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Géorgie : la société civile renforce les compétences des agents de santé pour répondre aux besoins des victimes de violence domestique pendant la pandémie

9 décembre 2021
Communiqué de presse
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« En regardant les statistiques sur les victimes de violence [domestique] pendant la pandémie de COVID-19 en Géorgie et dans les pays voisins, nous constatons que la situation s’est aggravée », a indiqué Luka Khabazishvili, chef de la recherche clinique à l’Institut d’oncologie clinique de Tbilissi (Géorgie). Luka est l’un des 160 agents de santé géorgiens qui ont été formés à reconnaître les signes de violence sexiste chez leurs patients et à intervenir.

Union Sakhli, une organisation de la société civile géorgienne, a dirigé les formations et les discussions de groupe avec les agents de santé et les groupes de soutien psychosocial aux femmes exposées au risque de violence. En s’appuyant sur l’expérience de survivantes de violence domestique, le projet a renforcé la capacité des agents de santé à dispenser des services à plus de 300 000 patientes dont ils ont la charge, en leur permettant de mieux reconnaître les signes de violence à l’avenir.

L’OMS soutient l’établissement d’un dialogue entre les organisations de la société civile et le ministère géorgien de la Santé, du Travail et des Affaires sociales afin que la prise de décisions s’inspire des connaissances disponibles sur l’impact exercé par la pandémie sur diverses communautés, notamment les survivantes de violence domestique. Les conclusions du projet ont été présentées au ministère en septembre 2021. Le projet s’inscrit dans le cadre d’une initiative de participation communautaire de l’OMS/Europe réalisée dans 8 pays européens en vue d’accroître la résilience des communautés face aux situations d’urgence sanitaire.

Un phénomène généralisé au niveau régional

Selon les données de l’OMS, environ 1 femme sur 3 dans la Région européenne subira au cours de sa vie des violences physiques ou sexuelles de la part de son partenaire ou d’autres personnes. La plupart de ces actes sont perpétrés par des partenaires intimes, un quart des femmes âgées de 15 à 49 ans déclarant avoir subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire.

Comme le montre un récent rapport de l’OMS/Europe, l’augmentation des niveaux de stress pendant la pandémie, l’impact des mesures de confinement et les incidences économiques sur les familles ont davantage exposé les femmes à la violence exercée par un partenaire intime et aux risques de subir de tels actes, tout en limitant leur capacité à accéder aux services.

Soutien psychosocial

L’organisation Union Sakhli a mis sur pied 4 groupes de soutien psychosocial aux femmes exposées au risque de violence. Une participante de 45 ans a évoqué l’impact de la pandémie sur la santé mentale comme suit : « nous avons l’impression d’être constamment stressées par l’incertitude de l’avenir, et la désinformation a aggravé nos craintes pendant la pandémie. Les séances de groupe ont été très utiles et nous ont appris à prendre conscience de la manière de gérer le stress. Ce type de soutien est nécessaire, et ce que j’ai appris restera en moi. »

Une autre femme de 59 ans a déclaré : « la séance de groupe fut une très bonne occasion de sortir de l’isolement et d’avoir une raison d’être ».

Repérer les signes de la violence domestique

Les agents de santé peuvent jouer un rôle important dans le soutien apporté aux femmes exposées au risque de violence. Union Sakhli s’est associée à EVEX Medical Corporation, un réseau de 33 cliniques dans 6 régions de Géorgie, pour renforcer leurs compétences dans ce domaine.

« Nous avons déterminé les besoins et les problèmes des victimes de violence domestique ... tels que l’accès aux services, y compris la vaccination, les restrictions imposées aux transports pendant le confinement, la difficulté d’accès aux produits d’hygiène, et les problèmes économiques, psychosociaux et de sécurité », a expliqué Luka Khabazishvili. « Nous avons désormais une meilleure compréhension des défis complexes auxquels sont confrontées les victimes de violence », a-t-il ajouté.

Les groupes de discussion organisés dans le cadre du projet ont également mis en avant certaines des pressions subies par les professionnels de santé pendant la pandémie. Plusieurs participantes ont révélé qu’elles étaient exposées à un risque accru de violence, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, en raison des heures de travail prolongées. De même, le manque de personnel a entraîné un stress émotionnel et mental ainsi qu’un sentiment d’épuisement professionnel, avec un accès limité aux services psychosociaux.

L’initiative des organisations de la société civile dans la Région européenne

L’initiative des organisations de la société civile de l’OMS/Europe permet d’expérimenter de nouvelles approches ascendantes afin que les communautés puissent communiquer leur avis sur les plans qui ont un impact sur la vie des individus, et pour garantir leur participation aux processus d’élaboration des politiques. Elle contribue à la riposte à la COVID-19 et bien au-delà en renforçant la préparation et la résilience des communautés face aux situations d’urgence, en établissant le contact entre les communautés vulnérables et les services, et en améliorant la gouvernance inclusive. La Géorgie est l’un des 8 pays de la Région européenne et l’un des 40 pays du monde qui expérimentent ces approches.