Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H5) - Chili

6 avril 2023

Description de la situation

Aperçu de la situation

Le 29 mars 2023, le Ministère chilien de la Santé a notifié à l’OMS un cas confirmé en laboratoire d’infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H5) dans la Région d’Antofagasta. Il s’agit là de la première infection humaine par ce virus notifiée au Chili et de la troisième dans la Région des Amériques à ce jour. Une seule infection humaine a été signalée et aucun autre cas n’a été repéré jusqu’ici. Une enquête sur la flambée est en cours, visant notamment à déterminer comment l’intéressé a été exposé au virus. Au cours des derniers mois de 2023, des flambées épidémiques sans précédent de grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1) chez des animaux ont été signalées au Chili. Des virus de la grippe aviaire A(H5N1) ont été détectés chez des volailles de basse-cour, des volailles d’élevage, des oiseaux sauvages et des mammifères marins.

L’infection humaine par le virus de la grippe aviaire qui peut provoquer une maladie grave est une maladie à déclaration obligatoire en vertu du Règlement sanitaire international (RSI, 2005) [1].

Description du cas

Le 29 mars 2023, le Ministère chilien de la santé a notifié à l’OMS la détection d’une infection humaine par le virus de la grippe aviaire A(H5), confirmée par l’Institut de santé publique du Chili (ISP), qui est le Centre national de la grippe. Le patient est un homme de 53 ans de la région d’Antofagasta, dans le nord du Chili qui n’avait pas de comorbidités ni d’antécédents de voyages récents.

Le 13 mars 2023, il a éprouvé différents symptômes, toux, mal de gorge et enrouement, notamment. Le 21 mars, il s’est adressé à un hôpital local pour se faire soigner à la suite de l’aggravation des symptômes et a été admis le lendemain à l'hôpital régional d’Antofagasta pour une dyspnée. Un écouvillonnage nasopharyngé prélevé dans le cadre de la surveillance systématique des infections respiratoires aiguës sévères (IRAS) s’est révélé négatif pour la COVID-19 par transcription inverse suivie d'une amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR). Le 23 mars, il a été admis dans l'unité de soins intensifs et le lendemain mis sous antiviraux (oseltamivir) et antibiotiques. Il reste en isolement respiratoire sous prise en charge multidisciplinaire, avec ventilation mécanique en raison d’une pneumonie. 

Le 27 mars, un prélèvement broncho-alvéolaire s’est révélé positif par RT-PCR pour un virus grippal A non sous-typable. L’échantillon envoyé à l’ISP s’est révélé positif pour la grippe aviaire A(H5) le 29 mars. Le type de neuraminidase n’a pas encore été confirmé et les informations sur le clade du virus de la grippe aviaire A(H5) détecté dans ce cas humain ne sont pas encore connues. Le Centre national de la grippe a fait parvenir les échantillons prélevés sur le patient à un centre collaborateur de l’OMS pour une caractérisation plus poussée.

Trois contacts étroits asymptomatiques du cas se sont révélés négatifs au test de dépistage de la grippe et sont parvenus au terme de la période de suivi. En outre, les neuf contacts identifiés parmi les agents de santé sont parvenus au terme de la période de suivi le 4 avril, l’un d’eux ayant toutefois développé des symptômes respiratoires le lendemain ; d’autres tests sont donc en cours et la période de suivi a été prolongée de 7 jours supplémentaires en ce qui le concerne.

La grippe aviaire A (H5N1) a été détectée pour la première fois dans les Amériques chez des oiseaux en décembre 2014. Entre décembre 2022 et février 2023, la grippe aviaire hautement pathogène (HPAI) a été détectée chez des oiseaux aquatiques sauvages (pélicans et manchots) et des mammifères marins (otaries) dans la région d’Antofagasta où réside le cas. Il ressort des conclusions préliminaires de l’enquête épidémiologique sur ce cas humain que la voie de transmission la plus plausible est une exposition environnementale dans les zones proches de son lieu d'habitation où l'on a retrouvé des mammifères marins ou des oiseaux sauvages malades ou morts.

Épidémiologie de la maladie

Les infections grippales zoonotiques, lorsqu’elles touchent l’espèce humaine, peuvent se traduire par une infection asymptomatique ou légère des voies respiratoires supérieures (fièvre et toux) susceptible d’évoluer rapidement vers une pneumonie sévère, un syndrome de détresse respiratoire aiguë, un choc et la mort, selon les facteurs liés au virus et à l'hôte. En de rares occasions, on observe des symptômes gastro-intestinaux ou neurologiques. Les cas humains de grippe aviaire sont généralement le résultat d’une exposition directe ou indirecte à des volailles vivantes ou mortes infectées ou à des environnements contaminés.

En 2022 et 2023 dans la Région des Amériques, des flambées de grippe aviaire A(H5) hautement pathogène ont été signalées en nombre croissant chez des volailles de basse-cour ou d’élevage et des oiseaux et mammifères sauvages. Depuis la première confirmation de la grippe aviaire A(H5N1) dans la Région en 2014, trois infections humaines causées par la grippe aviaire A(H5) ont été notifiées : la première aux États-Unis d’Amérique en avril 2022 ; la deuxième en Équateur, en janvier 2023 ; et enfin celle du Chili. Au niveau mondial, depuis 2003, 873 infections humaines par des virus A(H5N1), dont 458 mortelles (taux de létalité de 52 %), ont été notifiées à l’OMS. En outre, trois cas humains d’infection par les virus grippaux A (H5 [2]), 84 cas humains d’infection par les virus A(H5N6) et sept cas humains d’infection par les virus A(H5N8) ont été notifiés à l’OMS.

Épidémiologie de la maladie

Zoonotic influenza infections in humans may range from asymptomatic or mild upper respiratory infection (fever and cough) to rapid progression to severe pneumonia, acute respiratory distress syndrome, shock, and death, depending on factors related to the virus and the host. Rarely, gastrointestinal, or neurological symptoms have been reported. Human cases of avian influenza are usually the result of direct or indirect exposure to infected live or dead poultry or contaminated environments.

In the Region of the Americas during 2022 and 2023, an increasing number of outbreaks of highly pathogenic avian influenza A(H5) have been reported in backyard poultry, farm poultry, wild birds, and wild mammals. Since the first confirmation of avian influenza A(H5N1) in the region in 2014, three human infections caused by avian influenza A(H5) have been reported: the first in the United States of America, reported in April 2022; the second in Ecuador, reported in January 2023; and this case. Globally, since 2003, 873 human infections, including 458 deaths (CFR 52%), with A(H5N1) viruses have been reported to WHO. Additionally, three human infections with influenza A (H5[2]) viruses, 84 human cases of infection with A(H5N6) viruses, and seven human cases of infection with A(H5N8) viruses have been reported to WHO. 

Action de santé publique

  • Les autorités locales mènent une enquête épidémiologique et recherchent les contacts parmi les membres de la famille et les agents de santé.
  • Des activités intersectorielles ont été menées au Chili, notamment par le Ministère de la santé, le Service de l’agriculture et de l’élevage du Ministère de l’agriculture et le Service national des pêches et de l’aquaculture, dans le cadre du suivi des flambées de grippe aviaire dans la région. 
  • Un suivi actif est assuré auprès des personnes exposées à des oiseaux, volailles et mammifères  sauvages et présentant des symptômes respiratoires; ainsi que dans les cas suspects de grippe consécutifs à un contact avec des volailles ou exposés à des oiseaux.
  • La vaccination contre la grippe saisonnière dans les groupes à risque se poursuit conformément aux lignes directrices du programme national de vaccination.
  • La population a été informée, par le biais de messages sur le cas et sur les mesures de prévention destinés à différents publics cibles.

Évaluation du risque par l’OMS

Il ressort des conclusions préliminaires de l’enquête épidémiologique locale que l'hypothèse la plus plausible est celle d'une transmission par une exposition environnementale dans les zones proches du lieu de résidence du cas humain où l'on a retrouvé des mammifères marins ou des oiseaux sauvages malades ou morts. Selon les informations reçues jusqu’ici, le virus n’a pas été détecté chez d’autres personnes.

Lorsque des virus de la grippe aviaire circulent parmi les volailles, les oiseaux sauvages ou les mammifères, il existe un risque d’infection sporadique et de petits foyers épidémiques humains consécutifs à l’exposition à des animaux infectés ou à des environnements contaminés.

Des mesures de santé publique ont été mises en œuvre par les services chargés de la santé humaine et animale, notamment en ce qui concerne le suivi des agents de santé et des autres contacts du cas confirmé en laboratoire. Même si une caractérisation plus poussée du virus à l’origine du cas humain est en cours, les données épidémiologiques et virologiques actuellement disponibles laissent supposer que les virus A(H5) n’ont pas acquis une capacité de transmission interhumaine durable d’une personne à l’autre, de sorte que la probabilité d’une propagation reste faible. Sur la base des informations disponibles, l’OMS estime que ce virus présente un risque faible pour la population générale.

Si des sujets infectés originaires de régions touchées voyagent à l’étranger, il est possible que leur infection soit détectée dans un autre pays pendant le voyage ou après leur arrivée. Si cela devait se produire, une propagation au niveau communautaire est jugée peu probable, le virus n’ayant pas acquis la capacité de se transmettre facilement d’une personne à l’autre.

L’évaluation préliminaire du risque sera réexaminée au besoin, si de nouvelles données épidémiologiques ou virologiques le justifient.

Conseils de l’OMS

Du fait de l’évolution constante des virus grippaux et des importantes flambées dans les populations animales, l’OMS rappelle qu’il est essentiel d’assurer une surveillance mondiale de la grippe pour détecter tout changement virologique, épidémiologique ou clinique associé aux virus grippaux circulants qui pourrait avoir une incidence sur la santé humaine (ou animale) et de veiller à l’échange en temps utile des virus aux fins de l’évaluation des risques. La diversité des virus grippaux zoonotiques qui ont causé des infections humaines est inquiétante et appelle une surveillance renforcée des populations animales et humaines, moyennant une enquête approfondie sur chaque infection zoonotique et la préparation à une éventuelle pandémie. Il a été conseillé de vacciner les travailleurs avicoles avec le vaccin contre la grippe saisonnière afin de prévenir une mutation virale susceptible de faciliter la transmission interhumaine.

L’OMS ne conseille pas de dépistage particulier des voyageurs aux points d’entrée. En cas d’infection humaine confirmée ou suspectée (même dans l’attente des résultats de laboratoire de confirmation) par un nouveau virus grippal à potentiel pandémique – virus de la grippe aviaire et variants compris – il faudra assurer la recherche des contacts et mener une enquête épidémiologique approfondie sur les antécédents de voyage et d’exposition aux animaux. L’enquête épidémiologique doit assurer l’identification précoce de grappes inhabituelles d’événements respiratoires pouvant signaler une transmission interhumaine du nouveau virus et des échantillons cliniques prélevés au moment et sur le lieu où le cas est survenu doivent être analysés puis envoyés à un centre collaborateur de l’OMS pour une caractérisation plus poussée.

Il n’existe pas de vaccin spécifique permettant de prévenir la grippe A(H5) chez l’être humain. Des vaccins candidats destinés à prévenir l’infection humaine par le virus de la grippe A(H5) ont toutefois été mis au point dans le cadre de la préparation en cas de pandémie.

Compte tenu de l’étendue et de la fréquence observées des cas de grippe aviaire chez les oiseaux sauvages et certains mammifères sauvages, il convient d'éviter tout contact avec des animaux malades ou morts de causes inconnues et de signaler ces cas aux autorités.

Les voyageurs qui se rendent dans des pays touchés par des flambées épidémiques de grippe animale doivent éviter les fermes, le contact avec les animaux sur les marchés d’animaux vivants, l’entrée dans des zones où les animaux peuvent être abattus, ou le contact avec des surfaces qui semblent être contaminées par des excréments d’animaux ou d'autres liquides organiques. Les voyageurs doivent aussi se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon et respecter les bonnes pratiques de sécurité sanitaire des aliments et d’hygiène alimentaire.

L’analyse attentive de la situation épidémiologique, la caractérisation plus approfondie des virus les plus récents (observés chez l’être humain et la volaille) et les études sérologiques sont essentielles pour évaluer les risques et ajuster en temps utile les mesures pour les gérer.

La déclaration de toute infection humaine par un nouveau sous-type de virus grippal est obligatoire en vertu du Règlement sanitaire international [RSI (2005)] et les États Parties au RSI sont tenus de signaler immédiatement à l’OMS tout cas confirmé en laboratoire d’infection humaine récente par un virus grippal de type A susceptible de donner lieu à une pandémie. Aucune preuve établissant la maladie n’est requise dans le cadre de cette notification.

Plus d'informations

Référence à citer : Organisation mondiale de la Santé (6 avril 2023). Bulletin d'information sur les flambées épidémiques ; Grippe aviaire A(H5) — Chili. Disponible à l’adresse : https://covid.comesa.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON 453

 


[1]  https://covid.comesa.int/publications/m/item/case-definitions-for-the-four-diseases-requiring-notification-to-who-in-all-circumstances-under-the-ihr-(2005)

[2] Sous-type de neuraminidase inconnu