et suspects de variole du singe dans des pays où elle n’est pas endémique, entre le 13 et le 21 mai 2022 à 13 heures.
Jusqu’à présent, aucun cas notifié n’a eu de lien par des voyages dans des zones d’endémie. Sur la base des informations actuellement disponibles, les cas ont été identifiés principalement, mais pas exclusivement, chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) venant consulter dans des services de soins primaires ou de santé sexuelle.
Jusqu’à présent, dans tous les cas dont les échantillons ont été confirmés par PCR, le clade de l’Afrique de l’Ouest a été identifié comme étant à l’origine de l’infection. Le séquençage génomique provenant d’un écouvillon prélevé sur un cas confirmé au Portugal a révélé une correspondance étroite du virus à l’origine de la flambée actuelle avec des cas exportés du Nigéria au Royaume-Uni, en Israël et à Singapour en 2018 et 2019.
L’identification de cas confirmés et suspects de variole du singe sans lien direct par des voyages dans des zones d’endémie constitue un événement très inhabituel. Jusqu’à présent, la surveillance dans les zones où la maladie n’est pas endémique a été limitée, mais elle se renforce désormais. L’OMS s’attend à ce que de nouveaux cas soient notifiés dans les zones où la maladie n’est pas endémique. Selon les informations disponibles, la transmission interhumaine se produit chez les personnes en contact physique rapproché avec des cas présentant des symptômes.
En plus de cette nouvelle flambée, l’OMS continue de recevoir des mises à jour sur la situation des rapports en cours de cas de variole du singe par les mécanismes de surveillance établis (surveillance intégrée des maladies et riposte) pour les cas dans les pays d’endémie[1], comme le résume le Tableau 2.
[1] Les pays d’endémie de la variole du singe sont les suivants : Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana (chez l’animal seulement), Liberia, Nigéria, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Sierra Leone et Soudan du Sud.
Table 2. Cas de variole du singe dans les pays d’endémie du 15 décembre 2021 au 1er mai 2022
Pour plus d’informations, veuillez consulter le bulletin hebdomadaire du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique sur les flambées épidémiques et les autres situations d’urgence (en anglais : WHO AFRO Weekly Bulletin on Outbreaks and Other Emergencies).
Épidémiologie de la maladie
La variole du singe est une zoonose virale (virus transmis à l’être humain par les animaux) dont les symptômes sont très proches de ceux que l’on observait dans le passé chez les sujets atteints de variole, bien que moins graves sur le plan clinique. Elle est provoquée par un virus spécifique, du genre orthopoxvirus de la famille des Poxviridés. Il existe deux clades distincts de ce virus : le clade d’Afrique de l’Ouest et le clade du Bassin du Congo (Afrique centrale). Le nom de variole du singe vient de la découverte initiale du virus chez des singes dans un laboratoire danois en 1958. Le premier cas humain a été identifié chez un enfant en République démocratique du Congo en 1970.
Le virus de la variole du singe se transmet d’une personne à l’autre par contact rapproché avec les lésions, les liquides corporels, les gouttelettes respiratoires et le matériel contaminé, comme la literie. La durée d’incubation varie en général de 6 à 13 jours, mais peut aller de 5 à 21 jours.
On a identifié plusieurs espèces animales sensibles au virus de la variole du singe. Des incertitudes subsistent quant à l’histoire naturelle de ce virus et de nouvelles études seront nécessaires pour en déterminer précisément le ou les réservoirs et la manière dont il circule dans la nature. La consommation de viande pas assez cuite et d’autres produits provenant d’animaux infectés est un facteur de risque possible.
La variole du singe guérit en général spontanément, mais elle peut être grave chez certaines personnes, comme les enfants, les femmes enceintes ou les sujets immunodéprimés à cause d’autres problèmes de santé. Les infections humaines par le clade d’Afrique de l’Ouest semblent donner des formes moins graves par rapport au clade du Bassin du Congo, avec un taux de létalité de 3,6 %, contre 10,6 % pour le clade du Bassin du Congo.
Action de la santé publique
- Les investigations de la santé publique se poursuivent dans les pays où la variole du singe n’est pas endémique, mais où des cas ont été identifiés : recherche extensive des cas et des contacts, analyses de laboratoire, prise en charge clinique et isolement avec des soins de soutien.
- Le séquençage génomique, lorsqu’il est disponible, a été entrepris pour déterminer le ou les clades à l’origine de cette flambée.
- La vaccination contre la variole du singe, lorsqu’elle est disponible, est déployée pour prendre en charge les proches contacts, comme les agents de santé. L’OMS convoque une réunion d’experts pour discuter des recommandations sur la vaccination.
L’OMS a établi des définitions de cas pour la surveillance de la flambée actuelle de variole du singe dans les pays où elle n’est pas endémique.
(les définitions de cas seront actualisées si nécessaire)
Cas suspect :
Personne de tout âge présentant dans un pays où la maladie n’est pas endémique [2] une éruption cutanée aiguë inexpliquée
ET
Un ou plusieurs des signes ou symptômes suivants depuis le 15 mars 2022 :
- Céphalées
- Fièvre d’apparition soudaine (> 38,5 oC),
- Adénopathie (tuméfaction des ganglions lymphatiques)
- Myalgies (douleurs musculaires et corporelles)
- Douleurs dorsales
- Asthénie (grande faiblesse)
ET
Pour laquelle les causes courantes d’éruption cutanée aiguë qui suivent n’expliquent pas le tableau clinique : varicelle, herpès zoster, rougeole, zika, dengue, chikungunya, herpès simplex, dermatoses bactériennes, infection gonococcique disséminée, syphilis primaire ou secondaire, chancre mou, lymphogranulome vénérien, granulome inguinal, molluscum contagiosum, réaction allergique (aux plantes par ex.) et toute autre cause courante pertinente localement d’éruption papuleuse ou vésiculeuse.
N.B. Il n’est pas nécessaire d’obtenir des tests négatifs en laboratoire pour les causes courantes énumérées de maladies à éruption cutanée pour classer un patient comme cas suspect.
[2] Les pays d’endémie de la variole du singe sont les suivants : Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana (chez l’animal seulement), Libéria, Nigéria, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo et Sierra Leone. Il y a eu des importations documentées au Bénin et au Soudan du Sud dans le passé. Les pays notifiant actuellement des cas d’infection par le clade d’Afrique de l’Ouest sont le Cameroun et le Nigéria. Avec cette définition de cas, tous les pays à l’exception de ces quatre-là doivent notifier les nouveaux cas de variole du singe dans le cadre de la flambée actuelle concernant de multiples pays.
Cas probable :
Personne répondant à la définition du cas suspect
ET
Ayant une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
- un lien épidémiologique (exposition face-à-face, y compris les agents de santé sans protection oculaire et respiratoire) ; un contact physique direct avec la peau ou des lésions cutanées, y compris les rapports sexuels ; ou un contact avec des objets contaminés, vêtements, literie ou ustensiles avec un cas probable ou confirmé de variole du singe dans les 21 jours précédant l’apparition des symptômes
- des antécédents de voyage dans un pays d’endémie de la variole du singe1 dans les 21 jours précédant l’apparition des symptômes
- des partenaires sexuels multiples ou anonymes dans les 21 jours précédant l’apparition des symptômes
- un résultat positif à la recherche sérologique d’orthopoxvirus, en l’absence de vaccination antivariolique ou d’une autre exposition connue à des orthopoxvirus
- une hospitalisation à cause de cette maladie
Cas confirmé :
Cas répondant à la définition du cas suspect ou du cas probable pour lequel le virus de la variole du singe est confirmé en laboratoire par détection des séquences uniques d’ADN viral par PCR en temps réel et/ou séquençage.
Cas écarté :
Cas suspect ou probable pour lequel la recherche en laboratoire par PCR et/ou séquençage est négative pour le virus de la variole du singe.
Évaluation du risque par l’OMS
Les limites géographiques normales de la variole du singe endémique sont l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. L’identification de cas confirmés et suspects dans de multiples pays sans antécédents de voyage dans des zones d’endémie est atypique et il y a donc un besoin urgent de sensibiliser à cette maladie et d’entreprendre une recherche globale des cas et leur isolement (accompagné de soins de soutien), le traçage des contacts et les soins de soutien pour limiter la poursuite de la transmission.
L’immunité croisée grâce à la vaccination antivariolique sera limitée aux personnes âgées du fait que, dans le monde entier, les populations de moins de 40 à 50 ans ne bénéficient plus de la protection conférée par les anciens programmes de vaccination contre la variole. Les jeunes vivant dans des pays où la variole du singe n’est pas endémique ont peu d’immunité puisque le virus n’y a pas été présent.
Historiquement, on a montré que la vaccination antivariolique protégeait contre la variole du singe. Alors qu’un vaccin (MVA-BN) et un traitement spécifique (técovirimat) ont été homologués pour la variole du singe, en 2019 et en 2022 respectivement, ces contremesures ne sont pas encore couramment disponibles.
Sur la base des informations dont on dispose, les cas ont été identifiés principalement, mais pas exclusivement, chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) consultant dans des services de soins primaires ou de santé sexuelle. Aucun décès n’a été signalé jusqu’à présent. À ce stade, l’ampleur de la transmission locale n’est pas clairement connue, du fait que la surveillance a été limitée. Il y a une forte probabilité d’identifier d’autres cas avec des chaînes de transmission inconnues, y compris dans d’autres groupes de la population. Avec un certain nombre de pays de plusieurs Régions de l’OMS notifiant des cas de variole du singe, il est très probable que de nouveaux cas seront identifiés dans d’autres pays.
La situation évolue et l’OMS s’attend à ce que davantage de cas de variole du singe soient identifiés du fait de l’extension de la surveillance dans les pays où elle n’est pas endémique. Jusqu’à présent, aucun décès n’a été associé à cette flambée. Les mesures immédiates portent sur la communication d’informations exactes aux personnes les plus exposées à ce risque infectieux, l’arrêt de la propagation de la maladie et la protection des professionnels en première ligne.
Conseils de l’OMS
L’identification de nouveaux cas et la poursuite de la propagation dans les pays qui notifient actuellement des cas, ainsi que dans d’autres États Membres, sont probables. Tout patient présentant une suspicion de variole du singe doit faire l’objet d’une investigation et, si le cas est confirmé, il doit être isolé jusqu’à ce que les lésions aient formé des croûtes, que celles-ci soient tombées et qu’une nouvelle couche cutanée se soit formée en dessous.
Les pays doivent être en alerte pour repérer les signaux relatifs à des patients présentant une éruption cutanée atypique évoluant par étapes successives – macules, papules, vésicules, pustules, croûtes à un stade de développement uniforme sur l’ensemble des zones atteintes du corps – pouvant s’associer à de la fièvre, un gonflement des ganglions lymphatiques, des douleurs dorsales et musculaires. Ces sujets peuvent se présenter dans diverses structures communautaires et de soins comprenant, sans s’y limiter, les soins primaires, les centres de soins des fièvres, les unités d’infectiologie, les départements d’obstétrique, de gynécologie, d’urologie, les services d’urgence et les cabinets de dermatologie. La sensibilisation croissante dans les communautés potentiellement affectées, ainsi que chez les prestataires de soins et les personnels des laboratoires, est essentielle pour identifier et éviter les cas secondaires, ainsi que pour gérer efficacement la flambée actuelle.
Considérations relatives à la surveillance et à la notification
Surveillance
Dans le contexte actuel, les principaux objectifs de la surveillance et des enquêtes sur les cas de variole du singe sont d’identifier les cas, les groupes de cas et les sources d’infection le plus vite possible, afin de délivrer des soins cliniques optimaux, d’isoler les cas pour prévenir la transmission ultérieure, d’identifier et de prendre en charge les contacts et d’adapter les méthodes pour une lutte et une prévention efficaces, en se basant sur les voies de transmission les plus souvent identifiées.
Dans les pays où le virus ne circule pas habituellement, on considère qu’un cas est une flambée épidémique. En raison des risques pour la santé publique associés avec un seul cas de variole du singe, les cliniciens doivent notifier immédiatement les cas suspects aux autorités sanitaires nationales ou locales, qu’ils envisagent ou non d’autres diagnostics potentiels. La déclaration des cas doit être immédiate, en fonction des définitions données ci-dessus ou des définitions adaptées au niveau national. Au titre du Règlement sanitaire international (RSI 2005), les cas probables et confirmés doivent être notifiés immédiatement à l’OMS par le biais des points focaux nationaux du RSI.
Les pays doivent être en alerte pour repérer les signaux relatifs à des patients présentant une éruption cutanée inhabituelle, des lésions vésiculaires ou pustuleuses ou une adénopathie, souvent associées à de la fièvre, dans un certain nombre de structures communautaires et de soins comprenant, sans s’y limiter, les soins de santé primaires, les centres de soins des fièvres, les services de santé sexuelle, les unités d’infectiologie, les cabinets d’obstétrique, de gynécologie et de dermatologie. La surveillance des maladies à éruption cutanée doit s’intensifier et des orientations doivent être données pour le prélèvement des échantillons cutanés destinés aux tests de confirmation.
Notification
Les rapports sur les cas doivent comporter au minimum les informations suivantes : date du rapport ; lieu d’émission du rapport ; nom, âge, sexe et adresse du cas ; date d’apparition des premiers symptômes ; antécédents de voyages récents ; exposition récente à un cas probable ou confirmé ; lien et nature des contacts avec des cas probables ou confirmés (le cas échéant) ; antécédents récents de rapports sexuels avec des partenaires multiples ou anonymes ; statut de la vaccination antivariolique ; présence d’autres signes ou symptômes cliniques selon la définition du cas ; date de la confirmation (si elle a été faite) ; méthode de confirmation (si elle a été faite) ; caractérisation génomique (si disponible) ; autres constatations cliniques ou résultats de laboratoires pertinents, en particulier pour exclure des causes courantes d’éruption cutanée selon la définition du cas ; hospitalisation éventuelle ; date de l’hospitalisation (si elle a eu lieu) ; issue du cas au moment de l’établissement du rapport.
Un formulaire mondial de notification des cas est en cours de préparation.
Considérations relatives aux investigations sur les cas
Au cours des flambées de variole du singe chez l’être humain, les contacts physiques proches avec les sujets infectés sont le facteur de risque le plus important d’infection par ce virus. En cas de suspicion de la variole du singe, l’enquête doit comporter les éléments suivants : i) examen clinique du patient en appliquant les mesures adaptées de lutte anti-infectieuse ; ii) interrogatoire du patient sur les sources possibles de l’infection et la présence de cas similaires dans sa communauté et parmi ses contacts ; et iii) prélèvement sans danger et expédition des échantillons pour une recherche de la variole du singe en laboratoire. Les données à saisir au minimum sont indiquées ci-dessus dans la section « Notification ». L’enquête sur l’exposition doit couvrir une période de 5 à 21 jours avant l’apparition des symptômes. Tout patient présentant une suspicion de variole du singe doit être mis en isolement pendant les périodes infectieuses présumées et connues, c’est-à-dire aux stades prodromique et éruptif de la maladie respectivement. La confirmation en laboratoire des cas suspects est importante, mais ne doit pas retarder la mise en œuvre des mesures de santé publique. La présence suspecte d’une maladie dans la communauté ou parmi les contacts du patient doit faire l’objet d’investigations ultérieures (ce que l’on nomme aussi « recherche rétrospective des contacts »).
Les cas rétrospectifs retrouvés au moyen d’une recherche active peuvent ne plus présenter de symptômes cliniques de la variole du singe (ils ont guéri du stade aigu de la maladie), mais avoir des cicatrices ou des séquelles. Il est important de recueillir les informations épidémiologiques sur les cas rétrospectifs, en plus des cas évolutifs. On ne peut pas confirmer les cas rétrospectifs en laboratoire ; on peut cependant prélever du sérum pour rechercher des anticorps dirigés contre les orthopoxvirus, afin d’aider à classer ces cas.
Les échantillons prélevés sur des cas suspects de variole du singe chez l’être humain comme chez l’animal doivent être manipulés sans risque par du personnel formé travaillant dans des laboratoires suffisamment bien équipés. Les règlements nationaux et internationaux sur le transport des matières infectieuses doivent être strictement respectés pour l’emballage et l’expédition des échantillons vers les laboratoires d’analyses. Une planification rigoureuse est requise pour l’étude des capacités nationales des laboratoires. Les laboratoires cliniques doivent être informés à l’avance des échantillons qui vont leur être soumis et proviennent de personnes ayant une variole du singe suspectée ou confirmée, afin de réduire le plus possible les risques pour leur personnel et, le cas échéant, pour pratiquer les tests essentiels pour les soins cliniques.
Considérations relatives à la recherche des contacts
C’est une mesure essentielle de la santé publique pour enrayer la propagation des agents pathogènes infectieux, tels que le virus de la variole du singe. Elle permet l’interruption de la transmission et peut aussi aider les personnes ayant un risque plus élevé de contracter une forme sévère de la maladie à identifier plus rapidement leur exposition, afin de pouvoir suivre leur état de santé et d’aller consulter plus vite si les symptômes apparaissent. Dans le contexte actuel, dès qu’un cas suspect est identifié, il faut entreprendre l’identification et la recherche des contacts. Les patients doivent être interrogés pour obtenir les noms et coordonnées de toutes ces personnes. Les contacts doivent être avertis dans les 24 heures suivant l’identification.
Définition d’un contact
Un contact est défini comme une personne qui, pendant la période débutant à l’apparition des premiers symptômes du cas source et se terminant lorsque toutes les croûtes sont tombées, a eu une ou plusieurs des expositions qui suivent avec le cas probable ou confirmé de variole du singe :
- exposition face-à-face (y compris les agents de santé ne portant pas d’EPI approprié)
- contact physique direct, y compris lors de rapports sexuels
- contact avec du matériel contaminé, vêtements ou literie par exemple
Identification des contacts
Les cas peuvent être amenés à identifier les contacts dans un certain nombre de situations : à domicile, sur le lieu de travail, à l’école ou à la garderie, lors de rapports sexuels, dans le cadre des soins de santé, dans les lieux de culte, les transports, pendant les activités sportives, lors de rassemblements sociaux et lors de toute autre interaction dont ils se souviennent. Les feuilles de présence, les listes de passagers, etc. peuvent aussi être utilisées pour repérer les contacts.
Suivi des contacts
Ils doivent être suivis au moins une fois par jour pour contrôler l’apparition éventuelle des signes ou symptômes pendant 21 jours à partir du dernier contact avec un patient ou du matériel contaminé pendant la période contagieuse. Les signes ou symptômes préoccupants sont les suivants : céphalées, fièvre, frissons, mal de gorge, état de malaise, fatigue, éruption cutanée et adénopathie. Les contacts doivent contrôler leur température deux fois par jour. Ceux qui sont asymptomatiques ne doivent pas donner de sang, de cellules, de tissus, d’organes, de lait maternel ou de sperme pendant la période de surveillance des symptômes. Ils peuvent poursuivre leurs activités quotidiennes habituelles, comme d’aller au travail ou à l’école (c’est-à-dire que la mise en quarantaine n’est pas nécessaire), mais ils doivent rester proches de leur domicile pendant toute la durée de la surveillance. Il peut être cependant prudent d’exclure les enfants d’âge préscolaire des crèches, garderies et autres structures collectives.
Les options pour le suivi par les autorités de santé publique dépendent des ressources disponibles. On peut faire un suivi passif, actif ou direct des contacts.
- En cas de suivi passif, on donne aux contacts identifiés des informations sur les signes et les symptômes à surveiller, sur les activités permises et sur les moyens de contacter le département de la santé publique si des signes ou symptômes se manifestent.
- Dans le suivi actif, les responsables de la santé publique sont chargés de contrôler au moins une fois par jour si les personnes suivies ont spontanément signalé des signes ou des symptômes.
- Le suivi direct est une variante du suivi actif et implique de faire au moins une fois par jour une visite physique ou un examen visuel par vidéo pour rechercher les signes de la maladie.
Un contact qui manifeste les signes ou symptômes initiaux autres que l’éruption cutanée doit s’isoler et l’apparition éventuelle du rash sera attentivement surveillée pendant les sept jours suivants. Si aucune éruption cutanée n’apparaît, le contact peut reprendre la surveillance de sa température pendant 21 jours. Si un rash apparaît, il doit être mis en isolement et évalué comme cas suspect ; un échantillon sera prélevé pour le laboratoire qui fera les tests de recherche de la variole du singe.
Suivi des agents de santé et des aidants exposés
Tout agent de santé ou membre de la famille ayant soigné un cas probable ou confirmé de variole du singe doit être attentif à l’apparition de symptômes évocateurs de cette maladie, notamment pendant les 21 jours suivant la dernière date des soins. Les agents de santé doivent notifier les services de lutte anti-infectieuse, de médecine du travail et les autorités de santé publique pour être orientés vers une évaluation médicale.
Les agents de santé ayant été exposés sans protection (c’est-à-dire n’ayant pas porté un EPI adapté) à des patients atteints de la variole du singe ou à du matériel qui a pu être contaminé pourront continuer à exercer leurs activités professionnelles s’ils sont asymptomatiques, mais ils devront se soumettre à une surveillance active des symptômes, avec prise de la température au moins deux fois par jour, pendant au moins 21 jours après l’exposition. Avant de se présenter au travail chaque jour, l’agent de santé sera interrogé sur la manifestation éventuelle de signes et symptômes pertinents, comme ci-dessus.
Les agents de santé qui ont soigné des patients atteints de variole du singe, ou qui ont eu tout autre contact direct ou indirect avec eux tout en appliquant les mesures recommandées de lutte anti-infectieuse peuvent se soumettre à l’autocontrôle ou au suivi actif conformément aux décisions prises par les autorités locales de santé publique.
La vaccination post-exposition (idéalement dans les quatre jours suivant l’exposition) pourra être envisagée dans certains pays pour les contacts à haut risque, comme les agents de santé et les personnels des laboratoires.
Recherche des contacts liés aux voyages
Les responsables de la santé publique doivent collaborer avec les voyagistes et avec leurs homologues dans d’autres lieux pour évaluer les risques potentiels et contacter les passagers et les autres personnes susceptibles d’avoir été en contact avec un sujet contagieux pendant le transit.
Considérations relatives à la communication sur le risque et à l’engagement communautaire
La communication dans les deux sens sur les risques liés à la variole du singe et l’engagement des communautés à risque ou affectées concernant la prévention, la détection et les soins sont essentiels pour éviter la propagation ultérieure de la maladie et enrayer la flambée actuelle.
Cela comporte la diffusion, via les canaux utilisés par les audiences ciblées, de conseils de santé publique sur la transmission de la maladie, ses symptômes, les mesures préventives et sur ce qu’il faut faire en cas d’infection présumée ou confirmée. On y associera un engagement communautaire ciblé sur les groupes les plus à risque, ainsi qu’une étroite collaboration avec les prestataires de santé, dont les services de santé sexuelle, et les organisations de la société civile.
La communication sur le risque doit être orientée par les indications provenant de l’écoute sociale pour détecter l’état d’esprit du public et répondre rapidement aux rumeurs possibles et à la désinformation. Les informations et conseils sanitaires doivent être donnés en évitant toute forme de stigmatisation de certains groupes, par exemple les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).
Messages essentiels :
- Prévention – Une personne qui a un contact direct avec un sujet infecté, y compris lors d’un rapport sexuel, peut contracter la variole du singe. Les mesures d’autoprotection sont d’éviter le contact peau à peau ou face-à-face avec quiconque ayant des symptômes, d’avoir des rapports sexuels sans risque, de se laver les mains à l’eau et au savon ou avec un gel ou une lotion hydroalcooliques et de respecter les règles d’hygiène respiratoire.
- Détection et soins – En cas d’apparition d’une éruption cutanée, accompagnée de fièvre, d’une sensation d’inconfort ou de malaise, il faut contacter un agent de santé et se faire tester pour la variole du singe. En cas de suspicion ou de confirmation de la variole du singe, la personne doit s’isoler jusqu’à ce que les croûtes soient tombées et ne pas avoir de rapports sexuels, y compris oraux. Au cours de cette période, les patients peuvent recevoir un traitement de soutien pour soulager les symptômes de la maladie. Quiconque s’occupe d’une personne atteinte de la variole du singe doit appliquer des mesures adaptées de protection, dont le port du masque et le nettoyage des objets et surfaces qui ont été touchés.
- Notification – Toute maladie avec éruption cutanée survenant pendant un voyage ou au retour doit être immédiatement signalée à un professionnel de santé, avec des informations sur tous les déplacements récents, les rapports sexuels et les antécédents de vaccination antivariolique. Les résidents et les visiteurs des pays d’endémie doivent éviter les contacts avec des mammifères malades tels que les rongeurs, les marsupiaux, les primates non humains (morts ou vivants) susceptibles d’être porteurs du virus de la variole du singe et ils doivent s’abstenir de consommer ou de manipuler du gibier sauvage (viande de brousse).
Considérations relatives aux grands rassemblements
Les médias ont exprimé des inquiétudes quant à la possibilité d’amplification de la propagation de la variole du singe dans le contexte des grands rassemblements. Ceux-ci peuvent constituer un milieu propice à la transmission du virus, car ils entraînent des interactions proches, prolongées et fréquentes entre les gens, ce qui peut exposer les participants à des contacts avec les lésions, les liquides corporels, les gouttelettes respiratoires et des matières contaminées.
Alors qu’on enquête encore sur les mécanismes exacts de la transmission de la flambée actuelle de variole du singe et qu’ils diffèrent probablement de ceux du SARS-CoV-2, il est important de rappeler que les mesures générales de précaution recommandées contre la COVID-19 devraient également avoir un effet largement protecteur contre la transmission du virus de la variole du singe.
De plus, toute personne répondant aux définitions du cas suspect, probable ou confirmé détaillées ci-dessus doit éviter les contacts proches avec autrui et ne devrait pas participer à de grands rassemblements.
L’OMS suit attentivement la flambée actuelle de variole du singe. Si aucune mesure spécifique n’est requise pour l’instant quant à la tenue, au report ou à l’annulation des grands rassemblements là où des cas ont été détectés, des informations peuvent être communiquées aux futurs participants pour leur permettre de prendre des décisions en toute connaissance de cause.
Considérations relatives à la prise en charge clinique et à la lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé
Les agents de santé soignant des cas suspects ou confirmés de variole du singe doivent mettre en œuvre les précautions standard, contact et gouttelettes. Celles-ci s’appliquent dans tous les établissements de santé, y compris les services de soins ambulatoires et les hôpitaux. Les précautions standard comportent le respect strict de l’hygiène des mains, la manipulation appropriée des équipements médicaux contaminés, du linge, des déchets, ainsi que le nettoyage et la désinfection des surfaces dans l’environnement.
L’isolement rapide des cas suspects ou confirmés dans une chambre individuelle avec une bonne aération, des sanitaires indépendants et du personnel dédié est recommandé. On peut mettre en place des cohortes (cas confirmés entre eux, cas suspects entre eux) s’il n’y a pas de chambres individuelles disponibles, en veillant à ce qu’il y ait au minimum 1 mètre de distance entre les patients. L’équipement de protection individuel (EPI) recommandé comporte des gants, une blouse, un masque médical et une protection oculaire, lunettes de protection ou écran facial. Il faut également demander aux patients de porter un masque médical lorsqu’ils ont des contacts rapprochés (moins d’un mètre) avec des agents de santé ou d’autres patients, s’ils le supportent. De plus, on peut utiliser un bandage, une feuille ou une blouse pour couvrir les lésions, afin de réduire le plus possible les contacts potentiels avec celles-ci. L’EPI doit être enlevé et mis au rebut avant de quitter la zone d’isolement où le patient a été admis.
Si des procédures génératrices d’aérosols (PGA) (c’est-à-dire les aspirations, l’obtention d’échantillons des voies respiratoires, la bronchoscopie, l’intubation, la réanimation cardio-pulmonaire) sont requises pour quelque motif que ce soit et ne peuvent pas être reportées, un masque de protection respiratoire (FFP2 ou équivalent certifié EN ou N95 certifié NIOSH) doit être utilisé par les agents de santé à la place d’un masque médical.
Les précautions basées sur l’isolement et la transmission doivent se poursuivre jusqu’à la résolution des symptômes (dont la disparition de l’éruption cutanée et des croûtes qui tombent avec la guérison des lésions).
Le déploiement de contremesures pharmaceutiques, dont les antiviraux spécifiques (c’est-à-dire le técovirimat, homologué pour la variole du singe, mais pas encore couramment disponible), peut être envisagé dans le cadre de protocoles d’étude ou d’usage à titre compassionnel, en particulier pour les sujets présentant des symptômes sévères ou exposés au risque d’une mauvaise issue (par exemple les sujets immunodéprimés). Il existe un vaccin récemment homologué contre la variole du singe, mais il n’est pas encore couramment disponible. Certains pays détiennent encore des vaccins antivarioliques dont l’utilisation pourrait être envisagée selon les directives nationales. Selon les pays, les demandes de produits vaccinaux pouvant être disponibles en quantités limitées doivent passer par les autorités nationales. Les pays pourront souhaiter envisager la vaccination rapide des contacts proches dans le cadre d’une prophylaxie post-exposition ou de certains groupes d’agents de santé pour la vaccination pré-exposition.
Sur la base des informations disponibles pour le moment, l’OMS ne recommande pas aux États Membres de prendre des mesures pour les voyages internationaux, que ce soit à l’arrivée ou au départ des voyageurs.
L’OMS publiera des orientations techniques provisoires dans les prochains jours.
Plus d’information
- Aide-mémoire de l’OMS sur la variole du singe
- Boîte à outils de l’OMS sur la flambée de variole du singe (en anglais)
- The UK Health Security Agency News story on 16 May 2022, Monkeypox cases confirmed in England – latest updates
- OMS : Bulletins d’information sur les flambées épidémiques, variole du singe, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, 16 mai 2022 (en anglais)
- OMS : Bulletins d’information sur les flambées épidémiques, variole du singe, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, 8 juillet 2021
- OMS : Bulletins d’information sur les flambées épidémiques, variole du singe, tous les articles.
- Relevé épidémiologique hebdomadaire (REH) n° 11, 16 mars 2018, Émergence de l’orthopoxvirose simienne en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, 1970-2017
- Nigeria Centre for Disease Control. Monkeypox
- Monkeypox in the United States of America
- OpenWHO. Variole du singe : Introduction. Module de formation en ligne. 2020. English Français
- OpenWHO. Variole du singe : épidémiologie, préparation et riposte. Formation approfondie. English Français
- OMS AFRO Bulletin hebdomadaire sur les flambées épidémiques et les autres situations d’urgence (en anglais)
- L’Agence de santé publique du Canada confirme deux cas de variole du singe
- Déclaration à la presse des CDC des États-Unis d’Amérique. CDC and Health Partners Responding to Monkeypox Case in the U.S. 18 mai 2022
- Suède : communiqué de presse (en suédois)
- UKHSA monkeypox guidance
- Ministère de la Santé du Portugal : communiqué de presse, 18 mai 2022 (en portugais)
- First draft genome sequence of Monkeypox virus associated with the suspected multi-country outbreak, May 2022 (confirmed case in Portugal)
- von Magnus P, Andersen EA, Petersen KB, Birch-Andersen A. A pox-like disease in cynomolgus monkeys. Acta Path Microbiol Scand. 1959; 46:159
- Bunge EM, Hoet B, Chen L, Lienert F, Weidenthaler H, Baer LR, et al. (2022) The changing epidemiology of human monkeypox—A potential threat? A systematic review. PLoS Negl Trop Dis 16(2) : e0010141. https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0010141
Référence pour citation : Organisation mondiale de la Santé (21 mai 2022). Bulletins d’information sur les flambées épidémiques ; Flambée de variole du singe dans de multiples pays où elle n’est pas endémique. Disponible sur le site : https://covid.comesa.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON385
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Épidémiologie de la maladie
Monkeypox is a viral zoonosis (a virus transmitted to humans from animals) with symptoms very similar to those seen in the past in smallpox patients, although it is clinically less severe. It is caused by the monkeypox virus which belongs to the orthopoxvirus genus of the Poxviridae family. There are two clades of monkeypox virus: the West African clade and the Congo Basin (Central African) clade. The name monkeypox originates from the initial discovery of the virus in monkeys in a Danish laboratory in 1958. The first human case was identified in a child in the Democratic Republic of the Congo in 1970.
Monkeypox virus is transmitted from one person to another by close contact with lesions, body fluids, respiratory droplets and contaminated materials such as bedding. The incubation period of monkeypox is usually from 6 to 13 days but can range from 5 to 21 days.
Various animal species have been identified as susceptible to the monkeypox virus. Uncertainty remains on the natural history of the monkeypox virus and further studies are needed to identify the exact reservoir(s) and how virus circulation is maintained in nature. Eating inadequately cooked meat and other animal products of infected animals is a possible risk factor.
Monkeypox is usually self-limiting but may be severe in some individuals, such as children, pregnant women or persons with immune suppression due to other health conditions. Human infections with the West African clade appear to cause less severe disease compared to the Congo Basin clade, with a case fatality rate of 3.6% compared to 10.6% for the Congo Basin clade.