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Aborder la problématique de la consommation excessive de sel avec les patients peut leur sauver la vie : des médecins luttent contre l’hypertension en Géorgie

15 mai 2023
Communiqué de presse
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À l’occasion de la Semaine de sensibilisation au sel, les professionnels de santé géorgiens délivrent des conseils sur la meilleure façon d’informer les patients sur les risques d’une consommation excessive de sel, et de leur expliquer pourquoi les médicaments contre l’hypertension ne peuvent être considérés comme une solution de remplacement à l’adoption d’un régime alimentaire plus sain. 

« Lorsque je conseille à mes patients de consommer moins de sel, la réponse habituelle est la suivante : « mesurer ma consommation de sel, c’est trop pour moi, c’est trop compliqué ! Par prudence, je prendrais simplement des médicaments pour faire baisser ma tension artérielle. » Mais cette façon de résoudre le problème ne protègera pas votre cœur. Au contraire, elle vous expose à un risque accru », nous confie le docteur Nino Chikovani, cardiologue à Tbilissi. 

L’hypertension artérielle : un tueur que l’on peut arrêter

Le docteur Chikovani est au cœur de la lutte nationale contre l’hypertension, l’un des principaux facteurs de risque pour la santé dans le pays. En Géorgie, environ 40 % des hommes et 35 % des femmes souffrent d’hypertension, une affection qui peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux, des maladies cardiaques ainsi que d’autres maladies non transmissibles.

« L’hypertension est la première cause de mortalité en Géorgie, et la consommation élevée de sel contribue largement au risque d’hypertension. Mais il existe un moyen simple et efficace de réduire ce risque : l’information », explique le docteur Nina Kiknadze, médecin de famille géorgienne. « Plus un patient ou une patiente est informé(e) sur la consommation de sel et son impact sur la santé, plus il ou elle a de chances de faire des choix plus sains à l’avenir. »

Consommer du sel en faisant attention à sa santé cardiaque

L’OMS recommande de ne pas consommer plus de 5 grammes de sel (environ une cuillère à café) par jour. C’est l’un des meilleurs moyens de maîtriser sa tension artérielle et de protéger la santé cardiaque.

Aujourd’hui, en Géorgie, la consommation moyenne de sel est de 10 grammes chez les hommes et de 7 grammes chez les femmes. Ces taux sont parmi les plus élevés de la Région européenne de l’OMS, et sont liés au fait que les maladies cardiovasculaires représentent 69 % de tous les décès enregistrés en Géorgie. Les professionnels de santé et les décideurs du pays sont à la recherche de moyens efficaces pour réduire cette charge sanitaire.

Pour la majorité de la population, le manque de connaissances sur la teneur en sel des aliments est l’un des obstacles qui empêchent de maîtriser la consommation de sel. Sur les marchés locaux, par exemple, les produits ne portent pas d’étiquettes nutritionnelles. Si certains produits géorgiens traditionnels, tels que le fromage ou les produits de boulangerie, ont tendance à être riches en sel, un grand nombre de consommateurs n’en sont tout simplement pas conscients.

On a tendance à oublier les risques à long terme

Irina Partskhaladze, dont l’hypertension a été diagnostiquée il y a quelques années, se souvient de l’expérience qu’elle a vécue en changeant son régime alimentaire habituel : « lorsque mon cardiologue m’a conseillé de réduire ma consommation de sel, il m’a été très difficile d’arrêter de manger les aliments auxquels j’étais habituée. L’aliment le plus salé que je consommais était le fromage local de la région de Tusheti. Je m’en suis rendu compte quand mon médicament contre l’hypertension s’est mis à moins bien agir lorsque je mangeais ce fromage. Mais petit à petit, j’ai appris à mieux contrôler ma consommation de sel. »

Améliorer son alimentation s’avère vital

Selon Irina, les gens ne pensent pas aux risques à long terme, et c’est pourquoi ils ne réfléchissent pas trop à leur régime alimentaire. Elle a partagé son point de vue avec les docteurs Kiknadze et Chikovani lors d’une discussion sur les stratégies de réduction de la consommation de sel organisée à Tbilissi au début de l’année 2023 par le Bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles et le bureau de pays de l’OMS en Géorgie. L’OMS/Europe collabore avec les décideurs géorgiens pour créer un plan national complet visant à réduire la consommation de sel et à sensibiliser aux dangers de l’hypertension.

Selon les professionnels de santé géorgiens, il existe plusieurs façons d’informer les populations sur la consommation de sel et ses liens avec l’hypertension artérielle. « Le temps constitue toujours un problème pour les médecins. Ce serait parfait si les thérapeutes en soins primaires disposaient d’un créneau spécial d’environ 2 minutes pour engager un bref dialogue sur la consommation de sel et la santé cardiaque avec chacun de leurs patients – car lorsque vous abordez ce sujet avec les patients, ils écoutent généralement », explique le docteur Kiknadze.

« Aujourd’hui, les jeunes patients sont généralement plus faciles à sensibiliser. Beaucoup d’entre eux sont intéressés par un mode de vie sain et sont férus de technologies. Les médecins peuvent donc recommander des applications mobiles utiles pour contrôler la consommation de sel », ajoute le docteur Chikovani.

Stratégies de réduction de la consommation de sel – qu’est-ce qui fonctionne ?

De plus en plus de Géorgiens souhaitent faire des choix plus sains au quotidien au lieu de se contenter de médicaments, et c’est une tendance prometteuse, souligne le docteur Kremlin Wickramasinghe, conseiller régional de l’OMS/Europe pour la nutrition, l’activité physique et l’obésité. 

« Toutefois, cet intérêt de la population pour l’adoption d’un mode de vie plus sain doit rencontrer le soutien des responsables politiques et de l’industrie. Ils peuvent collaborer à la reformulation des aliments en vue de réduire la quantité de sel ajoutée dans des produits populaires tels que le fromage ou le pain », ajoute-t-il. « L’application de meilleures pratiques d’étiquetage permettant aux populations de prendre conscience de leur alimentation peut aussi s’avérer efficace. »

Selon le docteur Silviu Domente, chef du bureau de pays de l’OMS en Géorgie, la mise en place de programmes pédagogiques sur la nutrition et la santé cardiaque dans les écoles et autres établissements d’enseignement, et l’organisation de campagnes d’information à l’intention des patients au niveau des soins de santé primaires permettent également de renforcer les tendances positives. 

« Pour que la situation évolue vraiment, il faut adopter une approche globale permettant aux décideurs, à l’industrie alimentaire, aux professionnels de santé et aux communautés d’œuvrer ensemble à l’instauration d’un nouvel environnement qui protège la santé cardiaque de tous », conclut le docteur Domente.