L’OMS appelle à une intensification de la vaccination dans les pays touchés par la maladie à virus Ebola

20 mars 2015
Communiqué de presse
GENÈVE

Face au risque croissant de flambées de rougeole, de coqueluche et d’autres maladies à prévention vaccinale dans les pays touchés par le virus Ebola, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) prône un renforcement urgent de la vaccination systématique.

«Nous appelons à une intensification des services de vaccination systématique dans toutes les régions et à des campagnes de vaccination de masse contre la rougeole dans les régions exemptes de transmission du virus Ebola», déclare le Dr Jean-Marie Okwo-Bele, Directeur du Département OMS Vaccination, vaccins et produits biologiques à l’OMS.

La flambée de maladie à virus Ebola, qui a touché quelque 24 000 personnes et fait environ 10 000 morts, a provoqué une réduction de la couverture vaccinale en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone car les établissements de soins et le personnel de santé ont dû consacrer tous leurs efforts à la lutte contre l’épidémie.

«Toute interruption des services de vaccination, même sur de courtes périodes, entraîne une augmentation du nombre de sujets sensibles et augmente la probabilité de flambées de maladies qui sont évitables grâce à la vaccination», explique une note d’information de l’OMS diffusée cette semaine auprès des pays. Les nouvelles Orientations relatives aux programmes de vaccination dans la Région africaine dans le contexte du virus Ebola , destinées à aider les pays à maintenir ou relancer les services de vaccination, comportent des précautions de lutte contre l’infection pour les agents de santé. Ce document indique que pour les pays non touchés par le virus Ebola, les services de surveillance et de vaccination systématique «doivent se poursuivre en utilisant les pratiques habituelles en matière de sécurité des injections et d’élimination des déchets».

Afin de réduire le risque de flambées importantes de rougeole, ce document d’orientation recommande par ailleurs que des campagnes de vaccination antirougeoleuse de masse soient menées dans les régions exemptes de transmission du virus Ebola.

Au cours de la flambée d’Ebola, les personnes atteintes de paludisme n’ont pas pu se faire soigner soit par crainte de se rendre dans un centre de soins, soit en raison de la fermeture de ces établissements.

Pour réduire rapidement la charge du paludisme et le nombre de personnes se présentant avec un accès palustre dans les centres d’évaluation pour Ebola, l’OMS recommande l’administration de masse de médicaments antipaludiques à toutes les personnes justifiant de ce traitement dans les régions fortement touchées par Ebola. Des campagnes d’administration de masse de médicaments antipaludiques de première intention ont été menées en Sierra Leone et au Libéria entre octobre 2014 et janvier 2015. Elles ont permis de couvrir environ 3 millions de personnes par le biais d’une distribution porte à porte et de réduire l’incidence du paludisme et le risque de transmission d’Ebola aux patients atteints de paludisme.

«Cette attention toute particulière portée à la vaccination et au paludisme s’inscrit dans les efforts déployés par l’OMS pour soutenir les pays qui se trouvent en phase initiale de relèvement, notamment en prévenant et combattant les infections dans les établissements sanitaires qui ne s’occupent pas spécifiquement d’Ebola, en renforçant les personnels de santé, en surveillant les maladies et en délivrant des services de santé essentiels sûrs», explique le Dr Edward Kelley, Directeur du Département OMS Prestation de services et sécurité.

Le Libéria a organisé 2 tournées de vaccination contre plusieurs maladies et la Guinée a mené des activités semblables dans ses provinces exemptes d’Ebola en octobre et novembre 2014. La Sierra Leone a mis en place des précautions pour la prévention des infections et aidé les centres de soins à développer la prestation des services ordinaires. Le Libéria et la Guinée ont lancé des campagnes de vaccination antirougeoleuse ciblant les enfants de moins de 5 ans dans les districts touchés par des flambées de rougeole, et la Guinée élabore actuellement un plan de riposte aux flambées visant 10 districts supplémentaires.

Avant la vaccination à grande échelle, la rougeole faisait environ 2,6 millions de morts chaque année. Elle demeure l’une des principales causes de mortalité chez les jeunes enfants à l’échelle mondiale. Quelque 145 700 personnes sont mortes de rougeole en 2013, en majorité des enfants de moins de 5 ans, ce qui représente environ 400 décès chaque jour, soit 16 décès par heure.

La plupart des décès dus à la rougeole sont imputables à des complications le plus souvent associées à la maladie chez les enfants de moins de 5 ans ou les adultes de plus de 20 ans. Parmi ces complications figurent la cécité, l’encéphalite (maladie qui entraîne un œdème cérébral), une diarrhée grave et une déshydratation associée ou des infections respiratoires graves comme la pneumonie.