8 façons dont l’OMS agit pour la santé en Syrie

14 mars 2019

La crise syrienne est l’une des situations d’urgence humanitaires les plus graves et les plus complexes au niveau mondial. Huit ans de conflit ont très considérablement affaibli un système de santé qui a pourtant compté parmi les meilleurs de la région. Voici huit façons dont l’OMS agit en Syrie pour sauver des vies et améliorer la santé en dépit d’immenses obstacles.

1. Détection des flambées épidémiques et intervention

Les taux de vaccination dangereusement faibles observés dans certaines zones, la rupture des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement et les poches de malnutrition rendent les flambées qui frappent la Syrie à la fois plus fréquentes et plus meurtrières.

La détection et l’intervention rapides sauvent des vies. L’OMS apporte un soutien à plus de 1700 établissements de santé qui transmettent des données à un système d’alerte rapide en cas de maladie. C’est ainsi que l’an dernier, des flambées de rougeole, d’hépatite A et de fièvre typhoïde ont été rapidement détectées et endiguées.

En 2017, un cas de poliovirus circulant dérivé d’une couche vaccinale de type 2 a été identifié dans le gouvernorat de Deir-ez-Zor. Pour y répondre, l’OMS et ses partenaires ont effectué un suivi méticuleux de la flambée, mobilisé toutes les parties concernées dans les zones touchées et organisé des campagnes de vaccination de masse qui ont permis d’atteindre 2,6 millions d’enfants, même dans des zones de conflit. Fin 2018, la flambée a été déclarée terminée.

Ce résultat n’aurait jamais été possible sans le courage et le dévouement de dizaines de milliers d’agents de santé locaux.

2. Livraison de fournitures médicales malgré l’insécurité, le mauvais état des routes, les obstacles bureaucratiques et les restrictions à l’importation

L’OMS agit en Syrie et par-delà les frontières pour dispenser une aide vitale à des millions de Syriens. En 2014, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé la livraison d’aide humanitaire à la Syrie depuis les pays voisins que sont l’Iraq, la Jordanie et la Turquie. Grâce à cela, l’OMS peut désormais apporter une aide salvatrice à des millions de Syriens vivant dans le nord-est du pays, une région ravagée par le conflit en cours, en menant ses opérations depuis son centre de Gaziantep en Turquie.

En 2018, l’OMS a livré plus de 1900 tonnes de fournitures et de matériel de santé dans toute la Syrie, y compris suffisamment de médicaments pour plus de 10 millions de traitements. Cette année, l’OMS a livré des fournitures à des populations comptant parmi les plus vulnérables du pays, y compris le peuplement de Rukban dans le sud-est, le camp d’Al-Hol dans le nord-est, et celui de Menbij dans le nord-ouest.

Ces fournitures changent des vies. Au nord-est de Homs, le petit Shams, âgé de seulement six mois, s’est rétabli de la malnutrition. À Alep, Salma a reçu le traitement médicamenteux nécessaire pour rester en bonne santé après la naissance de son premier enfant. Nour, 11 ans, déplacé à Damas, a désormais accès à des médicaments contre l’épilepsie. Ahmad, un petit garçon de 2 ans vivant à Raqqa, reçoit un traitement contre le cancer qui pourrait lui sauver la vie.

3. Recours aux équipes mobiles pour atteindre les populations vulnérables

Plus de 6,2 millions d’enfants, de femmes et d’hommes ont été déplacés à l’intérieur de la Syrie. Parmi eux, presque 900 000 personnes vivent dans des sites de « dernier recours » tels que des camps ou des centres collectifs. Une manière pour l’OMS d’atteindre ces populations vulnérables consiste à dispenser ces services de santé essentiels au moyen de dispensaires mobiles. Ces camions spécialement adaptés comportent des espaces distincts pour les examens et pour les actes médicaux et sont habituellement gérés par un médecin assisté d’infirmiers et de préparateurs en pharmacie. Ils jouent un rôle de soutien vital dans les zones isolées et là où les établissements publics de santé ont été détruits.

En 2018, l’OMS a fait don de huit dispensaires mobiles pour des zones mal desservies. L’Organisation a également fourni 36 ambulances en appui aux services d’orientation-recours et pour transporter rapidement à l’hôpital les personnes gravement malades et les blessés. Soixante-quinze équipes médicales mobiles ont été envoyées vers des camps et d’autres zones prioritaires. En outre, le centre opérationnel de l’OMS à Gaziantep fournit un soutien à 16 équipes mobiles détachées en zone rurale, dont quatre équipes spécialisées en santé mentale. Les équipes mobiles peuvent se rendre là où l’on a besoin d’elles et répondent rapidement à l’évolution de la situation.

4. Rétablissement des soins de santé locaux

En Syrie, 13,2 millions de personnes ont besoin d’une aide sanitaire, mais des millions d’entre eux n’y ont pas accès. En raison d’attaques ou de pénuries de personnel, seule la moitié environ des établissements publics de santé de Syrie sont totalement opérationnels. Alors que plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, de nombreuses personnes qui ont besoin de soins n’ont pas les moyens de payer le transport vers des établissements de soins correctement équipés ou spécialisés.

L’OMS aide à la remise sur pied des services de soins de santé locaux. En 2018, l’Organisation a rénové trois centres de soins de santé primaires à Alep et dans la périphérie rurale de Damas, et un centre de lutte contre la tuberculoseà Alep. L’OMS a également aidé neuf hôpitaux du nord-ouest de la Syrie à recommencer à fonctionner. La disponibilité rapide des services de santé permet d’endiguer la propagation des maladies, de sauver la vie des mères et des enfants, et de réduire les décès imputables aux maladies non transmissibles. Le rétablissement des soins de santé locaux contribue également à améliorer les taux de vaccination et à réduire les besoins en campagnes de vaccination de masse, qui sont à la fois coûteuses et complexes à gérer du point de vue logistique.

5. Formation des agents de santé

Les déplacements massifs de population ont entraîné une réduction majeure de personnel médical qualifié en Syrie. Par exemple, à Idleb et Alep, la disponibilité d’agents de santé pour 10 000 habitants s’établit à seulement 26 % de l’indice des objectifs de développement durable (ODD). Les services spécialisés comme la médecine interne, la cardiologie et les soins des maladies chroniques sont particulièrement touchés. En 2018, l’OMS a formé 30 865 personnes dans un vaste éventail de domaines en vue d’aider à combler ces lacunes.

6. Élargissement de l’accès aux services de santé mentale

Avant la crise, les soins de santé mentale étaient limités et principalement dispensés en établissement. Ces services n’étaient disponibles que dans deux villes, et seuls 70 psychiatres et un nombre restreint de psychologues étaient disponibles pour une population totale était de 22 millions de personnes avant la guerre. Après huit années de conflit, les besoins en matière de santé mentale sont encore plus aigus. L’OMS estime qu’en Syrie, en raison d’une exposition prolongée à la violence, une personne sur 30 souffre d’un trouble mental grave, et au moins une personne sur cinq s’un trouble mental léger à modéré.

Dans le nord-est de la Syrie, seuls trois psychiatres qualifiés exercent, et deux établissements uniquement fournissent des services d’hospitalisation pour troubles mentaux aigus ou graves. L’OMS forme des prestataires de soins, délivre des médicaments psychotropes, prend en charge les salaires de deux psychiatres et finance les dépenses opérationnelles de quatre équipes mobiles et d’un hôpital spécialisé.

Dans tout le pays, l’OMS soutient l’intégration des services de santé mentale dans les soins de santé primaires et les centres communautaires. Plus de 520 établissements de santé en Syrie dispensent désormais des services de santé mentale et de soutien psychosocial. Il y a eu en 2018 plus de 430 000 interventions de santé mentale et de soutien psychosocial.

7. Soutien aux Syriens handicapés

Alors que le conflit s’enlise, le nombre de blessés et de handicapés ne cesse de croître. Dans certaines régions de la Syrie, d’après les informations disponibles, les taux de handicap ont augmenté pour atteindre jusqu’à 30 % de la population, soit le double de la moyenne mondiale. Au moins 45 % des personnes blessées pendant le conflit devraient vivre avec un handicap permanent nécessitant des soins spécialisés longtemps après la fin des hostilités.

L’OMS achète et distribue des fournitures pour la fabrication de membres artificiels, et restaure les bâtiments endommagés de centres de réadaptation physique. L’OMS fournit son appui à un partenaire d’exécution qui gère cinq établissements de santé situés dans le nord de la Syrie dispensant des services de réadaptation physique et de soutien psychosocial. L’OMS forme également des physiothérapeutes et des prothésistes et orthésistes, le but étant d’offrir des soins de qualité à davantage de personnes.

8. Amélioration de la coordination et de l’efficience en matière de santé 

L’OMS est chef de file du groupe sectoriel Santé en Syrie, et travaille en collaboration avec des centaines de partenaires internationaux et nationaux pour coordonner la fourniture d’une assistance sanitaire humanitaire. Ce rôle de leadership aide à renforcer la coordination, l’efficience et l’impact global du secteur de la santé.