Description de la situation
Aperçu de la situation
La Guinée équatoriale et la République-Unie de Tanzanie mènent des opérations de riposte face à des flambées épidémiques distinctes de maladie à virus Marburg (MVM) depuis début février 2023 et fin mars 2023, respectivement.
En Guinée équatoriale, du 13 février au 1er mai 2023, 17 cas de MVM confirmés en laboratoire et 23 cas probables ont été notifiés. Le dernier cas confirmé a été signalé le 20 avril. On dénombre 12 décès parmi les cas confirmés en laboratoire (taux de létalité : 75 %). L’issue clinique est inconnue pour l’un des cas confirmés. Parmi les cas confirmés, quatre se sont rétablis. Tous les cas probables sont décédés. Le district le plus touché est celui de Bata, dans la province de Litoral, où 11 cas confirmés en laboratoire ont été notifiés.
En République-Unie de Tanzanie, entre le 16 mars et le 30 avril 2023, un total cumulé de neuf cas, dont huit cas confirmés en laboratoire et un cas probable, ont été notifiés. Le dernier cas confirmé a été signalé le 11 avril 2023. Au total, six décès (taux de létalité de 66,7 %) ont été rapportés, dont un cas probable et cinq cas confirmés. Parmi les cas confirmés, trois se sont rétablis. Tous les cas ont été signalés dans le district de Bukoba, dans la région de Kagera.
Les autorités sanitaires des deux pays ont fait preuve d’un engagement politique fort. Au cours des dernières semaines, elles ont encore renforcé les fonctions de riposte essentielles, comme la surveillance des maladies, y compris aux points d’entrée ; les activités de laboratoire ; la prise en charge clinique des cas ; la lutte anti-infectieuse ; la communication sur les risques et la mobilisation communautaire ; et l’appui opérationnel et logistique, avec le concours de l’OMS et de ses partenaires.
L’OMS continue de suivre de près la situation dans ces deux pays et de soutenir les opérations de riposte.
Description de la situation
Guinée équatoriale
Depuis que la flambée épidémique a été déclarée, le 13 février 2023, 17 cas de MVM confirmés en laboratoire et 23 cas probables ont été notifiés au total selon les données disponibles au 1er mai (Figure 1). Douze décès ont été enregistrés parmi les cas confirmés en laboratoire (taux de létalité de 75 %). L’issue clinique de la maladie est inconnue pour l’un des cas confirmés. Tous les cas probables sont décédés. Des cas confirmés ou probables ont été signalés dans cinq districts (Bata, Ebebiyin, Evinayong, Nsok Nsomo et Nsork) situés dans quatre des huit provinces que compte le pays (Centro Sur, Kié-Ntem, Litoral et Wele-Nzas) (Figure 2). Le district le plus touché est celui de Bata, dans la province de Litoral, où 11 cas confirmés en laboratoire ont été notifiés.
Parmi les cas confirmés, quatre se sont rétablis et cinq ont été signalés chez des agents de santé. Parmi ces derniers, deux sont décédés.
De nombreux cas notifiés sont liés par l’appartenance à un réseau de relations sociales, la participation à des rassemblements ou la proximité géographique ; cependant, la présence préalable de cas et/ou de groupes de cas dans plusieurs districts sans liens épidémiologiques clairs pourrait indiquer une transmission non détectée du virus.
Depuis la dernière sortie d’un patient, le 26 avril 2023, plus aucun cas confirmé n’est pris en charge dans le centre de traitement de la MVM. Cela porte le nombre total de survivants à quatre depuis que l’épidémie a été déclarée.
Figure 1. Cas de maladie à virus Marburg par semaine d’apparition des symptômes* et classification des cas, Guinée équatoriale, du 13 février au 1er mai 2023.
Parmi les cas confirmés en laboratoire pour lesquels on disposait d’informations sur l’âge et le sexe (n = 16), la plupart étaient des personnes de sexe féminin (10/16 ; 62,5 %) et la tranche d’âge la plus touchée était celle des 40-49 ans (6/16 ; 37,5 %), suivie de celles des 30-39 ans (3/16 ; 18,8 %), des 10-19 ans (2/16 ; 12,5 %) et des 0-9 ans (2/16 ; 12,5 %).
Au cours des 21 derniers jours (du 11 avril au 1er mai 2023), deux cas confirmés ont été notifiés dans le district de Bata (Figure 3). Ces cas présentaient un lien épidémiologique connu avec un cas confirmé, par l’intermédiaire d’un groupe familial ou d’un établissement de santé.
Figure 2. Carte des districts de Guinée équatoriale ayant signalé des cas confirmés ou probables de MVM, ou des districts ayant signalé des contacts avec des cas, du 13 février au 1er mai 2023.
Figure 3. Carte des districts ayant signalé des cas confirmés de MVM au cours des 21 derniers jours (du 11 avril au 1er mai 2023), Guinée équatoriale.
République-Unie de Tanzanie
Depuis que la flambée épidémique a été déclarée, le 21 mars 2023, neuf cas (huit cas confirmés en laboratoire et un cas probable) au total ont été notifiés selon les données disponibles au 30 avril 2023 (Figure 4). On compte six décès sur l’ensemble des cas (taux de létalité de 66,7 %). Parmi les cas confirmés, trois se sont rétablis et cinq étaient des agents de santé (un d’entre eux est décédé).
Au cours des 21 derniers jours, du 10 au 30 avril, un cas confirmé a été notifié le 11 avril. Ce cas était la mère d’un cas de MVM précédemment signalé, un enfant de 18 mois, décédé le même jour. La mère a été mise en quarantaine dès que la MVD a été détectée chez l’enfant en mars. Aucun autre contact lié à ce cas n’a été signalé. Depuis la sortie du patient confirmé, le 21 avril 2023, plus aucun cas confirmé n’est pris en charge dans le centre de traitement de Bukoba. Cela porte le nombre total de survivants à trois depuis que l’épidémie a été déclarée.
Figure 4. Répartition des cas de MVM (confirmés et probables) par date d’apparition des symptômes, République-Unie de Tanzanie, au 30 avril 2023.
Figure 5. Carte des districts ayant signalé des cas confirmés ou probables, République-Unie de Tanzanie, au 30 avril 2023.
Tous les cas ont été signalés dans le district de Bukoba, dans la région de Kagera.
Les cas étaient âgés de 1 à 59 ans (âge médian : 35 ans) et la population masculine était la plus touchée (n = 6 ; 66,7 %).
Épidémiologie de la maladie à virus Marburg
La transmission interhumaine du virus Marburg résulte de contacts directs (par une éraflure ou à travers les muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou d’autres liquides biologiques de personnes infectées, ou avec des surfaces et des matériaux contaminés par ces liquides (par exemple, draps ou vêtements). Il est arrivé que des agents de santé soient infectés lors de soins apportés à des cas suspects ou confirmés de MVM. Les cérémonies d’inhumation qui impliquent un contact direct avec le corps du défunt peuvent aussi contribuer à la transmission du virus.
La période d’incubation varie de 2 à 21 jours. La maladie provoquée par le virus Marburg s’installe brutalement, se manifestant par une fièvre élevée, de fortes céphalées et un malaise intense. Des manifestations hémorragiques sévères peuvent apparaître entre cinq et sept jours après l’apparition des symptômes. Cependant, tous les cas ne présentent pas de signes hémorragiques et les cas mortels présentent généralement une forme de saignement, souvent provenant de plusieurs zones.
Bien qu’il n’existe ni vaccin, ni traitement antiviral approuvé pour prévenir ou traiter ce virus, le remdésivir est actuellement utilisé en Guinée équatoriale dans un cadre modifié, au titre d’un protocole d’urgence faisant l’objet d’un suivi. Des soins de soutien précoces (réhydratation par voie orale ou intraveineuse) et le traitement de symptômes spécifiques et des co-infections améliorent les chances de survie des patients. Un éventail de traitements potentiels est en cours d’évaluation, y compris les produits sanguins, les thérapies immunitaires et les thérapies médicamenteuses.
Il s’agit de la première flambée épidémique de MVM signalée en Guinée équatoriale et en République-Unie de Tanzanie. Auparavant, d’autres flambées de maladie à virus Marburg avaient été signalées au Ghana (2022), en Guinée (2021), en Ouganda (2017, 2014, 2012, 2007), en Angola (2004-2005), en République démocratique du Congo (2000 et 1998), au Kenya (1990, 1987, 1980) et en Afrique du Sud (1975).
Épidémiologie de la maladie
Marburg virus spreads between people via direct contact through broken skin or mucous membranes with the blood, secretions, organs, or other bodily fluids of infected people and with surfaces and materials such as bedding, and clothing contaminated with these fluids. Healthcare workers have previously been infected while treating patients with suspected or confirmed MVD. Burial ceremonies involving direct contact with the deceased's body can also contribute to the transmission of the Marburg virus.
Action de santé publique
Guinée équatoriale
Coordination
• Le Gouvernement a activé un centre régional d’opérations d’urgence de santé publique à Bata, sous la direction du Ministre de la santé et du Ministre délégué.
• Le Ministère de la santé a élaboré un plan opérationnel national de riposte et organise actuellement des réunions régulières pour coordonner les activités de riposte aux niveaux national, régional et des districts.
• Les partenaires du Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie (GOARN) ont été mobilisés pour appuyer les activités de riposte. Plusieurs experts ont été déployés par l’intermédiaire de l’OMS pour soutenir les fonctions de prise en charge des cas, de laboratoire, d’épidémiologie et de surveillance.
• Le système des Nations Unies, y compris l’OMS, continue de préconiser des actions de prévention de l’exploitation et des abus sexuels, en attendant l’accord du gouvernement pour la conduite d’activités communautaires.
Soutien apporté par les partenaires
• Plusieurs partenaires apportent un appui technique, financier et opérationnel à la riposte engagée par le gouvernement, notamment l’OMS, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis d’Amérique (CDC des États-Unis), la Brigade médicale cubaine, le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies (CDC-Afrique), la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Surveillance
• Le centre d’alerte et de coordination, que le Ministère de la santé a mis en place avec l’appui de l’OMS pour gérer les alertes relatives à la MVM dans toute la région, est désormais opérationnel. Cependant, le niveau quotidien des alertes reste faible.
• L’OMS apporte au Ministère de la santé un soutien en matière de formation et pour la supervision des activités de surveillance, y compris pour les enquêtes sur les cas et la recherche des contacts, et se coordonne avec les établissements de santé afin de mener une surveillance active.
• L’OMS se coordonne avec les CDC des États-Unis et la Brigade médicale cubaine pour la répartition des ressources humaines et des activités.
Services de laboratoire
• Avec le soutien des CDC des États-Unis et de l’OMS, un laboratoire doté de capacités de RT-PCR est mis en place à Bata pour le diagnostic de la MVM et le personnel national continue d’être formé.
• L’OMS soutient le renforcement du système de collecte et de transport des échantillons afin de garantir la qualité et la ponctualité des analyses.
• L’OMS continue de travailler avec le Ministère de la santé et d’appuyer les efforts de coordination des partenaires afin de pourvoir Malabo de moyens de dépistage et de séquençage pour le virus Marburg.
Soins cliniques
• L’OMS continue de soutenir le Ministère de la santé dans le fonctionnement du centre de traitement de Mondong, à Bata. En plus des 18 lits individuels, deux cubes1 ont été installés pour améliorer les soins aux patients et une pharmacie bien approvisionnée a été mise en place.
• L’OMS continue d’aider le Ministère de la santé à coordonner un système d’orientation incluant trois ambulances qui peuvent transporter des cas suspects ou confirmés de n’importe quel district de la région jusqu’au centre de traitement de Mondong.
• L’OMS aide le Ministère de la santé à mettre en place un centre pour fournir aux survivants des soins médicaux et psychologiques et des services de diagnostic.
• L’OMS assure la formation continue du personnel clinique et d’hygiène local et fournit des services de mentorat clinique au centre de traitement.
Lutte anti-infectieuse
• L’OMS continue d’apporter un soutien à l’équipe spéciale régionale du Ministère de la santé chargée de coordonner les activités de lutte anti-infectieuse et d’élaborer une stratégie nationale dans ce domaine.
• L’OMS continue d’aider le Ministère de la santé à assurer la supervision et le mentorat nécessaires à la conduite d’évaluations et de plans d’amélioration dans les établissements de santé prioritaires et à former des agents de santé.
• L’OMS continue de collaborer avec ses partenaires pour plaider en faveur de l’amélioration de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH) dans les établissements de santé, en particulier en ce qui concerne l’approvisionnement en eau et la gestion des déchets.
• L’OMS continue de soutenir la décontamination des établissements de santé, y compris la formation des équipes dans les hôpitaux prioritaires.
• L’OMS a recruté et formé cinq référents nationaux pour la lutte anti-infectieuse à Bata, Ebibeyin, Mongomo, Evinayong et Malabo.
• Des équipes chargées des inhumations sans risque et dans la dignité ont été établies à Bata et Ebibeyin. La formation de ces équipes aux écouvillonnages oraux sur les défunts est en cours et doit être intensifiée.
Communication sur les risques et mobilisation communautaire
• L’OMS se coordonne avec d’autres partenaires clés pour garantir que les messages de communication sur les risques et de mobilisation communautaire soient pertinents, pragmatiques et délivrés en temps utile, et que les activités bénéficient aux populations touchées ou à risque. (UNICEF, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, CDC-Afrique, entre autres).
• L’OMS contribue aux efforts de sensibilisation du public et de renforcement des capacités des experts nationaux de la communication sur les risques et de la mobilisation communautaire, des mobilisateurs sociaux et des dirigeants communautaires (notamment les organisations de la société civile, les chefs religieux et les groupes de femmes).
• Des séances intensives de sensibilisation ont été organisées à l’intention des décideurs, à Malabo, et des communautés touchées du district de Mongomo.
• La mobilisation communautaire a été intensifiée avec les chefs religieux et les délégués scolaires.
• Un plan national de communication sur les risques et de mobilisation communautaire a été élaboré avec les partenaires pour la période allant d’avril à juin 2023. Il est en train d’être mis en œuvre dans tous les districts touchés par la flambée épidémique. Des activités de préparation opérationnelle sont en cours à Malabo.
• Les réseaux de médias de Bata ont été mis à contribution pour amplifier la portée des messages de protection en les relayant auprès des communautés dans les langues locales ainsi qu’en espagnol et en français.
Santé aux frontières et points d’entrée
• L’OMS apporte un soutien aux autorités sanitaires afin qu’elles se concertent avec les principaux partenaires de voyage et de transport en vue de renforcer les capacités et les mesures préventives aux points d’entrée.
• Le 26 avril 2023, l’OMS a organisé un webinaire avec le soutien des CDC des États-Unis et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) afin de sensibiliser les pays touchés et les pays voisins aux activités nécessaires de préparation et de riposte aux frontières dans le contexte des flambées épidémiques de MVM.
Appui opérationnel et logistique
• L’OMS a fourni un appui opérationnel et logistique et assuré l’entretien du centre de traitement de la MVM, y compris pour ce qui est de la remise en état des structures, de l’approvisionnement en électricité et en eau et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement.
• L’OMS a mis en place une aide à la gestion d’un parc automobile qui comprend trois ambulances en attente 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au centre de traitement de Bata, et environ 20 véhicules. L’OMS a mis à disposition des fournitures et des médicaments essentiels pour l’ensemble des piliers. L’approvisionnement est en cours.
• L’OMS a mis en place à Bata un entrepôt central pour les articles essentiels afin de gérer la distribution vers d’autres zones.
Préparation et capacité de réaction dans les pays voisins
• L’OMS a élaboré une liste de contrôle de l’état de préparation pour aider les pays voisins à évaluer cette dimension et à identifier les lacunes potentielles et les mesures concrètes à prendre en cas de flambée de maladie à filovirus, y compris de MVM. Cette liste comporte plusieurs éléments clés et un score moyen est calculé pour évaluer l’état de préparation opérationnelle de chacun des pays identifiés. Une deuxième série d’évaluations de l’état de préparation couvrant l’ensemble des piliers a été menée au Cameroun et au Gabon. Au 3 mai 2023, la capacité globale de préparation opérationnelle de la sous-région était évaluée à 66 %.
• Sur la base des écarts observés lors des évaluations, une analyse des lacunes a été réalisée et les résultats en ont été communiqués au Cameroun et au Gabon afin de guider les activités de préparation prioritaires. Pour combler ces lacunes, il est proposé d’optimiser les capacités opérationnelles en faisant appel à différentes stratégies, notamment des formations et des exercices théoriques et de simulation. En outre, des experts seraient déployés pour soutenir la mise en œuvre des activités de préparation opérationnelle.
République-Unie de Tanzanie
Coordination
• Le Ministère de la santé organise des réunions quotidiennes pour discuter des activités de riposte en cours. Ces réunions sont suivies par les responsables des piliers et les partenaires
• Des activités de mobilisation des ressources sont en train d’être menées par le Ministère de la santé, en collaboration avec l’OMS et l’UNICEF et avec leur appui.
• Le Ministère de la santé continue de renforcer les capacités de l’équipe de riposte régionale.
• Les efforts de prévention de l’inconduite sexuelle se poursuivent au niveau des pays. Ainsi, des informations sont communiquées à chaque personne qui rejoint les opérations de préparation et de riposte aux urgences, le code de conduite est signé et affiché lors de tout événement organisé par l’OMS, l’ensemble du personnel de l’OMS bénéficie d’une mise à niveau de ses connaissances et des supports de sensibilisation sont imprimés pour les partenaires et la population locale.
• L’OMS soutient également le réseau interinstitutions de protection contre l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels (PSEAH) en organisant des séances de sensibilisation communautaire et en s’attachant à faire bien connaître le mécanisme de notification auprès des membres de la population locale. En outre, l’OMS, en coordination avec le réseau interinstitutions PSEAH, a mené une évaluation rapide des risques dans ce domaine et pris des mesures pour les atténuer.
Surveillance
• Activités de recherche des contacts en cours : au 30 avril, 212 contacts au total avaient achevé leur période de suivi de 21 jours.
• Les cas font l’objet d’une recherche active et le système de gestion des alertes est opérationnel. Le niveau quotidien des alertes reste faible. D’après les données disponibles au 30 avril, 176 alertes au total ont été reçues depuis le début de la flambée épidémique.
Services de laboratoire
• Des activités de renforcement des capacités sont en cours pour former les agents de laboratoire régionaux à la gestion et à l’analyse des échantillons.
Prise en charge des cas et lutte anti-infectieuse
• Il n’y a eu aucune nouvelle hospitalisation depuis la dernière sortie d’hôpital d’un cas, le 21 avril. Cependant, les cas suspects identifiés continuent d’être isolés et de recevoir un traitement en attendant le test de diagnostic de la MVM.
• Des activités d’encadrement et de conseil sont menées pour apprendre à mettre et à retirer correctement les équipements de protection individuelle (EPI).
Communication sur les risques et mobilisation communautaire
• Ces activités englobent la sensibilisation du public par la radio, la sensibilisation de masse et la diffusion d’informations sur la MVM auprès des agents de santé communautaires et des dirigeants communautaires du district de Bukoba.
• Le Ministère de la santé continue de fournir des informations sur la MVM sur les médias sociaux.
• Les plateformes communautaires établies sont mises à profit pour suivre de façon continue les rumeurs et la désinformation.
• Les supports d’éducation et de communication continuent d’être passés en revue et diffusés, de même que les résultats de la veille sur les médias sociaux (Alliance pour la riposte contre l’infodémie en Afrique, centre d’appels d’Afya, enquête auprès de la communauté).
Santé aux frontières et points d’entrée
• Des activités visant à améliorer le dépistage aux points d’entrée sont en cours, notamment pour permettre aux voyageurs nationaux d’identifier tout cas suspect ou probable de MVM. Au 30 avril, plus de 250 000 personnes avaient été dépistées.
• Les points d’entrée concernés ont été évalués et les capacités ont été renforcées en mettant à disposition des supports d’éducation sanitaire, du matériel de lavage des mains, des fournitures médicales et des infrastructures de dépistage et d’isolement.
Appui opérationnel et logistique
• Du matériel médical a été fourni avec le soutien de l’OMS, notamment des thermomètres infrarouge, des pompes de pulvérisation, des masques chirurgicaux, des écrans faciaux, des sacs funéraires et d’autres EPI.
• Suite à une évaluation conjointe menée avec le HCR, l’OMS apporte actuellement son soutien à un projet d’unité d’isolement de huit lits pour le personnel des Nations Unies dans le complexe du HCR de la région de Kigoma.
Préparation et capacité de réaction dans les pays voisins
• Une première série d’évaluations de l’état de préparation opérationnelle a été menée par l’OMS pour le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, la République démocratique du Congo et le Rwanda. Au 3 mai 2023, la capacité globale de préparation opérationnelle était évaluée à 70 % pour cette sous-région.
• Sur la base des écarts observés lors des évaluations, une analyse des lacunes a été réalisée et les résultats en ont été communiqués aux cinq pays afin de guider les activités de préparation prioritaires. Pour combler ces lacunes, il est proposé d’optimiser les capacités opérationnelles en faisant appel à différentes stratégies, notamment des formations et des exercices théoriques et de simulation. En outre, des experts seraient déployés pour soutenir la mise en œuvre des activités de préparation opérationnelle.
Évaluation du risque par l’OMS
Les deux pays ont rapporté pour la première fois des flambées épidémiques de MVM.
En Guinée équatoriale, si de nombreux cas notifiés sont liés par l’appartenance à un réseau de relations sociales, la participation à des rassemblements ou la proximité géographique, la présence préalable de cas et/ou de groupes de cas dans plusieurs districts sans liens épidémiologiques clairs pourrait indiquer une transmission non détectée du virus. Les derniers cas ont été signalés à Bata – la ville la plus peuplée et le cœur économique de la Guinée équatoriale, dotée d’un aéroport et d’un port maritime – ce qui crée des difficultés sur le plan de la riposte. Le système de surveillance du pays reste sous-optimal, peu d’alertes étant signalées. En outre, il existe des mouvements de population entre les districts de la région continentale et de la région insulaire. Les districts qui jouxtent le Cameroun et le Gabon sont également caractérisés par des mouvements fréquents de population et des frontières terrestres poreuses ; la surveillance aux points d’entrée terrestres y est sous-optimale et il existe d’innombrables chemins ou sentiers non contrôlés le long de la frontière avec le Cameroun et le Gabon.
En République-Unie de Tanzanie, la région touchée (Kagera) borde trois pays – l’Ouganda au nord et le Rwanda et le Burundi à l’ouest – ainsi que le lac Victoria, et les mouvements transfrontières de population pourraient accroître le risque de propagation de la maladie. À la suite des récentes épidémies de maladie à virus Ebola (MVE) survenues en République démocratique du Congo du 23 avril au 3 juillet 2022 et du 21 août au 27 septembre 2022, et de la flambée de MVE causée par le virus Soudan en Ouganda du 20 septembre 2022 au 11 janvier 2023, les pays voisins de la sous-région, dont la République-Unie de Tanzanie, ont renforcé leurs capacités de préparation aux maladies à filovirus. Néanmoins, l’investigation épidémiologique en cours n’a pas mis en évidence la source de la flambée, ce qui pourrait constituer un risque supplémentaire pour la population du district touché.
En mars 2023, l’OMS a estimé que le risque de santé publique posé par les flambées épidémiques de MVM en Guinée équatoriale et en République-Unie de Tanzanie était très élevé au niveau national, élevé au niveau sous-régional, modéré au niveau régional et faible au niveau mondial. L’OMS continue de suivre de près la situation dans ces deux pays.
Conseils de l’OMS
La lutte contre les flambées épidémiques de maladie à virus Marburg repose sur une série d’interventions, notamment : l’isolement précoce et les soins de soutien optimisés ; la surveillance, y compris la recherche active des cas, les enquêtes sur les cas et la recherche des contacts ; des services de laboratoire optimaux ; la lutte anti-infectieuse ; des inhumations sans risque et dans la dignité ; et la mobilisation sociale. La communication sur les risques et la participation communautaire sont essentielles pour juguler les flambées de MVM. Sensibiliser aux facteurs de risque d’infection par le virus Marburg et aux mesures de protection que chacun peut prendre est un moyen efficace de réduire la transmission humaine.
Les personnels de santé qui s’occupent de patients chez qui la maladie à virus Marburg est confirmée ou suspectée doivent appliquer des mesures de lutte anti-infectieuse, notamment des précautions standard et des précautions basées sur le mode de transmission, porter un équipement de protection individuelle et avoir une bonne hygiène des mains de façon à éviter tout contact avec le sang et les liquides biologiques des patients et avec des surfaces ou des objets contaminés. Les établissements de santé doivent prendre des mesures environnementales, notamment en garantissant des services adéquats d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène, et veiller à ce que des protocoles de gestion des déchets infectieux soient en place pour permettre aux agents de santé d’appliquer les mesures de lutte anti-infectieuse. En outre, les établissements de santé devraient assurer le dépistage, l’isolement et l’orientation des cas suspects, selon des modalités appropriées. L’OMS recommande que les hommes ayant survécu à la MVM adoptent des pratiques sexuelles à moindre risque pendant 12 mois après l’apparition des symptômes ou jusqu’à ce que leur sperme donne deux résultats négatifs consécutifs au test de dépistage du virus Marburg. L’OMS ne recommande pas d’isoler les patients convalescents, de sexe masculin ou féminin, dont les analyses de sang ont donné des résultats négatifs pour le virus Marburg.
Sur la base des informations disponibles et de l’évaluation actuelle des risques, l’OMS recommande de renforcer la surveillance dans le pays au moyen d’un dispositif de gestion des alertes, d’enquêtes sur les cas, de l’établissement de listes de contacts, du traçage et du suivi et de la recherche active des cas. En outre, l’OMS recommande de renforcer la surveillance aux points d’entrée dans les zones touchées de la Guinée équatoriale et de la République-Unie de Tanzanie, à des fins d’identification des cas, y compris par un dépistage à la sortie ; de cartographier les mouvements de population transfrontaliers afin d’identifier les populations en situation de vulnérabilité et de cibler les interventions de santé publique ; et de fournir des informations et des conseils de santé publique dans toutes les langues pertinentes dans les districts touchés, aux points d’entrée et dans les communautés voisines à proximité des frontières terrestres. Il est en outre recommandé que les cas suspects, probables et confirmés, ainsi que leurs contacts, n’entreprennent pas de voyage, y compris à l’étranger. Sur la base des informations disponibles, l’OMS déconseille toute autre mesure relative aux voyages internationaux et/ou aux échanges commerciaux avec la Guinée équatoriale et la République-Unie de Tanzanie. Les États Parties qui adoptent des mesures relatives aux voyages internationaux et au commerce international potentiellement plus restrictives que celles recommandées par l’OMS sont invités à le signaler à l’OMS, conformément à l’article 43 du Règlement sanitaire international (2005).
Avant d’envisager de lancer le compte à rebours de 42 jours en vue de déclarer la fin d’une épidémie, il est recommandé que tous les contacts répertoriés des cas confirmés ou probables soient parvenus au terme de leur période de suivi de 21 jours sans symptômes. Sinon, la possibilité demeure qu’un contact devienne un cas.
Une fois que tous les contacts sont arrivés au terme de cette période de 21 jours, la date de la dernière exposition possible à un cas probable ou confirmé de MVM peut être déterminée sur la base de deux scénarios possibles :
• La personne était un cas positif confirmé. Elle s’est rétablie et a ensuite été testée négative par réaction en chaîne par polymérase (PCR) sur deux échantillons de sang prélevés à au moins 48 heures d’intervalle. Le décompte des 42 jours commence le lendemain du jour où le deuxième échantillon PCR négatif a été prélevé.
• La personne était un cas confirmé ou probable de MVM. Elle est décédée et une inhumation a été organisée. Le décompte des 42 jours commence le jour suivant l’inhumation.
Plus d'informations
- República de Guinea Ecuatorial. Ministerio de Sanidad y Bienestar Social. Actualización de datos epidemiológicos (en espagnol)
- Bulletin d’information sur les flambées épidémiques : maladie à virus Marburg – Guinée équatoriale, 25 février 2023
- Organisation mondiale de la Santé (22 mars 2023). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Maladie à virus Marburg – Guinée équatoriale.
- Organisation mondiale de la Santé (15 avril 2023). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Maladie à virus Marburg – Guinée équatoriale.
- OMS. La Guinée équatoriale confirme sa toute première épidémie de maladie à virus Marburg
- WHO Urgent Marburg Meeting (en anglais)
- OMS. Principaux repères sur la maladie à virus Marburg.
- OMS. Flambées épidémiques de maladie à virus Ebola et Marburg : préparation, alerte, lutte et évaluation.
- OMS. Prévention et contrôle de l’infection pour les soins aux cas suspects ou confirmés de fièvre hémorragique à filovirus dans les établissements de santé, avec un accent particulier sur le virus Ebola.
- OMS. Outil d’amélioration de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène dans les établissements de santé (WASH FIT)
- OMS. Maladie à virus Ebola : principales questions-réponses concernant les déchets des activités de soins
- Organisation mondiale de la Santé. (2016). Personal protective equipment for use in a filovirus disease outbreak: rapid advice guideline (en anglais)
- OMS. Introduction à la maladie à virus Marburg.
- Bulletin d’information sur les flambées épidémiques – Maladie à virus Ebola causée par le virus Soudan – Ouganda
- Bulletin d’information sur les flambées épidémiques – Maladie à virus Ebola – République démocratique du Congo (en anglais)
- Communiqué de presse, Ministère de la Santé – Tanzanie 16 mars 2023 (en anglais)
- Communiqué de presse, Ministère de la Santé – Tanzanie 21 mars 2023 (en anglais)
- Communiqué de presse, Ministère de la Santé – Tanzanie 4 avril 2023 (en anglais)
- Communiqué de presse, Ministère de la Santé – Tanzanie 29 avril 2023 (en anglais)
- Organisation mondiale de la Santé (24 mars 2023). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Maladie à virus Marburg – République-Unie de Tanzanie.
- OMS – Questions-réponses sur la MVM (en anglais)
Référence à citer : Organisation mondiale de la Santé (8 mai 2023). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Maladie à virus Marburg – Guinée équatoriale et République-Unie de Tanzanie Disponible à l’adresse : https://covid.comesa.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON467.