Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) transmet ci-après le compte rendu de la quatrième réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (2005) (RSI) concernant la recrudescence de la mpox en 2024, qui s’est tenue le jeudi 5 juin 2025 de 12 heures à 17 heures (HNEC).
Souscrivant à l’avis exprimé à l’unanimité par le Comité au cours de cette réunion, le Directeur général de l’OMS a déterminé que la recrudescence de la mpox en 2024 continue de répondre aux critères d’une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) et, en conséquence, le 9 juin 2025, a émis des recommandations temporaires à l’intention des États Parties, qui peuvent être consultées ici.
Le Directeur général de l’OMS adresse ses plus sincères remerciements au Président, aux membres et aux conseillers du Comité.
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Compte rendu de la réunion
Seize (16) membres et deux conseillers du Comité d’urgence ont été convoqués à une réunion organisée par visioconférence sur Zoom le jeudi 5 juin 2025, de 12 heures à 17 heures (HNEC). Quatorze (14) des 16 membres et les deux conseillers ont participé à la réunion.
Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), présent en personne, a souhaité la bienvenue aux participants et participantes, y compris aux responsables gouvernementaux invités à présenter leurs vues au Comité au nom des deux États Parties invités, le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC). Ses remarques liminaires sont disponibles ici.
La représentante du Bureau du Conseiller juridique a ensuite rappelé aux membres et aux conseillers les rôles et les responsabilités qui étaient les leurs et a présenté le mandat incombant au Comité d’urgence en vertu des articles applicables du RSI. Le responsable des questions d’éthique du Département Conformité, gestion des risques et éthique a présenté aux membres et aux conseillers les grandes lignes du processus de déclaration d’intérêts de l’OMS. Les membres et les conseillers ont été informés qu’il leur incombait individuellement de signaler à l’OMS, aussi rapidement que possible, tout intérêt de nature personnelle, professionnelle, financière, intellectuelle ou commerciale pouvant donner lieu à un conflit d’intérêts effectif ou apparent. Il leur a en outre été rappelé qu’ils étaient tenus de respecter le caractère confidentiel des débats de la réunion et des travaux du Comité. Le cas de chaque membre et conseiller a été examiné et aucun conflit d’intérêts n’a été relevé.
Le Président a ensuite présenté les objectifs de la réunion : donner au Directeur général des orientations pour déterminer si l’événement constitue toujours une USPPI et, dans l’affirmative, formuler un avis sur les éventuelles recommandations temporaires proposées.
Session ouverte aux représentantes et représentants des États Parties invités à présenter leurs vues
Le Secrétariat de l’OMS a présenté un aperçu de la situation épidémiologique mondiale de la mpox, en tenant compte de tous les clades circulants du virus de la mpox (MPXV). Au cours des 12 derniers mois, le continent africain a continué d’enregistrer la majorité des cas de mpox, en grande partie du fait de flambées épidémiques dues au clade Ib du MPXV dans les pays d’Afrique de l’Est, y compris en RDC où il cocircule avec le clade Ia. Cependant, une flambée épidémique d’évolution rapide observée en Sierra Leone semble être imputable au clade IIb du MPXV, selon les données de séquençage génomique disponibles. En dehors de la Région africaine, des cas continuent d’être signalés régulièrement dans toutes les régions (entre 500 et 1000 cas par mois environ), principalement en raison de la circulation persistante du MPXV de clade IIb chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).
En RDC, bien que la surveillance et l’accès aux soins restent difficiles, en particulier dans l’est du pays, les tendances actuelles semblent révéler une stabilisation ou un déclin dans la plupart des provinces où le MPXV de clade Ib circule, y compris celles du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Une évolution comparable est également constatée dans les zones où le MPXV de clade Ia est endémique. Dans la capitale Kinshasa, où la recrudescence des cas est liée à une cocirculation des clades Ia et Ib du MPXV, la maladie semble se concentrer dans des zones géographiques et des groupes de population particuliers, avec une incidence disproportionnellement élevée chez les jeunes adultes, ce qui reflète une dynamique de transmission alimentée par les réseaux sexuels dans des quartiers spécifiques de la ville.
Au Burundi, on observe une baisse constante de l’incidence de la mpox depuis fin 2024. Après avoir débuté à Bujumbura et dans ses environs, puis s’être étendue à Gitega, la capitale administrative, pour finalement toucher à son apogée la plupart des districts, la recrudescence de la mpox semble désormais se limiter à quelques « points chauds ».
En Ouganda, on constate une tendance à la baisse du nombre de cas de mpox depuis la mi-février 2025 à l’échelle nationale, avec notamment un net recul dans la capitale Kampala, mais cette observation doit être interprétée avec prudence compte tenu des capacités limitées d’analyse en laboratoire. Les groupes de cas sont concentrés dans les zones urbaines et la transmission a lieu principalement chez les jeunes adultes, ce qui correspond à une dynamique de transmission par contact sexuel.
Au Kenya, bien que le nombre de cas de mpox reste faible, les données récentes suggèrent une tendance à la hausse. La surveillance sous-estime probablement l’incidence réelle de la maladie. La transmission fait intervenir des populations mobiles, notamment les chauffeurs de camion et les travailleurs et travailleuses du sexe.
La Sierra Leone a récemment enregistré une recrudescence significative du MPXV de clade IIb ; dans la capitale Freetown, le taux de reproduction a atteint un pic dépassant ceux qui avaient été précédemment observés à Kinshasa (RDC) ou à Kampala (Ouganda). Au cours des trois dernières semaines, le nombre de cas de mpox signalés a reculé, probablement sous l’effet combiné d’une augmentation de l’immunité naturelle dans les groupes à haut risque et de la mise en œuvre d’interventions de santé publique. La transmission reste concentrée dans les zones urbaines et chez les jeunes adultes et est probablement liée à des contacts sexuels.
Les cas associés aux voyages sont en déclin, mais demeurent préoccupants. En particulier, les cas d’infection par le virus MPXV du clade Ib récemment diagnostiqués en Australie, liés à une exposition en Thaïlande, mettent en lumière le risque de transmission non détectée dans les pays ou zones où la surveillance est insuffisante. Le plus souvent, la transmission secondaire résultant de cas importés de mpox se fait par contact étroit, intime ou sexuel.
Le clade Ia du MPXV reste associé à une plus grande mortalité, en particulier chez les enfants en RDC (taux de létalité de 2–3 %), bien que ces données doivent être interprétées en tenant compte, entre autres, des limites de la surveillance syndromique. Quel que soit le clade, les personnes présentant une immunodépression sous-jacente, en particulier celles atteintes d’une infection à VIH, restent les plus exposées au risque de maladie grave et de décès. Le taux de létalité global pour les clades Ib et IIb du MPXV reste de l’ordre de 0,5 %.
Le Secrétariat de l’OMS a présenté son évaluation du risque pour les différents clades du MPXV, exprimé en termes de risque global pour la santé publique lorsqu’un ou plusieurs clades sont en circulation, à savoir : clade Ib — risque élevé pour la santé publique en RDC et dans les pays voisins ; clade Ia — risque modéré pour la santé publique en RDC ; clade II — risque modéré pour la santé publique au Nigéria et dans les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale où la mpox est endémique ; et clade IIb — risque modéré pour la santé publique à l’échelle mondiale. Il a été observé que l’évaluation des risques ci-dessus correspond à celle présentée lors de la troisième réunion du Comité le 25 février 2025.
Le Secrétariat de l’OMS a ensuite évoqué les progrès accomplis dans la lutte contre la mpox, attribuant les avancées obtenues aux partenariats noués entre les gouvernements nationaux, les communautés et l’OMS. Cependant, ces partenariats sont aujourd’hui menacés par un déficit de financement croissant, qui compromet non seulement les efforts de riposte, mais aussi les programmes de santé mondiaux qui soutiennent les activités de prévention et de lutte contre la mpox.
Une version mise à jour du Plan stratégique de préparation et de riposte de l’OMS face à la mpox (disponible ici en anglais), couvrant la période de mai à août 2025 et intégrant les enseignements tirés des examens opérationnels menés au début de 2025, a été publiée en avril 2025. Bien que la stratégie reste adaptée aux objectifs fixés, l’environnement de financement s’est détérioré. Alors que le besoin de financement pour soutenir tous les partenaires impliqués dans la riposte à la mpox s’élève à 145 millions de dollars des États-Unis (USD), dont 47 millions pour l’OMS, l’Organisation n’a reçu aucun nouvel engagement financier depuis la publication du nouveau plan stratégique, et l’insuffisance des ressources met à présent en péril la pérennité des opérations : les effectifs ont chuté et les fournitures essentielles, y compris les vaccins, ne peuvent pas être déployées efficacement.
L’OMS a publié des orientations actualisées sur les soins cliniques et la lutte anti-infectieuse, soulignant l’importance d’intégrer les interventions relatives à la mpox dans les programmes et services de santé plus généraux. Toutefois, la mise en œuvre effective de ces orientations reste limitée du fait d’obstacles logistiques et financiers et leur application au niveau local nécessite un soutien accru. Des stratégies de soins centrées sur les communautés, telles que la prestation de soins à domicile intégrant la lutte anti-infectieuse et faisant le lien avec les soins primaires, ont été adoptées afin d’alléger la charge qui pèse sur les établissements de santé.
Sept pays ont lancé la vaccination contre la mpox (Libéria, Nigéria, Ouganda, RDC, République centrafricaine, Rwanda et Sierra Leone) et quatre autres pays (Afrique du Sud, Angola, Côte d’Ivoire et Kenya) sont sur le point de le faire. Bien que 2,9 millions de doses de vaccins soient disponibles dans les pays, leur distribution et leur administration se heurtent à un manque de ressources, de sorte que seules 724 000 doses ont été administrées à ce jour. Il est essentiel de renforcer la coordination afin de garantir une distribution équitable et rapide des vaccins aux populations à haut risque.
Les progrès récemment accomplis dans la lutte contre la propagation de la mpox sont encourageants, mais ils ne pourront être pérennisés qu’au travers d’une mobilisation urgente et durable des ressources, d’une meilleure intégration dans les systèmes de santé et d’une attention prioritaire portée à la mobilisation communautaire. Sans cela, les acquis actuels risquent d’être réduits à néant.
Les responsables représentant le Burundi et la RDC ont informé le Comité de la situation épidémiologique de la mpox dans leur pays et ont fait le point des efforts de lutte et de riposte déployés, des besoins et défis rencontrés et des plans à moyen terme.
Au Burundi, quelque 4000 cas confirmés de mpox, dont un décès, ont été signalés au total depuis le début de la recrudescence de mpox apparue en juillet 2024. La tendance est désormais à la baisse et, au 25 mai 2025, les cas de mpox signalés concernaient uniquement 9 districts, dont deux « points chauds ». La riposte menée au Burundi est principalement axée sur des interventions rapides en réponse aux alertes et sur la recherche des contacts. Parmi les difficultés rencontrées dans la riposte, on peut citer des ressources insuffisantes pour fournir de la nourriture aux personnes touchées, le manque d’eau potable dans certains points chauds et l’absence de plateforme multisectorielle « Une seule santé » opérationnelle.
En RDC, le nombre de cas de mpox plafonne et la tendance à la baisse est corroborée par un recul significatif du taux de positivité. En dehors des zones où l’on considère que la maladie est endémique, la plupart des cas sont des adultes et la transmission se fait le plus souvent par contact sexuel. Les activités de recherche des contacts ont permis d’identifier 83 000 contacts au total, avec une médiane de 5 contacts par cas. Plus de deux millions de doses de vaccin contre la mpox ont été reçues et environ 600 000 personnes ont été vaccinées à ce jour. Des efforts sont en cours pour accroître l’efficacité du triage et améliorer le diagnostic de la mpox, y compris le transport des échantillons en provenance des communautés touchées. Les autorités nationales ont élaboré un plan destiné à intensifier la riposte à l’épidémie de mpox en mettant l’accent sur la surveillance, la recherche des contacts, la communication sur les risques et la vaccination. Cependant, comme ailleurs, le déficit de financement compromet les efforts de riposte, en particulier dans les zones reculées.
Les membres et les conseillers du Comité ont ensuite pris part à une séance de questions-réponses, portant sur les enjeux et les problèmes énoncés ci-dessous, avec le Secrétariat de l’OMS et les représentants et représentantes des États Parties.
Épidémiologie mondiale, répartition des clades et évaluation des risques – À l’échelle mondiale, le risque épidémiologique est resté pratiquement inchangé depuis la dernière réunion du Comité le 25 février 2025. Cependant, 17 pays d’Afrique signalent actuellement des flambées épidémiques de mpox (c’est-à-dire un ou plusieurs cas au cours des six dernières semaines). Le MPXV de clade Ib continue de se propager parmi les groupes à haut risque et a été nouvellement détecté dans certains pays tels que l’Éthiopie, le Malawi, le Soudan du Sud et la Zambie. La Sierra Leone connaît une flambée épidémique distincte, probablement imputable au clade IIb du MPXV selon les premiers éléments probants disponibles. Cette flambée pose un risque particulier à l’échelle locale et régionale et nous rappelle que le risque de survenue d’épidémies de mpox persiste dans des contextes spécifiques. Le Comité s’est enquis des progrès accomplis vers l’élimination de la mpox dans la Région européenne de l’OMS. Le Secrétariat de l’OMS a indiqué que le MPXV de clade IIb continue d’y circuler à de faibles niveaux, principalement parmi les HSH. Malgré la diminution du nombre de cas, la Région n’est pas parvenue à éliminer la maladie et la transmission persiste en raison de lacunes immunitaires, de facteurs de risque comportementaux et d’obstacles à la communication. Compte tenu des flux de déplacements internationaux, le risque de réintroduction dans la Région européenne de l’OMS subsiste.
Surveillance, analyses en laboratoire et fiabilité des données – Sur la question spécifique de la fiabilité des tendances relevées en RDC, il a été noté qu’en dépit de nombreuses difficultés persistantes en matière de surveillance, l’évolution stable ou à la baisse mise en évidence par la surveillance syndromique, la surveillance épidémiologique fondée sur les cas et la surveillance en laboratoire, conjuguée à une diminution du taux de positivité des tests, permettent d’avoir une certaine confiance dans la fiabilité des évaluations faites. La prudence est de mise, en particulier pour l’interprétation des tendances actuelles dans certaines zones des provinces orientales de la RDC où l’accès reste limité ; cependant, dans l’ensemble, l’est de la RDC a enregistré un déclin durable des cas signalés avant l’apparition des contraintes les plus récentes en matière de sécurité. Des inquiétudes ont été exprimées quant à la possibilité d’une transmission non détectée du MPXV en Afrique de l’Ouest, notamment au Ghana et au Togo pour le clade Ib et en Sierra Leone pour le clade IIb, malgré le recul du nombre de cas depuis le pic atteint au début de l’année 2025. La nécessité de renforcer les capacités de séquençage génomique a également été évoquée. Les participants ont félicité le Burundi pour ses bonnes performances en matière de surveillance, notamment en termes de fréquence des tests et de suivi des contacts. Les méthodes de diagnostic en laboratoire mises en œuvre à l’échelle nationale sont généralement conformes aux protocoles de l’OMS. Cependant, en Sierra Leone, en raison de la charge induite par les activités de riposte, seuls 2 % des échantillons positifs pour l’infection à MPXV (avant le début du mois de mai 2025) ont fait l’objet d’un séquençage génomique. Le Secrétariat de l’OMS continue de soutenir les pays qui sont confrontés à une recrudescence des cas de mpox en leur apportant une assistance technique, notamment en facilitant l’envoi des échantillons vers des laboratoires nationaux ou internationaux.
Schémas de transmission – Le Comité a souligné que, contrairement à la plupart des autres zones touchées par des flambées épidémiques dues au MPXV de clade Ib, les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en RDC, enregistrent une hausse du nombre de cas pédiatriques de mpox. Bien qu’on ne dispose que de peu de données épidémiologiques détaillées, cette tendance liée à l’âge pourrait s’expliquer, entre autres, par l’acquisition d’une immunité chez les adultes à la suite d’une exposition sexuelle, aboutissant à des infections causées par une exposition non sexuelle au sein des foyers. Des cas anecdotiques d’exposition dans des établissements de soins pédiatriques ont été signalés. Il a été noté qu’aucune flambée de mpox n’a été signalée dans des établissements scolaires ou d’autres lieux où les enfants se rassemblent.
Recherche des contacts – Les approches adoptées pour la recherche des contacts diffèrent d’un pays à l’autre. Dans certains pays, l’absence de recherche systématique des contacts et la difficulté d’accès aux services de diagnostic réduisent l’efficacité des mesures de lutte dans leur ensemble. La nécessité d’optimiser l’allocation des ressources de santé publique a été soulignée. Cela impliquerait de réévaluer la faisabilité des méthodes traditionnelles de recherche des contacts dans certains pays, ainsi que l’administration du vaccin contre la mpox aux contacts identifiés en vue de réduire la transmission secondaire.
Vaccination – En juin 2025, le nombre total de doses de vaccin contre la mpox qui avaient été distribuées sur le continent africain s’élevait à environ 2,9 millions, dont la majorité, soit environ 2,5 millions, étaient destinées à la RDC. Parmi ces doses, environ 600 000 ont été administrées. Les 1,9 million de doses restantes comprennent 1,5 million de doses de vaccin LC16m8 données par le Japon (non encore été déployées car la formation des agents de santé est en cours) et 367 000 doses de MVA-BN. À cela s’ajoutent 349 000 doses fournies par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui n’ont pas encore été distribuées par manque de financement. Le Gouvernement des États-Unis d’Amérique s’est engagé à fournir 219 000 doses supplémentaires de MVA-BN, dont le déploiement est en attente d’approbation. Les stratégies d’utilisation du vaccin contre la mpox ont évolué pour tenir compte des contraintes d’approvisionnement et des nouvelles tendances épidémiologiques. En RDC, depuis février 2025, environ 105 000 doses ont été administrées chez les enfants de moins de 12 ans et environ 56 000 doses chez les adolescents âgés de 12 à 18 ans. Parmi les autres groupes ciblés par les efforts de vaccination en RDC figurent les personnels de santé, les personnes à risque de présenter une maladie grave — notamment celles qui vivent avec le VIH — et, plus récemment, des groupes de population particuliers dans les points chauds de transmission, notamment les travailleurs et travailleuses du sexe et les HSH. En Sierra Leone, la stratégie de vaccination était initialement axée sur les personnels de santé et de première ligne, ainsi que sur les personnes vivant avec le VIH. Les efforts de vaccination se sont ensuite concentrés sur les points chauds, notamment sur les contacts, les travailleurs et travailleuses du sexe et les HSH se trouvant dans ces points chauds. Au départ, la plupart des pays ont appliqué un schéma vaccinal à deux doses ; cependant, la majorité d’entre eux utilisent désormais un schéma à dose unique ou se préparent à passer à une approche reposant sur l’administration de doses fractionnées par voie intradermique. Dans sa note de synthèse publiée le 23 août 2024, consultable ici, l’OMS a approuvé ces stratégies d’économie de doses en cas d’approvisionnement limité en vaccins.[1] Il a été noté que l’approche reposant sur l’administration intradermique de doses fractionnées, dans laquelle quatre à cinq doses peuvent être obtenues pour chaque flacon, ne s’applique qu’au vaccin MVA-BN et a déjà été mise en œuvre dans certains pays. Dans l’ensemble, le taux d’utilisation des vaccins disponibles est resté inférieur aux prévisions en raison d’obstacles logistiques, opérationnels et financiers. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour optimiser l’utilisation stratégique des vaccins contre la mpox et maximiser leur impact sur la santé publique.
Co-infection mpox-VIH et intégration des services de santé – La co-infection avec le VIH constitue un défi majeur pour les services de santé dans la prise en charge de la mpox, en particulier dans les pays où la prévalence du VIH est élevée. À Kinshasa (RDC), 9,3 % des cas de mpox sont signalés comme étant positifs pour le VIH, mais ce chiffre est probablement sous-estimé compte tenu du faible taux de dépistage du VIH et de l’intégration limitée des services de santé. En Ouganda, 55 % des décès associés à une infection à MPXV sont survenus chez des personnes vivant avec le VIH. Il a été souligné que les services de dépistage et les systèmes de données relatifs aux deux infections devraient être regroupés au même endroit afin de mieux appréhender la double charge que représentent le VIH et la mpox. Il a été fait référence aux orientations techniques de l’OMS concernant l’utilisation des tests rapides pour le diagnostic du VIH, la mise en relation immédiate avec les services de soins pour les personnes dont le test est positif et les protocoles de prise en charge clinique des personnes co-infectées. La nécessité d’améliorer les systèmes de triage et d’affiner les critères de diagnostic clinique de la mpox a été soulignée, avec une attention particulière portée aux erreurs de classification de certaines affections dermatologiques, comme la varicelle. Dans l’ensemble, l’intégration des services de santé reste inégale d’un pays à l’autre.
Financement – Les déficits de financement restent l’une des menaces les plus sérieuses pour la riposte à la mpox. Il a été noté que, depuis le lancement du Plan stratégique de préparation et de riposte actualisé en avril 2025, aucune nouvelle contribution à objet désigné n’a été reçue par l’OMS, ce qui a conduit à un ralentissement des opérations, y compris des activités de surveillance, de soutien en laboratoire, de sensibilisation des communautés et de logistique liée aux vaccins. De vives préoccupations ont été exprimées quant à la pérennité des interventions clés, y compris celles en rapport avec le VIH, dont l’interruption pourrait entraîner une intensification de la transmission et, par conséquent, limiter la capacité des systèmes de santé publique à s’adapter et à réagir à l’évolution des schémas de transmission. Il a cependant été souligné qu’il fallait tirer des enseignements de l’expérience du Burundi qui, malgré des ressources limitées, a enregistré des progrès remarquables dans la lutte contre la recrudescence de la mpox, en grande partie grâce à la combinaison de différentes interventions non pharmaceutiques : surveillance sensible, recherche efficace des contacts, solides capacités d’analyse en laboratoire et décentralisation des interventions au niveau des districts en s’appuyant sur la mobilisation communautaire.
Scénarios possibles pour la lutte et la riposte à la mpox — le Comité s’est dit préoccupé par la dynamique épidémiologique actuelle, qui laisse supposer que la mpox pourrait tendre vers l’endémicité dans certains pays, ou dans certaines zones infranationales, sur le continent africain. Bien que certains pays affichent une tendance à la baisse durable, la transmission du MPXV persiste. Cette constatation concorde avec les résultats de travaux de modélisation préliminaires qui suggèrent que le nombre réel de cas pourrait être plus élevé que ce qui est rapporté en raison de lacunes en matière de diagnostic et de surveillance. Un tel scénario soulève des inquiétudes, faisant craindre de futures vagues intermittentes de cas dans les pays africains, ainsi que des exportations de cas à l’intérieur et à l’extérieur du continent. Au vu de l’évolution épidémiologique de la mpox depuis la déclaration de l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) en août 2024, il est donc nécessaire d’élaborer des définitions adéquates pour décrire les schémas de transmission de la mpox dans les pays ou les zones infranationales concernés, ce qui permettra de mieux définir les objectifs de lutte contre la maladie et d’orienter les interventions de lutte et de riposte en conséquence.
Séance de délibération
À la suite de la session ouverte aux États Parties, le Comité s’est réuni à huis clos pour déterminer si l’événement constituait ou non une USPPI et, dans l’affirmative, examiner les recommandations temporaires proposées par le Secrétariat de l’OMS conformément aux dispositions du RSI.
Le Président a rappelé aux membres du Comité la teneur de leur mandat et a rappelé qu’une USPPI était définie dans le RSI comme étant un « événement extraordinaire qui constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale de maladies, et qui peut requérir une action internationale coordonnée ».
Le Comité a unanimement estimé que la recrudescence de la mpox actuellement observée répondait toujours aux critères d’une USPPI et que le Directeur général devait en être informé.
Les considérations primordiales qui sous-tendent l’avis exprimé par le Comité sont les suivantes : a) les difficultés à décrire avec précision les schémas et profils épidémiologiques multidimensionnels associés aux divers clades du MPXV en circulation, les schémas observés étant sensiblement différents de ceux constatés historiquement pour cette maladie ; b) les incertitudes quant à la disponibilité des financements, dans l’immédiat et à moyen terme, tant au niveau national qu’international ; et c) les difficultés qui en résultent pour définir des approches stratégiques de santé publique destinées à combattre et à endiguer la propagation de la mpox.
Sur cette base, le Comité a estimé que :
L’événement est « extraordinaire » en raison des éléments suivants : i) l’émergence et la propagation du MPXV de clade 1b, qui suscite de nouvelles incertitudes quant à l’évolution du virus, et la dynamique de propagation actuelle et prévisible de la mpox ; ii) la présence d’une transmission communautaire durable du MPXV de clade I dans de nouveaux pays du continent africain, sans que l’on puisse cerner pleinement les facteurs à l’origine de l’évolution rapide de la recrudescence des cas de mpox ; iii) la charge disproportionnée de la mpox chez les enfants, en particulier dans les provinces orientales de la RDC, avec une dynamique de transmission qui n’est pas encore totalement comprise ; et iv) la difficulté persistante à offrir des services de santé intégrés aux personnes atteintes de mpox, qui sont susceptibles de présenter des comorbidités et une plus grande vulnérabilité.
L’événement « constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale de maladies » compte tenu des éléments suivants : i) l’insuffisance des systèmes de surveillance dans de nombreux pays et de nombreuses régions, ce qui peut aboutir à une transmission non détectée et donc à une propagation du MPXV de clade I vers d’autres pays du continent africain. Cette observation s’applique non seulement aux pays d’Afrique de l’Ouest qui n’avaient auparavant jamais détecté de MPXV de clade I mais qui connaissent d’importants mouvements de population avec des pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Est où ce virus se propage, mais aussi à des pays situés en dehors du continent africain (par exemple, un cas d’infection par le MPXV de clade Ib exporté de la Thaïlande vers l’Australie) ; et ii) l’exportation continue de cas de mpox dus au clade I du MPXV de l’Afrique vers d’autres continents, certains de ces cas entraînant une transmission secondaire.
L’événement « requiert une action internationale coordonnée » en raison des éléments suivants : i) la communauté internationale doit déployer des efforts concertés pour compléter les fonds nationaux alloués aux activités de lutte et de riposte à la mpox, ainsi que ceux des institutions des Nations Unies et d’autres organismes et partenaires internationaux intervenant sur le terrain et/ou impliqués dans l’achat des vaccins et les activités logistiques connexes ; ii) les vaccins, même lorsqu’ils sont disponibles, restent difficiles d’accès du fait des capacités locales de distribution ; iii) dans un contexte de financement limité, il faut faciliter l’échange d’expériences entre les pays, en particulier avec des pays tels que le Burundi qui, malgré des ressources limitées, a enregistré des progrès remarquables dans la lutte contre la recrudescence de la mpox, en grande partie grâce à des interventions non pharmaceutiques ; et iv) il est nécessaire de surveiller la propagation et l’évolution phylogénétique des clades du MPXV au moyen du séquençage génétique, une technique qui n’est pas toujours disponible ou performante, dans les pays confrontés à une recrudescence de la mpox.
Le Comité a ensuite examiné le projet de recommandations temporaires proposé par le Secrétariat de l’OMS.
Dans la perspective d’une éventuelle détermination par le Directeur général de l’OMS que cet événement constitue toujours une USPPI, le Comité avait reçu un projet de recommandations temporaires révisées en amont de la réunion, reflétant la proposition de prolonger la plupart des recommandations temporaires émises le 27 février 2025. Tout en reconnaissant que les recommandations permanentes relatives à la mpox approchent de leur date de fin de validité (le 20 août 2025) et qu’il pourrait être utile de les proroger ou de les réviser, le Comité a réaffirmé la pertinence des recommandations temporaires proposées. Toutefois, le Comité a souligné la nécessité i) de donner la priorité aux recommandations temporaires portant sur des interventions non pharmaceutiques, en tenant compte des difficultés de mise en œuvre et des succès rencontrés sur le terrain ; et ii) de veiller à ce que le déploiement des vaccins repose sur des approches fondées sur des données probantes.
Conclusions
Compte tenu de l’évolution épidémiologique complexe de la mpox, de la répartition des clades du MPXV, des difficultés rencontrées pour mettre en œuvre des interventions efficaces de lutte et de riposte, ainsi que des préoccupations soulevées par le Comité lors de ses précédentes réunions, le Comité a accueilli favorablement la proposition du Secrétariat de l’OMS d’organiser une réunion technique informelle pour aider les pays à hiérarchiser les mesures de riposte en fonction des différents contextes épidémiologiques, et ce avant sa prochaine réunion formelle, si le Directeur général de l’OMS détermine que l’événement continue de constituer une USPPI.
Le Comité est convenu de faire part au Secrétariat de l’OMS de ses commentaires sur les recommandations temporaires proposées au lendemain de la réunion (c’est-à-dire le 6 juin 2025) et d’établir sous forme définitive le rapport de la réunion au cours de la semaine du 9 juin 2025.
Au nom du Directeur général adjoint de l’OMS, la Directrice par intérim du Département Gestion des menaces épidémiques et pandémiques au Siège de l’OMS a exprimé sa gratitude au bureau, aux membres et aux conseillers du Comité, puis a clos la réunion.
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