Hépatite D

25 juillet 2025

L’essentiel

  • Le virus de l’hépatite D (VHD) a besoin de celui de l’hépatite B (VHB) pour pouvoir se répliquer. L’infection chronique par le VHD ne se produit que chez les personnes vivant avec le VHB.
  • À l’échelle mondiale, le VHD touche près de 5 % des personnes présentant une infection chronique par le VHB (soit environ 12 millions de personnes).
  • Parmi les populations les plus susceptibles de présenter une co-infection VHB-VHD figurent les populations autochtones, les personnes hémodialysées et les consommateurs et consommatrices de drogues injectables.
  • L’infection chronique par le VHD est considérée comme la forme la plus grave d’hépatite virale chronique en raison de son évolution plus rapide vers un carcinome hépatocellulaire et un décès par atteinte hépatique.
  • Le VHD a récemment été classé comme cancérogène pour l’être humain, tout comme les virus de l’hépatite B et C.
  • La prévention de l’hépatite D passe par la vaccination contre l’hépatite B.
  • De nouvelles options thérapeutiques présentant de meilleurs profils d’innocuité et offrant de meilleurs résultats ont été approuvées en Europe.

 

Vue d’ensemble

L’hépatite D est une inflammation du foie provoquée par le virus de l’hépatite D (VHD), qui a besoin du virus de l’hépatite B (VHB) pour se répliquer. Il ne peut pas y avoir d’hépatite D en l’absence de VHB. La co-infection VHD-VHB est considérée comme la forme la plus grave d’hépatite virale chronique en raison de son évolution plus rapide vers un carcinome hépatocellulaire et un décès par atteinte hépatique. La vaccination contre l’hépatite B peut prévenir l’infection par le VHD. Le VHD a récemment été classé comme cancérogène pour l’être humain (groupe I) par le Programme des Monographies du CIRC, à l’instar des virus de l’hépatite B et C.

Répartition géographique

Selon les estimations d’une étude menée en collaboration avec l’OMS et publiée dans le Journal of Hepatology en 2020 (1), le VHD toucherait près de 5 % des personnes présentant une infection chronique par le VHB dans le monde et la co-infection par le VHD expliquerait environ 1 cas sur 5 de maladie hépatique et de cancer du foie chez les personnes infectées par le VHB. L’étude recense plusieurs zones géographiques à forte prévalence d’infection par le VHD (« points chauds »), dont la Mongolie, la République de Moldova et différents pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale.

 

Transmission

Le VHD est véhiculé par le sang et se transmet de la même manière que le VHB. La transmission peut se faire par contact avec du sang ou d’autres liquides biologiques d’une personne infectée, mais aussi lors de rapports sexuels ou, plus rarement, par transmission de la mère à l’enfant avant l’accouchement ou dans la période périnatale (transmission verticale). Le VHD peut également se propager au sein des familles dans les zones d’endémie.

Les personnes porteuses d’une infection chronique par le VHB sont exposées au risque d’infection par le VHD. Les personnes qui ne sont pas immunisées contre le VHB (qui ne possèdent ni une immunité naturelle après avoir contracté la maladie, ni une immunité induite par le vaccin anti-hépatite B) risquent d’être infectées par le VHB, ce qui les rend vulnérables à l’infection par le VHD.

Parmi les populations les plus susceptibles de présenter une co-infection VHB-VHD figurent les populations autochtones, les consommateurs et consommatrices de drogues injectables et les personnes infectées par le virus de l’hépatite C ou par le VIH. Il semblerait également que le risque d’infection par le VHD soit plus élevé chez les personnes hémodialysées, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les travailleurs et travailleuses du sexe.

La vaccination contre le VHB peut prévenir la co-infection par le VHD ; l’essor des programmes de vaccination contre l’hépatite B dans l’enfance a donc entraîné une baisse de l’incidence de l’hépatite D au niveau mondial.

Symptômes

L’infection simultanée par le VHB et le VHD peut entraîner une hépatite modérée à sévère, avec des signes et symptômes qui ne peuvent être distingués de ceux des autres types d’hépatite virale aiguë. Ces manifestations, qui apparaissent généralement entre 3 et 7 semaines après l’infection initiale, sont notamment les suivantes : fièvre, fatigue, perte d’appétit, nausées, vomissements, urines foncées, selles claires, ictère (yeux jaunes), voire hépatite fulminante. Toutefois, la guérison est généralement complète, la survenue d’une hépatite fulminante est peu fréquente et l’évolution vers une hépatite D chronique est rare (moins de 5 % des cas d’hépatite aiguë).

Dans le cas d’une surinfection, le VHD peut infecter une personne déjà porteuse d’une infection chronique par le VHB. À tous les âges et chez 70 à 90 % des personnes, cette surinfection accélère l’évolution vers une forme plus grave de la maladie. Par rapport à une mono-infection par le VHB, la surinfection par le VHD accélère notablement la progression vers une cirrhose. Les personnes atteintes de cirrhose induite par le VHD présentent un risque accru de carcinome hépatocellulaire. Cependant, le mécanisme par lequel le VHD entraîne une hépatite plus grave et une progression plus rapide de la fibrose hépatique que le VHB seul reste mal connu.

Diagnostic

Pour qu’un diagnostic d’infection chronique par le VHD puisse être posé, la sérologie doit révéler une exposition (infection passée ou présente) et les méthodes moléculaires doivent indiquer la présence d’ARN du VHD et d’une infection active.

Toutefois, les produits de diagnostic du VHD ne sont pas largement disponibles, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et les tests de détection de l’ARN du VHD, qui sont essentiels pour déceler une infection virémique active et surveiller la réponse au traitement antiviral, sont insuffisamment standardisés.

Traitement

Jusqu’à récemment, l’interféron α pégylé (PEG-IFNα) était le seul traitement disponible pour l’infection chronique par le VHD. Cependant, le recours à ce traitement est resté limité en raison de mauvais résultats thérapeutiques, d’effets secondaires et de contre-indications. Seulement 20 à 30 % des personnes traitées par le PEG-IFNα obtiennent une réponse virologique complète sous traitement, et les rechutes sont fréquentes.

L’arsenal thérapeutique contre le VHD évolue rapidement et certains nouveaux agents affichent des résultats favorables. En 2023, le bulévirtide, un inhibiteur d’entrée administré une fois par jour par injection sous-cutanée, a été approuvé par l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour le traitement de l’infection chronique par le VHD chez les adultes atteints de maladie hépatique compensée. Plusieurs études multicentriques se poursuivent pour évaluer les meilleures modalités thérapeutiques en termes de posologie, de durée du traitement et d’association possible avec le PEG-IFNα.

Les analogues nucléosidiques employés dans le traitement de l’hépatite B n’ont présenté aucun avantage direct contre le VHD, bien qu’ils soient généralement utilisés pour la prise en charge de l’infection chronique par le VHB.

Prévention

Les services de prévention de l’hépatite D devraient être axés sur la réduction de la transmission du VHB par le biais des mesures suivantes : vaccination anti-hépatite B (y compris l’administration en temps utile de la dose de naissance), prophylaxie antivirale supplémentaire pour les femmes enceintes remplissant les conditions requises, sécurité transfusionnelle, sécurité des injections en milieu de soins, et services de réduction des risques par la mise à disposition d’aiguilles et de seringues propres. La vaccination contre l’hépatite B ne confère aucune protection contre le VHD chez les personnes qui sont déjà infectées par le VHB.

Action de l’OMS

Les stratégies mondiales du secteur de la santé contre, respectivement, le VIH, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles pour la période 2022-2030 guident le secteur de la santé dans la mise en œuvre d’actions stratégiques ciblées pour atteindre les objectifs d’élimination du sida, des hépatites virales (en particulier les hépatites B et C chroniques) et des infections sexuellement transmissibles d’ici à 2030.

Ces stratégies préconisent des approches nationales axées sur l’une ou plusieurs de ces maladies, soutenues par des actions de l’OMS et de ses partenaires. Elles tiennent compte des évolutions épidémiologiques, technologiques et contextuelles des années précédentes, favorisent l’apprentissage sur différents aspects des maladies concernées et ouvrent des possibilités pour tirer parti des innovations et des nouvelles connaissances en vue de combattre efficacement ces maladies. Elles appellent par ailleurs à intensifier la prévention, le dépistage et le traitement de l’hépatite virale en mettant l’accent sur les populations et les communautés les plus touchées et à risque pour chaque maladie, en veillant à combler les lacunes et à combattre les inégalités. Elles encouragent les synergies dans le cadre de la couverture sanitaire universelle et des soins de santé primaires et contribuent à la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’OMS a en outre publié en 2024 des lignes directrices actualisées pour la prévention, le diagnostic, la prise en charge et le traitement des personnes atteintes d’hépatite B chronique (en anglais), dans lesquelles figurent désormais des recommandations officielles pour le dépistage et le diagnostic de confirmation de l’infection par le VHD. L’OMS s’emploie également à inclure les principaux tests de dépistage du VHD dans sa liste de produits de diagnostic essentiels et à mettre en avant, en collaboration avec ses partenaires et les États Membres, l’importance d’une action de santé publique face au VHD.

L’OMS organise chaque année la Journée mondiale contre l’hépatite — l’une de ses neuf campagnes phares annuelles — afin de mieux faire connaître l’hépatite virale. Pour la Journée mondiale contre l’hépatite 2024, l’OMS a choisi le thème « Il est temps d’agir » pour illustrer à quel point il est urgent d’intensifier la prévention, le dépistage et le traitement de l’hépatite virale afin de prévenir les maladies et le cancer du foie et d’atteindre l’objectif d’élimination de l’hépatite D’ici à 2030.