WHO/S. Volkov
© Photo

Alcool

28 juin 2024

Principaux faits

  • L’alcool ou les boissons alcoolisées contiennent de l’éthanol, une substance psychoactive et toxique qui peut entraîner une dépendance.
  • La consommation d’alcool a été à l’origine d’environ 2,6 millions de décès dans le monde en 2019. Parmi eux, 1,6 million était dû à des maladies non transmissibles, 700 000 à des blessures et 300 000 à des maladies transmissibles.
  • C’est chez les hommes que, cette année-là, la mortalité attribuable à l’alcool a été la plus élevée (2 millions de décès contre 600 000 décès chez les femmes).
  • On estime que 400 millions de personnes, soit 7 % de la population mondiale âgée de 15 ans et plus, présentaient alors des troubles liés à la consommation d’alcool. Parmi elles, 209 millions de personnes (soit 3,7 % de la population mondiale adulte) étaient alcoolodépendantes.
  • Même de faibles niveaux de consommation peuvent entraîner des risques pour la santé, mais la plupart des méfaits de l’alcool sont dus à la consommation occasionnelle ou régulière de fortes quantités.
  • Des interventions efficaces de lutte contre l’alcool existent et il faudrait davantage y recourir. Néanmoins, il est important que les gens connaissent les risques associés à la consommation d’alcool et prennent des mesures au niveau individuel pour se protéger de ses effets nocifs. 

Vue d’ensemble

L’alcool et les boissons alcoolisées contiennent de l’éthanol, une substance psychoactive qui possède des propriétés addictives. L’usage de l’alcool est largement répandu dans de nombreuses cultures, et ce depuis des siècles, mais il est associé à des risques et des préjudices importants pour la santé.

Dans le monde, 2,6 millions de décès étaient attribuables à la consommation d’alcool en 2019, dont 2 millions d’hommes et 600 000 femmes. Les niveaux les plus élevés de décès liés à l’alcool pour 100 000 personnes sont observés dans les Régions européenne et africaine de l’OMS, où ces chiffres s’établissent, respectivement, à 52,9 et 52,2 décès pour 100 000 personnes. 

Les plus jeunes (20 à 39 ans) sont touchés de manière disproportionnée par la consommation d’alcool : c’est dans cette tranche d’âge qu’en 2019, la part la plus élevée (13 %) de décès attribuables à celle-ci a été enregistrée.

Les données sur la consommation mondiale d’alcool en 2019 indiquent qu’environ 400 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus présentaient alors des troubles liés à la consommation d’alcool et qu’environ 209 millions étaient alcoolodépendantes.

Des progrès ont certes été accomplis. Ainsi, entre 2010 et 2019, le nombre de décès attribuables à l’alcool pour 100 000 personnes a diminué de 20,2 % à l’échelle mondiale. De même, le nombre de pays qui élaborent des politiques nationales de lutte contre l’alcool a régulièrement augmenté et presque tous les pays appliquent aujourd’hui des droits d’accise sur l’alcool. Cependant, les informations communiquées par les pays indiquent que l’industrie de l’alcool n’a cessé de faire ingérence dans l’élaboration des politiques. 

En 2019, 54 % environ des 145 pays ayant communiqué des données disposaient de lignes directrices ou de normes nationales pour les services spécialisés de traitement des troubles liés à la consommation d’alcool, mais seuls 46 % des pays étaient dotés de réglementations pour préserver l’anonymat des personnes sous traitement. 

L’accès au dépistage, aux interventions brèves et aux traitements, notamment aux médicaments contre les troubles liés à la consommation d’alcool, reste très faible pour les personnes qui ont une consommation dangereuse d’alcool ou présentent ces troubles. Si l’on prend l’ensemble des pays qui disposent de données à ce sujet, la part de personnes présentant des troubles liés à la consommation d’alcool qui sont en liaison avec les services de traitement va de moins de 1 % à 14 %. 

Les risques de la consommation d’alcool pour la santé

La consommation d’alcool est impliquée dans plus de 200 maladies et lésions traumatiques ou autres états pathologiques. Cependant, la charge mondiale des maladies et des traumatismes causés par la consommation d’alcool ne peut être quantifiée que pour 31 problèmes de santé en s’appuyant sur les données scientifiques disponibles sur le rôle de cette consommation dans le développement, la fréquence et l’issue de ces problèmes.

Le fait de boire de l’alcool est associé à des risques de développer des maladies non transmissibles telles que des maladies hépatiques, des cardiopathies et différents types de cancers, ainsi que des problèmes de santé mentale ou comportementaux comme la dépression, l’anxiété et les troubles liés à la consommation d’alcool.

On estime que 474 000 décès dus à des maladies cardiovasculaires étaient causés par la consommation d’alcool en 2019.

L’alcool est un agent cancérogène établi et sa consommation majore le risque de plusieurs cancers, notamment ceux du sein, du foie, de la tête et du cou et de l’œsophage et le cancer colorectal. En 2019, 4,4 % des cancers diagnostiqués dans le monde et 401 000 décès par cancer étaient imputables à la consommation d’alcool.

Les consommateurs d’alcool ne sont pas les seuls à en subir les préjudices, également importants pour autrui. Ainsi, une part importante de la charge de morbidité attribuable à l’alcool tient aux traumatismes, notamment ceux subis lors d’accidents de la route. En 2019, sur un total de 298 000 décès dus à des accidents de la route liés à l’alcool, 156 000 décès étaient causés par la consommation d’alcool d’un tiers.

Les autres traumatismes en cause, intentionnels ou non, concernent les chutes, les noyades, les brûlures, les agressions sexuelles, la violence au sein du couple et le suicide.

Une relation de cause à effet a été établie entre la consommation d’alcool et l’incidence ou l’évolution de maladies infectieuses telles que la tuberculose et l’infection à VIH.

La consommation d’alcool pendant la grossesse augmente le risque que son enfant soit atteint de troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF). La forme la plus grave en est le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF), qui est associé à des troubles du développement et à des malformations congénitales. La consommation d’alcool pendant la grossesse peut aussi majorer le risque de complications de la prématurité (y compris la fausse couche, la mortinaissance et l’accouchement prématuré).

Les jeunes sont touchés de manière disproportionnée par la consommation d’alcool : en 2019, c’est chez les personnes âgées de 20 à 39 ans que la proportion des décès attribuables à l’alcool était la plus élevée (13 %).

À long terme, la consommation d’alcool à des niveaux nocifs peut entraîner des problèmes sociaux, notamment des difficultés familiales ou professionnelles et le chômage.

Facteurs affectant la consommation d’alcool et ses effets néfastes

Aucune forme de consommation d’alcool n’est sans risque. Même à de faibles niveaux, elle est assortie de risques et peut avoir des effets néfastes.

Le niveau de risque dépend néanmoins de plusieurs facteurs, notamment de la quantité consommée, de la fréquence, de l’état de santé de la personne, de l’âge, du sexe et d’autres caractéristiques personnelles, ainsi que du contexte de consommation.

Certains groupes et personnes vulnérables ou à risque sont plus sensibles aux propriétés toxiques, psychoactives et addictives de l’alcool. En revanche, les personnes qui adoptent des modes de consommation d’alcool à faible risque ne présentent pas nécessairement une probabilité sensiblement accrue de conséquences négatives sur leur santé et la société.

Différents facteurs sociétaux influent sur les niveaux et les modes de consommation d’alcool et les problèmes connexes : les normes culturelles et sociales, la disponibilité de l’alcool, le niveau de développement économique et la mise en œuvre effective des politiques en matière d’alcool.

L’impact de la consommation d’alcool sur les problèmes de santé chroniques et aigus est en grande partie déterminé par la quantité totale d’alcool consommée et le mode de consommation, en particulier à la fréquence de consommation et à la présence d’épisodes de forte consommation. La plupart des méfaits de l’alcool sont dus à la consommation occasionnelle ou régulière de fortes quantités.

Le contexte dans lequel il est consommé joue un rôle important dans la survenue des problèmes liés à l’alcool, en particulier ceux résultant de l’intoxication alcoolique. La consommation d’alcool peut avoir des effets non seulement sur l’incidence des maladies, traumatismes et autres problèmes de santé, mais également sur leur évolution et leur issue.

Il existe des différences entre les sexes du point de vue la consommation d’alcool comme de la mortalité et de la morbidité qui leur sont associées. En 2019, 52 % des hommes étaient des consommateurs d’alcool au moment de l’enquête, tandis que seulement 35 % des femmes avaient bu de l’alcool au cours des 12 derniers mois. La consommation d’alcool par habitant était, en moyenne, de 8,2 litres pour les hommes contre 2,2 litres pour les femmes. Cette même année, la consommation d’alcool était responsable de 6,7 % de l’ensemble des décès chez les hommes et de 2,4 % de l’ensemble des décès chez les femmes.

Action de l’OMS

Le Plan d’action mondial contre l’alcool 2022-2030, approuvé par les États Membres de l’OMS, vise à réduire l’usage nocif de l’alcool grâce à des stratégies efficaces et fondées sur des données probantes au niveau national, régional et mondial. Il fixe six grands domaines d’action : stratégies et interventions à fort impact, plaidoyer et sensibilisation, partenariat et coordination, appui technique et renforcement des capacités, acquisition de connaissances et systèmes d’information, et mobilisation des ressources.

La mise en œuvre de la stratégie et du plan d’action mondiaux favorisera des progrès plus rapides vers les objectifs fixés en matière d’alcool dans la cible 3.5 des objectifs de développement durables (ODD), qui consiste à renforcer la prévention et le traitement de l’abus de substances psychoactives, notamment de stupéfiants et d’alcool.

Pour y parvenir, il faudra prendre des mesures à l’échelle mondiale, régionale et nationale sur les niveaux, les modes et les contextes de la consommation d’alcool et sur les déterminants sociaux de la santé au sens large, en mettant l’accent sur la mise en œuvre d’interventions d’un bon rapport coût/efficacité et à fort impact. 

Il est essentiel de s’attaquer aux déterminants de l’acceptabilité, de la disponibilité et de l’accessibilité économique de la consommation d’alcool au moyen de mesures intersectorielles, globales et intégrées. Il faut aussi absolument instaurer une couverture sanitaire universelle pour les personnes qui présentent des troubles liés à la consommation d’alcool et d’autres problèmes de santé dus à cette consommation, en renforçant l’action engagée par le système de santé et en mettant sur pied des systèmes complets et accessibles de traitement et de soins pour celles et ceux qui en ont besoin.

L’initiative SAFER, lancée en 2018 par l’OMS et ses partenaires, aide les pays à mettre en œuvre des interventions à fort impact et rentables qui ont démontré leur efficacité à réduire les conséquences négatives de la consommation d’alcool.

Le Système mondial d’information sur l’alcool et la santé (en anglais) de l’OMS présente les données sur le volume et les modes  de consommation d’alcool, les conséquences sanitaires et sociales de l’alcool et les mesures appliquées à travers le monde.

Une réduction de l’usage nocif de l’alcool selon les objectifs définis dans le Plan d’action mondial, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le cadre mondial OMS de suivi des maladies non transmissibles (en anglais) exigera une action concertée des pays et une gouvernance mondiale efficace. 

Les politiques et les interventions appliquées dans le secteur public pour prévenir et réduire l’usage nocif de l’alcool doivent être motivées par des préoccupations de santé publique, viser des objectifs de santé publique clairement définis et reposer sur les données les plus fiables dont on dispose.

Il faut absolument associer toutes les parties prenantes concernées, mais les conflits d’intérêts potentiels, en particulier avec l’industrie de l’alcool, doivent être soigneusement évalués avant de nouer de telles collaborations. Les opérateurs économiques devraient s’abstenir de toute activité susceptible d’empêcher, de retarder ou d’interrompre l’élaboration, la promulgation, la mise en œuvre et l’application de stratégies et d’interventions à fort impact visant à réduire l’usage nocif de l’alcool. 

Une action collective, engagée en prenant les précautions qui s’imposent et en se protégeant contre les conflits d’intérêts, permettra de réduire efficacement les conséquences négatives de l’alcool sur la santé et la société.