Renforcer l’action de santé en période de crise
Une femme sur trois dans le monde est exposée à la violence physique ou sexuelle, le plus souvent infligée par le partenaire intime. C’est le cas de violation des droits humains qui est le plus répandu mais le moins signalé. Il se produit en période de paix et de stabilité mais les risques s’intensifient en cas de crise.
Malgré la modicité des données, des études montrent qu’en situation d’urgence humanitaire, les actes de violence liés au sexe ont, hélas, tendance à se banaliser. Une enquête récemment menée au Soudan du Sud a, par exemple, établi que plus de la moitié des femmes ayant ou ayant eu un partenaire intime avait subi des violences physiques et/ou sexuelles, tandis que près d’un tiers signalait avoir enduré des violences sexuelles commises par une autre personne que leur partenaire.
Lors des conflits, le corps des femmes est trop souvent assimilé à un champ de bataille où la violence est une arme servant à humilier et opprimer. Les risques s’amplifient car les femmes peuvent être déracinées de chez elle, et séparées de leurs réseaux de soutien habituels, alors que les systèmes de protection sociale et juridique sont affaiblis ou détruits.

Les répercussions de la violence sur la santé des femmes
Les conséquences à court et long terme de la violence pour la santé des femmes sont lourdes et nombreuses. Les femmes qui ont subi des violences sont plus exposées aux traumatismes et aux effets préjudiciables que de tels actes peuvent avoir pour leur santé sexuelle, reproductive et mentale.
ar exemple, les femmes en proie à la violence de leur partenaire intime risquent deux fois plus de sombrer dans la dépression et 1,5 fois plus de contracter une infection sexuellement transmissible. S’y ajoutent des répercussions sur la santé des enfants, ainsi qu’un impact socioéconomique sur les familles, les communautés et les sociétés.
Les femmes victimes d’abus sont plus enclines à consulter un médecin pour toute une série d’affections connexes, même si (comme c’est souvent le cas) elles restent discrètes sur l’origine de leurs maux. C’est pourquoi il est indispensable de veiller à ce que les personnels de santé soient convenablement formés pour apporter un soutien efficace et empathique, et à ce que les établissements de santé puissent prodiguer des soins en toute sécurité et confidentialité.
Permettre aux personnels de santé d’intervenir
L’OMS a publié de nouveaux principes directeurs et outils cliniques afin d’épauler les pays et de former les prestataires à dispenser des soins appropriés centrés sur les femmes, en mettant notamment l’accent sur une écoute empathique, une action non moralisatrice, la définition des besoins et des préoccupations des femmes, et les moyens de faciliter leur accès à l’aide sociale. De concert avec leurs partenaires, de plus en plus de pays dans le monde adaptent ou actualisent désormais leurs propres principes directeurs, tout en proposant aux personnels de santé de nouveaux programmes de formation dans le droit fil de ces recommandations.
Ce faisant, on s’est attaché à élargir l’appui accordé aux pays et territoires dans lesquels les conflits ou les catastrophes intensifiaient les risques de violence liés au sexe. En Syrie, par exemple, les organisations sanitaires et les prestataires de santé se sont engagés à faciliter l’accès aux soins et aux mesures de protection appropriés.
En Afghanistan, le ministère de la santé publique initie actuellement 6500 agents de santé au soutien des rescapées.
Au Pakistan, des formations destinées aux personnels de santé ont été lancées dans trois provinces. Au Myanmar, une session nationale de formation de formateurs a été organisée dans le cadre de la création d’un centre de crise polyvalent ayant vocation à riposter aux violences perpétrées contre les femmes à l’hôpital. En Ouganda, des lignes directrices relatives à la formation sont mises en œuvre dans tous les établissements de santé.
«Nous voulons nous assurer que si une femme pousse la porte pour signaler des actes de violence, les prestataires de santé sauront quoi faire », dit Élisabeth Roesh, spécialiste auprès de l’OMS pour les questions de violence liées au sexe en situation d’urgence.
Nous voulons que les prestataires de soins de santé appréhendent pleinement le contrecoup des violences liées au sexe. De ce fait, s’ils pressentent qu’une femme peut en avoir été victime, ils savent alors quelles mesures prendre et comment l’accompagner, ajoute-t-elle.
Quel que soit le lieu où nous vivons, nous pouvons tous témoigner de situations où la violence commise contre des femmes de notre entourage ou de notre communauté nous a frappés. Cette année, le thème de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes est #EcoutezMoiAussi. Le système de santé, les prestataires de soins et les décideurs ont tous un rôle essentiel à jouer pour faire cesser la violence contre les femmes; s’assurer que les rescapées sont entendues ; et que le monde, même en ses recoins les plus sombres, est un endroit sûr pour les femmes et les filles.»