La coordination des nombreuses équipes médicales d’urgence qui arrivent sur les lieux d'une catastrophe ou d'une crise sanitaire est un élément clé pour le succès des interventions.

Cela fait désormais un peu plus d’un mois qu’un séisme de magnitude 7,8 a frappé l’Équateur.
Luis De La Fuente, coordonnateur de l’équipe médicale d’urgence de l’Équateur, arpente la pièce tandis qu’il parle au téléphone. «Nous avons 21 équipes nationales et 7 équipes internationales en provenance de l’Allemagne, de la Colombie, de l’Espagne, des États-Unis d’Amérique et du Pérou qui sont actuellement sur le terrain», dit-il s’adressant à Ian Norton qui dirige l’Initiative des équipes médicales d’urgence de l’OMS à Genève.
«À l’heure actuelle, nous ne prévoyons pas qu’il sera nécessaire de faire venir des équipes médicales supplémentaires. Nous collaborons étroitement avec le Ministère de la santé pour faire en sorte que les équipes soient déployées dans des lieux stratégiques où l’accès aux services de santé est limité ou inexistant», indique Luis De La Fuente, qui travaille au Bureau régional OMS des Amériques et qui dirige la coordination des équipes médicales d’urgence déployées pour intervenir après le séisme du 16 avril.
Le séisme a semé la destruction sur son passage. Selon le National Secretariat for Risk Management [Secrétariat national chargé de la gestion des risques] de l’Équateur, à la date du 26 avril, 655 personnes ont perdu la vie. On compte également 4500 blessés et plus de 30 000 personnes déplacées. Les dégâts causés aux infrastructures sont immenses. Plus de 800 immeubles ont été détruits, dont 25 établissements de santé.
Permettre aux pays touchés de diriger les interventions
À peine 2 semaines avant le séisme, Luis De La Fuente avait donné un cours devant plus de 50 participants du Ministère de la santé, dans le cadre d’une formation rigoureuse de 2 jours dirigée par le Bureau régional OMS des Amériques sur les éléments essentiels de la coordination d’équipes médicales d’urgence.
Donnant plus de détails sur la formation, Ian Norton explique que «la formation de la cellule de coordination des équipes médicales d’urgence vise à renforcer les capacités locales à diriger et gérer les équipes nationales et internationales qui fournissent des soins médicaux directs dans un pays touché par une crise.»
Les coordonnateurs, ainsi que d’autres postes de la cellule de coordination, sont nommés par le pays ou fournis par l’OMS. Ils bénéficient d’une formation sur la façon de mobiliser, d’enregistrer et d’organiser les équipes, de prendre les dispositions logistiques concernant leur arrivée et de les affecter à leur lieu d’intervention de manière systématique.
Cette formation a permis au Ministère de la santé de l’Équateur de mobiliser l’équipe médicale d’urgence la mieux adaptée à la situation et de mettre en place ses services conformément aux normes recommandées de l’OMS. Ces normes sont fondées sur les enseignements tirés du séisme de 2010 en Haïti.
En effet, bien que de nombreuses équipes médiales se soient à l’époque rendues sur les lieux pour sauver des vies, elles n’étaient pas bien coordonnées et beaucoup ne disposaient pas des outils ou de l’expertise nécessaires pour fournir les soins dont les patients avaient besoin.

Constituer un corps mondial de coordonnateurs pour gérer les équipes médicales d’urgence
Afin de renforcer davantage la coordination des équipes médicales d’urgence, l’OMS va lancer au cours de l’année 2016 la formation de la cellule de coordination dans 3 régions: l’Europe, les Amériques et l’Asie du Sud-Est.
Ces coordonnateurs formés sont essentiels pour fournir des orientations nécessaires au nombre croissant d’équipes nationales et d’ONG enregistrées dans la liste de classement des équipes médicales d’urgence de l’OMS. Cette liste établit des normes minimales pour les agents de santé internationaux et permet aux équipes de présenter clairement leurs services et leurs compétences.
Depuis que l’OMS a lancé cette liste en juillet 2015, plus de 60 organisations ou équipes provenant de plus de 20 pays se sont inscrites. Les équipes bénéficient d’un soutien et d’un mentorat pour atteindre et démontrer leurs qualités et faire l’objet d’une vérification par l’OMS et leurs pairs. Au milieu de l’année 2016, l’OMS prévoit que 100 équipes médicales seront enregistrées et prêtes à intervenir rapidement où l’on aura besoin d’elles.
Par l’Initiative des équipes médicales d’urgence, les gouvernements et les personnes touchés par des situations d’urgence et des flambées peuvent compter sur une action rapide et prévisible menée par des équipes médicales correctement formées et autonomes.