Les experts de l’OMS recommandent de mener des projets pilotes de mise en œuvre du premier vaccin antipaludique

23 octobre 2015
Communiqué de presse
GENÈVE

Retrait mondial du vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 prévu en avril

 

Le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination de l’Organisation mondiale de la Santé (SAGE) a recommandé de mener des projets pilotes pour déterminer les meilleures conditions d’utilisation d’un vaccin contre le paludisme chez les jeunes enfants.

Le SAGE s’est réuni cette semaine avec le Comité de pilotage de la politique de lutte antipaludique (MPAC) pour étudier les données relatives à l’efficacité et à l’innocuité du vaccin antipaludique.

«Cette rencontre a été historique, permettant à deux comités consultatifs de premier plan de l’OMS d’examiner ensemble les informations existantes sur ce vaccin», a déclaré le Professeur Fred Blinka, Directeur par intérim du MPAC. «Ces comités ont convenu que la mise en œuvre de projets pilotes constituait la prochaine étape la plus judicieuse pour ce vaccin».

Une question fondamentale reste à élucider au sujet de ce premier vaccin antipaludique, connu sous le nom de RTS,S. Pour être pleinement immunisé, un enfant doit recevoir quatre doses du vaccin, ce qui implique des contacts multiples avec le système de santé.

Les 3 premières doses sont administrées à un mois d’écart, puis suivies d’une pause de 18 mois avant la quatrième dose. Aucune réduction globale des formes graves de paludisme n’a été constatée chez les enfants qui n’avaient pas reçu la quatrième dose.

«La question du mode d’administration le mieux adapté à ce vaccin antipaludique reste entière», a expliqué le Professeur Jon S. Abramson, Directeur du SAGE. «Après avoir minutieusement étudié toutes les données existantes, nous estimons que le meilleur moyen de répondre à cette question consiste à mettre en œuvre 3 à 5 projets pilotes de grande envergure.»

Le vaccin antipaludique RTS,S agit contre P. falciparum, le parasite du paludisme responsable du plus grand nombre de décès à l’échelle mondiale, et le plus répandu en Afrique. Il ne confère aucune protection contre P. vivax, qui est prédominant dans de nombreux pays en dehors du continent africain. Ce vaccin est envisagé à titre d’outil complémentaire de lutte contre le paludisme, susceptible d’être utilisé en supplément – et non en remplacement – des mesures essentielles de prévention, de diagnostic et de traitement employées actuellement.

Vaccin antipoliomyélitique

Lors de sa réunion du 20 au 22 octobre, le SAGE s’est également intéressé au développement et à l’utilisation des vaccins contre le virus Ebola, la poliomyélite et la rougeole, et a formulé des recommandations à leur sujet.

Compte tenu de sa capacité unique à interrompre la transmission interhumaine du poliovirus, le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) est le principal outil utilisé à ce jour pour éradiquer la poliomyélite à l’échelle mondiale. Cependant, dans de rares cas, les virus vivants atténués contenus dans le VPO peuvent être à l’origine de poliomyélite paralytique associée au vaccin (PPAV) ou de poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale (PVDVc). Le retrait des VPO est donc un élément déterminant de la phase stratégique finale d’éradication de la poliomyélite.

La composante de type 2 du VPO est responsable de 40% des cas de PPAV et jusqu’à 90% des cas de PVDVc. Or aucun poliovirus sauvage de type 2 n’a été détecté depuis 1999 et la Commission mondiale de certification de l’éradication de la poliomyélite (GCC) a officiellement déclaré cette souche éradiquée à l’échelle mondiale lors de sa réunion de septembre 2015.

Les États se préparent donc à retirer la composante de type 2 du VPO en passant d’un VPO trivalent (contenant les trois sérotypes) à un VPO bivalent (contenant uniquement les sérotypes 1 et 3). Tous les vaccins antipoliomyélitiques oraux seront retirés une fois que l’éradication mondiale des poliovirus sauvages de types 1 et 3 aura été certifiée.

Le SAGE a confirmé que la transition du vaccin antipoliomyélitique oral trivalent (VPOt) au VPO bivalent (VPOb) devrait avoir lieu entre le 17 avril et le 1er mai 2016.

Le SAGE a par ailleurs conclu que des progrès considérables avaient été réalisés depuis sa dernière réunion d’avril 2015, constatant qu’aucun cas de poliovirus sauvage n’a été détecté en Afrique depuis août, que le dernier cas observé au Moyen-Orient remonte à plus d’un an, que la surveillance a été renforcée et que les enfants ont pu être vaccinés en plus grand nombre dans certaines zones cruciales du Pakistan et d’Afghanistan.

Tous les pays et partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP) doivent donc désormais intensifier leurs activités de préparation au retrait mondial du VPO de type 2 (VPO2) prévu en avril 2016.

Le SAGE a toutefois rappelé qu’il reste beaucoup à faire avant cette date. Pour protéger la population, il est essentiel que les pays respectent les échéances fixées et amorcent la destruction des stocks de poliovirus sauvage de type 2, ou leur confinement dans des «établissements essentiels». Les flambées de poliomyélite qui touchent actuellement la Guinée et le Soudan du Sud, dues au virus de type 2 dérivé d’une souche vaccinale, doivent être interrompues.

Face à la pénurie mondiale de vaccin antipoliomyélitique inactivé, une stratégie doit être adoptée avant la transition, les stocks disponibles devant être consacrés en priorité aux zones à haut risque.

Vaccin antirougeoleux

À l’heure actuelle, 13% des cas de rougeole concernent des enfants qui n’ont pas encore 9 mois, âge auquel la première dose de vaccin antirougeoleux est généralement administrée au plus tôt. Ainsi, dans certaines circonstances, le SAGE recommande qu’une dose puisse être administrée plus tôt, dès l’âge de 6 mois, aux nourrissons qui présentent un risque élevé de contracter la maladie.

Ebola

Le SAGE a également émis des recommandations provisoires concernant la vaccination contre le virus Ebola en riposte à une flambée, fondées sur les résultats préliminaires d’essais cliniques semblant indiquer un niveau élevé d’innocuité et d’efficacité. Ces recommandations sont provisoires car les vaccins candidats ne sont actuellement utilisés que dans le cadre d’essais cliniques.

Les recommandations relatives à leur utilisation dans un autre contexte dépendront des vaccins homologués. Les présentes recommandations ne s’appliquent pas à un vaccin spécifique. Elles seront actualisées lorsque de nouvelles données deviendront disponibles.