Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Dengue – situation mondiale

21 décembre 2023

Description de la situation

Description de la situation

Aperçu mondial

Situation actuelle

Au cours des deux dernières décennies, l’incidence de la dengue a progressé de manière spectaculaire dans le monde entier, ce qui représente un important défi de santé publique. De 2000 à 2019, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a établi que le nombre de cas de dengue signalés dans le monde avaient été multiplié par dix, passant de 500 000 à 5,2 millions. L’année 2019 a marqué un pic sans précédent, les cas signalés étant répartis entre 129 pays.

Après un léger recul entre 2020 et 2022 en raison de la pandémie de COVID-19 et d’une baisse du taux de déclaration, une recrudescence des cas de dengue a été observée dans le monde en 2023, caractérisée par une augmentation significative du nombre et de l’ampleur des flambées, et la survenue simultanée d’un grand nombre d’entre elles, le virus se propageant dans des régions auparavant épargnées par la maladie.

La transmission de la dengue est cyclique et on peut s’attendre à de grandes épidémies tous les trois à quatre ans. Pendant la pandémie de COVID-19, une transmission modérée de la dengue dans certaines régions et une faible transmission dans d’autres ont été constatées, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de personnes non immunisées contre certains sérotypes du virus de la dengue. Toutefois, les données sur les sérotypes du virus de la dengue en circulation sont limitées. 

Depuis le début de l’année 2023, la transmission ininterrompue, combinée à un pic inattendu de cas de dengue, a conduit à se rapprocher à l’échelle mondiale d’un record historique de plus de cinq millions de cas et plus de 5000 décès liés à la dengue signalés dans plus de 80 pays/territoires et cinq Régions de l’OMS : Afrique, Amériques, Asie du Sud-Est, Méditerranée orientale et Pacifique occidental (Figure 1). Près de 80 % de ces cas, soit 4,1 millions, ont été notifiés dans la Région des Amériques. Le virus de la dengue est l’arbovirus le plus largement répandu, responsable du plus grand nombre de cas d’arboviroses dans la Région des Amériques et à l’origine d’épidémies cycliques tous les trois à cinq ans. Des groupes de cas de dengue autochtone ont par ailleurs été signalés dans la Région européenne de l’OMS. Cependant, ces chiffres représentent probablement une sous-estimation de la charge de morbidité réelle, car la plupart des infections primaires sont asymptomatiques et la déclaration de la dengue n’est pas obligatoire dans de nombreux pays.    

Plusieurs facteurs sont associés au risque croissant de propagation de l’épidémie de dengue, parmi lesquels l’évolution de la répartition des vecteurs (principalement Aedes aegypti et Aedes albopictus), en particulier dans des pays qui n’avaient jamais été atteints par la dengue ; les conséquences du phénomène El Niño en 2023 et du changement climatique entraînant une hausse des températures, de l’humidité, et de fortes précipitations, entre autres ; des systèmes de santé fragilisés en pleine pandémie de COVID-19, des instabilités politiques et financières dans des pays confrontés à des crises humanitaires complexes et de forts mouvements de population. Ces facteurs mettent également en péril la riposte à l’épidémie et augmentent le risque de propagation à d’autres pays. Il est possible que la faiblesse des systèmes de surveillance dans de nombreux pays touchés ait entraîné des retards dans le signalement et la riposte, et des erreurs de diagnostic, ce qui a contribué à l’augmentation des cas de dengue sévère.

L’OMS a estimé que le risque était élevé à l’échelle mondiale, compte tenu du risque accru de transmission et de la recrudescence des cas et des décès. 

Figure 1 : Pays/territoires/zones signalant des cas de dengue autochtone (novembre 2022 — novembre 2023) *

* D’après les données disponibles les plus récentes (les données doivent être interprétées en tenant compte des différences dans les taux de notification et les définitions des cas entre les Régions).

Aperçu régional

Région africaine de l’OMS

L’Afrique figure parmi les quatre régions les plus touchées par les arboviroses, parmi lesquelles figurent la fièvre jaune, la dengue, le chikungunya, l’O’nyong nyong, la fièvre de la vallée du Rift et la maladie à virus Zika. En 2023, 171 991 cas de dengue et 753 décès ont été signalés dans les pays de la Région. Des preuves de la circulation de la dengue ont été détectées dans les populations locales et/ou parmi les voyageurs revenant de plus de 30 pays africains. 

Des flambées épidémiques ont été signalées dans 15 des 47 pays, dont le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, le Mali, Maurice, le Niger, le Nigeria, São Tomé-et-Principe, le Sénégal, le Tchad et le Togo. Dans la plupart de ces pays, les flambées épidémiques ont commencé en 2023, à l’exception de São Tomé-et-Príncipe, où la flambée épidémique était la continuation d’une flambée ayant débuté en avril 2022. Au 19 décembre 2023, des flambées épidémiques sont toujours en cours dans 11 pays ; elles ont été déclarées terminées en Guinée, à Maurice, à São Tomé-et-Principe et au Tchad.

En 2023, le pays le plus touché de la Région est le Burkina Faso, où une augmentation significative des cas de dengue est constatée par rapport aux mêmes périodes en 2021 et 2022. Au 18 décembre, le nombre cumulé de cas déclarés dans le pays pour l’année 2023 s’élève à 146 878 cas suspects, dont 68 346 cas probables (test de diagnostic rapide positif) et 688 décès parmi les cas suspects, soit un taux de létalité de 0,5 %.  

En Afrique, la charge de la dengue reste mal comprise en raison i) de la similitude des symptômes cliniques courants et non spécifiques de la maladie avec ceux du paludisme et d’autres maladies fébriles tropicales ; ii) de la capacité limitée des laboratoires à détecter et à confirmer la dengue en temps opportun, ce qui est crucial pour détecter et signaler les cas et prévenir sa propagation ; et iii) d’une surveillance inadéquate et d’un signalement des cas limité, particulièrement pour la dengue.

Des efforts sont en cours pour mieux comprendre la dynamique de la transmission de la dengue et d’autres arboviroses dans la Région. Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique a approuvé le Cadre pour la maîtrise, l’élimination et l’éradication intégrées des maladies tropicales et à transmission vectorielle dans la Région africaine 2022-2030. Parallèlement, le Bureau régional a également rédigé le Cadre de mise en œuvre de l’Action mondiale pour lutter contre les vecteurs dans la Région africaine de l’OMS.

Région OMS des Amériques

Entre le 1er janvier 2023 et le 11 décembre 2023, un total de 4,1 millions de cas suspects de dengue (incidence cumulée de 419 cas pour 100 000 habitants), dont 6710 cas graves (0,16 % des cas suspects) et 2049 décès (taux de létalité de 0,05 %) ont été signalés dans 42 pays et territoires de la Région des Amériques, 15 pays faisant état d’une flambée active. Sur le nombre total de cas de dengue signalés jusqu’au 12 novembre 2023 (semaine épidémiologique 48 de 2023), 1 895 122 (45 %) ont été confirmés en laboratoire.

À l’heure actuelle, 46 pays et territoires communiquent systématiquement sur une base hebdomadaire, grâce à la Plateforme d’information sanitaire pour les Amériques (PLISA, selon l’acronyme en espagnol), le nombre total de cas, l’incidence, le nombre de cas graves, le nombre de décès et le taux de létalité dus à la dengue, ainsi que les données de surveillance entomologique. Selon les données arrêtées à la semaine épidémiologique 48, le Brésil a signalé le plus grand nombre de cas suspects dans la Région (n = 2 909 404 ; 1359 cas pour 100 000 habitants), suivi du Pérou (n = 271 279 ; 813 cas pour 100 000 habitants) et du Mexique (n = 235 616 ; 179 cas pour 100 000 habitants). En ce qui concerne la dengue sévère, la Colombie a signalé le plus grand nombre de cas (1504 ; 1,35 % des cas), suivie du Brésil (1474 ; 0,05 % des cas), du Mexique (1272 ; 0,54 % des cas), du Pérou (1065 ; 0,39 % des cas) et de la Bolivie (640 ; 0,44 % des cas).  

Bien que la dengue soit endémique dans la plupart des pays d’Amérique du Sud, au Mexique, en Amérique centrale et dans les pays des Caraïbes, au cours du second semestre 2023, une augmentation alarmante des cas a été constatée, le nombre cumulé de cas pour l’année dépassant tous les totaux annuels précédents et, dans certains pays, s’étendant au-delà des zones de transmission historiquement touchées. Les cas de dengue ont augmenté dans les Amériques au cours des quatre dernières décennies, passant de 1,5 million de cas cumulés entre 1980 et 1989 à 17,5 millions au cours de la décennie 2010-2019. Avant 2023, c’est en 2019 qu’avait été constaté le plus grand nombre de cas de dengue jamais enregistré, avec plus de 3,18 millions de cas, 28 208 cas graves et 1823 décès (taux de létalité de 0,06 %). 

Le virus de la dengue (DENV) est l’arbovirus le plus répandu, responsable du plus grand nombre de cas d’arboviroses dans la région des Amériques et à l’origine d’épidémies cycliques tous les trois à cinq ans. Environ 500 millions de personnes dans la Région sont aujourd’hui exposées au risque d’infection par la dengue. Aedes aegypti, le moustique vecteur de la dengue, est largement répandu dans les Amériques, seul le Canada étant exempt de la maladie et de son vecteur. En Uruguay, où Aedes Aegypti est présent, une transmission autochtone limitée a été signalée pour la dernière fois en 2016, et seuls des cas importés ont été notifiés depuis lors.

Les quatre sérotypes DENV (DENV-1, DENV-2, DENV-3 et DENV-4) circulent actuellement dans les Amériques. DENV-3 et DENV-4 ont été détectés plus fréquemment en 2023 après plusieurs années où les sérotypes DENV-1 et DENV-2 prédominaient. Néanmoins, neuf pays signalent la co-circulation des quatre sérotypes de la dengue. La circulation simultanée de tous ces sérotypes a été détectée au Brésil, en Colombie, au Costa Rica, au Guatemala, au Honduras, au Mexique, au Nicaragua, au Panama et au Venezuela. Le Réseau de laboratoires de diagnostic des arbovirus dans les Amériques (RELDA, selon l’acronyme en espagnol) a été renforcé pour faire face à l’introduction de nouveaux sérotypes de dengue et à la réémergence d’autres arboviroses – telles que le chikungunya, la maladie à virus Zika et celle due au virus du Nil occidental – dont les virus circulent actuellement dans la Région aux côtés de celui de la dengue. L’objectif principal du réseau est d’assurer une surveillance de laboratoire efficace et de veiller à l’existence de solides capacités de riposte aux flambées et aux épidémies.

Région OMS de la Méditerranée orientale

La dengue et des épidémies de dengue sévère ont été signalées pour la première fois dans la Région en 1998, et depuis lors, leur fréquence et leur ampleur géographique ont augmenté, avec des flambées dans les neuf pays d’endémie : Afghanistan, Arabie saoudite, Djibouti, Égypte, Oman, Pakistan, Somalie, Soudan et Yémen. 

Parmi ceux-ci figurent des pays fragiles, touchés par des conflits et vulnérables tels que l’Afghanistan, le Pakistan, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Les flambées sont aggravées du fait de la désorganisation des services de santé (Soudan), de la fragilité des systèmes de santé (Afghanistan, Somalie, Soudan, Pakistan et Yémen), des mouvements massifs de population, de la médiocrité des infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et des catastrophes naturelles récurrentes telles que les inondations qui ont touché la Somalie, le Soudan, le Pakistan et le Yémen, ou les tremblements de terre en Afghanistan. Des flambées épidémiques sont également signalées dans des pays à revenu intermédiaire et élevé tels que l’Arabie saoudite, l’Égypte et Oman, en raison du changement climatique qui entraîne des précipitations inhabituelles. Le Pakistan (n = 20 072), l’Arabie saoudite et Oman ont signalé le plus grand nombre de cas confirmés jusqu’à présent en 2023.  

Au cours de ces flambées épidémiques, on a constaté que les quatre sérotypes du virus de la dengue circulaient dans la Région. Aedes aegypti prédomine et constitue le principal vecteur de transmission de la dengue dans les pays d’endémie de la Région de la Méditerranée orientale. Plus récemment, sa présence a été signalée à Bahreïn, en Iran et au Qatar, bien qu’aucun élément probant n’atteste de la transmission locale de la dengue. En outre, la présence du vecteur secondaire de la dengue, Aedes albopictus, a également été signalée dans dix pays de la Région de la Méditerranée orientale (Afghanistan, Iran, Jordanie, Liban, Maroc, Oman, Pakistan, Palestine, Syrie et Tunisie).  

L’efficacité des mesures de riposte est entravée par plusieurs facteurs, notamment : i) des capacités de laboratoire limitées, ii) des difficultés dans l’accès aux soins, iii) le manque de ressources humaines, iv) une surveillance vectorielle limitée et incohérente, v) la résistance aux insecticides, vi) une faible mobilisation communautaire et une éducation à la santé insuffisante, vii) un système de surveillance fragmenté ; et vii) les hostilités armées en cours dans de nombreux pays de la Région de la Méditerranée orientale qui rendent encore plus complexes les efforts de riposte.

Région européenne de l’OMS

La dengue n’est pas endémique dans la Région européenne de l’OMS et les cas sont principalement liés aux voyages ; cependant, depuis 2010, des cas autochtones ont été signalés dans un certain nombre de pays de la Région, notamment en Croatie, en Espagne, en France, en Israël, en Italie et au Portugal. En 2018, l’année pour laquelle les données disponibles sont les plus complètes, un total de 2500 cas de dengue ont été signalés à l’OMS grâce au mécanisme régional de collecte de données de surveillance annuelle, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni contribuant à la majorité des cas. La grande majorité de ces cas étaient importés. Il convient toutefois de noter qu’il reste difficile d’obtenir des données exhaustives.

Entre le 1er janvier et le 5 décembre 2023, des cas autochtones sporadiques et des flambées épidémiques ont été signalés dans trois pays : l’Italie (n = 82), la France (n = 43) et l’Espagne (n = 3). Dans les États Membres de la Région européenne de l’OMS, les tests pour détecter la dengue ne sont généralement pas systématiques, sauf s’il y a des antécédents de voyage et une suspicion clinique, de sorte que le nombre réel de cas de dengue en 2023 est sans doute sous-estimé. Un décès chez un cas lié à un voyage a été signalé en Italie ; aucun autre décès n’a été signalé dans les pays européens en 2023 à ce jour. 

Le moustique Aedes albopictus, principal vecteur du virus de la dengue en Europe, s’est installé dans plusieurs pays du sud de l’Europe et, au cours des dix dernières années, s’est déplacé vers le nord et l’ouest. En 2023, cette espèce de moustique, qui a la capacité d’hiberner en hiver, a été identifiée dans 13 pays de la Région, soit une augmentation notable par rapport aux huit pays où elle était présente en 2013.

Même si les hivers froids empêchent la transmission de maladies véhiculées par les moustiques tout au long de l’année, le climat en Europe est de plus en plus adapté à la transmission du virus de la dengue, compte tenu de l’augmentation des inondations et des masses d’eau stagnante qui créent des conditions plus favorables pour la population de vecteurs compétente.  Aedes aegypti, principal vecteur de la dengue dans la plupart des pays, ne survit pas bien à l’hiver, mais il est établi à Chypre et à Madère, au Portugal, depuis 2022.

Cette évolution peut potentiellement conduire à une augmentation du nombre de cas de dengue et de décès éventuels.

Dans de nombreux pays, les systèmes de santé publique robustes, y compris l’accès au diagnostic précoce, l’orientation des cas et la prise en charge des cas graves, contribuent à limiter les effets les plus graves sur la santé et la propagation de la maladie, tant pour les cas importés que pour les cas autochtones.   

Région OMS de l’Asie du Sud-Est

Dans la région OMS de l’Asie du Sud-Est, 10 États Membres sur 11 sont connus pour être des pays d’endémie du virus de la dengue. En 2023, plusieurs pays, dont le Bangladesh et la Thaïlande, ont signalé une augmentation notable des cas de dengue par rapport aux années précédentes. En particulier, l’Inde, l’Indonésie, le Myanmar, Sri Lanka et la Thaïlande se classent parmi les 30 pays de plus forte endémie au monde. 

En 2023, le Bangladesh et la Thaïlande ont enregistré un plus grand nombre de cas de dengue qu’en 2022. Selon les données arrêtées en novembre 2023, le Bangladesh a constaté une augmentation substantielle du nombre de cas, qui s’élevait à 308 167 contre 62 382 pour l’ensemble de l’année 2022. En Thaïlande, l’augmentation a atteint plus de 300 %, le nombre de cas de dengue étant passé de 46 678 en 2022 à 136 655 en 2023 (au 22 novembre 2023). Au cours de la même période, le nombre de décès au Bangladesh est passé de 281 (taux de létalité de 0,45 %) à 1598 (taux de létalité de 0,52 %), tandis qu’en Thaïlande, il est passé de 34 (taux de létalité de 0,07 %) à 147 (taux de létalité de 0,11 %). Dans les autres pays, le taux de létalité variait de 0,04 % au Népal à 0,72 % en Indonésie. Il est important d’interpréter ces valeurs avec prudence en raison des variations dans la définition de cas utilisée d’un pays à l’autre, certains systèmes étant principalement axés sur la déclaration des cas de dengue hospitalisés ou de dengue sévère.

En outre, des changements spatiaux et temporels dans les schémas de la dengue ont été observés en 2022 et se sont confirmés en 2023. Le Népal et le Bangladesh ont ainsi connu des pics dans le nombre de cas plus tôt que d’habitude. Les cas au Népal sont passés de la vallée de Katmandou en 2022 à la région du Teraï au sud-est du pays et aux districts montagneux de la province de Gandaki en 2023. En Inde, en 2023, par comparaison avec l’année précédente, on a constaté une augmentation des cas au Kerala et dans les États du nord-est limitrophes du Bangladesh.

Région OMS du Pacifique occidental

Dans la Région du Pacifique occidental, la charge de morbidité des arboviroses transmises par les moustiques, en particulier la dengue, reste élevée. Ces maladies sont responsables d’une morbidité et d’une mortalité importantes, en particulier chez les personnes qui ne bénéficient pas de services de soins de santé primaires de qualité.

Entre le 1er janvier 2023 et le 7 décembre 2023, plus de 500 000 cas de dengue et 750 décès ont été signalés dans huit pays/territoires/zones de la Région OMS du Pacifique occidental : Australie, Cambodge, Chine, Malaisie, Philippines, République démocratique populaire lao, Singapour et Viet Nam. Les pays les plus touchés sont les Philippines, avec 167 355 cas et 575 décès (taux de létalité de 0,34 %), et le Viet Nam avec 149 557 cas et 36 décès (taux de létalité de 0,02 %). La dengue est endémique dans plusieurs pays, notamment le Cambodge, les Philippines, la République démocratique populaire lao et le Viet Nam.  

Dans les pays/territoires insulaires du Pacifique (n = 21), en 2023, des cas de maladie de type dengue(1) ont été signalés dans neuf pays/territoires, le nombre total de cas s’élevant à 13 339, soit une augmentation de 28 % des cas signalés au 30 novembre par rapport à 2022. Parmi les plus touchés figurent les Fidji, qui ont signalé 8418 cas en 2022 et 11 522 cas en 2023, soit une augmentation de 37 %.  

Les États Membres où la transmission est endémique continuent de rapporter des épidémies saisonnières de dengue plus longues, dont l’ampleur et l’étendue géographique augmentent. Cependant, les données relatives à l’incidence de la maladie sont moins fiables en raison de la sous-déclaration des cas, en particulier dans les pays et territoires insulaires du Pacifique, compte tenu de leur système actuel de surveillance syndromique pour détecter les maladies de type dengue. De plus, le nombre de décès dus à la dengue sévère est variable. En tant que tels, les taux de létalité au niveau national et infranational peuvent sembler incohérents.  

En raison de l’endémicité de la dengue et de la charge de santé publique qu’elle représente dans la Région du Pacifique occidental, le Comité régional de la Région du Pacifique occidental a approuvé en 2008 le Plan stratégique de lutte contre la dengue pour la Région Asie-Pacifique 2008-2015 (résolution WPR/RC59. R6, en anglais), qui fait office de feuille de route. Par la suite, en 2016, compte tenu des tendances régionales à la hausse en matière de morbidité et de mortalité liées à la dengue, le Plan d’action pour la prévention et la lutte contre la dengue dans la Région du Pacifique occidental a été élaboré. Ce plan recommandait un changement de stratégie, avec le passage de l’endiguement de l’épidémie à la réduction de l’impact de la maladie sur les communautés. Les pays et territoires du Pacifique ont la possibilité d’améliorer la conformité de leurs plans de lutte avec le Cadre de surveillance et de lutte contre les vecteurs Aedes dans le Pacifique (en anglais) élaboré par l’OMS à l’intention des pays qui ne sont pas des pays d’endémie dans la Région du Pacifique. Compte tenu de l’impact du changement climatique sur la propagation et l’endémicité des arboviroses, il est essentiel de mettre en place un système d’alerte précoce complet qui intègre la surveillance climatique, pathologique, virale/sérologique et entomologique. Un tel système peut permettre d’évaluer les risques futurs dans les communautés vulnérables. 

Épidémiologie

La dengue est une infection virale transmise à l’homme par la piqûre de moustiques infectés qui sévit dans les régions tropicales et subtropicales du monde entier, avec une prédilection pour les zones urbaines et semi-urbaines. Les principaux vecteurs qui transmettent la maladie sont les moustiques Aedes aegypti et, dans une moindre mesure, Aedes albopictus, bien que dans certaines régions comme l’Europe et l’Amérique du Nord, ce dernier vecteur soit plus répandu. 

Il existe 4 sérotypes du virus de la dengue (DENV) : DENV1, DENV2, DENV3 et DENV4. L’infection par un sérotype confère une immunité à long terme vis-à-vis de ce même sérotype, mais uniquement une immunité provisoire vis-à-vis des autres sérotypes, les infections secondaires par un sérotype différent exposant les personnes à un risque accru de dengue sévère. Les cas de dengue sont le plus souvent asymptomatiques ou entraînent une maladie fébrile bénigne. Cependant, certains patients développeront une dengue sévère, qui peut impliquer un choc, des hémorragies profuses ou une déficience grave des organes. Cette phase commence souvent après la disparition de la fièvre et est précédée de signes avant-coureurs tels que des douleurs abdominales intenses, des vomissements persistants, des saignements des gencives, une fuite plasmatique, une léthargie ou une agitation et une hypertrophie du foie.  

Il n’existe pas de traitement spécifique de la dengue, mais le diagnostic précoce des cas de dengue, l’identification des signes avant-coureurs d’une dengue sévère et une prise en charge clinique appropriée sont des éléments clés des soins permettant de prévenir la progression vers une forme sévère de la dengue et le décès. 

Action de santé publique

L’hétérogénéité des capacités entre les États Membres a un impact sur la capacité à détecter la transmission endémique et épidémique du virus de la dengue et à y faire face. Alors que la majorité des pays des Amériques, de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental sont des pays où la maladie est endémique qui ont la capacité de prendre en charge les cas, quelques pays n’exigent pas la déclaration des cas de dengue et, par conséquent, la sous-déclaration ou la non-déclaration des cas entraîne des poches de vulnérabilité au sein des Régions. Les flambées simultanées dans plusieurs Régions de l’OMS mettent à rude épreuve la capacité de riposte à l’épidémie. La capacité globale de répondre à de multiples épidémies simultanées continue d’être compromise en raison du manque de ressources à l’échelle mondiale, notamment des pénuries de kits de diagnostic de la dengue de bonne qualité pour la détection précoce, du manque de personnel clinique et de lutte antivectorielle formé et de ressources insuffisantes pour soutenir les interventions portant sur les risques et la mobilisation au sein des communautés. La prévention de la dengue et la lutte contre la maladie continuent d’être soumises à des variations en raison de l’évolution des sérotypes circulants prédominants et de la cocirculation de plusieurs sérotypes de dengue dans les différentes Régions, d’un financement limité, de priorités concurrentes en matière de santé et de perceptions divergentes quant à l’efficacité des interventions et des mesures de lutte. La capacité de surveillance et d’intervention est particulièrement limitée dans de nombreux pays de la Région africaine et, comme indiqué précédemment, cinq des États Membres de la Région de la Méditerranée orientale où le virus est présent sont confrontés à des conflits et à des catastrophes naturelles. 

Il est urgent d’accroître la sensibilisation et la mobilisation des ressources dans le cadre d’une approche intégrée afin d’influencer les décideurs politiques dans les pays touchés de ces Régions. 

Les activités suivantes sont entreprises à l’OMS pour aider les États Membres à faire face à la situation : 

  1. Coordination et leadership
  • Mise en place d’une équipe mondiale conjointe d’appui à la gestion des incidents (IMST) à l’OMS, sous l’égide du Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire (Départements chargés de la riposte et de la préparation) et avec l’expertise technique du Département Lutte contre les maladies tropicales négligées pour soutenir la riposte aux flambées épidémiques. 
  • Mise en œuvre d’une riposte intégrée conformément à l’Initiative mondiale de lutte contre les arbovirus.  L’Initiative mondiale de lutte contre les arbovirus consiste en un plan stratégique intégré visant à lutter contre les arbovirus émergents et réémergents présentant un potentiel épidémique et pandémique, en axant les travaux sur la surveillance des risques, sur la prévention, la préparation, la détection et la riposte face aux pandémies, et sur la constitution d’une coalition de partenaires. Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre le Programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire, le Département Lutte contre les maladies tropicales négligées et le Département Vaccination, vaccins et produits biologiques. Cette Initiative intégrée constituera une coalition de partenaires clés dans le but de renforcer la coordination, la communication, les capacités, la recherche, la préparation et la riposte de sorte à atténuer le risque croissant d’épidémies dues à ces maladies.
  1. Préparation et riposte
  • Réalisation d’une cartographie des risques afin de catégoriser les pays (état de préparation, capacité de réaction ou riposte) et de permettre l’élaboration de programmes d’interventions appropriés.
  • Élaboration d’un plan de riposte opérationnelle mondial et d’un plan stratégique de préparation et de riposte, incluant les besoins et les fonds requis.
  • Soutien aux États Membres dans l’élaboration de lignes directrices sur la préparation et la riposte aux épidémies de dengue (y compris le renforcement de la surveillance épidémiologique et entomologique, le diagnostic en laboratoire et la surveillance génomique, la prise en charge clinique, la communication sur les risques et la mobilisation communautaire, la surveillance et la lutte antivectorielles, ainsi que l’organisation des services de santé).  
  • Fourniture d’un appui technique contre toutes les flambées en cours (épidémiologie, laboratoires, prise en charge des cas, communication sur les risques et mobilisation communautaire, y compris sciences du comportement, et surveillance de l’environnement et des vecteurs et lutte antivectorielle). 
  1. Collaboration multisectorielle
  • Soutien à l’adoption par les pays d’une stratégie multisectorielle selon le principe « Une seule santé » tout en se préparant et en répondant aux flambées épidémiques de dengue et d’autres arboviroses.  
  • Collaboration avec les partenaires dans le cadre de l’approche « Une seule santé » et du changement climatique pour coordonner la riposte multisectorielle aux épidémies de dengue.
  • Appui au déploiement d’experts par l’intermédiaire du GOARN et des partenaires de réserve dans les pays frappés par des flambées épidémiques de grande ampleur.    
  1. Activités de lutte antivectorielle
  • Soutien à la mise en œuvre d’activités intégrées efficaces de surveillance et de lutte antivectorielles par les États Membres (dans les pays prioritaires) en publiant des lignes directrices et en fournissant du matériel de surveillance épidémiologique et une assistance technique aux autorités nationales.
  • Collaboration avec les États Membres pour soutenir la riposte à la lutte antivectorielle avec des techniciens spécialisés dans ce domaine pour aider à coordonner la riposte.
  • Soutien à la formation sur la gestion de la résistance aux insecticides et la surveillance vectorielle dans les États Membres.
  1. Laboratoires
  2. Soutien au renforcement des capacités des laboratoires, afin de permettre un diagnostic et une détection des cas rapides et précis dans les pays touchés et les pays à risque. 
  3. Utilisation des capacités mises en place pendant la pandémie de COVID-19 pour renforcer le diagnostic moléculaire et la surveillance génomique au niveau national. 
  4. Soutien aux opérations et logistique
  • Travail en étroite collaboration avec les fournisseurs en vue d’obtenir des kits de prise en charge de la dengue et de mettre en place une filière pour les articles essentiels.
  • Aide aux États Membres pour l’achat de matériel et d’insecticides et la fourniture de kits de gestion de la résistance aux insecticides. 
  1. Lignes directrices en matière de prise en charge des cas et de renforcement des capacités
  • Diffusion des lignes directrices relatives à la prise en charge des cas et formation clinique des agents de santé moyennant des webinaires et des séances d’actualisation des connaissances.  
  • Mise au point des lignes directrices de l’OMS pour la prise en charge clinique et le diagnostic de la dengue, du chikungunya, de la maladie à virus Zika et de la fièvre jaune, qui devraient être achevées au début de 2024, et constitueront un outil important. 
  • L’OMS/OPS a élaboré un cours en ligne d’auto-apprentissage de 20 heures sur la prise en charge clinique de la dengue, qui est disponible en espagnol et en anglais ; il met l’accent sur l’identification des indicateurs précoces de la forme sévère de la maladie (signes avant-coureurs) et sur la prévention de la progression des cas de dengue vers une forme sévère et le décès. Le cours a déjà permis de former plus de 312 000 cliniciens depuis son lancement en septembre 2020 (219 000 rien qu’en 2023).   
  1. Surveillance épidémiologique
  • Des espaces virtuels de coopération ont été créés en vue d’une surveillance collaborative associant l’OPS et ses États Membres qui permet la génération automatisée d’analyses épidémiologiques, de tableaux de bord et de bulletins épidémiologiques, renforçant ainsi la surveillance épidémiologique de la dengue et d’autres arboviroses. 
  • En 2023, l’OPS/OMS a publié cinq mises à jour sur la situation de la dengue dans la Région des Amériques et une alerte épidémiologique concernant l’augmentation des cas de dengue en Amérique centrale et dans les Caraïbes. 
  • Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique a mis au point un outil de classification des risques nationaux pour la dengue, qui est en cours d’adaptation pour être utilisé dans d’autres Régions. 
  • L’OMS s’efforce d’améliorer à l’échelle mondiale la surveillance des cas de dengue, des formes sévères de la maladie et des décès dus à la dengue, afin de mieux comprendre en temps utile la charge mondiale de morbidité.  
  1. Communication sur les risques et mobilisation communautaire
  • Fourniture de conseils sur l’évaluation des risques, y compris l’approche centrée sur la communauté.
  • Soutien à la conception d’interventions adaptées et fondées sur des données probantes, en encourageant à la fois les actions individuelles et communautaires.
  • Examen des documents existants relatifs à la communication sur les risques et à la mobilisation communautaire et enseignements tirés des flambées précédentes et en cours. 
  • Mise au point finale de la boîte à outils sur la communication sur les risques et la mobilisation communautaire sur la dengue.

Évaluation du risque par l’OMS

Les données récentes de 2023 soulignent la forte progression des épidémies de dengue dans plusieurs pays, en particulier au Bangladesh, au Brésil, au Burkina Faso, aux Fidji, au Pakistan, aux Philippines et au Viet Nam. De plus, les pays où la maladie n’est pas endémique sont de plus en plus confrontés à la dengue en tant que problème de santé publique majeur. L’émergence et la réémergence de la dengue et sa propagation mondiale sans précédent sont liées à divers facteurs : i) l’évolution de la répartition et de l’adaptation du vecteur Aedes aegypti ; ii) l’augmentation de l’urbanisation non planifiée et des activités humaines favorisant des environnements propices à l’interaction vecteur-hôte ; iii) les changements induits par le changement climatique dans les schémas météorologiques ; iv) des systèmes de santé fragiles dans un contexte d’instabilités politiques et financières ; v) la circulation concomitante de plusieurs sérotypes de la dengue ; vi) les difficultés de diagnostic clinique dues à des symptômes non spécifiques ; vii) l’insuffisance des capacités de laboratoire et d’analyse ; viii) les flambées épidémiques concomitantes prolongées en cours, y compris la COVID-19 ; ix) l’absence de traitement spécifique contre la dengue ; x) la rareté des données comportementales disponibles sur la perception des risques par les communautés, la sensibilisation et les comportements de recherche de soins ; xi) l’absence d’approche centrée sur la communauté et de ressources en matière de communication sur les risques et de mobilisation communautaire permettant de soutenir l’engagement et la mobilisation des communautés locales dans les activités de lutte antivectorielle ; xi) l’insuffisance des capacités de surveillance et de lutte antivectorielle, xii) un manque de coordination entre les parties prenantes, un déficit de financement chronique, un faible intérêt de la part des donateurs et xiii) les déplacements de grande ampleur de personnes et de biens.  

L’expansion du virus de la dengue au-delà de ses zones de transmission endémique pose des difficultés supplémentaires : une part importante de la population est immunologiquement naïve par rapport au virus actuellement en circulation, ce qui augmente le risque d’épidémies. De plus, les habitants de ces régions ne connaissent pas toujours les signes avant-coureurs de la dengue, ce qui peut entraîner des retards dans la recherche de soins, pourtant essentielle pour réduire la mortalité due à la forme sévère de la maladie. Les problèmes d’accessibilité des établissements médicaux, aggravés par les obstacles géographiques, augmentent les difficultés d’accès aux services de santé de base. Ces problèmes sont exacerbés par les ruptures de stock de fournitures essentielles pour la prévention et la lutte, tels que les réactifs de diagnostic en laboratoire, et la nécessité d’une formation continue des agents de santé. 

Ces facteurs, parmi d’autres, notamment les crises financières, les migrations massives de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et de réfugiés, ainsi que les insuffisances de longue date en matière de développement, ont privé de vastes populations sur tous les continents de soins de santé adéquats, augmentant ainsi leur vulnérabilité face à la dengue. Cependant, il est important de noter que la répartition du risque de dengue varie considérablement d’une région à l’autre, d’un pays à l’autre et à l’intérieur d’un même pays.  

Compte tenu de ce qui précède, l’OMS a évalué le risque au niveau mondial comme étant élevé. À la suite de l’évaluation des risques et d’un processus de classement interne, les bureaux régionaux de l’OMS se sont mis d’accord sur les interventions prioritaires à mettre en œuvre pour aider les États Membres.

La prévention de la dengue et la riposte aux flambées supposent l’intervention de plusieurs organismes du secteur de la santé publique. Pour relever les défis, il faut adopter une approche intégrée multidisciplinaire et multisectorielle, en particulier au niveau national, afin d’atteindre l’objectif de réduction de l’impact sur la santé publique. Les flambées épidémiques simultanées associées aux crises politiques exercent une forte pression sur les capacités de riposte et soulignent la nécessité de mettre en place de solides mécanismes d’intervention d’urgence et une collaboration renforcée entre les parties prenantes. Le manque de ressources à l’échelle mondiale, y compris les pénuries de kits de diagnostic de la dengue de bonne qualité pour la détection précoce, la pénurie de personnel clinique et de personnel chargé de la lutte antivectorielle formés et la sensibilisation des communautés restent des obstacles majeurs à une riposte efficace. Parallèlement aux efforts de coordination des organisations mondiales agissant dans le domaine de la santé comme l’OMS et d’autres partenaires afin d’établir des priorités et des analyses communes, il est impératif de continuer à soutenir les pays touchés et de renforcer la collaboration. 

Conseils de l’OMS

Mesures efficaces de lutte antivectorielle :

Une lutte antivectorielle efficace est essentielle à la prévention et à la lutte contre la dengue. Les activités de lutte antivectorielle doivent cibler tous les endroits où il y a un risque de contact entre êtres humains et vecteurs, tels que les logements, les lieux de travail, les établissements scolaires et les hôpitaux. L’OMS promeut la gestion intégrée des vecteurs (GIV) pour lutter contre les espèces d’Aedes. Celle-ci doit notamment consister à éliminer les sites de reproduction potentiels, réduire les populations de vecteurs et limiter l’exposition individuelle. Il convient ainsi d’appliquer des stratégies de lutte antivectorielle ciblant les larves et les adultes (c’est-à-dire gestion de l’environnement et réduction des sources), en particulier assurer le suivi des pratiques de stockage de l’eau, vider et nettoyer les récipients d’eau domestique une fois par semaine, utiliser des larvicides préqualifiés par l’OMS dans l’eau non potable en respectant les doses indiquées, distribuer des moustiquaires imprégnées d’insecticide aux patients hospitalisés pour fièvre/dengue afin de contenir la propagation du virus à partir des établissements de santé. La pulvérisation dans l’espace intérieur qui permet de contenir rapidement les moustiques infectés par la dengue peut être difficile à mettre en place dans les zones densément peuplées, par exemple dans les camps.  

L’Initiative mondiale de lutte contre les arboviroses promeut la coordination et la collaboration entre les partenaires multisectoriels, une approche intégrée de la lutte antivectorielle et des mesures de lutte soutenues à tous les niveaux. Son principe directeur est l’intégration de la prévention, de la surveillance (entomologique et épidémiologique) et de la prise en charge des cas dans les systèmes de santé existants, dans un souci de viabilité à long terme, d’efficacité économique et de rationalité écologique.

Mesures de protection individuelle 

Parmi les mesures de protection individuelle à appliquer pendant les activités à l’extérieur figurent l’application topique de répulsifs sur la peau exposée ou le traitement des vêtements, et l’utilisation de chemises et de pantalons à manches longues. En outre, la protection intérieure peut inclure l’utilisation de produits aérosols insecticides ménagers ou de serpentins antimoustiques en journée. Les moustiquaires de fenêtre et de porte peuvent réduire la probabilité que les moustiques pénètrent dans l’habitation. Les moustiquaires imprégnées d’insecticide offrent une bonne protection contre les piqûres de moustiques aux personnes qui dorment durant la journée. Étant donné que les moustiques Aedes sont actifs à l’aube et au crépuscule, des mesures de protection individuelle sont recommandées en particulier à ces moments de la journée. Les mesures de protection individuelle et de lutte contre les moustiques devraient également être appliquées sur les lieux de travail et dans les écoles, car les vecteurs sont des moustiques piqueurs diurnes. 

Surveillance entomologique :

Il faut assurer une surveillance entomologique pour évaluer le potentiel de reproduction des moustiques Aedes dans les contenants et contrôler la résistance aux insecticides afin de choisir les interventions de lutte antivectorielle les plus efficaces. 

Prise en charge des cas :

Il n’existe pas de traitement spécifique contre l’infection par la dengue ; cependant, la détection précoce et l’accès à des soins de santé appropriés pour la prise en charge des cas peuvent réduire la mortalité, tout comme la détection rapide des cas de dengue sévère et l’orientation en temps voulu vers les hôpitaux tertiaires.  

La plupart des malades ont des symptômes légers ou n’ont aucun symptôme et se rétablissent en 1 à 2 semaines. 

Les personnes infectées pour la deuxième fois courent un risque accru de dengue sévère. Les symptômes de la dengue sévère surviennent souvent après la disparition de la fièvre, et sont les suivants :

  • douleurs abdominales sévères
  • vomissements persistants
  • respiration rapide
  • saignement des gencives ou du nez 
  • fatigue intense
  • agitation
  • sang dans les vomissures ou les selles
  • forte sensation de soif
  • peau pâle et froide
  • sensation de faiblesse

Les personnes présentant ces symptômes graves doivent bénéficier de soins immédiatement.

Renforcement de la surveillance des cas :

La surveillance des cas devrait être renforcée dans tous les pays touchés et à l’échelle mondiale. Dans la mesure du possible, des ressources devraient être allouées au renforcement de la surveillance afin de déterminer la charge globale de la dengue (c’est-à-dire y compris les cas ambulatoires), au comptage des cas graves et mortels, ainsi qu’à la confirmation et au sous-typage du virus de la dengue.  

Recherche opérationnelle et apprentissage à partir d’exemples de réussite :

Les pays doivent tirer les leçons de l’expérience et s’inspirer des exemples réussis de prise en charge efficace des cas, de prévention, de mobilisation communautaire et de lutte antivectorielle contre la dengue et d’autres arboviroses par le biais de projets de recherche avancés, en particulier compte tenu des récentes recommandations de l’OMS sur les essais cliniques

Les Ministères de la santé et leurs partenaires devraient examiner de près les interventions locales afin de les accepter et de les recommander en vue d’une adaptation précoce dans le cadre de programmes de santé publique afin de réduire l’impact croissant de la dengue sur la santé.    

Sur la base des informations disponibles, l’OMS recommande de n’appliquer aucune restriction générale aux voyages ou aux échanges commerciaux  avec les pays/territoires/zones touché(e)s. 

Plus d'informations


Citation recommandée : Organisation mondiale de la Santé (21 décembre 2023). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques, dengue — situation mondiale. Disponible à l’adresse : https://covid.comesa.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2023-DON498

 


(1) Maladie de type dengue (DLI, selon l’abréviation en anglais). Définition de cas : Fièvre pendant au moins 2 jours, en plus d’au moins deux des symptômes suivants : i) nausées ou vomissements ; ii) douleurs musculaires ou articulaires ; iii) fortes céphalées ou douleurs rétro-orbitaires ; iv) éruption cutanée ; et v) saignements.