Alors que 20 % de la population du Belize est âgée de 10 à 19 ans, les adolescents ne sont pas suffisamment pris en charge par le système de soins.
Jared Cain, âgé de 18 ans, habite dans le sud de Belize City. Malheureusement, il connaît trop bien le bruit des coups de feu.
«Au cours des deux ou trois dernières semaines, il y a eu plusieurs fusillades dans mon quartier», dit Jared, membre du Belize Children’s Advisory Body et du Belize Family Life Association Youth Advocacy Movement. Et il ajoute : «j’ai l’habitude d’entendre des coups de feu depuis ma fenêtre quand j’étudie ou quand je joue à des jeux vidéo avec mes amis».
La violence, en particulier les homicides, la violence sexuelle et le harcèlement, est un grave problème de santé pour les adolescents au Belize. À l’adolescence, les garçons risquent davantage d’abandonner la scolarité et d’entrer dans des gangs violents ou de s’adonner à des activités illégales.
«Nous ne devrions pas nous préoccuper des adultes qui portent des armes», dit Jared. «Nous devrions plutôt trouver les moyens de faire en sorte que les jeunes de notre pays ne portent plus d’armes», ajoute-t-il.
Définition de la stratégie nationale pour les adolescents
Alors qu’au Belize, un habitant sur cinq est âgé de 10 à 19 ans, les adolescents ne sont pas suffisamment pris en charge par les programmes de santé du pays. En plus de la violence, on constate chez les adolescents un grand nombre de grossesses, de cas de maladie sexuellement transmissible, d’accidents de la circulation et de cas d’obésité et de dépression.
Plusieurs interventions, comme la contraception gratuite et l’éduction sexuelle, sont disponibles mais, au Belize, les adolescents n’ont pas accès aux services, sont stigmatisés, ont honte ou ne sont pas assez informés. Les programmes de prévention de la violence ne sont pas d’une ampleur ou d’une intensité suffisante pour avoir un impact. Les services de santé mentale et de conseil font défaut.
Pour améliorer la situation, l’OMS collabore avec le Ministère de la santé du Belize, l’UNICEF, l’UNFPA et d’autres parties prenantes afin de mettre au point une stratégie nationale pour la santé des adolescents qui permette de s’attaquer à l’ensemble des problèmes de santé plutôt qu’à quelques-uns seulement.
«Les adolescents sont confrontés à de nombreux problèmes de santé qui ont des conséquences sur leur épanouissement», dit le Dr Julio J. Sabido, médecin dans le service de santé de la mère et de l’enfant du Ministère bélizien de la santé. Et il ajoute : «investir en faveur des adolescents aura un effet immédiat et durable sur leur santé et sur celle des générations futures».
Le Belize est l’un des premiers pays à avoir établi un plan national sur la base des orientations à l’appui de la mise en œuvre dans les pays de l’action mondiale accélérée en faveur de la santé des adolescents (AA-HA!), présentées par l’OMS en 2017. Ces orientations proposent diverses interventions, comme une éducation sexuelle complète ou des politiques visant à limiter l’accès aux armes à feu, que les pays peuvent appliquer dans le cadre de leurs plans nationaux.
Afin de rédiger une feuille de route préliminaire et de bien comprendre le processus, une délégation du Belize a participé à la réunion sur les orientations AA-HA! pour les pays des Caraïbes, qui s’est tenue en novembre 2017. Quatre mois plus tard, le Ministère de la santé a organisé la première réunion des parties prenantes pour présenter la feuille de route et proposer un plan de travail en vue de l’élaboration d’une stratégie nationale.
Des consultations sont en cours avec d’autres acteurs locaux et nationaux afin qu’ils puissent apporter leur contribution. Le pays prévoit de présenter sa première stratégie nationale en faveur de la santé des adolescents d’ici à décembre 2018.
«Il faut absolument que les groupes de parties intéressées soient largement consultés pour que notre stratégie nationale ne tienne pas compte seulement des priorités nationales mais aussi des priorités communautaires», dit la Dre Susan Kasedde, de l’UNICEF au Belize.
Faire entendre la voix des adolescents
La collaboration à bon escient des jeunes est également essentielle à la conception, à la mise en œuvre et à l’acceptation de la stratégie du Belize en faveur de la santé des adolescents. L’UNICEF apportera son soutien à 130 adolescents représentant les conseils consultatifs des enfants dans des municipalités de tout le pays afin que, aux côtés d’autres parties intéressées, ils donnent des informations sur l’élaboration de la stratégie.
«Nous sommes tout à fait conscients du fait que le pays ne peut pas mettre au point une stratégie efficace en faveur de la santé des adolescents sans tenir compte de l’opinion de sa jeunesse», dit le Dr Sabido. Et il ajoute : « nous avons besoin de tous leurs points de vue pour établir un plan qui aura un impact positif sur leur santé et leur bien-être ».
Lezli McCulloch, âgée de 18 ans, fait partie des militantes qui défendent le plan. Lezli, qui a constaté que les adolescentes qui tombent enceintes sont stigmatisées et qui a appris très peu de choses à l’école dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, espère que cette stratégie permettra aux adolescents de disposer de davantage de ressources.
«Je veux que les adolescents puissent disposer de meilleurs services, notamment de services qui permettent de réduire la violence par arme à feu et les grossesses chez les adolescentes», dit-elle. «Nous subissons cette situation depuis bien trop longtemps et trop de gens sont morts. On devrait en faire plus pour nous», a-t-elle ajouté.