OMS/E. Musa
Une équipe de l’OMS réalise un suivi des efforts de surveillance de la peste dans un port des Seychelles, en collaboration avec le Ministère de la santé du pays. Aucun cas de peste confirmé n’a été enregistré aux Seychelles, mais le pays renforce sa capa
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Peste à Madagascar: agir pour réduire le risque de propagation régionale

14 novembre 2017

Cette année, la peste a touché Madagascar plus tôt que d’habitude et s’est propagée rapidement. Lorsqu’elle a commencé à s’étendre au-delà des zones habituellement touchées, l’inquiétude a progressivement gagné la population de l’île et celle des territoires et pays voisins.

 

Entre les mois d’août et d’octobre 2017, plus de 1800 cas de peste suspects, probables ou confirmés ont été notifiés, entraînant 127 décès. Cette flambée est d’une gravité inhabituelle, et la saison de la peste va encore durer 5 mois.

L’OMS a agi rapidement, débloqué des fonds et envoyé des experts et du matériel à Madagascar, tout en apportant un appui aux pays voisins pour réduire le risque de propagation régionale.

Être prêt à agir, prévenir la panique

La peste est l’une des maladies les plus anciennes et les plus redoutées. Au cours de l’histoire, elle a été responsable de pandémies étendues associées à une forte mortalité. Connue sous le nom de «mort noire» au XIVe siècle, on estime qu’elle a alors provoqué 50 millions de morts en Europe.

De nos jours, la peste peut être aisément prévenue et traitée par antibiotiques, si elle est décelée suffisamment tôt, et l’infection peut être évitée au moyen des précautions d’usage.

«Une flambée de peste ne se déroule plus aujourd’hui de la même manière que dans les descriptions de nos livres d’histoire», explique le Dr Sylvie Briand, Directrice du Département Gestion des risques infectieux. «La peste est une maladie ancienne, mais les problèmes qu’elle pose de nos jours sont propres à notre monde contemporain et différent radicalement de ceux auxquels nous étions confrontés ne serait-ce qu’il y a 40 ans.»

Bien que la maladie soit relativement facile à traiter, la conscience populaire est très profondément marquée par ces références historiques à la «mort noire», reprises régulièrement dans les gros titres des journaux et les médias en général lorsqu’ils traitent des flambées.

Il est donc important de trouver un équilibre. Il faut encourager les pays de la région à se préparer à répondre à une flambée, tout en évitant la panique qui pourrait donner lieu à des mesures inutiles ou contre-productives comme des restrictions aux échanges commerciaux ou aux voyages.

Évaluer le risque

Quelques jours après avoir été alertée de la flambée épidémique de peste à Madagascar, l’OMS a réalisé une évaluation afin de déterminer le risque de propagation ultérieure. Celle-ci a démontré qu’à la lumière des capacités et des vulnérabilités du pays, le risque de propagation ultérieure était élevé au niveau national, modéré au niveau régional et faible au niveau mondial.

L’OMS a rapidement apporté un soutien au gouvernement de Madagascar dans sa riposte à la flambée, tout en collaborant avec les pays et territoires voisins.

Priorité a été donnée au renforcement des activités de préparation et de surveillance dans plusieurs pays et territoires voisins: les Comores, Maurice, le Mozambique, la Réunion et Mayotte, les Seychelles, l’Afrique du Sud et la République Unie de Tanzanie. L’OMS a également aidé l’Éthiopie et le Kenya à rehausser leurs niveaux de préparation en raison de leurs liaisons aériennes directes avec Madagascar.

Améliorer le dépistage à la sortie de Madagascar

Lorsque l’OMS a commencé à renforcer son soutien au gouvernement malgache face à la flambée, l’aéroport international de la capitale a été un des premiers endroits où se sont rendus les experts. L’équipe de l’OMS a conseillé la mise en place de mesures de santé publique plus robustes et plus visibles.

Le système renforcé de dépistage à la sortie consiste à fournir des informations sur la peste à l’ensemble des voyageurs, à dépister les passagers symptomatiques en prenant leur température et au moyen de questionnaires médicaux, et à appliquer des procédures pour isoler et traiter les passagers symptomatiques.

«Le processus de dépistage à la sortie du territoire permet d’effectuer un suivi des passagers depuis leur entrée dans l’aéroport jusqu’à l’embarquement. Nous avons également fourni des informations aux compagnies aériennes et parlé au personnel médical de l’aéroport. Nous avons expliqué ce qu’est la maladie, quels sont les risques et quels sont les moyens de s’y préparer», a expliqué le Dr Briand.

Renforcer la préparation à la gestion de la peste au niveau régional

Pour les 9 pays et territoires prioritaires de la Région, la première étape de l'évaluation a permis de recenser les faiblesses en matière de préparation et de capacité de réaction opérationnelle. L’OMS, en collaboration avec les autorités de santé nationale, a rempli une liste de contrôle sur l’état de préparation et recensé les mesures concrètes permettant de combler les lacunes.

La liste de contrôle sert à évaluer les mécanismes de coordination et les capacités logistiques, épidémiologiques et de surveillance de laboratoire. Elle permet de vérifier que les équipes d’intervention rapide sont prêtes à être déployées, que des stratégies de communication sur les risques et de mobilisation communautaire sont mises au point et que des mesures pour assurer un bon état de préparation sont prises aux points d’entrée.

Si des lacunes apparaissent, des mesures correctives sont immédiatement engagées. Aux Seychelles, l’OMS a fourni un appui pour l’analyse en laboratoire des prélèvements issus des cas suspects, déployé des experts et des fournitures médicales, et fourni des orientations pour la recherche et le traitement des contacts des cas suspects.

À Maurice, en plus de compléter la liste de contrôle, l’OMS a aidé le ministère de la Santé à répondre aux inquiétudes concernant le nombre élevé de vols directs entre Madagascar et son pays, soutenant son action de communication sur les mesures prises pour renforcer la préparation à la peste à tous les niveaux.

Aux Comores, à Maurice, au Mozambique et en République Unie de Tanzanie, l’équipe logistique de l’OMS a également prépositionné du matériel et des fournitures, notamment des équipements de protection individuelle, des antibiotiques et d’autres équipements nécessaires pour identifier en toute sécurité les cas de peste.

Renforcer durablement la préparation pour assurer la sécurité sanitaire

Les efforts rapides et concertés déployés pour renforcer la préparation à la peste ont également contribué à consolider plus généralement les capacités régionales de riposte aux flambées.

«Nous avons accompli beaucoup de travail en peu de temps, et contribué à renforcer la sécurité sanitaire globale au plan régional» a déclaré le Dr Ibrahima-Soce Fall, Directeur chargé des situations d’urgence pour la Région africaine de l’OMS.

«Mais pour assurer la viabilité à plus long terme, nous devons fournir un soutien constant au système de santé de Madagascar afin de mieux anticiper les futures flambées épidémiques de peste, les détecter et y répondre. En appuyant ces efforts, nous améliorons la sécurité sanitaire de chacun d’entre nous.»

Une approche coordonnée

Le Fonds de réserve OMS pour les situations d’urgence et les gouvernements italien et norvégien ont apporté un soutien financier pour aider l’OMS à combattre la flambée de peste à Madagascar par l’intermédiaire du Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire.

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), la Société nationale malgache, l’Institut Pasteur, Médecins Sans Frontières (MSF), UNICEF, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis, Santé publique France, le Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (GOARN) et d’autres partenaires apportent un soutien actif au gouvernement et aux autorités de santé à Madagascar.

L’OMS a fourni un soutien technique et opérationnel dans un vaste éventail de domaines allant de la coordination et de la planification à la surveillance en passant, entre autres, par la prise en charge des cas, la mobilisation communautaire et la logistique.