Aperçu de la situation
Description de la situation
Aperçu de la situation
Une épidémie de choléra de grande ampleur sévit au Malawi. En effet, 36 943 cas, dont 1210 mortels ont été notifiés dans les 29 districts du pays depuis le 3 mars 2022. Il s’agit de l’épidémie de choléra la plus meurtrière de l’histoire du Malawi.
Le choléra est endémique au Malawi depuis 1998 et des flambées saisonnières sont signalées pendant la saison des pluies (de novembre à mai). Cependant, l’épidémie actuelle s’est prolongée tout au long de la saison sèche, et des cas sont notifiés depuis mars 2022.
Compte tenu de la saison des pluies en cours, de la propagation sur une vaste zone géographique et d’un taux de létalité constamment supérieur à 3 %, l’épidémie de choléra actuelle a été déclarée urgence de santé publique par le Gouvernement du Malawi le 5 décembre 2022. Actuellement, l’étendue géographique de l’épidémie et le grand nombre de cas notifiés dans le pays mettent à rude épreuve tous les moyens de riposte, ce qui augmente le risque de graves répercussions sur la santé publique. Cette épidémie frappe le Malawi alors que les épidémies de choléra se multiplient dans le monde, ce qui limite la disponibilité des vaccins, des tests et des traitements.
La forte augmentation du nombre de cas observée au cours du mois écoulé fait craindre que l’épidémie continue de s’aggraver si aucune mesure décisive n’est prise.
Description de la situation
Le 3 mars 2022, le Ministère malawien de la santé publique a notifié à l’OMS une flambée de choléra suite à la confirmation en laboratoire d’un cas à l’hôpital du district de Machinga le 2 mars 2022.
Entre le 3 mars 2022 et le 3 février 2023, 36 943 cas au total, dont 1210 mortels, ont été notifiés dans les 29 districts du Malawi (taux de létalité global de 3,3 %), et une transmission active persiste dans 27 des 29 districts. Le nombre de cas a augmenté de 143 % de décembre (7017 cas) à janvier (17 078 cas). Au 3 février, la zone la plus touchée était le district de Mangochi, au bord du lac Malawi, où 6974 cas, dont 114 mortels (taux de létalité de 1,6 %), avaient été notifiés.
L’épidémie actuelle a débuté en mars 2022 dans le district de Machinga après la tempête tropicale Ana (janvier 2022) et le cyclone Gombe (mars 2022). Ces événements ont provoqué des inondations ayant pour conséquence le déplacement d’une population à faible immunité préexistante qui n’a désormais pas accès à l’eau salubre et aux moyens d’assainissement et d’hygiène. Jusqu’en août 2022, l’épidémie était principalement limitée aux zones inondées dans la région Sud, puis elle s’est étendue au nord et au centre du pays. Depuis décembre 2022, l’épidémie s’est propagée vers le sud du pays et toutes les régions sont touchées, y compris les deux principales villes, Blantyre et Lilongwe.
Depuis le début de la flambée, et au 3 février 2023, le groupe d’âge des 21 à 30 ans est le plus touché (27,7 % des cas), suivi du groupe des 11 à 20 ans (22,8 %). 57 % des cas (17 943) sont des hommes. Au 29 janvier 2023, la plupart des personnes décédées étaient âgées de 60 ans ou plus. La plupart des décès (66 %) sont survenus chez des hommes.
Des cas de choléra sont notifiés dans le pays depuis 1998, en particulier dans la région Sud, située sur un sol plat et à basse altitude, et sujette aux inondations pendant la saison des pluies. Les plus grands nombres
de cas et de décès ont été notifiés en 1998-1999 (25 000 cas, 860 décès, taux de létalité de 3,4 %), 2001-2002 (33 546 cas, 968 décès, taux de létalité
de 2,3 %) et 2008-2009 (5751 cas, 125 décès, taux de létalité de 2,2 %).
Figure 1 : Nombre de cas suspects et confirmés de choléra (n=36 943) et de décès (n=1210) par jour au Malawi, du 3 mars 2022 au 3 février 2023.
Source : Ministère de la santé et de la population du Malawi
Figure 2 : Répartition géographique des cas confirmés et suspects de choléra (n = 36 943) et des décès (n = 1210) par district au Malawi, du 3 mars 2022 au 3 février 2023.
Source : Ministère de la santé et de la population du Malawi
Figure 3 : Répartition par âge et par sexe des cas confirmés et suspects de choléra (n=36 943) au Malawi, du 3 mars 2022 au 3 février 2023.
Source : Ministère de la santé et de la population du Malawi
Épidémiologie du choléra
Le choléra est une infection entérique aiguë causée par l’ingestion de la bactérie Vibrio cholerae présente dans l’eau ou les aliments contaminés. Elle est principalement liée à un assainissement inadéquat et à un accès insuffisant à l’eau potable. Il s’agit d’une maladie extrêmement virulente qui peut provoquer une diarrhée aqueuse aiguë sévère entraînant une morbidité et une mortalité élevées, et peut se propager rapidement, en fonction de la fréquence d’exposition, de la population exposée et du cadre. Le choléra touche les enfants comme les adultes et, dans sa forme sévère, il peut entraîner la mort en l’espace de quelques heures si aucun traitement n’est administré.
La période d’incubation est comprise entre 12 heures et cinq jours après l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés. La plupart des personnes infectées par V. cholerae ne présentent aucun symptôme, bien que la bactérie soit présente dans leurs fèces pendant un à 10 jours après l’infection et qu’elle soit rejetée dans l’environnement, infectant potentiellement d’autres personnes. La plupart des sujets symptomatiques présentent des symptômes légers ou modérés, tandis qu’une minorité de personnes sont atteintes d’une forme grave de la maladie qui se manifeste par une diarrhée aqueuse aiguë et des vomissements entraînant une déshydratation sévère. Le choléra est une maladie facile à traiter. Dans la plupart des cas, l’administration rapide d’une solution de réhydratation orale (SRO) est efficace et permet de maintenir le taux de létalité au-dessous de 1 %.
Les crises humanitaires, qui ont notamment pour conséquence l’interruption des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement et les déplacements de populations vers des camps mal équipés et surpeuplés, peuvent augmenter le risque de transmission du choléra, au cas où le bacille serait présent ou s’il est introduit.
Pour maîtriser les flambées de choléra et réduire la mortalité due à cette maladie, il faut adopter une approche multisectorielle, alliant des mesures de surveillance, d’amélioration de la qualité de l’eau et des installations d’assainissement, de promotion de l’hygiène (WASH), de mobilisation sociale, couplées à des traitements et à une vaccination orale.
Épidémiologie de la maladie
Cholera is an acute enteric infection caused by ingesting the bacteria Vibrio cholerae present in contaminated water or food. It is mainly linked to inadequate sanitation and insufficient access to safe drinking water. It is an extremely virulent disease that can cause severe acute watery diarrhoea resulting in high morbidity and mortality, and can spread rapidly, depending on the frequency of exposure, the exposed population and the setting. Cholera affects both children and adults and in its’ severe form can be fatal within hours if untreated.
The incubation period is between 12 hours and five days after ingestion of contaminated food or water. Most people infected with V. cholerae do not develop any symptoms, although the bacteria are present in their faeces for 1-10 days after infection and are shed back into the environment, potentially infecting other people. Most people who develop symptoms have mild or moderate symptoms, while a minority develop severe forms of the disease with acute watery diarrhoea and vomiting leading to severe dehydration. Cholera is an easily treatable disease. Most people can be treated successfully through prompt administration of oral rehydration solution (ORS) and successful rehydration therapy can keep the CFR below 1%.
The consequences of a humanitarian crisis – such as disruption of water and sanitation systems, or the displacement of populations towards inadequate and overcrowded camps – can increase the risk of cholera transmission, should the bacteria be present or introduced.
A multi-sectoral approach including a combination of surveillance, water, sanitation and hygiene (WASH), social mobilization, treatment, and oral cholera vaccines is essential to control cholera outbreaks and to reduce deaths.
Action de santé publique
Le Ministère de la santé, l’OMS et d’autres partenaires mènent des interventions d’urgence depuis la déclaration de l’épidémie en mars 2022.
Coordination et intervention :
- L’épidémie de choléra en cours a été déclarée urgence de santé publique par le Gouvernement du Malawi le 5 décembre 2022. Le Groupe de travail présidentiel sur la maladie à coronavirus a ensuite été chargé de coordonner également la riposte à l’épidémie de choléra. Les membres du Groupe de travail présidentiel sur la COVID-19 et le choléra se sont rendus dans tous les districts touchés pour prendre la mesure de la situation.
- Un plan national chiffré de lutte contre le choléra destiné à faire face à l’épidémie a été élaboré et est mis à jour régulièrement. L’OMS et d’autres partenaires soutiennent la mise en œuvre de diverses activités conformes au plan. Des centres d’opérations d’urgence au niveau national et dans les districts ont été activés pour coordonner la riposte avec d’autres partenaires.
- Un groupe de coordination multisectoriel pour la lutte contre le choléra a été créé dans les districts touchés.
- L’Équipe nationale de gestion des incidents continue de coordonner la riposte technique à l’épidémie. Elle se réunit deux fois par semaine au Centre des opérations d’urgence de santé publique (PHEOC) à Lilongwe. L’équipe de gestion des incidents de l’OMS se réunit trois fois par semaine pour faire le point de la situation avec l’équipe nationale afin de coordonner le soutien dans tous les volets de la riposte.
- Tous les groupes thématiques techniques dirigés par le Ministère de la santé, avec le soutien de l’OMS et de ses partenaires, continuent d’assurer régulièrement un appui technique et de coordonner la mise en œuvre sur le terrain.
- La préparation transfrontalière se poursuit, avec des réunions organisées par des responsables du Ministère de la santé, de l’OMS et des partenaires au Mozambique et en Zambie par le biais de comités interdistricts.
Surveillance :
- Des équipes nationales d’intervention rapide ont été dépêchées dans tous les districts touchés.
- Des assistants de surveillance sanitaire ont été formés aux enquêtes et à la surveillance active des cas.
- La détection des cas dans les communautés et les établissements de santé se poursuit. Dans chaque district, une équipe d’intervention rapide continue d’enquêter sur les cas.
- La collecte et l’analyse des données se poursuivent, et des rapports de situation sont établis et publiés régulièrement. Une analyse épidémiologique approfondie de la situation est en cours.
- Les outils de collecte de données ont été harmonisés, imprimés et distribués dans tous les districts. Davantage d’outils sont imprimés pour répondre à la demande croissante de notification compte tenu du grand nombre de cas.
- Le Ministère de la santé, avec le soutien de l’OMS et de ses partenaires, a renforcé la surveillance dans les communautés pour détecter précocement les cas grâce à des agents de santé communautaires bénévoles. Le district de Lilongwe, qui est l’un des plus touchés, a lancé des interventions communautaires intégrées pour interrompre la transmission et faire baisser le nombre de décès liés au choléra. Les mêmes interventions ont été mises en œuvre dans six districts où la charge de morbidité est élevée, puis généralisées à tous les districts.
- Des visites opérationnelles conjointes du Ministère de la santé et de l’OMS sont en cours dans les districts où le nombre de cas et de décès est élevé.
- Le recrutement et le déploiement d’agents de surveillance et d’analystes de données dans les districts à forte charge de morbidité sont en cours pour améliorer les notifications et la qualité des données.
- Actuellement, une équipe d’appoint local et international est dans le pays pour soutenir l’amélioration de la gestion des informations, ainsi que de la surveillance et de la gestion des données. L’équipe continue de produire des documents d’information : rapports de situation quotidiens et hebdomadaires, cartes détaillant la charge de morbidité et de mortalité, emplacement des centres de traitement du choléra (CTC)/unités de traitement du choléra (UTC), profil des décès en fonction du groupe d’âge, du lieu et de l’établissement de traitement où ils surviennent pour orienter les interventions ciblées.
Renforcement du système de santé/prise en charge des cas :
- La prise en charge des cas a d’abord été assurée par un très grand nombre (345) d’unités de traitement du choléra (UTC) dans tous les districts touchés. Elle a ensuite été rationalisée et assurée par moins de centres à mesure que l’on a eu une idée plus précise du nombre de cas et de leur localisation. Ceci permet d’améliorer la qualité des soins tout en respectant l’approche décentralisée. Dans certaines zones où les besoins sont importants, de nouvelles structures ont été mises en place ou agrandies (par exemple à Bwaila et Area 25, à Lilongwe).
- Un examen et une évaluation des UTC ont été menés dans quatre régions (Salima, Blantyre, Lilongwe, Balaka) et sur plus de 20 sites la semaine dernière, ce qui a permis de repérer immédiatement les besoins et de recueillir les demandes de soutien logistique. Il s’agit d’améliorer l’approvisionnement en eau et en électricité, de mieux gérer les déchets et de fournir des lits et des équipements médicaux pour traiter les cas graves.
- En collaboration avec les partenaires et le Ministère de la santé, 13 médecins, 46 formateurs de formateurs et environ 200 infirmières et infirmiers sont prêts à être envoyés dans les zones où du personnel doit être formé.
- Des documents fondamentaux standardisés pour les soins aux patients ont été établis d’un commun accord avec le Ministère de la santé pour permettre l’enregistrement du traitement et la réponse au traitement (y compris l’administration de liquides et les tableaux d’observation).
- Afin de définir les données à recueillir auprès des patients pour obtenir des informations sur la qualité des soins et mieux comprendre les tableaux cliniques du choléra, un formulaire de saisie de données sur papier et sous forme électronique a été conçu en accord avec le Ministère de la santé et a commencé à être utilisé dans les CTC.
- Un réseau de supervision dans les hôpitaux de niveau tertiaire a été créé. Il permet aux centres spécialisés d’offrir des services de proximité dans les régions où les patients sont traités afin d’améliorer la qualité des soins dispensés et de soutenir le personnel des UTC.
- La cartographie des partenaires et des centres se poursuit, avec l’identification des parcours de soins officiels et informels. Cette cartographie couvre les régions à forte charge de morbidité et certains groupes de la population (par exemple, les enfants de moins de deux ans), et a elle a orienté le renforcement des effectifs des CTC.
- L’OMS et ses partenaires soutiennent la mise en place de points de réhydratation orale dans les communautés fortement touchées, y compris les communautés des zones 25 et 18, de Likuni et de Bwaila. Actuellement, 47 points de réhydratation orale ont été créés dans 10 districts à forte charge de morbidité pour la prise en charge primaire des cas dans les communautés. Les responsables religieux, les chefs de village et les agents de santé communautaires et bénévoles ont reçu des orientations sur le fonctionnement des points de réhydratation orale et leur rôle dans les communautés a été souligné. L’installation de points de réhydratation orale doit être étendue rapidement afin qu’il soit possible d’intervenir précocement et d’éviter les hospitalisations pour déshydratation sévère.
- Des visites sont effectuées dans les CTC de trois districts pour superviser la lutte anti-infectieuse, l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Les principaux domaines sur lesquels la supervision a porté sont la séparation des patients en fonction de la gravité de la maladie pendant les soins dans les CTC, la manipulation des dispositifs invasifs, la gestion des déchets, la gestion du linge, la gestion du chlore, l’utilisation des équipements de protection individuelle (EPI), la gestion des gardiens et le nettoyage de l’environnement.
- Les équipes se sont également rendues dans trois communautés des trois districts pour évaluer l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Elles ont notamment procédé à des inspections
sanitaires des sources d’eau, des installations sanitaires, de l’accès à l’eau potable et de la chloration de l’eau domestique et ont mené des activités d’éducation sanitaire dans
les communautés.
Renforcement des capacités/lutte anti-infectieuse :
- Une formation à la prise en charge des cas a été dispensée à Nkhotakota, Rumphi, Likoma, Chitipa, Nkhatabay, Mzimba Nord, Mzimba Sud et Karonga.
- Des visites sont en cours dans les communautés pour évaluer l’eau, l’assainissement et l’hygiène et pour procéder à des inspections sanitaires des sources d’eau, des installations sanitaires, de l’accès à l’eau potable et de la chloration de l’eau domestique et mener des activités d’éducation sanitaire dans les communautés.
- Une formation et un mentorat sur la lutte anti-infectieuse ont été organisés auprès des agents de santé des CTC/UTC dans tous les districts du nord.
Ressources humaines :
- Le Ministère de la santé a annoncé le recrutement de personnel d’appoint pour soutenir la lutte contre le choléra dans les districts de Blantyre, Karonga, Lilongwe, Mangochi, Nkhatabay, Nkothakota, Rumphi et Salima.
- L’OMS appuie le recrutement de 40 médecins (dont 21 étaient déjà en poste au 3 février 2023), de 80 techniciens cliniques et de 160 infirmières et infirmiers pour travailler dans les CTC/UTC de tout le pays.
Laboratoires :
- L’OMS aide le Ministère de la santé à accroître les capacités de dépistage et de diagnostic en laboratoire afin de continuer à surveiller l’incidence dans toutes les zones touchées, en mettant l’accent sur la détection précoce et la confirmation des nouveaux cas dans les zones indemnes, ainsi que sur le séquençage génomique de Vibrio cholerae.
- L’OMS soutient le renforcement des capacités, la fourniture de réactifs et l’établissement de modes opératoires normalisés.
- La collecte d’échantillons pour le séquençage est en cours. Pendant ce temps, des tests périodiques des cas sont effectués, 5 à 10 échantillons étant prélevés systématiquement chaque semaine dans les CTC/UTC.
Logistique et approvisionnement :
- Des kits de prise en charge du choléra et d’autres fournitures, notamment des sels de réhydratation orale, des solutions intraveineuses (IV), des antibiotiques, des kits de diagnostic rapide, des équipements de protection individuelle, des tentes et des lits destinés aux cas de choléra ont été mis à disposition par l’OMS et ses partenaires dans les districts touchés.
- Des structures de traitement et des points de réhydratation orale ont été mis en place dans les districts touchés. À l’heure actuelle, 345 CTC et UTC ont été créés, dont 140 sont actifs, et 47 points de réhydratation orale ont été mis en place dans 10 districts pour plus de 180 000 personnes à haut risque.
- L’OMS a fourni des kits de prise en charge du choléra et d’autres fournitures qui sont distribuées aux districts touchés et qui ont permis de traiter 48 000 cas depuis le début de l’épidémie. Des fournitures supplémentaires sont mobilisées.
- Au 3 février 2023, 35 kits de prise en charge du choléra (module pharmaceutique) contenant 17 600 litres de solution de Ringer lactate étaient en cours d’expédition vers le pays.
- 1271 poches de solution de Ringer lactate (de 500 ml) et 5300 sachets de SRO ont été expédiés par l’OMS aux hôpitaux de district où la charge de morbidité est élevée, y compris à Lilongwe.
Campagnes de vaccination réactive :
Deux campagnes d’administration du vaccin anticholérique oral (VCO) ont été menées dans 21 districts depuis le début de l’épidémie.
- À la suite d’une demande de VCO adressée au Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccins (GIC) et de son approbation en mai 2022, 1 947 696 doses ont été reçues dans un premier lot. Une campagne de vaccination réactive pour un cycle d’administration du VCO s’est déroulée dans huit districts (Balaka, Blantyre, Chikwawa, Machinga, Mangochi, Mulanje, Nsanje et Phalombe) du 23 au 27 mai 2022. La couverture vaccinale cumulée était de 69 %.
- Une deuxième demande de VCO a été soumise au GIC en octobre 2022, et 2 941 982 doses ont été approuvées pour une campagne d’administration de doses uniques. Cette campagne s’est déroulée du 28 novembre au 2 décembre 2022 dans 13 districts : Chitipa, Kasungu, Nsanje, Rhumphi, Salima, Karonga, Zomba, Mzimba Nord et Sud, Nkhatabay, Nkhotakota, Lilongwe et Likoma. Une couverture vaccinale de 83,6 % a été atteinte.
- Des campagnes supplémentaires d’administration du VCO ont ensuite été organisées à Mangochi et à Blantyre (au-delà des 13 districts ciblés). Au total, 96,8 % de la population résidant dans des communautés à haut risque et à forte charge de choléra ont bénéficié du VCO (ce qui représente 2 825 229 doses).
Communication sur les risques et mobilisation communautaire :
- Les stations de radio communautaires et nationales sont utilisées afin de sensibiliser les communautés touchées et de diffuser des messages pour la prévention du choléra. Quatre radios communautaires (celles de Nkhotakota, Nkhatabay, Mzimba et Rumphi) ont produit des jingles et diffusé des émissions et des débats en direct avec l’appui de l’UNICEF.
- L’OMS a soutenu la création de supports d’information, d’éducation et de communication (brochure sur les liens entre l’eau, l’assainissement, l’hygiène et le choléra, affiche sur le choléra, dépliant pour les agents de santé, affiches sur la gestion des déchets, affiches de la campagne d’administration du VCO).
- Les agents de promotion de la santé ont engagé des dirigeants locaux et des responsables de la santé avec le soutien de la Croix-Rouge.
- Les autorités des districts ont été invitées à écrire des lettres aux églises, aux chefs et aux structures communautaires locales pour renforcer les mesures de prévention du choléra dans les communautés et pendant les rassemblements.
- Une enquête sur les connaissances, les attitudes et les perceptions a été menée à Blantyre, Salima et Nkhatabay, afin de comprendre les facteurs de l’épidémie de choléra et d’orienter
les interventions ciblées dans les communautés touchées.
Interventions :
- Des latrines mobiles ont été fournies dans les camps de traitement du choléra et des latrines préfabriquées ont été installées dans cinq camps.
- Les ménages des districts touchés sont sensibilisés à la promotion de la qualité de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, y compris du traitement de l’eau et de l’hygiène des mains.
- La chloration en porte-à-porte est en cours dans les communautés touchées dans tous les districts.
- Des tests pour la surveillance de la qualité de l’eau ont été donnés par l’UNICEF et distribués dans tous les districts pour améliorer la surveillance de la qualité de l’eau.
- La qualité de l’eau a été surveillée à Balaka, Blantyre, Chikwawa, Karonga, Machinga, Mangochi, Mwanza, Neno, Nsanje, Mwanza, Salima, Nkhotakota et Nkhatabay.
- L’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) a fourni de la solution concentrée d’hypochlorite à Nkhotakota, Nkhatabay, Rumphi, Karonga et Mzimba.
- Au total, 9579 distributeurs de chlore ont été installés dans quatre districts (Zomba, Blantyre, Balaka et Mangochi).
- Des assistants de surveillance sanitaire continuent de distribuer une solution mère à 1 % aux membres des communautés dans tous les districts.
Évaluation du risque par l’OMS
Le choléra est endémique au Malawi, des flambées épidémiques saisonnières se produisant pendant la saison des pluies. La première flambée de grande ampleur s’est produite en 1998 et s’est propagée dans la région Sud et 25 000 cas ont été notifiés. Avant l’épidémie actuelle, la flambée la plus importante est survenue au Malawi d’octobre 2001 à avril 2002. Elle a touché 26 des 29 districts, provoquant 33 546 cas, dont 968 mortels (taux de létalité de 3 %).
À la suite des inondations dans la région Sud en janvier 2022, le Ministère de la santé a confirmé l’existence d’une épidémie de choléra le 3 mars 2022. Cette épidémie, qui était initialement limitée à la région Sud et aux zones touchées par les inondations, sévit maintenant dans toutes les régions et tous les districts du pays. La transmission du choléra s’est poursuivie pendant la saison sèche (de juin à octobre), où elle est habituellement faible au Malawi. Avec le début de la saison des pluies de novembre à mai, le nombre de cas de choléra et la propagation devraient encore augmenter. Par conséquent, le risque est considéré comme très élevé au niveau national. La faiblesse des moyens consacrés à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène dans les districts touchés, en particulier dans les communautés de pêcheurs le long du lac Malawi, risque de prolonger la propagation de l’épidémie de choléra à l’échelle nationale, dans les pays voisins et dans la région.
Deux campagnes d’administration réactive d’une dose unique de VCO ont été menées dans certaines parties de 21 districts touchés, mais les sous-districts et les districts où les populations n’ont pas été vaccinées restent exposés au risque. Parmi les autres problèmes repérés dans les districts les plus à risque, citons l’insuffisance des capacités de prise en charge et de diagnostic dans les zones touchées, ce qui retarde la détection des cas et donne de mauvais résultats. Cette situation est encore aggravée par le fait que les membres des communautés tardent à se faire soigner.
Le risque d’augmentation du nombre de cas et de propagation internationale persiste. Des cas confirmés ont été notifiés au Mozambique voisin et le risque de transmission transfrontalière entre le Malawi et le Mozambique reste élevé pendant l’épidémie actuelle.
Le pays a l’expérience de la lutte contre les épidémies de choléra. Cependant, en raison d’autres épidémies sévissant simultanément (poliomyélite, COVID-19), de l’étendue géographique importante de l’épidémie (des cas ont été notifiés dans tous les districts) et du nombre élevé de cas, la charge actuelle épuise les capacités et les ressources nationales existantes ainsi que la capacité de soutien des partenaires. En outre, il y a plusieurs autres grandes épidémies de choléra dans le monde qui mettent à rude épreuve les stocks mondiaux limités de fournitures et de VCO, et il reste peu de ressources pour le Malawi et la région.
L’OMS estime que le risque que représente cette épidémie est très
élevé aux niveaux national et régional. Le 21 janvier 2023, l’OMS a
estimé que le risque d’épidémie
mondiale de choléra était très élevé en raison des multiples
flambées de choléra en cours dans de nombreuses Régions de l’OMS.
Conseils de l’OMS
Il est urgent d’améliorer l’accès à l’eau potable et aux moyens d’assainissement et d’hygiène. L’OMS recommande d’améliorer l’accès à l’eau potable, aux infrastructures d’assainissement et à une prise en charge appropriée et rapide des cas de choléra, ainsi que la lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé. La promotion de pratiques d’hygiène préventive et de sécurité alimentaire dans les communautés touchées est la stratégie la plus efficace pour lutter contre le choléra. Les messages de santé publique ciblés sont un élément clé de la réussite de la riposte. L’administration du VCO doit aller de pair avec avec une amélioration de la qualité de l’eau et de l’assainissement pour endiguer les flambées de choléra et pour prévenir la maladie dans des zones ciblées où l’on sait que le risque est élevé.
Le fait que les malades se présentent tardivement dans un établissement de santé explique en partie les taux de létalité élevés à Mangochi, Blantyre, Machinga et Lilongwe. Le report des soins et la sensibilisation limitée des communautés peuvent entraîner des retards de traitement et une augmentation du nombre de décès, ainsi qu’une sous-estimation de l’ampleur de l’épidémie (du nombre de cas et de décès qu’elle entraîne). L’OMS recommande aux États Membres de renforcer et de maintenir la surveillance du choléra, en particulier dans les communautés, afin de détecter rapidement les cas suspects, de fournir un traitement adéquat et de prévenir la propagation de la maladie. Un traitement précoce et adéquat limite à moins de 1 % le taux de létalité parmi les patients hospitalisés. La coordination et la collaboration transfrontalières et entre les districts, la communication sur les risques et la participation des communautés sont essentielles pour prévenir et endiguer cette épidémie de choléra.
Sur la base des informations disponibles pour cette épidémie, l’OMS ne préconise pas d’appliquer de restrictions aux voyages ou aux échanges commerciaux avec le Malawi. Toutefois, la flambée se produisant dans des zones frontalières où il y a un mouvement transfrontalier important, l’OMS encourage le Malawi et les pays voisins à assurer la coopération et l’échange régulier d’informations afin que toute propagation transfrontalière soit rapidement contenue.
Plus d'informations
- OMS – Principaux repères : Choléra
- Relevé épidémiologique hebdomadaire 2016
- Relevé épidémiologique hebdomadaire 2017
- Relevé épidémiologique hebdomadaire 2019
- Relevé épidémiologique hebdomadaire 2020
- UNICEF Rapport de situation – Inondations Malawi, publié le 17 mars 2022 (en anglais)
- Tropical storms, flooding and Cholera: Malawi faces cholera emergency amidst severe climate events, publié le 23 mars 2022 (en anglais)
- OMS Bulletin d'information sur les situations épidémiques : Choléra - Malawi, publié le 27 avril 2022
- OMS Afrique – Malawi News: UNICEF and WHO step up efforts to contain Cholera in Malawi and call for additional funds and support, publié le 24 août 2022 (en anglais)
- OMS Bulletin d’information sur les flambées épidémiques : Choléra au Malawi, publié le 7 novembre 2022
- Malawi Ministry of Health Cholera Surveillance Dashboard (en anglais)