Description de la situation
Aperçu de la situation
Des cas sporadiques de rougeole ont été signalés en Afrique du Sud tout au long de l’année 2022. Au cours de la semaine épidémiologique 40 de 2022 (se terminant le 8 octobre 2022), une flambée épidémique a été déclarée dans la province du Limpopo. Au 16 mars 2023, des cas confirmés avaient été signalés par toutes les provinces ; huit des neuf provinces sud-africaines avaient déclaré des flambées épidémiques de rougeole1. Aucun décès associé à la rougeole n’a été enregistré. La plupart des cas (86 %) sont signalés parmi les enfants et adolescents âgés de moins de 14 ans.
La surveillance communautaire a été renforcée et le Ministère de la santé mène une campagne de vaccination de masse contre la rougeole ciblant les enfants et les adolescents âgés de six mois à 15 ans dans toutes les provinces.
L’OMS estime que le risque associé à l’épidémie actuelle est élevé au niveau national, modéré au niveau régional et faible au niveau mondial.
Description de la situation
La rougeole est endémique en Afrique du Sud, où plusieurs flambées épidémiques de rougeole ont été signalées ces dernières années.
Des cas sporadiques ont été signalés dans les neuf provinces de l’Afrique du Sud en 2022. Au 4 mars 2023, des flambées épidémiques de rougeole avaient été déclarées dans huit provinces, à la suite de la flambée déclarée dans la province du Limpopo en octobre 2022 (figure 1).
Figure 1 : Courbe épidémiologique des cas de rougeole confirmés en laboratoire en Afrique du Sud de la semaine 40 de 2022 à la semaine 10 de 2023. Source : NICD, South African Measles Outbreak 2023, rapport de la situation au 16 mars (en anglais)
De la semaine épidémiologique 40 de 2022 (se terminant le 8 octobre 2022) à la semaine 10 de 2023 (se terminant le 4 mars 2023), le National Institute of Communicable Diseases (NICD) a effectué des tests de dépistage de la rougeole sur 4 830 échantillons de sérum, dont 772 (16 %) étaient des cas confirmés de rougeole (figure 2).
Figure 2 : Nombre d’échantillons de sérum testés par le NICD et taux de positivité (%) en Afrique du Sud, de la semaine 40 de 2022 à la semaine 10 de 2023
Les 772 cas de rougeole confirmés en laboratoire ont été signalés par les provinces suivantes : Limpopo (275 ; 36 %), Nord-Ouest (198 ; 26 %), Gauteng (124 ; 16 %), Mpumalanga (106 ; 14 %), État libre (28 ; 3,5 %), KwaZulu-Natal (17 ; 2 %), Cap-Occidental (11 ; 1,5 %), Cap-Nord (7 ; 1 %) et Cap-Oriental (6 ; 1 %) (figure 3).
Figure 3 : Répartition géographique des cas de rougeole confirmés en laboratoire en Afrique du Sud, de la semaine 40 de 2022 (se terminant le 8 octobre 2022) à la semaine 10 de 2023 (se terminant le 4 mars 2023)
L’âge des cas de rougeole confirmés en laboratoire est compris entre deux mois et 60 ans. La majorité des cas (42 %) sont observés dans le groupe d’âge 5-9 ans, suivi par les groupes d’âge 1-4 ans (25 %) et 10-14 ans (19 %). Les taux d’attaque (pour 100 000 habitants) sont les plus élevés dans les groupes d’âge 1-4 ans (4,7/100 000) et 5-9 ans (6,6/100 000).
Parmi les cas confirmés en laboratoire, 80 (10 %) avaient été vaccinés avec au moins une dose de vaccin antirougeoleux (MCV), 92 (12 %) n’étaient pas vaccinés et le statut vaccinal de 570 cas (79,1 %) est inconnu.
D’après le Ministère national de la santé de l’Afrique du Sud, la couverture vaccinale nationale par les première et deuxième doses de vaccin antirougeoleux (MCV1 et MCV2) était estimée à 87 % et 82 % respectivement en 2021, tandis qu’en 2022, la couverture était de 86 % dans les deux cas. Toutefois, la couverture vaccinale est historiquement faible, ce qui peut contribuer à la résurgence actuelle. Selon les estimations OMS-UNICEF, en 2018, la couverture par le MCV1 était en moyenne de 81 %, et de 75 % pour le MCV2. En 2017, la couverture par le MCV1 et le MCV2 était estimée à 81 % et 78 %, respectivement.
Épidémiologie de la rougeole
La rougeole est due à un virus de la famille des paramyxovirus. Le virus infecte les voies respiratoires puis se propage dans tout l’organisme. La rougeole est une maladie humaine et on ne connaît pas de réservoir chez l’animal. Elle peut donner lieu à d’importantes épidémies caractérisées par des taux élevés de morbidité et de mortalité, en particulier parmi les personnes vulnérables. Chez les jeunes enfants souffrant de malnutrition, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées, y compris les personnes atteintes d’une infection à VIH ou de cancer et celles recevant un traitement immunosuppresseur, la rougeole peut entraîner de graves complications, notamment une infection auriculaire, une diarrhée sévère, une cécité, une encéphalite, une pneumonie, voire le décès.
Le virus se transmet principalement d’une personne à l’autre par des gouttelettes respiratoires en suspension dans l’air qui se dispersent rapidement lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue. La transmission peut également se produire par contact direct avec des sécrétions infectées. La transmission par des personnes immunisées exposées asymptomatiques n’a pas été démontrée. Le virus reste actif et contagieux dans l’air ou sur les surfaces contaminées jusqu’à deux heures. Un patient est contagieux à partir de quatre jours avant le début de l’éruption cutanée et jusqu’à quatre jours après l’apparition de celle-ci. Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique contre la rougeole et la plupart des personnes se rétablissent dans les deux à trois semaines.
Un vaccin efficace et sûr est disponible pour la prévention et la lutte contre la maladie. La première dose de vaccin antirougeoleux (MCV1) est administrée à l’âge de neuf mois, tandis que la deuxième dose (MCV2) est administrée à l’âge de 15 mois. Une couverture de 95 % de la population par le MCV1 et le MCV2 est nécessaire pour arrêter la circulation du virus de la rougeole.
Dans les zones présentant une faible couverture vaccinale, les épidémies surviennent généralement tous les deux à trois ans et durent habituellement entre deux et trois mois, bien que leur durée puisse varier en fonction de la taille et du statut immunitaire de la population, et du niveau de surpeuplement.
L’Afrique du Sud a connu plusieurs flambées épidémiques ces dernières années. Entre 2003 et 2005, une flambée épidémique a eu lieu, lors de laquelle 1 676 cas ont été signalés. En 2009-2010, une flambée épidémique importante est survenue, avec 18 431 cas recensés. En 2017, une petite flambée a été déclarée dans les provinces du Cap-Occidental, du Gauteng et du KwaZulu-Natal, avec un total de 186 cas signalés. En 2019, un groupe de cas de rougeole a été signalé au Cap, concernant quatre enfants d’une fratrie ayant voyagé dans un pays touché par la rougeole.
Épidémiologie de la maladie
Measles is caused by a virus in the paramyxovirus family. The virus infects the respiratory tract, then spreads throughout the body. Measles is a human disease and is not known to occur in animals. It can lead to major epidemics with significant morbidity and mortality, especially among vulnerable people. Among young and malnourished children, pregnant women and immunocompromised individuals, including those with HIV, cancer or treated with immunosuppressives, measles can cause serious complications, including ear infection, severe diarrhea, blindness, encephalitis, pneumonia, and death.
Transmission is primarily person-to-person by airborne respiratory droplets that disperse rapidly when an infected person coughs or sneezes. Transmission can also occur through direct contact with infected secretions. Transmission from asymptomatic exposed immune persons has not been demonstrated. The virus remains active and contagious in the air or on infected surfaces for up to two hours. A patient is infectious from four days before the start of the rash to four days after its appearance. There is no specific antiviral treatment for measles and most people recover within 2-3 weeks.
An effective and safe vaccine is available for prevention and control. The measles-containing vaccine first dose (MCV1) is given at the age of nine months, while the second dose of the measles-containing second dose (MCV2) is given at the age of 15 months. A 95% population coverage of MCV1 and MCV2 is required to stop measles circulation.
In areas with low vaccination coverage, epidemics typically occur every two to three years and usually last between two and three months, although their duration varies according to population size, crowding, and the population’s immunity status.
South Africa has had several outbreaks in recent years. Between 2003 and 2005, an outbreak occurred with 1676 cases reported. In 2009-2010, a large outbreak occurred with 18 431 documented cases. In 2017, a small outbreak was declared in Western Cape, Gauteng, and Kwazulu-Natal provinces, with a total of 186 cases. In 2019, a cluster of measles cases was reported in Cape Town affecting four siblings with a travel history to a measles-affected country.
Action de santé publique
Le Ministère de la santé a mis en œuvre le plan national chiffré de riposte à la rougeole avec l’appui de l’OMS. Le Ministère national de la santé mène une campagne de vaccination de masse contre la rougeole dans toutes les provinces, ciblant les enfants et les adolescents âgés de 6 mois à 15 ans. Des membres du personnel de l’OMS ont été déployés afin d’apporter un soutien pour tous les aspects de la riposte : coordination, gestion de l’information et surveillance, prise en charge des cas, approvisionnement et logistique, communication sur les risques et mobilisation communautaire.
Diverses activités de riposte sont mises en œuvre :
- Recherche active des cas, enquête et recensement des cas de fièvre et d’éruption cutanée.
- Réunion hebdomadaire de l’équipe d’appui à la gestion des incidents pour la rougeole avec toutes les provinces.
- Rapports de situation intérimaires hebdomadaires fondés sur les résultats des tests de laboratoire publiés par le Ministère de la santé et le NICD.
- Déploiement d’équipes d’intervention rapide au niveau des provinces et des districts dans les quartiers touchés.
- Formation de préparation à la campagne nationale de vaccination, dispensée dans toutes les provinces.
- Campagne locale de vaccination ciblant les enfants âgés de 6 mois à 5 ans, menée dans la province du Limpopo.
- Formation des agents de santé à l’identification des cas de rougeole et à la prise en charge des cas axée sur les soins de soutien pour prévenir les complications et la mortalité liées à la rougeole.
- Renforcement de la surveillance communautaire pour assurer la détection précoce des cas en faisant appel à des volontaires en santé communautaire, avec le soutien de l’OMS.
- Sensibilisation de la communauté menée par des agents de santé communautaires.
- Cartographie des partenaires et des ressources à l’appui de la riposte à l’épidémie, avec le soutien de l’OMS et des partenaires.
Évaluation du risque par l’OMS
Quatre des provinces touchées par l’épidémie actuelle (Limpopo, Mpumalanga, Nord-Ouest et KwaZulu-Natal) ont des frontières avec le Zimbabwe, le Botswana et le Mozambique. Les mouvements de populations transfrontaliers dans la région de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC)2 et la faiblesse des systèmes de surveillance des maladies dans de nombreux pays de la SADC constituent une menace de propagation internationale.
Une flambée épidémique de rougeole est actuellement en cours au Zimbabwe voisin. Les capacités de riposte dans la région sont également limitées en raison des efforts simultanés de préparation et de riposte à la COVID-19, au choléra, à la variole simienne, au poliovirus sauvage, aux inondations et aux cyclones.
Sur la base des informations actuellement disponibles, le risque global de rougeole en Afrique du Sud est jugé élevé pour les raisons suivantes :
- L’épidémie actuelle de rougeole a été déclarée dans huit des neuf provinces, et des cas ont été confirmés dans toutes les provinces, la poursuite de la propagation étant probablement due à une forte mobilité de la population.
- L’évaluation du risque de rougeole de 2022 indiquait que 86 % des districts présentaient un risque de rougeole moyen à élevé, d’après l’outil d’évaluation du risque de rougeole de l’OMS.
- La couverture vaccinale nationale contre la rougeole est sous-optimale (en 2022, la couverture était de 86 % pour le MCV1 comme pour le MCV2, ce qui est inférieur à la couverture requise de 95 % pour atteindre l’immunité collective de la population et ainsi prévenir une transmission soutenue).
- Des taux élevés de VIH/sida et de tuberculose sont observés dans la population sud-africaine, ce qui peut aggraver le tableau clinique de la rougeole.
- Des inondations signalées dans sept provinces ont rendu impossible l’accès à certaines parties de la population pendant la campagne actuelle de vaccination contre la rougeole.
- Il existe un besoin de soutien technique et logistique aux provinces, car la plupart des programmes et des services essentiels (y compris la vaccination) ont subi les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 et sont seulement en cours de rétablissement.
Conseils de l’OMS
Bien que la rougeole soit très contagieuse, un vaccin efficace et sûr est disponible pour la prévention et la lutte contre la maladie. Le MCV1 est administré à l’âge de neuf mois dans les pays présentant une transmission continue et un risque élevé de décès dû à la rougeole chez les nourrissons. Ces pays doivent procéder à la vaccination systématique par le MCV2 des enfants de 15 à 18 mois. Cependant, en Afrique du Sud, le MCV1 est administré à six mois et le MCV2 à 12 mois3. Une couverture de 95 % de la population par le MCV1 et le MCV2 est nécessaire pour arrêter la circulation du virus de la rougeole. Il est recommandé d’administrer deux doses du vaccin contre la rougeole à tous les enfants pour assurer l’immunité et prévenir les flambées épidémiques, car environ 15 % des enfants vaccinés ne développent pas d’immunité dès la première dose.
La vaccination systématique des enfants contre la rougeole et les campagnes de vaccination de masse dans les pays présentant des taux de morbidité et de mortalité élevés sont des stratégies de santé publique essentielles pour réduire la charge de la maladie et la transmission.
Il n’existe pas de traitement spécifique contre la rougeole. La prise en charge des cas de rougeole est axée sur les soins de soutien ainsi que sur la prévention et le traitement des complications de la rougeole et des infections secondaires. Étant donné que la rougeole est très contagieuse, l’isolement des patients est une intervention importante pour prévenir la propagation du virus.
Des sels de réhydratation orale doivent être utilisés au besoin pour prévenir la déshydratation. Tous les enfants chez lesquels la rougeole est diagnostiquée doivent recevoir deux doses de suppléments de vitamine A par voie orale, administrées à 24 heures d’intervalle, quel que soit le moment de l’administration de doses précédentes de vitamine A ; il convient d’administrer 50 000 unités internationales (UI) aux nourrissons âgés de moins de six mois, 100 000 UI aux nourrissons âgés de six à 11 mois et 200 000 UI aux enfants âgés de 12 mois. Ce traitement pallie la baisse des taux de vitamine A dans les cas aigus de rougeole qui survient même chez les enfants bien nourris, et peut aider à prévenir les lésions oculaires et la cécité. Il a également été démontré que les suppléments de vitamine A réduisent le nombre de décès dus à la rougeole.
Un soutien nutritionnel est recommandé pour réduire le risque de malnutrition due à la diarrhée, aux vomissements et au manque d’appétit associés à la rougeole. L’allaitement maternel doit être encouragé lorsque cela est approprié.
Chez les personnes insuffisamment ou pas immunisées, le vaccin antirougeoleux peut être administré dans les 72 heures suivant l’exposition au virus de la rougeole pour les protéger contre la maladie. Si la maladie se développe néanmoins, les symptômes sont généralement moins sévères et la durée de la maladie peut être réduite.
L’OMS recommande de n’appliquer aucune restriction aux voyages ou aux échanges commerciaux à destination ou en provenance de l’Afrique du Sud.
Plus d'informations
- National Institute for Communicable Disease. South African measles outbreak update 2023 (en anglais)
- Republic of South Africa. Mid-Year Population Estimates 2021 (en anglais)
- Hong H, Makhathini L, Mashele M, Malfeld S, Motsamai T, Sikhosana L. Annual measles and rubella surveillance review, South Africa, 2017. Natl Inst Commun Dis Public Heal Surveill Bull. 2017; 16 (2):64-77
- Hong H, Makhathini L, Mashele M, Smit S, Malfeld S, Motsamai T, et al. Annual measles, rubella and congenital rubella surveillance review, South Africa, 2019 (en anglais)
- Tableau de bord de l’OMS sur la vaccination (en anglais)
- OMS, Principaux repères sur la rougeole
- Initiative contre la rougeole et la rubéole (en anglais)
1. Une flambée épidémique de rougeole confirmée est définie dans les lignes directrices intitulées Expanded Programme on Immunisation Diseases Surveillance Guideline 3rd Edition (2015) comme la survenue de trois cas de rougeole confirmés ou plus (dont au moins deux doivent être confirmés en laboratoire ; présence d’IgM) dans un établissement de santé/district/sous-district (population desservie d’environ 100 000 personnes) au cours d’un mois. Les cas relevés dans la province du Cap-Oriental ne correspondent pas à cette définition d’une flambée épidémique.
2. La SADC est composée de 16 États membres
3. Bien que les taux de séroconversion soient plus faibles lorsque le MCV est administré à l’âge de six mois, les pays peuvent décider de commencer la vaccination à six mois si le risque de maladie est très élevé chez les nourrissons. La capacité d’atteindre une couverture élevée par le MCV2 à 12 mois déterminera si la stratégie est appropriée ou non, le risque étant, si la couverture par le MCV2 est faible, que de grandes cohortes d’enfants non vaccinés se constituent progressivement.
Référence à citer : Organisation mondiale de la Santé (21 mars 2023). Bulletins d’information sur les flambées épidémiques. Rougeole – Afrique du Sud. Disponible à l’adresse : https://covid.comesa.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON447